1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 12:35

Si 57% des votants Suisses votent pour l’interdiction de nouvelle construction de minaret, c’est qu’il y a un problème. Je suis contre les discours qui critiquent la décision de la majorité. La démocratie reste pour moi le meilleur système jamais inventé, et qui marche ! Mais je pense que l’élite qui critique le modèle du référendum a mal joué son rôle. Les politiques et les principaux partis n’ont pas réussi à rassurer leurs électeurs, à expliquer que ce vote négatif serait compris comme une insulte et un pas à arrière. Plutôt que de ne pas aborder le problème, il aurait fallu développer le sujet et montrer que les musulmans suisses sont parmi les mieux intégrés du monde et les moins extrémistes.

 

Malheureusement, les musulmans sont aussi fautifs, ils n’ont pas réussi à faire comprendre à la majorité des Suisses que la construction de minaret n’était pas une tentative d’invasion mais une évolution intol-rance.jpg architecturale. Ils ne sont pas allés assez sur le terrain pour améliorer un peu plus leurs images, pour échanger, discuter et dissiper les peurs. Mais si 57% des votants ont voté contre les minarets, c’est que les Suisses n’ont pas une très bonne image des mosquées, voir de l’Islam et des musulmans en général.

 

Oui, ce vote pu le racisme à plein nez. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les commentaires sur les sites d’informations (je ne parle pas des sites d’extrême-droite mais bien du Monde ou Rue89). Stigmatisation des musulmans dans leurs ensembles, peu de distinction entre musulmans modérés et jihadistes , j’ai même vu plusieurs comparaisons entre les musulmans suisses et le fait que les chrétiens ont peu de droit en Arabie Saoudite. Quel est le lien me diriez-vous ? C’est comme si les chrétiens français étaient assimilés aux Mormons.

 

Ce vote, c’est un beau carton jaune lancé à beaucoup de gouvernements qui jouent sur les peurs et sur l’insécurité en désignant parfois une minorité. C’est un carton jaune adressé à des hommes qui mélangent parfois l’insécurité et l’immigration. Mais je crains que ce carton jaune ne suffise pas à calmer les joueurs. Quand je vois Xavier Bertrand s’exclamait qu’ « il n’est pas certain que l’on ait forcément besoin de minarets en France », j’ai peur. Et quand Marine Le Pen réclame l'organisation d'un "référendum sur le communautarisme" j’ai très peur.

 

Alors que nos amis politiques arrêtent un peu leurs droitisations des discours, et qu’ils se concentrent sur leur boulot. Qu’ils encouragent la diversité, les rencontres, l’intégration et surtout l’éducation. Car son aboutissement est la tolérance. Qu’ils développent les échanges scolaires, les valorisent car le voyage apprend la tolérance (Disraéli). Et oui, l’intolérance monte en moi, je commence à avoir beaucoup de mal à supporter les intolérants !

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30 novembre 2009 1 30 /11 /novembre /2009 11:56

Ovide est essentiellement connu de nos jours pour ses métamorphoses, qu'une majorité de littéraire a du lire au cours du cursus. Mais lorsque j'ai vu le titre de cette œuvre je ne pouvais qu'être tenté : l'Art d'aimer.

 

Ce livre est parue autour de l’an 1, c’est pour vous dire les vieilles recettes ! Mais dans les faits, les choses ont peu évolué malgré l’explosion des technologies et de la modernité. Dès le début de l'ouvrage je me suis accroché aux leçons d'Ovide qui s'autoproclame maître et qui explique que l'amour est un enfant rebelle et difficile à dompter. Au fur et à mesure de ma lecture j’ai retenu les conseils donnés, parfois des bons, parfois des mauvais. Et je me suis mis à réfléchir de plus en plus à ce qu’est l’amour.

