Bujumbura, j'ai eu un petit coup de foudre. C'est bizarre, je ne l'ai pas vu arriver. Je ne m'y attendais d'ailleurs pas du tout. Je pensais avoir déjà eu ma dose en coup de foudre. Et voilà que tu étais là. Tu m'attendais. Tu étais faite pour moi, à ce moment là, ces jours là. Et tu m'as enchanté.
Bujumbura a un charme certain. La découverte de la ville au rythme de mes pas. Se poser devant le lac Tanganyika au cercle nautique. Un hippopotame nage devant moi. Le café gourmand, avec ses saveurs françaises qu'on apprécie encore plus, une fois à l'étranger.
Voilà, c'est ça. Le plaisir de retrouver la France et ses saveurs. Cette culture. Cette gentillesse. L'humour français. Francophone plutôt, parce que ce n'est pas vraiment la France. Jé né sé pas comme ils disent.
Bujumbura ce fut une surprise. Une espèce d'incompréhension aussi. Se demander ce qu'on fout là, en plein milieu de l'Afrique. Comment on en est arrivé là. L'ensemble des décisions prises depuis plusieurs années qui vous font arriver à cet instant T dans Bujumbura.
Bref, c'est difficile d'expliquer ce sentiment. Je vais entrer dans les détails un peu plus tard. Venons-en au fait.
Bujumbura c'est un rythme très africain. Ça se sent dans le rythme des pas. C'est lent. Même en s'efforçant, ça reste difficile de marcher aussi lentement, avec une telle nonchalance (et pourtant je suis quelqu'un de nonchalant !). J'ai rarement vu autant de gens assis sur le bord de la route. Leur occupation ? Regarder les voitures qui passent. Dans un autre genre, il y a l'institut national des statistiques du pays. Je rentre dans un bureau : les deux employés sont affalés sur leur bureau, à faire la sieste. Il est 14h30.
Clairement, il y a des choses qui ne tournent pas rond dans la ville. Les coupures d'électricité et d'eau sont quasi-quotidienne. La police est partout, et pourtant, tu ne te sens pas vraiment en sécurité quand tu croises un policier. J'ai assisté à une arrestation à l'ancienne, avec un motard coursant un autre motard à travers la ville. La scène finale s'est déroulée devant moi . Le flic rattrape la moto, le motard tente de réaccélérer, puis de ralentir, puis de réaccélérer... il tombe au sol. Le flic l'attrape, le motard le pousse... Bon, cette scène se déroule à 40 mètres de la Présidence... (mauvaise idée pour le motard). Surgissent deux militaires avec leur fusil. Forcément, à un contre trois, c'est plus difficile, surtout quand on sait que les militaires ont la gâchette facile ici.
La ville n'est pas très jolie. Les villes en Afrique subsaharienne ne sont jamais très jolies. Bujumbura ne fait pas exception. Mais il y a un petit quelque chose qui se dégage des rues du centre, dans ce mélange de chaleur et de poussière. On y croise des artisans faisant de la fonderie. Des bouchers tranchant à même la rue. Vous avez parfois des drôles de mix, comme ce bar qui nettoie aussi les voitures, ou le vendeur de DVD et de glaçons. Ça semble étrange, mais tout vous semble tellement logique ici.
Je ne suis pas tellement sorti, mais j'ai l'impression d'en avoir beaucoup vécu. Le réveil du muezzin à 4h30 chaque matin. Cette odeur. Bujumbura a un charme fou. Voilà, c'est l'expression pour la décrire. Un endroit où je me suis senti bien. Que j'étais triste de quitter. Les jours ont défilé très vite. J'aurais même voulu rester plus. Une autre fois. Dans une autre vie.