Fawlty Towers. Je sors d’une semaine sans eau, sans électricité, et me voici devant une piscine. Le choc est brutal ! J’ai fait la danse de la joie dans la douche (une douche !), en compagnie de l’eau chaude. On dit qu’il faut avoir perdu sa liberté pour savoir l’apprécier. Il en va de même avec la santé. Eh bien, c’est un peu la même chose pour l’eau courante, les WC et l’électricité !
Il y a un problème, plutôt logique, cette ville est trop touristique. La nourriture de l’hôtel coûte 80 kwachas, soit au moins le quadruple du prix de base (je viens de manger pour 10 dans un petit resto miteux du centre-ville !) Certes le thé est gratuit, il y a des pancakes chaque jour à 15h, gratuits également. Et je m’en vais faire quelques longueurs. Pour 7 dollars la nuit, ça serait dommage de se priver. Mais les prix restent démesurés pour les locaux. Pensez : une demi-journée de rafting coûte 160 dollars ! 2h30 de safari sur la rivière 95$, un petit-déjeuner sur l’île de Livingstone 98 dollars ! Tourisme de luxe bonjour. Forcément, mon budget étudiant et ma philosophie plus générale du voyage sont embêtés ! Mais il y a pire. Un resto d’expats et de touristes. C’est le genre d’endroit que je déteste : je suis au milieu de l’Afrique et il y a 50 blancs pour 2 noirs. Beaucoup de paraître, un gros service (là, c’est des noirs), et du Schnitzel. Je suis avec deux Italiens et une Polonaise, qui sont dans la même chambre que moi à l’auberge, et ils sortent d’un mois dans le nord du pays. Un mois de brousse. Ils sont, de ce fait, contents d’être dans un tel endroit. Nous n’avons forcément pas les mêmes attentes. Certes, c’est marrant de manger du crocodile, mais hormis ça… je préfère mes restos zambiens avec du nshima !
Je découvre pendant une petite semaine ce qu’est la vie en auberge. L’endroit est vraiment sympa, les gens plutôt ouverts d’esprit : j’ai vraiment l’impression de pouvoir discuter avec tout le monde. Hier, ce fut d’abord Nina, la Néerlandaise/Tanzanienne ultra-jolie qui m’a tenu compagnie autour de la piscine ; elle m’a emmené au Mozambique, à Bornéo, en Papou, et sur la question existentielle de l’appartenance à un pays, elle qui est née en Tanzanie mais qui est blanche… Puis Etienne nous rejoint, le Sud-africain qui gère l’hôtel, beau gosse d’une vingtaine d’années au profil de surfer. Le genre de type très énervant lorsque tu es un mec, surtout torse-nu ! Puis ce furent deux Japonaises et un Américain qui étaient en train de faire un jeu à boire : une course de chevaux, mais avec la couleur des cartes, et il faut miser sur le vainqueur. Les deux Japonaises viennent de faire 16 pays en six mois (!!!). L’Américain a tout quitté et tout vendu pour voyager. Je croise également à plusieurs reprises un groupe d’étudiantes d’Oxford venues faire du volontariat. Toutes ces personnes sont ouvertes aux discussions, curieuses, et souvent avec des histoires un peu folles.
Livingstone est ma première ville coloniale. Elle a gardé le nom de son voyageur le plus célèbre, c’est le seul cas en Zambie. Il faut dire que ce type, un Ecossais, est un sacré personnage, entreprenant à trois reprises une traversée de l’Afrique. Il combat l’esclavage, observe les chutes Victoria, puis se met désespérément à la recherche des sources du Nil ! (grand fantasme des géographes). On le perd pendant des mois, des années, on le croit mort, et puis Stanley, autre explorateur, finit par le retrouver au sud du Burundi. Le musée Livingstone est fascinant, tout comme les récits du personnage (que j’ai découvert grâce à ma thèse… comme quoi, ça sert à quelque chose !).
C’est aussi ma première ville coloniale au niveau de l’architecture. Les villes africaines, de façon plutôt générale, ne sont pas franchement bandantes de ce côté-là. Livingstone a gardé ce petit quelque chose de colonial, ces quelques vieux bâtiments rassemblés le long d’une seule route, qui permettent de voir un peu d’histoire dans les murs. Il y a les dates, les inscriptions, les couleurs, les colonnes, toutes ces petites choses que je n’avais pas vues jusque-là sur le continent (à Zanzibar un peu, avec Stone Town). Cela donne du charme à ma visite.
Livingstone, c’est également ma première et seule soirée zambienne. Je retrouve mes Italiens et ma Polonaise de retour d’un parc national au Botswana ! Leur pote zambien et sa sœur sont là, avec deux autres types. Après une pizza plus que moyenne, direction East Point, la boîte de nuit de la ville. Pas de blanc, hormis nous. Ca change du resto. Difficile d’expliquer les boîtes en Afrique pour celui qui ne les a pas faites (j’en connais qui ont adoré le Black D), mais je vous promets que c’est du collé-serré de façon parfois très très impressionnante. East Point a un truc en plus : les miroirs. Ils sont partout, sur les murs et au sol. Et des Zambiens dansent…face à eux-mêmes. Je ne sais pas si c’est la génération selfie, mais c’est bizarre. Une bonne soirée...
Et demain, je vous emmène voir les chutes Victoria !