 

De nos jours, qui ne parle pas d’amour, qui ne cherche pas l’amour ? C’est le but recherché de beaucoup d’entre-nous, c’est la principale passerelle d’accès au bonheur. Ovide découpe l’amour en trois étapes : la recherche de la bonne personne, la séduction de cette personne et l’amour dans la longue durée avec cette personne. La dernière épreuve est pour lui la plus difficile : Car s’il est glorieux de faire des conquêtes, il ne l’est pas moins de les conserver : l’un est souvent l’ouvrage du hasard, l’autre est le comble de l’art.

 

ovide.jpg

Ce livre n’est pas à la portée de tous. Histoire de Rome, mythologie, il faut parfois s’accrocher dans les récits épiques que nous faits l’auteur d’une bataille contre les Parthes ou des récits d’Hercule. Mais l’historien que je suis a sans doute apprécié un peu plus encore.

 

Ovide est loin d’être modeste, il conclut son premier ouvrage de cette façon : Et qu’à chacune de vos douces victoires, vous inscriviez sur vos trophées : OVIDE FUT MON MAITRE. Oui, un peu mégalomane ce Monsieur.

 

Après avoir donné des conseils aux hommes, il en donne aux filles pendant un chapitre. Puis son dernier ouvrage est « L’art de ne plus aimer ». Je ne l’ai pas lu et j’espère ne jamais avoir à le lire. Néanmoins si des amis sont intéressés, lisez les conseils de notre vieil Ovide sur le sujet !

 

Les rumeurs expliquent qu’à la suite de cette ouvrage, Ovide fut exilé en raison des propos trop libertin que contient le livre. Bref, un livre sans conteste des plus intéressants que j’ai lu récemment, et qui reste toujours d’une très grande actualité.

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28 novembre 2009 6 28 /11 /novembre /2009 12:33

J’ai vu français avec De l’autre côté du lit, La doublure et le péril jeune. Il y a eu Autant en emporte le vent, Ma meilleure ennemie ou bien la trilogie du seigneur des anneaux. L’impasse, l’échange, Grand Torino, Juno, Kramer contre Kramer. J’ai vu récemment Inglorious Basterd, les évadés et Full Metal Jacket. Et puis un chef d’œuvre arriva.

fightclub.jpg

J'en suis encore sur le cul. J'y réfléchi depuis une bonne heure. Pourtant les films que j'ai précédemment cité n'étaient pas dénoués de qualité. Mais là, il faut avouer que c'est quelques mètres au-dessus de la mêlée. Et après l'avoir fait avec Se7en, David Fincher risque de monter très haut au classement de mon réalisateur favori. Juste un grand bonheur que ce film vient de m'offrir. Et un grand bonheur qui s'accompagne d'une réflexion profonde sur la vie, sur son intérêt, sur mes buts. Un film qui m'a fait regarder les gens différemment lorsque je suis descendu en ville,  qui m'a même fait regarder différemment ma tête dans le miroir. Profiter de la vie, toujours et encore, inlassable refrain que je me répète sans cesse, sans pourtant à l'appliquer au jour le jour. Envie d'évasion et d'Elle [qui est en Finlande jusque dimanche].

 

Citations (dont le titre fait partie) : "Sur une durée suffisamment longue, l'espérance de vie tombe pour tout le monde à zéro."

"On est des consommateurs, on est des sous-produits d'un mode de vie devenue une obsession, meurtre, banditisme, pauvreté, ces choses me concerne pas. S'qui me concerne moi, ce sont les revues qui parlent des stars ! La télévision avec cinq cent chaines différentes ! Les slips avec un grand nom marqué dessus ! Le viagra, les repas minceur.(...) Les choses qu'on possède finissent par nous posséder. "

"Oh mon dieu, on m'avait plus baisée comme ça depuis l'école primaire."

