1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 18:31

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Dis moi, Céline, comment écrire un article sur ton art sans évoquer ta personne ? Tu m'embêtes bien tu sais. Bon, commençons par le personnage avant d'entrer dans l'œuvre. Céline, de son vrai nom Louis-Ferdinand Destouches, engagé volontaire pour la Grande Guerre, médaille militaire, employé de la maison Rockefeller, médecin, travaille pour la SDN. Bref, jusque là tu passes pour un exemple aux yeux de tous. La preuve, en 1933, tu prononces même un hommage à Zola, ton seul discours public. C'était l'année suivant ton Voyage au bout de la nuit.

 

Et puis, comme beaucoup à l'époque, tu passes du côté obscur, du côté des antisémites. Bagatelles pour un massacre (1937) et L'École des cadavres (1938) sont des pamphlets qui te rapprocheront définitivement de l'extrême-droite. Tu le dis toi-même, tu es l'ennemi n°1 des Juifs. Sous l'occupation, tu te fais remarquer par tes articles et par Les Beaux draps, qui justement te foutront dans de sacrés sales draps.

 

Faut dire que le débarquement ne t'arrange pas beaucoup. Tu fuis, craignant pour ta vie. Allemagne, Danemark. Condamné, puis amnistié, tu reviens en France tout en restant boycotté par les milieux littéraires, et ce jusqu'à ta mort en 1961.

 

Mais voila, j'ai lu ton Voyage au bout de la nuit. Et il me faut l'admettre, tu as beau être un sacré salaud, tu restes un sacré écrivain. Quel talent ! Quel style ! De l'argot, du vrai, mais que j'ai apprécié, je l'espère, à sa juste valeur.

Tu m'as fait voyager mon salaud, et pas qu'un peu. Déjà, ton âme de pacifiste m'a décrit la guerre comme rarement (bon, peut-être dans Les Bienveillantes de Jonathan Littell). Puis tu quittes la France pour l'Afrique coloniale dont tu dénonces les méfaits. Tu arrives à New York et tu exposes de manière saisissante les contraintes du travail à la chaîne dans la ville même de l'industrie, Détroit. Et puis tu reviens en France avec tes histoires de fou et de folie.

 

Souvent pessimiste, parfois très drôle, ton ouvrage m'a juste impressionné. De celui-ci je retiens quelques phrases, qui, je l'espère, feront sourire les lecteurs et leur donneront envie de te découvrir. Dommage mon salaud, tu aurais pu être un modèle.

 

Citations

 

La guerre en somme c’était tout ce qu’on ne comprenait pas.

 

Presque tous les désirs du pauvre sont punis de prison.

 

Et plus la ville est grande et plus elle est haute et plus les gens s’en foutent.

 

Je savais que le cul est la petite mine d’or du pauvre.

 

Invoquer sa postérité, c’est faire un discours aux asticots.

 

La Seine, ce gros égout qui montre tout.

 

Les études ça vous change, ça fait l’orgueil d’un homme.

 

Ce n’est peut-être que cela sa jeunesse, de l’entrain à vieillir.

 

Les souvenirs eux-mêmes ont leur jeunesse.

 

Il n’y a de terrible en nous et sur la terre et dans le ciel peut-être que ce qui n’a pas encore été dit. On ne sera tranquille que lorsque tout aura été dit, une bonne fois pour toutes, alors enfin on fera silence et on n’aura plus peur de se taire. Ca y sera.

 

Ces curés ils savent tout de même vous éteindre les pires scandales.

 

Est-ce qu’il allait aux cabinets devant tout le monde Jésus-Christ ? J’ai l’idée que ça n’aurait pas duré longtemps son truc s’il avait fait caca en public. Très peu de présence, tout est là, surtout pour l’amour.

 

Il faudrait savoir pourquoi on s’entête à ne pas guérir de sa solitude.

 

Je me branlais l’imagination.

 

A côté de ce vice des formes parfaites, la cocaïne n’est qu’un passe-temps pour chefs de gare.

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