10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 13:31

Pendant ces premiers mois de recherche, j'avoue m'être souvent posé des questions : qu'est-ce que je fais là ? Pourquoi faire un doctorat ? Quel est l'intérêt de cette recherche ? Pourquoi ne pas avoir passé le concours d'enseignant ?
Et puis jeudi et vendredi j'ai trouvé mes réponses.

Travailler seul est parfois très difficile. Seul face à son sujet, seul face à une motivation qui peut être fluctuante. Le thésard est un être solitaire qui doit son succès, ou son échec, à sa personne. Nous sommes encadrés, mais de loin. Quand j'étais au collège ou au lycée, il était difficile de ne pas travailler : les professeurs nous surveillaient en cours et ma mère était toujours derrière moi à l'extérieur des cours. Puis vint le temps de l'université, le temps des premières gamelles pour certains qui croquent un peu trop la pomme de la liberté due à cette époque : maman n'est plus là et les professeurs, du haut de leur amphithéâtre, nous regardent de loin. Là j'ai réussi à passer le test, après un peu d'adaptation lors de la première année. J'arrivais à me motiver, surtout grâce aux copains à côté de moi travaillant sur le même sujet. 

 

Le doctorat est totalement différent, et plus dur encore. Je n'ai pas de cours. Je n'ai pas d'autres étudiants à mes côtés. Et mon directeur de thèse vit à plusieurs milliers de kilomètres et nous échangeons des mails une fois par mois. Je suis seul. Face à mon sujet. Sans avoir le rythme des cours. Je dois décider de me réveiller tôt le matin, je dois décider de lire sur mon sujet au lieu de regarder un film, et je dois essayer de me motiver chaque jour. Ce serait un mensonge de dire que ce fut facile. Après les deux premiers mois de découverte, j'avoue avoir eu une période de flottement. Et pour cause, après deux mois sur le même sujet, c'en est fini des découvertes. Je retombe irrémédiablement sur les mêmes informations, les mêmes conclusions, le même type de document. Cependant je dois continuer à lire l'ensemble des articles, car ce n'est parfois qu'une seule phrase qui sera déterminante. L'hiver, la fatigue. J'avoue en avoir eu un peu marre parfois, glandant plus que travaillant.

 

Depuis deux mois c'est reparti. J'ai trouvé mon second souffle. Si mes questions existentielles sur l'intérêt de cette thèse étaient toujours là, j'arrivais à me motiver chaque jour pour étudier.

 Et puis jeudi et vendredi arriva la conférence sur l'intégration régionale (en gros, le sujet que j'étudie depuis six mois!). Autant vous dire que j'attendais impatiemment de me confronter avec des spécialistes et des acteurs de la Communauté d'Afrique de l'Est.

 

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J'avais mon beau badge, et une belle équipe qui m'entourait : des anciens députés, l'ancien secrétaire général (un peu le Barroso local), des gens de la Banque Mondiale, de la Banque Africaine de Développement, des professeurs... Un beau gratin ! 

 Et figurez-vous que j'ai adoré. Pour la première fois, je me suis senti à ma place. Je comprenais tout, je connaissais tout. Même les textes de loi ou les détails de la dernière affaire portée devant la cour de justice locale. J'ai enfin pu constater que ces six mois de lecture m'ont servi à quelque chose ! Ouf !

Conference-integration-regionale-IRID.JPG

Au-delà de cette conférence, c'est aussi le retour avec mon professeur, vendredi, à travers les bouchons de Nairobi. J'en ai profité pour en savoir un peu plus sur lui, sur sa vie. Et j'ai eu le droit à un récit détaillé : le coup d'Etat au Burundi en 1993 il était là. Il a même abrité des opposants. Puis les informations concernant le génocide du Rwanda en 1994. C'est facile, j'avais l'impression d'avoir un livre d'histoire ouvert devant moi. J'étais passionné. J'étais satisfait. J'étais au bon endroit.

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