29 mai 2017 1 29 /05 /mai /2017 07:18

Tadapani, 2630 mètres. Les montagnes jouent à cache-cache, bien aidées par les nuages. L'orage résonne. Départ 7 heures ce matin, et arrivée à ... 11h15. Pour mon guide, je ne marche pas, je vole. Pas grand chose à faire dans ces contrées après le repas et la sieste. J'ai fini un livre, je n'en ai pas d'autres sous la main. Ca joue aux cartes à côté. Du thé. Je prendrais bien un chocolat. Manger, boire. Regarder le paysage, déceler l'un des sommets de l'Annapurna qui se découvre lentement, presque sensuellement, pour recacher aussitôt ses jolies formes. Il y a du wifi dans ce refuge, recharger sa batterie coûte 100 roupies (1 euro), une douche chaude 150. Le prix d'un Snickers. Hum. Je commence à sentir...

Il faut donc attendre ma troisième soirée pour que je reprenne l'écriture. Le temps de comprendre; tout doucement, ce que sera ce trek de 10 jours. De la marche, de l'attente, du froid, quelques privations matérielles et culinaires. Si ça ce n'est pas l'idée qu'on se fait du paradis !

Derrière moi le camion des montagnes passe, une clochette au cou. Ce sont des ânes; ce sont eux qui amènent la victuaille jusque dans ces hauteurs. Pas de route à moins de 3 heures. L'électricité est arrivée en 2000, au moment où les hôtels ont commencé à fleurir et les touristes à arriver : ils étaient 40 000 au milieu des années 1990, pendant la guerre civile, à découvrir le parc de l'Annapurna. Le chiffre est monté à 140 000 en 2014. 2015, année du tremblement de terre, c'est redescendu à 90 000, alors pourtant que le région n'était pas touchée... un choc pour les professionnels.

J'ai donc choisi le trek du camp de base de l'Annapurna. Le nom, mythique, m'a filé le sourire pendant plusieurs jours; alors que je me préparais. Car oui, ce n'est pas la rando du coin que je fais; et je n'étais pas équipé : je me balade avec mes sandales depuis 3 mois ! Je passe donc une journée à Pokhara (aucun rapport avec Matt) à chercher des chaussures de randonnée taille 45 (ce qui est loin d'être la pointure moyenne des Népalais !) La ville est ultra-touristique, avec un très beau lac en son centre. Pour rejoindre ce lieu, j'ai emprunté une de ces "routes de l'extrême" que l'on voit parfois sur une chaîne de la TNT, à flanc de montagne, pas toujours goudronnée, et remplie de camions ! Le paysage est joli mais le périple se révèle fatiguant. 

Les premières pentes de l'Annapurna

Pour le choix du trek, c'est la facilité que je prends. L'ABC trek - pour Annapurna Base Camp - c'est la base : il n'est pas trop dur, il n'y a pas de neige, et il est plutôt fréquenté, donc il y a des refuges tout le long du parcours. Mon sac est allégé (environ 8 kilos je pense), avec le strict nécessaire (+ des plaquettes de désinfection de l'eau). Je prends un guide, Ram, qui va m'accompagner pendant les 10 jours prévus. J'espère que ça va bien se passer. Il est guide depuis 2000. Petit, avec des lunettes, je pense qu'il souffre d'un important strabisme, ce qui gêne sa vue. Il me semble également qu'il a un problème à la main gauche, mais je ne lui pose pas la question ; je lui en pose suffisamment sur tous les autres sujets. Ainsi, lors que les élections débutent, il me donne son point de vue politique : "tous les mêmes ! Ils veulent le pouvoir, et c'est tout." Lui, dit-il en riant, son parti politique, c'est celui du dahl bat (le plat national népalais, composé de riz et de plusieurs types de sauces, notamment avec des lentilles). Au niveau de la société, il évoque l'évolution récente; notamment le rapport entre les sexes : "les filles vont parler aux garçons".... "elles fument"... il a l'air un peu dépité. Internet est en cause, c'est lui qu'il cible pour la mode du shopping et des jeunes qui recherchent certaines marques de vêtements. Conservateur mon Ram ? Peut-être. En tout cas il souffre en ce premier jour de la chaleur, et de ma prétendue vitesse.

Les premières pentes de l'Annapurna
Les premières pentes de l'Annapurna

Réveil à 6h30 pour la deuxième journée. En effet, nous ne sommes pas "embêtés" par le soleil (c'est le terme de Ram), et pour cause : c'est très couvert. Pas grave, car c'est une journée escalier qui s'annonce : plus de 3 000 ! (et je pense qu'il y en avait beaucoup plus). La différence avec le pic d'Adam que j'ai escaladé au Sri Lanka, c'est que je n'avais pas mon sac sur le dos ! Pendant la journée, Ram m'annonce qu'un groupe de Maoistes a fait exploser une bombe à Pokhara, et qu'une deuxième a été désamorcée. Pas de victime à déplorer, mais un vrai message : nous ne voulons pas de ces élections. J'imagine un peu la tête de mes parents s'ils apprenaient la nouvelle.... Je dors dans un refuge froid et désert, avec de la nourriture assez chère.

Les premières pentes de l'Annapurna

Le troisième jour, c'est un réveil à ... 5h30.... ça ne va décidément pas dans le bon sens ! Direction Poon Hill, pour voir le lever du soleil sur les sommets... que dalle ! Une purée de pois ! Pourtant, à 5h; cela avait l'air dégagé et ... à 7h, ça a l'air dégagé aussi ! Une question de chance. Je suis un peu déçu; attendant tellement de ce trek. Je me console en me disant qu'il me reste une semaine pour voir des sommets, quand d'autres ne font qu'un trek de 3 jours.... et Poon Hill était "leur" sommet.

La journée est plutôt bonne. Je partage une bonne partie de ma marche avec deux Italiennes, tandis que Ram a un autre guide avec qui discuter. Nous pouvons voir assez rapidement le Dhaulagiri (8167 mètres), dont je n'avais jamais entendu parler. Le chemin est le plus agréable depuis le départ, au milieu de collines boisées (Ram utilise le terme de "jungle"), une rivière par ci, par là.

16h. Je n'ai plus rien à faire. Bon. Douche ou Snickers ?

Les premières pentes de l'Annapurna
Les premières pentes de l'Annapurna
Les premières pentes de l'Annapurna
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