Conversation avec mon futur fils : « Papa, papa, comment le cinéma a débuté ?
Ecoute mon fils, au début du cinéma il n’y avait pas de 3D, pas d’effets spéciaux, pas de paroles, juste Charlie Chaplin. »
Charlot, le vagabond, la star du cinéma muet, celui qui a longtemps refusé le parlant, l’homme qui a dénoncé le totalitarisme européen au début de la décennie 1940, une silhouette inoubliable, des films entrés dans la légende. En voici une filmographie partielle, avec les films que j’ai sous la main.
Les muets
Charlot soldat (1918) : 13,5/20.
Charlot se retrouve engagé dans la première guerre mondiale, il commence sa formation de soldat.
Film un peu plus sérieux que d’habitude, avec moins de gags. Les conditions de la guerre sont dénoncées habilement (l’eau, la boue, les bombardements incessants). Le tout début du film est amusant, j’en espérais autant ensuite (mais je deviens difficile !). C’est son plus vieux film que je vois (de 10 ans!), ça se sent un peu (le scénario est moins travaillé que les suivants). L’ensemble est un peu inégal, c’est loufoque comme Chaplin sait le faire, sans pour autant décoller à me rendre hilare.
The Circus (1928) : 16,5/20. Titre français : Le cirque.
C’est un peu par hasard que je me suis retrouvé devant "Le cirque", projeté dans un bus en plein milieu de la Chine. Charlot, poursuivi par un policier, se réfugie dans un cirque. Il déclenche l’hilarité en perturbant les numéros et finit par se retrouver embauché.
Les scènes dans le cirque sont franchement désopilantes. Ce fut mon coup de cœur, un film un peu moins connu que les autres actuellement alors qu’il fut le huitième plus grand succès de l’histoire des films muets. La fin du film est assez typique du film avec Charlot. A noter que le tournage du film a été un calvaire pour le réalisateur (incendie, mort de sa mère, divorce, intervention des services financiers du gouvernement pour des taxes impayées…)
The Kid (1921), avec Jackie Coogan : 15/20. Titre français : Le Kid.
Comédie dramatique qui met en scène une mère désespérée, abandonnant son fils. Celui-ci se retrouve un peu par hasard dans les mains de Charlot qui, après avoir un temps voulu l’abandonner à son tour, en prend la charge.
Le Kid est l’un des « must » de Chaplin. Comédie dramatique, elle annonce d’entrée que vous pourrez rire, et peut-être même verser une petite larme. Chaplin avait perdu son enfant l’année précédente. La pauvreté des acteurs rappelle sans doute l’enfance de l’acteur dans les rues de Londres. La scène de la bagarre du fils est hilarante. La photo est mythique.
Citylight (1931) : 16/20. Titre français : Les lumières de la ville.
Un film extrêmement touchant de Charlot, venant en aide à une jeune aveugle et à un mari déçu. C’est l’un de mes favoris, avec la scène du sifflet, ou du combat de boxe.
Les films muets avaient disparu en 1929, mais Chaplin choisit de résister encore et toujours à l’envahisseur parlant. A noter que la scène où l’aveugle comprend que Charlot est riche a nécessité 342 prises de vue ! Un record.
Modern Time (1936) : 16/20. Titre français : Les temps modernes.
Le dernier muet de Chaplin, le plus connu, celui qui met fin à la carrière cinématographique du personnage de Charlot. D’entrée, la première scène me fascine. On y voit des moutons allant tous dans la même direction puis d’un coup des humains sortant du métro à la même vitesse. Le film dénonce en partie l’esclavage moderne, la vie dans les usines, sur les chaînes de production. La période est celle de la Grande Dépression, d’un chômage de masse, le film est politiquement incorrect. Une satire mais aussi un drame d’époque.
C’est la première fois que l’on entend la voix de Charlot, lorsqu’il se met à chanter la chanson sans sens, un mélange de français et d’italien. Chanson qui est d’ailleurs revenue dans les charts au début des années 2000 (avec un remix).
A noter le journal « Les Temps Modernes » de Sartre, de Beauvoir et Merlau-Ponty en hommage au film.
Les parlants
The Great Dictator (1940) : 14/20. Titre français : Le dictateur.
Forcément. Le classique parmi les classiques. Adenoid Hynkel, dictateur de Tomanie (satire d’Adolf Hitler) et Benzino Napaloni, dictateur de Bactérie (Mussolini) se rencontrent et tentent de s’impressionner (la scène avec les chaises qui montent, montent, montent…). Dans le même temps, un barbier juif sortant d’un an d’hôpital, sosie parfait d’Hynkel, tente de comprendre ce qui se passe dans le monde.
