C'était une évidence. Depuis l'année 2008-2009, je savais que j'irais dans ce pays. Car mon Erasmus n'eût pas été le même sans la présence de mon coloc Sean, sa barbe de 3 jours, son sourire, et sa grande spécialité : le football (enfin, pas que...).
Pour le retrouver, il a fallu quitter mon personnage de guigne qui m'a poursuivi pendant ces vacances et, aussi, me lever tôt : 3h45. Direction le ferry pour essayer d'obtenir un ticket. Il est 4h25 quand j'arrive et il y a déjà 20 personnes dans la file. Je pense « c'est pas possible, ils ont dormi là !? ». Après 1h30 d'incertitude j'obtiens l'un des derniers tickets. Ca y est, le karma me revient ! Et, à Port of Spain, le voici qui débarque. Le même sourire. Des frissons. 6 ans et demi que je ne l'ai pas vu. Forcément on va un peu vivre dans le passé, ressasser les bons souvenirs, les grands fous rires, revoir les têtes qu'on a tous deux perdues de vue, écrire à nos vieux colocs, et se demander comment on a fait pour ne pas se voir avant. Tu me dis de prendre what's app, je te réponds de t'inscrire sur Facebook. Tu me dis de revenir vite, plus longtemps ; je te réponds la même chose, en Guyane française.
Bien sûr on va évoquer nos six années, nos amours perdues et notre jeunesse envolée. Tu te vois grisonner, t'inquiète, ça lui plaira à celle qui te domptera. Car tu restes l'animal fou que tu étais, toujours prêt à sortir et à rire. Un bon copain. Un type qui m'a manqué. Oh, Erasmus, comme je t'aime.
Chronologiquement, tout a commencé par la découverte de Port of Spain, ville industrielle mais aussi capitale économique et politique du pays. C'est là que nous avons pris notre ferry à l'aller, avec, au large, ce qui a fait, fait et fera encore la richesse de l'île : les plates-formes pétrolières. Si Trinidad est l'île riche des Caraïbes, c'est pour ça ! L'extraction a commencé au XIXème siècle et elle continue. La population en voit un peu la couleur, puisque la compagnie qui exploite a été nationalisée il y a plusieurs décennies et que le litre de gazole coûte 50 centimes !
Tobago est la petite île. 60 000 habitants (contre 1,5 million pour Trinidad), et un côté nature assumé : l'île vit essentiellement du tourisme. Les plages sont nombreuses et se succèdent (on peut faire le tour de l'île en une journée). Nous avons opté avec Tim pour Castara, petit village de pêcheurs ancré dans une baie. Le lieu est magnifique. Un peu touristique, mais ça reste raisonnable (il y a 5-6 restaurants en tout et pour tout). Certes la pluie nous a joué des tours mais ça n'empêche pas l'eau d'être à 25°C.
Deux petits périples nous ont sorti de ce lieu. Le premier nous emmène à Pigeon Bay et Nylon pool. Si la plage de Pigeon Bay est touristifiée, elle nous permet de choper un bateau pour faire du masque-tuba dans des coraux (un peu cramés) et de nous baigner dans une eau turquoise avec des beaux poissons colorés.
Quelques jours plus tard c'est en stop que nous rejoignons Englishman Bay, enfin avec le soleil.
Tobago est l'île relax, plage, farniente, petites rando, nature et collines (c'est assez vallonné). Pour faire la fête ce n'est sans doute pas le top, surtout Castara. Qu'importe, on reste ici pour Nouvel An. Un buffet, une douzaine de Français, le bermuda, le T-Shirt, les pieds dans l'eau, drôle d'endroit pour un décompte !
Vroum vroum vroum. De la fumée. Du bruit. Nous avançons. Sur le parking du restaurant, des pneus ont été alignés, comme sur un circuit de karting. La population est amassée autour. Et, surgissant de l'obscurité, une voiture tunée débarque et fait chauffer les pneus : c'est parti ! Elle tourne, crisse et cuit la gomme. Un épais nuage de fumée commence à s'élever, accompagné d'une odeur de caoutchouc brûlé. Et la voiture tourne, tourne et tourne encore. Ce Nouvel An se transforme en quelques minutes en rodéo, avec pétarade de pot. Tuning et rodéo sur un parking, avec la menace de la pluie... heureusement que je suis en T-Shirt pour me rendre compte que j'ai bien quitté le Pas-de-Calais !
A Trinidad les choses sont très différentes : j'ai mon guide attitré. Il me fait découvrir Chaguaramas le 1er jour, puis Santa Cruz et sa demeure magnifique, mélange de Noël et d'Inde (la communauté indienne représente 40% de la population de l'île).Le second jour on fonce vers le Nord et les baies de Maracas et Las Cuevas (les photos parlent pour elles).
Deux jours c'est trop peu, j'ai encore 95% de Trinidad à découvrir, notamment tous les lieux à la toponymie française : Grand matelot Bay, San Souci Bay, Blanchisseuse Bay, et même La Vache Point (car les deux îles ont longtemps été disputées entre les Néerlandais, Espagnols, Anglais, Français et même Lettons (!!!) - Tobago a changé plus de 30 fois de « propriétaire » en 300 ans). Surtout ces deux jours sont trop courts quand on a 6 ans à rattraper. On est sorti, on a fumé, on a même rencontré Miss Univers Trinidad ! Mais, même ça reste trop peu. Allez, on se revoit en 2018.