30 avril 2017 7 30 /04 /avril /2017 04:25

Platon, Le procès de Socrate

J'avoue avoir eu une certaine appréhension avant de débuter ce livre. Platon, Socrate, tout cela ressemblait fort à de la grande philosophie, et je ne savais pas si c'était facile d'accès. Voyez-vous, je pense souvent que je ne sais rien, ou pas grand chose. Sans m'en rendre compte, j'étais un vrai "Socratien"!

Le procès de Socrate est un livre divisé en 3 parties. Tout d'abord l'Eutyphron, qui présente la manière de penser de Socrate, face à un devin. A force de questions, il parvient à faire se remettre en cause son interlocuteur et ses affirmations initiales. La deuxième partie est l'Apologie de Socrate, à savoir sa défense dans le procès qui lui est intenté. Pour les non-historiens, Socrate, à l'age de 70 ans, est accusé de corrompre la jeunesse et de nier l'existence des Dieux. Sa défense, telle que la présente Platon, combat une à une les accusations, en montrant notamment les contradictions. La fin de son discours est très intéressante, quoique parfois non-dénuée d'une pointe de sentiment de supériorité. Jugé coupable, Socrate réclame les honneurs pour peine... Condamné à la peine de mort, il termine par un discours offensif, ne regrettant rien, Papy Socrate semble sûr de ses valeurs, et les défend jusqu'au bout, même quand Criton veut le faire échapper dans la dernière partie du livre.

J'ai beaucoup apprécié le fonctionnement de la raison de Socrate, à base de nombreuses questions remettant tout en cause. Son discours sur les valeurs et sur la mort est passionnant. Aucune idée de la précision historique de Platon, mais il n'en reste pas moins que ce procès est caractéristique de la rapide agonie d'Athènes à la fin du Vème siècle. Périclès, Socrate, la fin des géants.

Extraits : Personne ne connaît ce qu'est la mort, ni si elle n'est pas le plus grand de tous les biens pour l'homme. Cependant on la craint, comme si l'on savait certainement que c'est le plus grand de tous les maux.

Ce n'est pas la richesse qui fait la vertu, c'est la vertu qui fait la richesse.

Sophocle, Oedipe-roi

La peste s'abat sur Thèbes. Apres avoir consulté l'oracle de Delphes, il est décidé de retrouver le meurtrier de Laios, ancien roi, assassiné il y a plusieurs années. Oedipe, roi aimé et respecté depuis qu'il a délivré la ville du Sphinx, se lance à sa recherche, sans savoir que c'est lui-même le meurtrier. L'histoire est dramatique : abandonné par ses parents à sa naissance en raison d'un oracle, il est élevé par Polybe et Mérope. Il finit malgré tout par tuer son père biologique et par épouser sa mère, Jocaste. Celle-ci se suicide en découvrant l'affaire, tandis qu'Oedipe se crève les yeux.

Je connaissais un peu cette histoire mythologique, et notamment le syndrome en découlant. Sophocle la met en scène de façon originale, en raison du choeur qui coupe les scènes et les relie. Je voudrais bien voir ce que ça donne sur scène. 

Antigone, fille d'Oedipe est une autre pièce de Sophocle. A lire, avec Ajax. A noter que ce fut un bon livre pour réviser l'histoire grecque (notamment la religion).

Fiodor Dostoïevski, Le joueur

Alexcis Ivanovitch travaille pour un général russe. Il est amoureux de Paulina, la belle-fille de celui-ci. L'ensemble de la famille est en Allemagne, à Roulettenbourg, ville du jeu. Des secrets, des amours et des trahisons se font et se défont, Alexis essayant surtout de comprendre ce qui se passe chez Paulina, notamment avec ce Français, et cet Anglais, et Madame Blanche... et la Babouchka, qui ne meurt toujours pas. C'est pourtant elle qui a tout l'argent.
Je suis fan de Dostoïevski : Crime et châtiment a changé ma vie. Difficile d'être objectif dans ces conditions : le style d'écriture me plaît toujours autant, certains personnages sont particulièrement bien trouvés (la babouchka) et les questionnements du personnage principal sont toujours au coeur des intrigues. L'univers du jeu est bien traité, les fortunes se faisant rapidement, mais se perdant encore plus vite. J'ai hâte de trouver les possédés.

"L'homme est despote par nature et la femme bourreau"

Antoine Compagnon, Un été avec Montaigne

Les essais de Michel de Montaigne sont les pensées de l'écrivain, développées tout au long de sa vie. Il les rature, il les annote, et il les publie à plusieurs reprises. Compagnon se propose de nous guider pour mieux comprendre le livre, avec 40 idées, 40 essais.

J'ai eu un peu peur au départ, car je ne comprenais pas les passages cités. Montaigne écrit dans un style ancien, en vieux françois, et nous sommes parfois dans de la philosophie pure. Mais Compagnon, fort de son expérience radiophonique, réussit à être didactique, sans me prendre non plus pour un idiot. On sent qu'il est fan de son philosophe, et il manque un peu de recul critique, mais cela n'empêche pas le lecteur attentif que j'étais d'apprécier le moment.

Quelques passages m'ont fait réfléchir :

Pourquoi le miséreux n'agrippe pas le riche à la gorge m'a interpellé sur le rôle de l'éducation dans l'acceptation de la pauvreté. 
Socrate dit "je ne sais rien". Il sait donc qu'il ne sait rien. Montaigne va plus loin, puisqu'il se demande "Que sais-je ?"

Le chapitre 10 est excellent, il traite du temps libre et de son utilisation par le cerveau.
Le chapitre 11 m'interpelle sur la volonté d'écrire.

Partager cet article
Repost0

commentaires