Et enfin : " C'est seulement quand on a tout perdu qu'on est libre de faire tout ce qu'on veut"

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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 12:26

Plusieurs fois j'ai rêvé de ce moment, de cette ville, de cette Erasmus. J'entendais déjà l'accent du Kent résonnait dans mes oreilles, le musicien de High Street qui gratte sa guitare au rythme d'un vieil hymne local et le bruit des vagues de Douvres lorsque je débarquerai. Je sentais déjà l'odeur du pub venir au coin de mes narines, l'odeur de l'Angleterre pluvieuse et de sa nourriture qui ferait pleurait des francophones. Je me voyais déjà en haut de Parkwood, à observer cette ville aux milles P1060973.jpg plaisirs. J'imaginais la cathédrale et son silence abyssal ou les Erasmus et leurs cris enchanteurs.

Ici, c'est chez moi. J'y ai nombre de mes plus grands souvenirs. C'est ma ville, elle m'appartient. Du moins, elle m'a appartenu. Alors la retrouver ce fut comme repartir sur le terrain de Tilques ou entrer dans Ribot. Chaque endroit, chaque
m2 rappelle un souvenir particulier : un acte, une parole, un fou rire, une pensée. High Street c'est la rue centrale, celle que j'ai parcouru le premier et le dernier jour. Ces deux fois-là, j'ai pensé à Xavier dans l'Auberge Espagnole qui explique que la rue qu'il découvre aujourd'hui, il la parcourera des dizaines, des centaines, des milliers de foi sans plus y faire attention, il se l'aura approprier. Et puis le dernier jour, tu repars dans cette rue et tu l'observes à nouveau, parfois même des détails t'avaient échappé. Tu te rappelles de ce premier jour où tu t'étais dit que ça allait bien se passer ici, que la ville était jolie. Tu te forçais un peu à le dire car en vérité tu avais un grande peur au fond de toi de ce qui allait se passer ici, comment ça allait se dérouler...

Revenir 14 mois plus tard fut un aboutissement, une sorte d'obligation voir même de soulagement. Car il est difficile dans la vie de tous les jours de parler de cette période. Personne ne peut comprendre ce qui s'est passé là-bas pour toi. Certains ont vécu des vies similaires mais ils n'ont pas les mêmes souvenirs, les mêmes rencontres. Alors depuis je me retiens d’évoquer ces moments, sauf avec Elle. Mais il y a un manque de ces personnes qui ont marqué la meilleure année de ta vie (pour le moment). Repartir à Canterbury c’est également évoquer avec ceux et celles que tu as côtoyé le retour à la réalité. Le retour à la vie normale. Le retour à des heures décentes. Le retour à des soirées contrôlées. Le retour à un monde sans drogues, histoire de fesses et avec du boulot en prime. Alors avec eux nous nous sommes remémorés les meilleurs moments, les plus grands souvenirs que j’avais parfois classés dans un tiroir et jamais feuilletés depuis. Beaucoup n’était pas là, 80 y étaient. C’était bien suffisant puisque les principaux étaient là. Elle bien sûr, Mister Sean qui m’a offert sa maison et son odeur si habituelle, Alicia et sa tatch’ légendaire, Alfonso le coureur de jupon, Paolo monsieur l’organisateur, Orsane la folle, Lucile la chaude, Elena la comique, Ben l’alcoolique. Les français, les anglais, les espagnols, les italiens… l’Europe s’ouvrait véritablement à moi une nouvelle fois. Les échanges continuaient pour cette poignée de privilégiés qui pouvait reprendre une bonne dose de drogue pure qui leurs avait tant manquée.


Lendemain matin, c’est le grand jour. Nous sommes allées chercher notre robe et direction la cérémonie pour notre remise de diplôme de l’université du Kent dans la cathédrale de Canterbury. Sur la route les gens nous observent, les petits collégiens français nous regardent les yeux grands ouverts, nous, tellement British. Nous arrivons dans une petite pièce à côté de la cathédrale, P1060977.jpg nous sommes classés de 1 à 300. Tous prêt pour un moment qui sera unique. Nous partons à la file indienne et entrons dans la cathédrale, remplie pour l’occasion. La musique résonne, la foule observe, mon cœur bat la chamade dans un lieu si grand pour un être si petit. Nous avançons jusqu’au niveau du transept puis tournons sur la gauche pour prendre le déambulatoire et s’asseoir déjà heureux d’un moment qui restera gravé. La cérémonie est très cérémonielle, ainsi plusieurs petit groupes de personnes entrent sous la musique. Des docteurs de l’université, des professeurs, des personnes de Canterbury. Une femme entre avec un sceptre, un homme arrive avec une perruque de Lord. Louis XVI n’a pas eu la tête coupée ici, cela s’en ressent.

