C’est le brouhaha des stands de nourriture qui me fascine. Nous marchons lentement dans leur direction, humant seconde après seconde les différentes épices utilisées. Des épices qui vous prennent le nez, des épices qui, après quelques bouchées, vous prennent la langue, la fonction « goût » et ne vous la rendent qu’après quelques dizaines de minutes (ou plusieurs gorgées d’un liquide, c’est selon). Ce sont des Chinois qui tiennent la principale portion de la rue. Et comme tout Chinois qui se respecte, ils travaillent vite, très vite, et pour pas grand-chose. Nous nous asseyons au milieu des locaux, pensons patienter quelque peu au vu des 20 personnes devant le stand. Après 7 minutes nous sommes servis, et les 20 personnes du début ont été remplacées par 20 nouvelles têtes. Le prix est aux alentours d’un euro pour une assiette complète. Du riz, des pâtes, un mélange de légumes, de la viande, et bien sûr les épices dont nous avons signalé la non-nécessité. Un jus de fruits pressés devant nous, 50 centimes de frais bonheur. On a presqu’envie de revenir une heure plus tard pour profiter d’un tel festin.
Devant moi une Occidentale marche, un paquet de chips occidentaux à la main.
L’île est un parfait exemple de ce qu’est la Malaisie. Un immense melting-pot. Nous avons traversé Chinatown, rempli de magasins vendant je ne sais quoi, mais le vendant quand même car on ne sait jamais, ça peut toujours intéresser quelqu’un. Une poupée qui semble dater des années 70, de la ferraille utilisée trois fois, un jeu de cartes recouvert par une poussière épaisse portant un slogan européen. Ici aussi il y a du melting-pot.
Little India. Les robes dans les devantures attirent notre regard, fascinés que nous sommes par un monde que nous ne connaissons pas encore. La couleur des visages s’est brunie, les fronts arborent un petit tilak coloré.
Les Malaisiens occupent le reste de la ville. L’écriture des devantures passe du chinois à l’arabe, puis l’inverse, mais toujours surplombée par l’écriture latine.
Georgestown, premièr arrêt des Britanniques en Asie du Sud-Est au début de la colonisation. Un endroit stratégique, une porte ouverte sur l’Asie du Sud-Est, un lieu déjà découvert depuis longtemps par les marchands chinois et indiens.
La rencontre de ces personnes signifie également la rencontre de leur religion. Un temple bouddhiste où l’encens se consume, un temple confucianiste où le sage est représenté sur les murs, une église catholique, un temple protestant. Et puis les mosquées.
L’appel de la prière est quotidien. Plus besoin d’arborer une montre, nous savons toujours plus ou moins l’heure qu’il est en fin d’après-midi. Les muezzins chantent, leurs voix montent dans le ciel et s’entrechoquent. Des 3 mosquées qui sont dans le quartier, c’est à celui qui chantera de la façon la plus jolie, ou la plus forte. Celui qu’on entendra le plus, que l’on remarquera le plus.
La Malaisie est notre premier pays musulman du voyage. Peut-être même le dernier. Alors nous en profitons. Nous recevons un cour sur l’Islam et le Coran lorsque nous visitons la plus grande mosquée de l’île. Ne pas croire en Dieu (ou Allah peu importe), un sacrilège. Pécheurs que nous sommes nous recevons notre pénitence. J’ai toujours été intéressé par les religions et les cultures qu’elles ont engendrées. L’Islam un peu plus encore du fait de son rôle dans la vie du croyant, pas seulement spirituelle mais aussi économique ou politique.
La question du voile, de la polygamie, du chiisme et du sunnisme… nous recevons nos réponses, sans doute déjà répétées 100 fois. Ma partenaire apprécie peu l’explication sur le voile (c’est écrit dans le testament, Marie est représentée voilée…) et encore moins sur la polygamie (un homme est capable d’aimer plusieurs femmes, mais pas l’inverse ! Allez, circulez !). Mais nous apprécions la conversation. L’impression d’entrer pleinement dans le pays. Malaisie, terre de rencontre. Où deux agnostiques et un fidèle échangent sur le monde qui nous entoure.