Quoi ? Tu ne bois pas d'alcool ? Mais comment tu fais ?
Si vous êtes régulièrement en ma compagnie, vous avez du remarquer cette question qui m'est traditionnellement posée. Peut-être même que vous un jour vous vous l'êtes posée. Ou alors une autre, tout aussi fréquente : pourquoi ?
Répondons aujourd'hui à la première question avec l'exemple de la fête de la musique. Celle-ci est, avec la braderie, une journée de débauche dans Lille. Les cadavres de bouteilles jonchent les rues. Puis ce sont les êtres humains qui se mélangent aux détritus. Quand je dis être humain, je devrais peut-être parfois parler de l'espèce animale, tant certains retournent à l'état sauvage après la bière de trop.
Hier, j'étais en compagnie de trois amis. L'un d'eux a clairement un peu trop abusé de la bouteille, jusqu'à se transformer petit à petit. Trois stades importants : le fameux "ah j'suis trop déchiré", qui horripile tant ceux qui n'ont pas bu. "Tu veux une médaille ?" je lui réponds. Et surtout, "oui, tu es déchiré, mais est-ce que tu t'amuses ?" Toujours accoudé au bar, toujours un verre à la main, mais rarement sur la piste de danse. Difficile également de débuter une conversation avec le sexe féminin, tant l'état de notre ami laisse à désirer. Nous nous faisons d'ailleurs refouler du Smile de sa faute. Bons copains, nous restons avec lui même si parfois l'envie est grande de l'abandonner sur un trottoir.
Pour repartir dormir, il faut marcher jusqu'à la Madeleine. Pour ceux qui connaissent Lille, c'est déjà un petit bout depuis Masséna-Solferino. 40 minutes d'ordinaire. Mais aujourd'hui, le trajet sera un peu plus compliqué, en raison de l'attitude du soiffard. Certains adoptent une attitude bizarre quand ils ont bu, et se mettent à faire des choses qu'ils ne font pas d'ordinaire. On en a vu chanter. On en a vu danser. On en a vu crier. Le monsieur, lui, court. Tel Forrest Gump, il court sans s'arrêter, sans se retourner. Petit problème, il se perd. En plus d'inquiéter ses potes, il se met littéralement en danger. Certains finissent dans la Deûle, d'autres font des comas éthyliques. J'ai déjà vu des potes se retrouver dans le fossé après avoir pris la voiture un soir de cuite. Pas encore de mort. Je pense que c'est beaucoup de chance pour certains. Et j'ai très peur qu'un jour la chose arrive. Toujours est-il que ce garçon a été retrouvé deux rues plus loin (pas dans la bonne direction), assis devant une banque, seul, faisant clairement pitié.
Enfin, la troisième étape, le lendemain. Le trou noir. Qu'est-ce que j'ai fait de ma soirée ? Plus de notion des lieux, plus de notion du temps. Notre camarade s'est retrouvé avec 65€ en moins. Dépensé dans la substance. Un jour, j'ai une amie Erasmus qui s'est réveillé dans un hôpital. Sans savoir ce qu'elle faisait là. On lui a raconté. Sans lui préciser l'épisode où elle s'est laissée embrasser par un garçon, alors qu'elle était amoureuse d'un autre, à plusieurs milliers de kilomètres de là. Certain(e)s se réveillent dans un lit, avec quelqu'un à leurs côtés. Et là, c'est le drame... D'autres ont des douleurs, des bleus, une lèvre en sang, sans savoir pourquoi.
Comment je fais pour ne pas boire d'alcool ? La réponse était hier. Demain. Aujourd'hui pour quelques-uns. A toutes les soirées quasiment. Je m'amuse sans alcool. Je n'ai pas besoin de boire 3 verres pour parler aux filles. Hier, j'étais prêt à aller décrocher le drapeau de l'Italie sur l'ambassade. Il y a quelques mois j'étais déguisé en Ecossais et je parlais avec un mauvais accent. 0 gramme. Et une soirée de rigolade.
Je ne bois pas pour ne pas embarrasser mes potes. Pour ne pas gâcher leur soirée. Je suis parfois égoïste, mais pas à ce point. Alors certes parfois je rigole de certains comportements, mais mon sourire se confond aussi avec de la pitié. J'ai peur pour vous, qui, dans quelques années, allez vouloir retrouver la sensation de la jeunesse. Quoi de plus simple qu'un petit verre ?
Je refuse d'être entraîné par une drogue en soirée. Oui, une drogue. Un ami au courant de cette question m'a récemment rappelé que si l'alcool était découvert ajourd'hui, ce serait considéré comme une drogue dure. En France, vers 2006, l'usage problématique d'alcool touche environ 5 millions de personnes (dont 2 millions seraient dépendantes). Et toi ?