Puis, un à un les élèves entendent leur nom résonner et vont chercher leur diplôme : l’école de danse contemporaine de Londres débute, d’autres universités suivent puis l’université de Kent termine. Entre les deux un discours d’une éternité qui aura valu le coup lorsqu’une femme s’avança et avoua que l’un de ces ancêtres fut l’un des assassins de Thomas Becket, mort à quelques mètres de ses propos. Un bruit de rumeur parcoure la foule et un bas « oooooooohhhhhhh » retentit. Le reste, c’est un somnifère par voie orale.

Soudain, l’événement tant attendu se rapproche. On nous demande de se lever et de marcher dans le déambulatoire en direction de l’autel. Un à un les quelques dizaines d’Erasmus vont aller chercher leur diplôme. Elena est un peu avant moi et lorsque son nom retentit c’est plusieurs cris et des « wououou » qui surgissent. Le public est notamment composé d’Alicia, Paolo, Alfonso… Puis je vois peu à peu mon tour se dessiner.

  P1060975.jpg« Jérémy R. ». « WOUOUOUOU ». « Et merde ». J’avance serrer la main d’un inconnu qui sert des mains depuis une heure. Je me retourne, vois le public, vois mon diplôme. Je prends le diplôme (ô combien mérité) puis traverse dans le sens inverse la cathédrale de par son centre, avec les centaines de regard plongeant sur moi, prêt à rigoler lors d’une éventuelle chute. Je croise les yeux d’Alfonso, d’Alicia, de Paolo, d’Adeline, d’Erminia. Je fais quelques sourires malgré l’énorme boule qui fait la balance entre mon ventre et ma gorge. Je repars m’asseoir. Là, c’est moi qui fait un « ouah ».

Les derniers moments s’enchaînent très vite, nous quittons la cathédrale dans la même procession que lors de notre entrée. Je profite une dernière fois de ce majestueux édifice et le quitte sans regret. A la sortie c’est les photos de groupes et le lancer des chapeaux.

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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 12:22

J’ai un accès illimité au bonheur. Chaque jour, je me rends compte de la chance que j’ai. J’en profite intensément, me souciant peu des avis extérieures et des modes de pensées traditionnels.

 

Ce bonheur, je fais tout pour le garder. Cela nécessite beaucoup de concessions, de privation. Fini le temps de l’égoïsme et du « tout pour ma gueule ». Non, ce bonheur là, il faut le négocier, jour après jour, afin de le conserver. Je lis en ce moment L’art d’aimer d’Ovide. Il commence son ouvrage en divisant les trois principales difficultés de l’amour : trouver la bonne personne, la séduire et la conserver. C’est la troisième partie qui s’avère la plus longue et la plus ardue. Parfois un grain de poussière peut tout rompre, une phrase, un mot, une idée, une action. L’objectif c’est de balayer cette poussière afin que rien n’entrave ce bonheur.

Alors chaque jour je balaie ma maison du bonheur (parfois même au sens principal). Chaque jour, je lui répète que je suis heureux. Et chaque jour, je la regarde inlassablement en me rappelant que je suis chanceux.

 

De plus en plus je me rends compte que la vie est courte. Surtout quand elle accélère sans cesse. Novembre 2009, 22 ans et demi, Master 2, mal de dos récurrent, difficulté d’enchaînement des soirées, prise de médicament quotidienne. Je ne suis plus un jeune. Je dirai même que l’après Erasmus m’a foutu un sacré coup de vieux. Une overdose de soirées qui m’a rendu accro aux soirées dans le lit à regarder un bon film ou lire un bouquin avec elle.

