Depuis presque deux mois, je pose toujours la même question aux gens que je rencontre : que dois-je visiter dans la région ? Une réponse revient invariablement : Zanzibar ! De ce fait, direction l'île aux épices !
Sur la carte, ça semble assez proche. Prendre un bus jusque Dar Es Salaam, puis le bateau vers Zanzibar. C'est possible de le faire en une journée.
Stop, on s'arrête deux secondes. Ce n'est pas possible de le faire en une journée. Ca semble possible sur une carte, avec des routes européennes, des chauffeurs européens. Ce n'est pas possible en Tanzanie. La route est une succession de dos d'ânes, et les bouchons ont eu raison de nous. Le fameux 30 minutes pour 3 mètres est à mettre dans les annales (sur la photo, on peut même observer que c'est l'ensemble des bus qui s'est vidé après 20 minutes, chauffeur compris !).
Bref, 11 heures plus tard (au lieu de 8 heures, ce qui en soi nous paraissait déjà beaucoup !), nous voici dans Dar Es Salaam. La ville que tout le monde m'a dit de fuir ! (sauf une exception, ce qui confirma la règle). Pas manqué on se retrouve dans la circulation locale. C'est folklore, c'est sale, ça ne sent pas bon. Bref, une ville que j'apprécie très vite (ironie).
L'hôtel n'est pas top, la douche semble un peu moisie... oui, ceci est un article pour contrebalancer les Maasai et le safari. Vous pouvez le voir, les vacances, l'aventure, c'est bien joli parfois. Mais il y a aussi l'envers du décor.
L'envers du décor ce matin, c'est ma fenêtre. Je surplombe de plusieurs étages la rue, et son animation quotidienne. Je vais décrire ici ce que je fais trop rarement : la vie des habitants au quotidien.
Pourtant, rien ne me laissait présager de l'animation. Le lieu devant moi ressemble à un terrain vague, sale. Et puis lentement, le lieu prend vie. Une photo globale avant de zoomer.
Ca ne donne pas envie, hein ? Et pourtant, c'est une espèce de cantine de rue. Un type cuit je ne sais quoi, entre quelques sacs plastique et du métal. Un autre est là à attendre sa commande. Les mains sont sales, il va d'ailleurs les nettoyer à l'instant.
Surgit dans la rue adjacente un homme avec son vélo, chargé comme une mule.
Il a l'air serein, mais il aura les pires difficultés pour rentrer dans la « cantine ». Deux jeunes qui vagabondaient non loin de là se retrouvent à jouer des muscles pour faire entrer le charbonnier et sa marchandise.
Il dépose le tout à la vendeuse de chapati. Celle-ci est habillée de milles couleurs. Le voile sur la tête, les mains dans la farine. Son enfant est derrière elle, c'est le seul qui me voit. Il m'observe, puis me fait signe. Je lui fais signe. Il me refait signe. Ca dure cinq minutes.
Tiens, un nouveau vendeur ! Lui, je le reconnais, il est là à chacun de mes arrêts de bus. Des boissons et des dizaines de biscuits sur la tête. Je l'ai entendu arriver au bruit des pièces de monnaies qu'il fait cliqueter. Il propose ses produits, et repart sans le sou.
A Dar Es Salaam, j'ai ressenti l'atmosphère du Caire. Une ville très arabo-musulmane, beaucoup d'immeubles, beaucoup d'architectures n'importe quoi (les fameux immeubles où on commence à faire un étage, et puis on s'arrête au milieu). Grosse circulation, 2,5 M d'habitants. Et puis la mer. Notre bateau. Notre départ. Dar Es Salaam vue du littoral. Une toute autre vue, une toute autre impression. Je pense bien que c'est joli ! (c'est subjectif !)
Le port me fascine. Je suis de plus en plus fasciné par les ports (merci Hambourg). Les grandes grues me rappellent les girafes de la veille. Toute l'économie de la région passe par ici. Je sais que les porte- containers seront bientôt à quai, que le container finira sur un camion, que celui-ci traversera la Tanzanie d'est en ouest pour s'en aller finalement rejoindre Bujumbura ou Kigali.
Mais arrêtons de regarder derrière nous. Devant, tout devant, il y a Zanzibar. J'en vois les premières traces. Ça s'annonce fantastique.