Dénonciation du régime nazi, de la politique à l’égard des juifs, "Le dictateur" précède l’entrée en guerre des Etats-Unis. Le film contribue à mobiliser l’opinion publique américaine sur ce qui se passe en Europe. La scène des saluts entre les deux dictateurs est tordante. Les discours d’Hynkel, hurlant, vociférant, dans un langage qui se veut proche phonétiquement de l’allemand ont fait grand plaisir à ma partenaire (non, l’allemand ne ressemble pas à ça ? si, si, je te promets !). Nommé à l’Oscar du meilleur film. Le film est sorti en Allemagne en 1958 (et en 1975 en Espagne !).
Gold Rush (1942) : 13,5/20. Titre français : La ruée vers l’or.
J’ai eu accès à la version parlante de "La ruée vers l’or", celle de 1942, sonorisée par Chaplin lui-même. Il existe une version muette datant de 1925, mais je fais avec ce que j’ai sous la main.
L’histoire des chercheurs d’or du Canada à la fin du XIXème siècle, Charlot et Big Jim, qui se retrouvent dans une cabane isolée, privés de tout. La danse des petits pains est mythique. J’ai cependant été un peu gêné par le son.
Limelight (1952), 16/20. Titre français : Les feux de la rampe.
Le dernier film américain de Chaplin. Calvero, ancienne icône du music-hall, devenu has been, tente d’aider une danseuse de ballet qui a voulu mettre fin à ses jours. C’est l’un de mes films préférés de Chaplin, touchant, émouvant, qui peut paraître autobiographique. L’apparition de Buster Keaton, l’autre star du muet, rend hommage à une période révolue. On pourrait établir quelques parallèles avec "The Artist".
Le Chaplin sans Chaplin
L’opinion publique (1923) : 10/20. Titre original : A woman of Paris. Avec Edna Purviance et Adolphe Menjou
Deux jeunes amants décident de quitter leur province pour enfin vivre leur amour librement. Mais Jean Millet ne parvient pas à prendre le train et Marie Saint-Clair part seule à Paris. Elle y trouve sa liberté.
Chaplin sans Chaplin. Chaplin sérieux. Chaplin qui a, du coup, vieilli. Le film hésite entre la romance et le drame (en témoigne la scène finale), et manque de rythme.
Comme vous pouvez le constater je préfère les muets de Charlie Chaplin. Non pas que les parlants soient de mauvaise qualité, au contraire. Mais je suis un grand fan de l’humour simple, de geste, de regard, de répétition. Les quiproquos, l’incompréhension du personnage de Charlot m’ont emporté. Pas besoin de parole pour faire rire (une pensée pour Mister Bean).
Je remarque aussi que Charlie Chaplin n’a jamais gagné l’Oscar du meilleur film (alors que Démineur l’a gagné !), une injustice flagrante. Mais cela ne l’empêche pas d’être devenu une icône du cinéma pour l’éternité.
Mon classement des réalisateurs (totalement subjectif)
1. Emir Kusturica : 17,08/20 (7 films)
2. David Fincher : 16,28 (9 films)
3. Albert Dupontel : 15,83/20 (6 films)
-. Alejandro González Iñárritu : 15,83 (6 films)
5. Frank Capra : 15,50 (7 films)
6. Billy Wilder : 15,46 (12 films)
7. Xavier Dolan : 15,33 (6 films)
8. Clint Eastwood : 15,25 (10 films)
9. Charlie Chaplin : 15,06 (8 films)
10. Quentin Tarantino : 14,89 (9 films)
11. Stanley Kubrick : 14,82 (11 films)
12. Henri Verneuil : 14,80 (10 films)
11. Les frères Coen : 14,63 (15 films)
14. Sergio Leone : 14,58 (6 films)
15. Jacques Audiard : 14,31/20 (8 films)
16. Howard Hawks : 14,29 (7 films)
17. Alfred Hitchcock : 14,21 (12 films)
18. George Cukor : 13,95 (10 films)
19. Dany Boon : 13,88 (4 films)
20. Pedro Almodovar : 13,86 (11 films)
21. Steven Spielberg : 13,78 (18 films)
22. Stephen Daldry : 13,75 (4 films)
23. Woody Allen : 13,55 (19 films)
24. Tim Burton : 13,25 (12 films)
25. Wes Anderson : 13 (7 films)
26. Sofia Coppola : 12,9 (5 films)