20 février 2014 4 20 /02 /février /2014 13:25

''Et ils boivent à la santé

Des putains d'Amsterdam
D'Hambourg ou d'ailleurs

Enfin, ils boivent aux dames''

Le grand Jacques m'avait pourtant prévenu. Mais je ne pensais pas que... pourtant je les ai rapidement vues, très nombreuses aux coins des rues. La pluie s'abat sur Sankt-Pauli et une armada de filles armées de parapluies multicolores tiennent leurs positions. Les bars tentent d’appâter le client avec un verre gratuit. La nuit est calme à Reeperbahn, le quartier rouge d'Hambourg. Hambourg (14)
Sur les devantures, les prix sont affichés : Sexe, 49€. Les hommes seuls déambulent rapidement, évitant de croiser les regards. Et puis tout d'un coup, l'un d'entre-eux s'arrête. La cible est là, des longs collants et un manteau de fourrure. Le maquillage est impeccable, le visage resplendit. La négociation commence. Elle est infructueuse. Pas grave, quelques mètres plus loin on recommence.
En Allemagne, la prostitution est légalisée. C'est quelque chose d'assez étonnant en tant que Français. A Fribourg, les choses se déroulent assez loin du centre-ville. Mais Hambourg est différent. Hambourg et Sankt-Pauli, le quartier de la fête, le quartier des vices, le quartier rouge. Nous faisons la tournée des bars avec ma Couchsurfer. Et puis tout d'un coup, nous nous retrouvons face à une route barrée. Elle me dit « vas-y, moi, je ne peux pas ». Je ne comprends pas très bien sur le coup. Mais je m'avance et entre dans la rue barrée.Herbertstrasse-Reeperbahn-Hamburg-Hambourg-prostitutes-prot.jpg
Les vitrines. Le retour d'Amsterdam. Le cognement aux fenêtres pour attirer l'attention. Très vite j'accélère pour rejoindre un groupe de mecs devant moi, afin de paraître un peu moins suspect (car un mec seul est forcément un client potentiel ici). Les filles ouvrent leurs fenêtres, font savoir qu'elles sont là. Comment ne pas s'en rendre compte ? Des deux côtés de la rue étroite elles posent côte à côte dans leurs vitrines. Leurs tenues sont sexy, mais sans être totalement vulgaires. Beaucoup ont l'air jeune, à peu près mon âge.
La rue n'est pas très longue, et j'arrive devant la barricade de fin. Le problème, c'est que je dois retrouver ma Couchsurfer de l'autre côté. Je fais donc demi-tour et repart vers mon point de départ. Là, de suspect je suis passé à client sûr. Je suis seul, et je reviens sur mes pas. Le bruit des filles cognant aux carreaux se fait de plus en plus pressant. J'hésite entre regarder mes chaussures tel un enfant puni ou regarder les filles. Je fais souvent un mélange des deux. Les filles me sourient, ouvrent leurs carreaux, m'appellent. J'accélère légèrement ma cadence, afin de sortir de la rue, interdite aux filles.
Je retrouve ma Couchsurfer, mais le bruit des carreaux reste bien présent dans mon esprit.

Sankt Pauli, c'est aussi un club de football. Et pas n'importe quel club, puisqu'il se revendique antifasciste et antiraciste. Le président a longtemps été un homosexuel revendiqué. Le club est devenu mythique depuis de nombreuses années, et les supporters à travers le monde s'arrachent littéralement les drapeaux, les écharpes et les T-Shirts avec la tête de mort, l'un des symboles du club.
Sankt-Pauli-flag-drapeau-couleur-tete-de-mort.jpg
En parlant de symbole, voici le grand Bismarck, l'homme de l'unité allemande. 35 mètres de haut, 600 tonnes, on le voit depuis le port de la ville, à plusieurs centaines de mètres de là !Hambourg (12)

Car oui, Hambourg est avant tout un port. Le plus grand port d'Allemagne, le 3ème d'Europe. Et là, j'en ai pris plein les yeux. Il était tard, il faisait noir, et nous nous avancions vers la mer. L'odeur du sel marin parvenait à mes narines, le grondement d'un bateau faisait frémir tout Sankt Pauli. Et devant moi, dans un mur de lumière, les grandes grues, à l'allure de gratte-ciel, s'activaient. Les conteneurs donnaient une impression d'immense Tetris. C'était beau, c'était grand. Je n'avais pas envie de partir, j'aurais pu rester ici des heures.Hambourg (2)

Au petit matin, je suis revenu. Et j'ai pu découvrir les canaux d'Hambourg. Savez-vous qu'Hambourg a plus de 2300 ponts ! Plus que Venise et Amsterdam réunis ! Les bâtiments rouges tapissent le paysage du quartier. Ce sont souvent des anciens entrepôts, réaménagés en bureaux ou en logements.Hambourg (7)Hambourg (8)Hambourg (9)

Hambourg c'est la nouvelle mode en Allemagne. Berlin est déjà dépassé, Berlin est déjà embourgeoisé (bon, c'est pas Paris tout de même!). La capitale de l'alternatif allemand, c'est ici. La ville respire bon la folie. Les punks sont présents autour de la gare, ou au Rote Flora, le plus vieux squat de la ville (depuis 1989!).

Avec ma Couchsurfer, on se fait aussi le Binnenalster et le Außenalster. L'Alster est en fait une petite rivière d'à peine 50 kilomètres qui se jette dans l'Elbe. Mais elle a le mérite de former deux lacs dans la ville, le plus grand étant entouré de verdure. Nous pouvons donc marcher et même emprunter les vélos locaux en libre accès.
Hambourg (1)Hambourg (4)

Fribourg-Hambourg, c'est normalement 142€ avec le TGV local, le ICE. Et pour moi, ce fut gratuit. Merci les J.O. ! Merci Couchsurfing. Je pourrais continuer de vous parler de la ville pendant des heures, mais juste un conseil : allez-y ! Foncez ! Car les choses bougent vite là-bas. Sauf l'église Saint-Nicolas, ruine devenue mémorial, où un homme assis semble réfléchir à comment les choses ont pu en arriver là. Hambourg (10)
Il y a aussi les Schaufensterkonzert, les concerts dans les vitrines de magasins. Avec un peu de chance, vous arriverez assez tôt pour être à l'intérieur. Avec un peu plus de chance encore, vous serez à l'extérieur, devant la vitrine, devant les fesses du chanteur, et la musique vous parviendra par une porte entrouverte, en compagnie de nombreux autres badauds arrivés là grâce à une invitation internet ou simplement au bruit qui court sur la place.Hambourg (15)
Hambourg, c'est aussi des miroirs d'eau ou des églises à balcons. Ce fut pour moi une grande découverte. Ville de fous.Hambourg (11)

 

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