Et voici ton chef d'oeuvre. Dévoré en une journée par une passion sans fin, ce livre m'a clairement transporté de Saint-Malo à Paris en compagnie de ton Huron l'Ingénu. Dès la première page je t'ai reconnu, avec une attaque sans vergogne sur le monde ecclésiastique buveur et coureur de jupon ("le prieur, (...) aimé de ses voisins, après l'avoir été autrefois de ses voisines"). Ensuite c'est la politique de Versailles à l'encontre des Huguenots et la dénonciation de l'édit de Fontainebleau. Puis tu attaques les fastes de la cour, la politique du canapé. Jésuites, jansénistes, tu n'en manques pas un. Je sens bien là ton dernier grand ouvrage, le meilleur de tes contes à mon avis (j'ai fais l'impasse sur Micromégas par faute de possession).
Surtout, contrairement à Candide et dans une moindre mesure Zadig, j'ai me suis totalement identifié à ton personnage principal. J'ai adoré sa quête de savoir, notamment le moment dans la prison, dont j'ai déjà rêvé à plusieurs reprises. Et puis il y a des phrases qui m'ont touché personnellement : "L'ingénu n'était pas comme la bonne compagnie, qui languit dans un lit oiseux jusqu'à ce que le soleil ait fait la moitié de son tour, qui ne peut ni dormir, ni se lever, qui perd tant d'heures précieuses dans cet état mitoyen entre la vie et la mort, et qui se plaint encore que la vie est trop courte."
La conclusion m'embète un peu plus, c'est peut-être la faute de ne pas l'avoir vraiment comprise. Alors "malheur est bon à quelque chose" ou "malheur n'est bon à rien" ?
François Marie, ton entrée au Panthéon en deuxième place (jute après Mirabeau) ne me laisse pas perplexe. Certes, j'ai encore beaucoup de lacunes sur ton oeuvre, notamment ton traité sur la tolérance mais promis, je me rattraperai dès que les conditions le permettront.
Pour finir deux citations : "Il n'y a aucun pays de la terre où l'amour n'ait rendu les amants poètes" et "le temps adoucit tout".