23 janvier 2014 4 23 /01 /janvier /2014 23:07

Faut-il aller faire un stage à l'ambassade de France au Burundi ? Pendant une petite semaine, cette question m'a quelque peu tourmenté. Elle m'a poussé à réfléchir, vite, sur ce que je voulais de ma vie.

Le stage commence le 1er février. Il dure quatre mois. Très vite j'ai pu voir que mon profil devrait intéresser l'ambassade. Expérience de vie dans la région : check. Connaissance des affaires des grands lacs : gros check. Intérêt pour les pays post-conflit : check. Compétence économique : check. Reste une question : est-ce que je veux ce stage ?

Comme souvent, j'ai fait mes deux colonnes. Les plus et les moins. Les premiers plus étaient évidents : ce serait mon vrai premier stage professionnel (excepté presse) ; ce serait l'occasion de vérifier si bosser dans les affaires étrangères peut m'intéresser ; ce serait une bonne possibilité pour ma thèse de rencontrer du beau monde burundais. Et puis quelques autres, comme un voyage supplémentaire, payé. Et puis c'est un sacré test pour le couple.

Le couple justement, pour commencer la liste des moins. Pourquoi partir alors qu'Elle est ici. Et puis j'ai pensé tout de suite à ma famille et à leur inquiétude. Certes, si je pense ainsi, je ne vais pas loin (et surtout pas en Afrique), mais c'est à prendre en compte. Et ma vie allemande, mon appartement, l'apprentissage de la langue. Tout ça aussi ce sont des moins. J'ai pensé à mon chien que je dois garder en mars, au concert de Stromaé en avril. Je vais courir le marathon de Paris.

Dans ma tête, ce fut un peu compliqué. Le temps d'une ou deux journée(s), pas plus. Car j'avais oublié un élément essentiel : mon bonheur est ici.

Au fond de moi, je le sais bien que ce stage m'intéresse surtout car c'est dans une ambassade. C'est toujours chic à raconter, c'est toujours sympa sur un CV. Mais moi qui pense que les affaires étrangères ne m'iraient pas pour des raisons de vie personnelle (bouger tous les trois ans, ou vivre à Paris), à quoi ça me servirait ? J'ai bien vu des gens bosser dans des ambassades ou des ministères, et ce n'était pas folichon tous les jours. Il y en a qui sont capables de sacrifier leur vie sociale pendant plusieurs mois pour un boulot. Mais pas moi. La vie est trop courte [#FrançoisMarquis]. Et puis je crois de plus en plus en ma vocation d'enseignant, je m'imagine de plus en plus devant une classe. Je considère que l'éducation fait l'homme, construit notre société de demain. Alors pourquoi aller là-bas ? Surtout que je peux très bien y aller cet été, pour simplement deux mois. Et ça sera peut-être encore plus productif pour la thèse.

Quatre mois c'est long vous savez. En quatre mois, il peut s'en passer des choses. Et c'est quatre mois que je ne retrouverai pas. Si ma relation ne survit pas à ces quatre mois, est-ce que je ne m'en voudrai pas pendant longtemps ? Quoi, si c'est la bonne, ça survivra ? Mais allons ma petite dame ou mon bon monsieur, vous y croyez vraiment à « la bonne », celle d'une vie ? Quatre mois dans la vie d'une fille magnifique comme l'est ma partenaire, c'est quatre ans pour une fille ordinaire. Elle ne vit pas bien la distance, elle a besoin d'une présence régulière. Et moi aussi. Deux mois c'est déjà bien assez difficile comme cela.

La distance est l'une des pires choses qui soit pour un couple. Loin des yeux. Bref. Surtout qu'en Afrique je vais retrouver ma principale ennemie : la solitude. Et être seul, ça ne me va pas. C'est le retour de Jérémy le dépressif. Pensez, ça fait 8 ans que je suis en couple. Pas avec la même, mais ça n'empêche : je n'ai plus l'habitude d'être seul. Alors me retrouver comme un con au milieu du Burundi, comme je l'étais la dernière année au Kenya, très peu pour moi. Je pense d'ailleurs très souvent à cette expression pourrie que l'on sort souvent aux nouveaux célibataires : « mieux vaut être seul que mal accompagné ». Non non non ! Car être seul, c'est être mal accompagné ! C'est avoir cette chienne de solitude qui vous accompagne partout, jusque dans votre propre lit ! Les draps froids, c'est l'horreur !

Finalement, qu'est que je veux de ma vie ? Pas grand chose, si ce n'est le bonheur. Mon bonheur à moi, c'est un lit chaud. Un repas en tête à tête (avec des enfants dans quelques années). Un livre dans les mains, à hocher la tête pour voir celle que vous aimez réviser sa chimie. Un film sous la couette, à rire ensemble sur les mêmes passages. Le bonheur c'est l'amour. Le bonheur, c'est à deux. Pas besoin d'ambassade, de petits fours et d'un salaire démesuré. Pas besoin d'une grande maison, du dernier Iphone et du grand écran plat Samsung. Pas besoin du Burundi. Aujourd'hui, c'est mon Allemande et moi. Le bonheur est suffisamment difficile à trouver (construire), ça serait idiot de déserter. 

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commentaires

A
<br /> En lisant les premières lignes je me suis dit "mais pourquoi il hésite, il devrait foncer !" puis quelques lignes plus loin "effectivement, ses arguments sont plus que recevables" !! <br /> <br /> <br /> En gros : je te comprends ! <br /> <br /> <br /> Très jolie réflexion en tout cas...<br />
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