 

Elle c’est ma vie, et c’est de cela dont je suis le plus sûr actuellement. Alors déménager dans un pays froid où la langue m’est totalement inconnu n’est pas un problème pour moi. Voir la famille et les potes trois fois l’an ne me gène guère. Elle est là, toujours à mes côtés. C’est avec elle que je veux réaliser mes rêves, c’est avec elle que je vais les réaliser.

 

Je ne sais pas quand je vais mourir, je pense que vous non plus. Mais je sais que lorsque l’heure arrivera je sourirai de bonheur. Quel chance.

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9 novembre 2009 1 09 /11 /novembre /2009 12:17

Petit à petit l'oiseau fait son nid ! Presqu'un mois et demi de vie rennaise, l'occasion pour moi de faire un premier bilan.
Tout d'abord, du côté des études, j'avoue être dans le brouillard. 3 heures de cour, maintenant 5, pas de quoi fouetter un chat. De ce fait, l'oiseau a du mal à quitter son nid douillé (oh David !) et à se mettre franchement au boulot et à son nouveau mémoire. Je pense partir sur un sujet concernant le Rwanda d’après génocide mais l’intitulé du Master me concentrera sans doute sur les relations internationales d’un pays au sortir du génocide. Quant aux cours, il faut reconnaître que je n’ai pas la quantité mais la qualité. Des professeurs très intéressants et des sujets qui le sont tout autant. L’intégration dans la classe ne se fait pas, mais je ne la cherche pas non plus et 2 cours par semaine, ça ne ressert pas les liens. Je pense être le seul arrivée au milieu du Master, ça n’arrange pas les choses. Mais je ne venais pas pour me faire des amis dans la profession.

  P1060855.jpg

Justement, les amis, les sortis, là-aussi c’est assez calme. J’avoue me laissé bercer par le temps qui avance. Les potes de ma sœur sont déjà passés ici plusieurs fois, plutôt sympa. Et Laura a développé les échanges Erasmus si bien que 4 Finlandaises sont venues tester une raclette vendredi dernier. J’avoue privilégier cette option et découvrir un peu plus l’Europe en étant à Rennes (comme quoi, tout est possible). Un anglais est également bien sympa et ce midi c’est un espagnol avec qui j’ai bien discuté au foot. L’atmosphère Erasmus me plait donc toujours autant, la France m’ennuie.

 

Heureusement, chaque week-end, je pars à l’aventure, à la conquête de la Bretagne, de la Normandie ou des Pays de Loire. Dans l’ordre, Le Mont-Saint-Michel, Saint-Malo (ci-dessous), P1060637.jpg Dinan (dernière photo), Langeais et Azay-le-Rideau (ci-dessous) P1060896-copie-1.jpg

  P1060751.jpgm’ont vu débarqué, avec un certain attrait. La ville des corsaires Surcouf et Jacques Cartier fut un bon moment de détente, Dinan est une jolie ville romantique à l'abri des touristes. Quant à Azay-le-Rideau, c'est l'historien de l'art qui s'est éclaté ! Je reste toujours un bon touriste même si l’esprit du voyageur ne m’a pas fait renoncer à quelques idées farfelues (mais nous en reparlerons). Je suis même allé au cirque, c'est pour vous dire si mon emploi du temps est chargé !

 

Quant à Elle, c’est le bonheur, et je maudis souvent le temps qui passe.

Bref, un sentiment d’année Erasmus. Et les choses continueront, puisque dans dix jours, c’est la cérémonie dans la cathédrale de Canterbury pour la remise de mon diplôme Erasmus. Pas de doute, je l’ai bien mérité !

