A Durbar Square, une sorte de mini-marché pour touristes s'établit chaque matin. Les marchands s'abritent très rapidement sous leur parapluie noir, afin de se protéger... du soleil. Ils vendent tous la même chose, à savoir de l'artisanat népalais, sans doute tout droit sorti des usines chinoises ou indiennes : les étals sont les mêmes, une succession de produits manufacturés, aux influences bouddhistes et hindouistes ; c'est ce que les touristes recherchent, imaginant ainsi ramener quelque chose de typiquement népalais.
Je m'en vais moi-aussi chercher l'ombre et m'assois à côté du cybercafé. Il doit ouvrir à 10h. Il est 10h45. Les Népalais ne sont pas des lève-tôt : je me suis retrouvé bloqué dans mon hôtel à 8h15, la porte de sortie étant cadenassée. J'ai dû réveiller un type à coup de sonnette pour me retrouver dans les rues quasi-vides de la capitale népalaise. 2h30 plus tard, la vie est réapparue. Les motos défilent. Quelques chiens zigzaguent. Les femmes marchent sous leur parapluie. Des briques sont déposées devant moi, pour un bâtiment en reconstruction. Mon regard est attiré par une petite camionnette de police, sur roues, mais pourtant posée sur des briques. Elle est vide, et un panneau solaire la recouvre. Un marchand de légumes passe avec son vélo, en criant quelque chose comme "ALLOOO", qui doit vouloir dire "venez voir comme ils sont beaux mes légumes" (mais mon népalais est encore balbutiant). En regardant en hauteur, je vois mille fils qui s'entrelacent, formant une toile impressionnante au niveau des poteaux. Il y a deux jours, j'ai eu le droit à un feu d'artifice grâce à ce type d'installation : des étincelles, des flammes, et le public qui s'amasse autour. Des drapeaux flottent au-dessus de la rue, ce sont les restes des élections : des têtes de vainqueur côtoient celles des loosers. Alors que j'écris, un homme d'une cinquantaine d'années, assez fin, avec un T-Shirt bleu, se pose devant moi et observe les mouvements de mon stylo. Il sourit, me dit que "c'est incroyable d'écrire", et repart. Je souris. Deux enfants descendent les marches où je me suis réfugié, la mère entre eux. Ils me sourient également et regardent ce que je fais. Un homme marche, chargé comme une mule par une toile de jute, remplie de ce que je crois être des casseroles.
Une femme avec des talons. Un taxi qui klaxonne. Le bruit des pas d'un pigeon sur la petite avancée en tôle. Quatre marchands de tissus croisent un marchand d'oranges. Ou c'est des citrons. Un homme nettoie ses chaussures. Plusieurs portent des masques anti-poussière.
Katmandou; dernière matinée, vie quotidienne.