Chaque livre est un voyage. Et chaque voyage mériterait un livre.
J’ai commencé par Amélie Nothomb et Antéchrista (13,5/20). Sympa mais sans plus. L’histoire d’une drôle d’amitié-inimitié entre deux adolescentes que tout oppose.
Puis j’ai découvert Marie Nimier, et Les inséparables (16/20). J’ai grandement apprécié. Une amitié sincère. Autobiographique, deux amies que la vie a finalement opposées. Beaucoup d’humour, un peu de larmes, beaucoup d’amour. Petit extrait : « Si tu n’es pas communiste à vingt ans, c’est que tu n’as pas de cœur. Si tu l’es encore à quarante, c’est que tu es con. »
Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique (11/20). Peut-être ma déception. J’imaginais voyager à travers le temps, retrouver les paysages de l’Indochine du temps de la colonisation. J’ai trouvé l’ensemble un peu faible, manquant d’envolée, pas d’humour, un rythme lent. J’y ai retrouvé quelques villes traversées, quelques sentiments sur la population, son ennui. Mais j’attendais tellement plus…
Daniel Pennac, Aux fruits de la passion (14/20). Mon premier Pennac, et sa fameuse famille Malaussène. Une sorte d’enquête de famille sur la sœur de Benjamin, le boss de la famille, qui décide de se marier. Beaucoup d’humour, du langage cru, et un scénario qui vaut le coup.
L’usage du monde, Nicolas Bouvier (17/20). Sur la route de Jack Kerouac. Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne. Et maintenant Nicolas Bouvier. Dans la série les livres qui donnent envie de voyager, celui-ci vaut son pesant d’or. Bouvier quitte la Suisse en voiture en 1953 et souhaite se diriger vers l' Inde. A travers les Balkans, la Turquie, la Perse et l’Afghanistan, une série de détails croustillants, de paysages magnifiques, d’histoires abracadabrantesques que seul le voyageur peut vivre. Je recommande à tous les voyageurs en herbe. Il présente les bons et les mauvais côtés, les grands moments et les grandes galères. Une bible du voyageur.
Quelques extraits
I shall be gone and live or stay and die. Shakespeare (phrase d’ouverture)
Nous avions deux ans devant nous et de l’argent pour quatre mois. Le programme était vague, mais dans de pareilles affaires, l’essentiel est de partir.
C’est la contemplation silencieuse des atlas, à plat ventre sur le tapis, entre dix et treize ans, qui donne envie de tout planter là.
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.
Je pensais aux neufs vies proverbiales du chat, j’avais bien l’impression d’entrer dans la deuxième.
Fainéanter dans un monde neuf est la plus absorbante des occupations.
La France peut bien être le cerveau de l’Europe, mais les Balkans en sont le cœur.
Le silence, l’espace, peu d’objets et qui nous tenaient tous à cœur. La vertu d’un voyage, c’est de purger la vie avant de la garnir.
Si je n’étais pas parvenu à y écrire grand-chose, c’est qu’être heureux prenait tout mon temps.
A mon retour, il s’est trouvé beaucoup de gens qui n’étaient pas partis, pour me dire qu’avec un peu de fantaisie et de concentration ils voyagent tout aussi bien le cul sur leur chaise. Je les crois volontiers. Ce sont des forts. Pas moi. J’ai trop besoin de cet appoint concret qu’est le déplacement dans l’espace.
Baise la main que tu ne peux mordre et prie qu’elle soit brisée. (proverbe)
C’est moi qui conduit mais Dieu est responsable (proverbe, Travvak ‘kalto al Allah)
C’est une question d’échelle, dans un paysage pareil, même un cavalier lancé à fond de train aurait l’air d’un fainéant.
La santé est comme la richesse, il faut l’avoir dépensé pour l’apercevoir.