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7 novembre 2009 6 07 /11 /novembre /2009 11:21

Et voici ton chef d'oeuvre. Dévoré en une journée par une passion sans fin, ce livre m'a clairement transporté de Saint-Malo à Paris en compagnie de ton Huron l'Ingénu. Dès la première page je t'ai reconnu, avec une attaque sans vergogne sur le monde ecclésiastique buveur et coureur de jupon ("le prieur, (...) aimé de ses voisins, après l'avoir été autrefois de ses voisines"). Ensuite c'est la politique de Versailles à l'encontre des Huguenots et la dénonciation de l'édit de Fontainebleau. Puis tu attaques les fastes de la cour, la politique du canapé. Jésuites, jansénistes, tu n'en manques pas un. Je sens bien là ton dernier grand ouvrage, le meilleur de tes contes à mon avis (j'ai fais l'impasse sur Micromégas par faute de possession).

Voltaire.jpgSurtout, contrairement à Candide et dans une moindre mesure Zadig, j'ai me suis totalement identifié à ton personnage principal. J'ai adoré sa quête de savoir, notamment le moment dans la prison, dont j'ai déjà rêvé à plusieurs reprises. Et puis il y a des phrases qui m'ont touché personnellement : "L'ingénu n'était pas comme la bonne compagnie, qui languit dans un lit oiseux jusqu'à ce que le soleil ait fait la moitié de son tour, qui ne peut ni dormir, ni se lever, qui perd tant d'heures précieuses dans cet état mitoyen entre la vie et la mort, et qui se plaint encore que la vie est trop courte."

La conclusion m'embète un peu plus, c'est peut-être la faute de ne pas l'avoir vraiment comprise. Alors "malheur est bon à quelque chose" ou "malheur n'est bon à rien" ?

François Marie, ton entrée au Panthéon en deuxième place (jute après Mirabeau) ne me laisse pas perplexe. Certes, j'ai encore beaucoup de lacunes sur ton oeuvre, notamment ton traité sur la tolérance mais promis, je me rattraperai dès que les conditions le permettront.

Pour finir deux citations : "Il n'y a aucun pays de la terre où l'amour n'ait rendu les amants poètes" et "le temps adoucit tout".

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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 12:15

Pourquoi suis-je français ? C'est la question qui revient beaucoup dans l'actualité depuis quelques jours, et qui revient régulièrement à l'approche des élections (oui, en mars c'est les régionales !). Surtout c'est une bonne interrogation qui lance un débat et permet de sortir des polémiques Mitterrand et du dauphin Sarkozy.

Identité nationale. C'est le titre de l'un de nos ministères depuis 2007. Le problème c'est que ce titre est adossé à immigration, comme si les deux sujets avaient un lien. Ainsi, hier, dans le zapping du Monde, les personnes interrogées par JPP au 13h de TF1 mettaient en relation les deux sujets. Florilège :
"Etre français c'est bien se tenir dans la vie, travailler, payer ses impôts, et être courageux"
"On respecte son pays, déjà d'une, on essai d'être compréhensif envers MEME les étrangers"
"On accepte les émigrés très très facilement mais bon, qu'ils essaient quelques fois de s'adapter un petit peu à nos coutumes"

Ces propos témoignent bien du risque d'un mélange des deux sujets. Il n'y a pas de problèmes dans ces propos pour vous ? Remplacer le mot étranger et le mot émigré dans les deux dernières citations et placez-y le mot juif. Alors ? Vous avez avoir une impression d'un retour au début des années 40 ? Vous n'êtes pas seul.

Mais revenons à notre question du départ, c'est quoi être français ?
Personnellement je pense qu'être français c'est se sentir français. C'est de se dire je suis français. Pour moi ce n'est pas la marseillaise qui me fait dire : "ah, je suis français !" Je me sens français parce que je parle la langue, parce que j'ai vécu dans ce pays pendant 22 ans et que je continue d'être ici. Je me sens français parce que je connais la culture du pays, son histoire. Il y a beaucoup de choses qui font de moi un français.

Oui, mais des personnes ne parlent peut-être pas français et se sentent français. Certains ne connaissent pas vraiment l'histoire du pays mais se proclament français. Pourquoi devrais-je les juger ? Se sentir français c'est un sentiment très personnel. Ce n'est pas à moi de juger ce qui fait un français. Et ce n'est à personne de le faire.
Le danger ce serait de considérer quelqu'un qui ne chante pas la marseillaise comme un "mauvais français", voir un étranger, quelqu'un qui ne respecte pas son pays. Ce serait de considérer comme étranger quelqu'un qui connaît peu la culture ou l'histoire françaises. Ce jour-là, il faudra se manifester.

