Le Prix Goncourt n'est pas infaillible. Et pour cause, ses membres ont "oublié" de récompenser Céline pour son Voyage au bout de la nuit en 1932. Mais il bénéficie d'une telle influence dans les milieux littéraires qu'il m'est de plus en plus commun de lire ses vainqueurs. Surtout qu'en 2010 c'est Michel Houellebecq qui l'a remporté.
J'ai lu Houellebecq une fois. C'était La possibilité d'une île. J'en ai gardé un sentiment mitigé. Il y avait du bien, il y avait du moins bien. Mais cette fois c'est tout de même le Prix Goncourt ! Le livre doit être génial. En plus on m'a parlé plusieurs fois de la présence de Jean-Pierre Pernaut dans l'ouvrage !
Echec. La Carte et le territoire évoque le parcours de Jed Martin, artiste français, qui rencontre... Michel Houellebecq ! L'idée de départ me faisait rire, mais la réalisation n'est pas à mon goût. Entre une histoire d'amour un peu bateau et Michel Houellebecq qui s'auto-assassine dans son propre ouvrage, sans toutefois réussir à nous entraîner dans une enquête "policière"... La fin du livre m'a laissé un énorme goût d'inachevé. L'impression d'un petit livre de vacances, pas d'un prix Goncourt. On est a des années lumières des Bienveillantes (Jonathan Littell, récompensé en 2006).
Beigbeder est entré dans mon estime avec 99 Francs. Son adaptation au cinéma aura d'ailleurs été un grand succès (comparé avec La possibilité d'une île qui aura été un échec). Alors Un roman français, prix Renaudot 2009, préfacé par... Michel Houellebecq !, m'attire depuis quelques mois.
Beigbeder évoque non sans humour ses nuits au poste en 2008, lorsqu'il s'est fait chopper en train de sniffer de la coc' sur un capot. Le récit, réellement autobiographique, revient essentiellement sur l'enfance de l'auteur, et ses difficultés de souvenirs.
Semi-échec. J'attendais clairement mieux. Les critiques contre le système carcéral sont faciles, et manquent de profondeur. Sa vision de l'enfance n'est pas si éloignée de la mienne, mais elle laisse un goût d’inachevé, tout comme la fin de l’ouvrage. Les deux livres méritaient aisément 150 pages supplémentaires.
Est-ce que mon rythme de lecture des classiques joue sur mon exigence vis-à-vis des contemporains ? Peut-être. Car la qualité d’écriture de Houellebecq ou Beigbeder me parait bien terne vis-à-vis de Dostoïevski, Céline ou Flaubert...
Quelques passages de Beigbeder :
Pour moi, la vie commençait quand on quittait sa famille. Alors seulement l’on se décidait à naître. Je voyais la vie divisée en deux parties : la première était un esclavage, et l’on employait la seconde à essayer d’oublier la première.
Le silence des vivants est plus difficile à comprendre que celui des morts.
Je n’ai cessé d’utiliser la lecture comme un moyen de faire disparaître le temps, et l’écriture comme un moyen de le retenir.