Le retour en Inde s'est fait sur les chapeaux de roues (drôle d'expression !). Quoique, non. Le retour s'est fait à la vitesse d'une locomotive. A Kochi, j'ai enchaîné train pour Coimbatore, puis pour Mettupalayam. Les paysages sont plutôt sympas sur la route...(enfin, sur les rails, alors que je suis assis sur les marches du train !).
Mettupalayam où je dois récupérer LE train du sud de l'Inde : Mettupalayam-Ooty, classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Je passe ma nuit dans la chambre la plus chaude que j'ai connue : j'avais chaud aux pieds rien qu'à y marcher et les murs étaient brûlants J'ignore si je me trouvais au-dessus d'un volcan qui comptait entrer en éruption mais c'était impressionnant (ça aurait fait plaisir à ma compère sri lankaise !).
Je réussis tout de même à dormir, réveil 6h, pour aller récupérer le train mythique. Arrivé sur place, une foule est déjà là, et les 50 tickets sont déjà épuisés (le train part pourtant dans une heure !). Pas grave, je retourne me coucher dans mon sauna, et je passe ma journée à écrire mes récits sri lankais. Je ne vois pas un blanc en ville de mes deux jours passés sur place, ça fait bizarre après le Sri Lanka. Je bois le meilleur jus de mangue de mon existence (et il coûtait 40 centimes ! oups, je parle d'argent), parfait avant une nouvelle nuit de chaleur.
Réveil.... 3h50 ! Je le veux ce train ! Arrivé à 4h15 à la gare, pour un train à 7h30 et.... il y a déjà une quinzaine de personnes dans la queue ! Fou ! J'obtiens cette fois un ticket (18 centimes, parfois je souris en payant) et je m'assois.
Le train Mettupalayam-Ooty est mythique car c'est une locomotive.... à vapeur ! Retour au XIXème siècle ! (bon la ligne date de 1899 ou 1908, wiki anglais et français étant en désaccord !) L'engin est impressionnant, et je me demande comment l'eau va pouvoir nous tracter tout ce chemin ! Le parcours est une lente montée de 40 kilomètres (on passe de 1 000 à 2 000 mètres). Ce trajet dure plus de.... 4 heures ! Oui, on est loin du TGV !
La sonnette retentit, c'est parti. La locomotive crache une épaisse fumée blanche et fait valdinguer les wagons bleus d'origine dans un bruit de vaisselle cassée. Nous avançons, lentement, à travers une colline boisée. Après 10 kilomètres, nous nous arrêtons pour... remettre de l'eau ! C'est une sorte d'arrêt au stand, que l'on va faire plusieurs fois. La machine avale tout de même 3 000 litres d'eau pour 10 bornes, sacrée descente ! Le spectacle est génial. Les Indiens en profitent pour prendre des selfies avec le train (ils sont dingues de selfies, mais vraiment dingues !).
Alors que la pente s'élève, la locomotive commence à cracher une fumée noire, et je me demande vraiment si on va arriver jusqu'au bout ! Le thé fait son apparition sur le côté, puis au vert succèdent les mille couleurs des maisons d'Ooty. Les Indiens crient "ouuuuuuuuhhhhhh" dans chaque tunnel (y'en a 16 !). L'ambiance est vraiment sympa, tout le monde a l'air content d'être là. Seul bémol, mais il est important d'écrire sur ce sujet : le sport national indien, à bien y réfléchir, n'est pas le cricket, mais le lancer d'ordures dans la nature. C'est vraiment un problème de société (d'éducation), et c'est partout le cas. Le pays risque fort (ou c'est déjà le cas) de ressembler à une décharge à ciel ouvert si rien n'est fait. Je n'y fais pas forcément attention quand c'est déjà à terre, mais quand je vois quelqu'un lancer les détritus devant moi, sur un rail classé Unesco, c'est dur de ne pas réagir ! Difficile toutefois de prêcher à plus d'un milliard de personnes (ça fait un peu le blanc donneur de leçons), surtout quand les poubelles se font rares (elles n'existent pas dans le train par exemple...).
Ca n'empêche, ce train, si vous êtes dans le coin, c'est un Must !