Enfin, être français, se sentir français, n'empêche pas de se sentir algérien, portugais ou chinois. Nous n'avons pas qu'une identité, nous pouvons en avoir des dizaines. Personnellement je me sens Tilquois, Nordistes, Français ou Européens selon les occasions, selon les moments de ma vie. Et ce n'est pas parce que je ne connais pas la culture européenne sur le bout des doigts et les multiples langues que je ne suis pas européen. Surtout, je pense que notre gouvernement n'envisagerai pas de nous faire chanter l'hymne à la joie à l'école. Alors pourquoi vouloir le faire pour la Marseillaise ?

Chacun à sa propre identité. Et l'identité de la nation doit être, pour moi, un melting-pot de cet ensemble (néanmoins j'avoue être ouvert à vos arguments et à vos pensées sur ce sujet).

Pour finir, la phrase du jour d'Henri Troyat  qui écrivait en 1985 : "Ce qui compte, c'est ce qui est inscrit non sur les papiers d'identité d'un homme mais dans son coeur".

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19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 10:19

Onze ans plus tard, j'ai pu sentir une très nette évolution chez toi : Candide.Candide-et-la-guerre.jpg

 

Dans ce conte philosophique tu m'as d'abord fait voyager. Tu as compris que quiconque reste dans son château ne connaît pas le monde et que la théorie de Pangloss ne tient que dans un lieu comme celui-ci. Alors Candide parcoure l'Allemagne, le Portugal, rencontre les Bulgares, les Turcs ou les Péruviens. Rien ne l'arrête, pas même les frontières ou les distances.
Peu à peu sa pensée évolue. Le tremblement de terre lui fait comprendre très vite que tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes. Au fur et à mesure des épisodes, il constate que la religion n'est pas le remède de tous les maux. Il découvre l'El Dorado mais il ne reste pas, trop préoccupé par son coeur et cette belle Cunégonde. Finalement, il l'a retrouvera à la fin, laide, et il n'aura même plus l'envie de l'épouser.

Candide devient riche, mais plus il est riche et plus il est malheureux. J'avoue apprécier cette vision des choses. Tu m'expliques enfin cher François Marie que l'important c'est de cultiver son jardin. J'étais déjà en désaccord avec toi lors de ma première lecture et je le suis un peu plus encore aujourd'hui.

En effet, si Candide peut maintenant cultiver son jardin, c'est qu'il a énormément voyagé précédemment cette décision. Je le conçois ainsi : seul la découverte du monde lui a permis de découvrir quelle était la meilleur situation possible, quelle était SA meilleure situation. Alors si ta morale est belle, elle ne peut se concevoir à mon humble avis qu'après une série d'aventure qui auront permis à Candide de trouver sa voie. Et je crains que certains de tes lecteurs n'est lu ta morale sans prendre en compte l'histoire qui précède, comme je l'avais fait lors de ma première lecture.

Cependant, dans ce livre, tu as réalisé quelques attaques remarquées sur la religion, sur les intellectuels, sur la société, sur l'Etat. Je t'ai reconnu peu à peu comme l'homme éclairé, qui allait éclairer les autres sous le doux nom de Lumière. Surtout j'ai adoré ta vision de la guerre, avec l'épisode des arabes et des bulgares :
" Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six milles hommes de chaque côté; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix milles coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes (...) Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque. (...) Il passa pardessus des tas de morts et de mourants, et gagna d'abord un village voisin; il était en cendres : c'était un village abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de coups qui regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs mamelles sanglantes; là des filles, éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros (...). Candide fuit au plus vite dans un autre village: il appartenait à des Bulgares, et les héros abares l'avaient traité de même."

