Deux grosses semaines pour visiter la Russie, cela reste court pour un pays continent. Surtout quand on passe cinq jours dans le train ! Cependant, j'ai l'impression d'avoir déjà vu une bonne partie de ce que le pays peut offrir de meilleur (en prenant en compte mon précédent voyage à Saint-Pétersbourg). J'irais bien faire un tour dans le Caucase, à Vladivostok ou dans le Kamchatka un de ces jours. Mais il faut faire des choix.
Le top 3
3 - Le match du Spartak Moscou. Je n'ai pas encore évoqué ce moment, mais je vous promets que j'ai eu des frissons en entrant dans le stade. Une ambiance comme j'en ai seulement connu au Parc ou à Twickenham.
2 - La baignade dans le lac Baikal
1 - Les rencontres.
C'est la première grande satisfaction de ce début de trip. Oui, je voyage seul. Non, je ne ressens pas la solitude. Dans chaque ville j'ai été accueilli par mes couchsurfers. Dans chaque train j'ai trouvé des voyageurs à qui parler. Et je vais être accompagné en Mongolie pendant une semaine.
Ce que j'ai appris de la Russie
3 - C'est un pays occidental. Moscou, je m'en doutais un peu. Ekaterinbourg moins déjà. Quant à Irkutsk, ce fut une surprise. Les visages sont occidentaux, la façon d'être, de penser, la culture. De l'Atlantique à l'Oural ? De l'Atlantique au Baikal à mon humble avis.
2 - Le racisme. Récemment j'ai eu un commentaire sur l'article consacré à Eto'o. On m'expliquait entre autres qu'il souhaitait partir de l'Italie en raison des cris racistes. Pauvre homme, j'espère qu'il connaissait la situation russe auparavant. Oui, les Russes ne connaissent ni les Noirs, ni les Arabes. Et ils ont la fâcheuse habitude de lâcher quelques propos qui m'ont fait bondir. Du style "tant qu'ils nettoient les poubelles ça va". Ou cette tentation d'utiliser le mot nègre. Je pense que si tu es black et touriste, tu dois clairement le ressentir.
1 - Les regrets du communisme. Alors là je suis sur le cul. Je m'imaginais bêtement que les Russes étaient bien plus heureux maintenant qu'il y a vingt ans, qu'ils étaient satisfaits des libertés obtenues... Que nenni !
Tout d'abord les Russes ont l'impression de n'avoir que les mauvais côtés du capitalisme : pauvres dans les rues, chômage, SDF. A l'époque communiste, je rappelle que les choses étaient légèrement différentes : le droit au logement pour tous, le droit à l'emploi pour tous. Quitte à avoir des emplois "fictifs". La mère d'une couchsurfer avait pour mission à cette epoque de compter les chaises de son entreprise, afin de vérifier qu'il n'y avait pas de vol. Une chose qu'elle faisait aisément en une journée, le vendredi. Le reste de la semaine ? Elle tuait le temps.
Surtout, les Russes n'ont pas l'impression d'avoir tant gagné en liberté. Le fin du parti unique ? Poutine et Medvedev se partagent le pouvoir, et cela va continuer. Russie unie est le seul parti qui bénéficie d'une couverture médiatique. Les medias justement sont quasi-intégralement contrôlés par le pouvoir, avec en tête de pont les chaînes de télévision. La corruption est de rigueur, les diplômes des universites, les permis de conduire ou les emplois publics s'achètent comme des petits pains. L'argent du pétrole, du gaz ? Non redistribué. Les oligarques sont à la tête de l'Etat, ils ne partageront rien. Les Russes, eux, ruminent en silence. Pour le moment.