24 août 2017 4 24 /08 /août /2017 22:10

Je n'étais pas vraiment surpris par cet appel. Je m'y attendais. J'avais postulé. Et c'est le DOM le plus demandeur en professeurs. Mais, c'est étrange, mon état d'esprit est chamboulé.

 

Depuis mon retour d'Asie, et après un intermède en Europe de l'Est, je n'ai pas bougé. Un peu à la surprise de mon entourage. Deux mois, au même endroit, est-ce donc possible ? Pourtant, j'avais le temps. Pourtant, j'avais l'argent. Que manquait-il ? L'envie, assurément. J'ai eu l'envie de retrouver une bulle, ma bulle. Ma famille. Mes amis. Mon environnement. Et je m'y suis assoupi. Quelques films, une série, des journaux, quelques livres, du sport, des soirées, un peu de tourisme régional. J'ai pris le temps. J'ai ralenti. Je n'étais plus dans le « faire », « faire à tout prix », « faire beaucoup », « faire vite », « faire tout le temps ». Les gens me demandent pourtant : « qu'est-ce que tu as fait de ta dernière semaine ? ». Je suis en peine pour répondre. Je réfléchis. Une petite chose, puis une autre. De la généalogie. Des recherches sur mon village. J'ai vu cette personne, ou celle-là. Je suis allé interviewer ma grand-mère. J'ai regardé les arbres à côté de chez moi. […] Non, ça je ne le dis pas. Et, pourtant, j'ai passé un peu de temps à le faire.

Je suis bercé. Je suis comme pendant mes grandes vacances du lycée, sauf que j'ai quinze ans de plus, et le permis de conduire. Je joue moins au foot (à mon grand regret) et moins à l'ordinateur (quoique j'aie installé un jeu pendant plusieurs semaines). Parfois j'allais me coucher en regrettant un peu ma journée, son utilisation. Mais, souvent, ce n'était pas le cas.

 

Cet appel, ce fut comme l'alarme de mon réveil. Quoi, déjà ? Mais j'ai l'impression de m'être à peine endormi que tu sonnes ?!!! Oui, septembre arrive : la rentrée a lieu dans 10 jours. C'est donc reparti, et je souhaite enseigner. Mais où, telle est la question. Je n'ai pas (encore!) passé les concours de l'enseignement (Capes et Agreg). C'est volontaire. Je n'ai pas voulu prendre le temps. Et les conséquences m'effraient toujours un peu : ce serait la fin de ma liberté géographique (et pas que). Ne pas avoir le concours me permet de postuler dans d'autres académies sans demander la permission. Il se trouve que j'ai postulé pour la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion. C'était, il y a peu, ce que je considérais comme mon plan A. Le plan B étant le Nord-Pas-de-Calais. Ce sont des postes de professeurs contractuels, ce que j'ai déjà fait l'année dernière pendant 4 mois (et ça m'a beaucoup plu). Certains s'inquiètent pour moi, que je ne trouve pas de poste... rassurez-vous, les besoins sont importants (je dirais même alarmants si vous êtes un parent d'élève, ou un citoyen français lambda!). De ce fait, j'étais serein. J'ai envoyé ma candidature il y a trois semaines. J'attendais le coup de fil.

 

Saint-Laurent-du-Maroni, Guyane. Professeur dans un lycée. Temps plein. Contrat à l'année (1er septembre-31 août). Mon billet d'avion me serait remboursé. Je devrais bénéficier d'une prime d'installation. Mon salaire est majoré (c'est le cas dans tous les DOM, car le coût de la vie est plus élevé) : il serait d'environ 2400€ net (en sachant que vous bénéficiez de 40% d'abattement au moment de payer les impôts). [à titre informatif, il est d'environ 1700€ en métropole pour un prof contractuel]

Un an en Guyane (?)

C'était hier. Depuis ça tournicote un peu dans mon cerveau. J'ai questionné deux personnes qui connaissent la Guyane, avec des ressentis différents. Je me suis donné jusque lundi, le temps d'en parler un peu autour de moi, le temps d'en parler avec moi-même (et le temps de recevoir la copie de mon casier judiciaire !).