Enfin, et pour la route, une petite critique pour les médecins que je respecte beaucoup : "il fut attaqué par une maladie légère (...) Cependant à force de médecine et de saignées, la maladie de Candide devint sérieuse".

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13 octobre 2009 2 13 /10 /octobre /2009 10:15

J'avoue que le titre de votre ouvrage m'a laissé perplexe et m'a poussé à l'explorer. Zadig. Non plutôt son autre titre, La Destinée. Vous, digne représentant des Lumières, libéral avant l'heure, humaniste, croyez-vous donc à la destinée ?zadig.jpg

 

L'ouvrage dans son ensemble est intéressant. Cela reste un conte mais l'historien que je suis a apprécié la place que vous faîtes à l'Orient tout au long de votre récit. De plus, je me suis reconnu dans Zadig. Que voulez-vous, j'ai souvent pensé que j'étais gentil, très gentil, trop gentil. Vous m'expliquez donc que les gentils ont vocation à être malheureux. Et que les méchants gagnent presque toujours. Heureusement que la fin de l'histoire m'apporte un espoir ! Il faut donc que je m'impose et que je crois en ma destinée. Car, selon vous, tout est déjà écrit. Vous faîtes même intervenir une sorte d'ange qui en sait beaucoup plus que Zadig. Un ange qui tue un innocent. Mais c'était un futur coupable explique-t-il alors.

La destinée. C'est une notion très étrange que l'homme a inventé : sa vie est écrit quelque part. Où ? C'est une autre question ! Apparemment certains imaginent un monsieur blanc barbu assez âgé avec une bibliothèque de la taille d'une planète. A l'intérieur ma vie, la tienne, la sienne... Pourquoi ce n'est pas une femme noire éternellement jeune qui tient la bibliothèque au fait ? A croire que notre imaginaire reste bloqué sur des préjugés grecs. Bref, ce n'est pas le débat.
Personnellement je ne crois pas à la destinée. J'en suis sûr ! Je suis sûr que je vais être heureux. Que voulez-vous, cela m'est tombé dessus tout petit et depuis je ne peux y résister. Le bonheur me touche, me poursuit et m'imprègne. Et cela durera jusqu'à ma mort. Un bonheur éternel, c'est ma destinée. Ou plutôt c'est la destinée que je souhaite.

Et oui, je contrôle ma destinée en partie ! Je ne contrôle pas tout néanmoins. Attendez que je vous explique.
Je n'ai pas contrôlé mon lieu de naissance, un pays civilisé, riche, en bonne santé avec un système éducatif performant. Je n'ai pas contrôlé ma famille de naissance, plutôt joyeuse, intelligente et en bonne santé financière. Non, cela, je ne l'ai pas choisi.
Par contre, j'ai choisi le reste. Mes études. Ma vie actuelle. Mes vacances. Mon futur job. Elle.

La destinée m'a aidé diront les mauvaises langues. Je n'étais pas prédisposé à me balader une année à Canterbury. Quant on me voit en terminale ça n'est pas faux. Mais cela est le fruit d'une évolution personnelle, non pas de choix extérieures. Quelque chose d'intérieure.
La destinée, c'est le destin particulier d'un homme. Cela me correspond. J'ai un destin particulier, le mien. Et celui-ci est unique. C'est cela l'avantage de la définition de destinée, elle est toujours vraie.

Mais pour toi cher François Marie, la destinée amène une puissance suprême, qui règle le cours des choses. C'est ton ange dans Zadig. Pour toi on ne contrôle pas ses actes. Le jeune innocent serait un vieux coupable, c'était écrit. C'est là que je suis en désaccord avec toi. Je crois au changement. Je crois à l'évolution. Je crois à mon caractère, même si je suis un gentil. Et je crois de moins en moins à l'horloger qui contrôlerait tout ce petit monde avec un regard plus ou moins attentif. Athée ? Non, croyant de ma destinée.


PS : les phrases du livre à retenir : Toujours du plaisir n'est pas du plaisir et surtout Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent.

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