 

Ça se joue clairement entre partir et rester. C'est un peu l'histoire de ma vie. Je suis souvent parti. Trop, peut-être. Ça joue sur ma situation personnelle (et mon célibat). Ça joue sur mes investissements à moyen terme, que je ne réalise pas (entrer dans des associations par exemple, et autres). Et ça joue sur mon équilibre. Partir c'est se mettre un énorme coup de pied au cul. J'arrive quelque part, tout est nouveau, et je dois m'adapter. Quand je reviens, je dois me réadapter, ce qui est tout aussi difficile (voire plus). Rester, c'est être sur un bateau suivant le cours d'une rivière calme et connue. Partir, c'est prendre une pirogue et se lancer dans un fleuve démonté et inconnu, que je devrais dompter.

 

Am I too old for this shit ? Suis-je trop vieux pour ces conneries ? Je commence à me poser la question, ça doit être le cap des 30 ans. Je sais que le tic tac va me rattraper. Mes très bons copains se marient. Ou font des enfants. Ou les deux. Ça achète des appartements, des maisons. Bref, ça dit au revoir à une certaine idée de la jeunesse, celle que j'ai prolongée allègrement, et sans regret. Pour le moment.

 

[Article en travaux, ma réflexion va avancer ce week-end]

Partager cet article
Repost0
21 août 2017 1 21 /08 /août /2017 23:15

Le sang versé, les trottoirs maculés, les regards épouvantés, les cris des blessés. Et toi, dans ton fourgon, souriant, pensant prêcher la vérité. La haine te guide, aveugle et sourd, traître à ta patrie, traître à tes amis, traître à la vie. Mais tu ne m'auras pas, j'ai trop d'amour pour toi. Recherche ma haine, recherche ma colère, recherche ma vengeance. Recherche les ressentiments, les amalgames, recherche l'opposition fratricide. Ton ego te guide, ta soif de reconnaissance, l'envie d'être martyr, et de laisser ton nom. Pardonne-moi, je ne me souviendrai pas de toi, de vous. Tu seras d'ailleurs le dernier dont je me souviendrai. Pardonne-moi, je privilégie l'humanité toute entière. Pardonne-moi, j'ai trop d'amour. Pardonne-moi, j'aime trop la vie. Je suis sûr que le gamin qui sommeille toujours en toi me comprendra. Je suis sûr que dans un autre contexte nous serions amis. Ton dernier souffle, ton dernier regard. Tu es parti. Dommage, tu avais tellement de choses à découvrir. L'amour d'une femme, l'amour d'un enfant. Courir dans un champ, nager dans une rivière, te perdre dans une forêt. Tu n'as eu qu'un instant, tu n'as croqué qu'une bouchée. Pas le temps de la digérer, pas le temps d'y repenser. C'est déjà fini. Explosion et destruction. Course-poursuite dans un fourgon. Tu laisses la désolation. Dans les yeux des autres, des étrangers. Dans des yeux si familiers, dans les yeux de tes aînés. Les larmes coulent à mesure que le sang se répand. Mais je n'y arrive pas, pardonne-moi. Pas de haine naissante. Pas de colère. Pas de besoin de vengeance. Un peu d'incompréhension. Et une certitude qui se renforce : amour, toujours.

Partager cet article
Repost0
16 août 2017 3 16 /08 /août /2017 07:17

Oui, j'ai un peu de retard au niveau cinéma (quelle idée de voyager !), mais je m'y remets tranquillement. En 2016, il y a du Leonardo Di Caprio, du Woody Allen, Brad Pitt ou Steven Spielberg ! Beau plateau !

Et, chose très rare pour moi, c'est un film de science-fiction qui remporte la mise ! Enfin, j'utiliserais plutôt le terme d'anticipation. Une bonne cuvée, hormis pour Mad Max.
 

Ridley Scott, Seul sur Mars (2015) : 16,5/20. Avec Matt Damon.

 

Une équipe de la NASA effectue des recherches sur la planète rouge. Une grande tempête éclate, et l'équipage doit quitter Mars. Mais l'un des astronautes est emporté avant le décollage. Il est déclaré mort. Cependant, Mark a survécu. Et il tente de survivre.

Film de science-fiction. Et pourtant, j'ai été passionné ! Du suspense, de la réflexion, et beaucoup de talent de la part de Ridley Scott et de Matt Damon, très convaincant. Un film qui fait rêver à des grands voyages !

 

Tom McCarthy, Spotlight (2015) : 16/20. Avec Mark Ruffalo, Michael Keaton, Stanley Tucci et Rachel Schreiber.

L’équipe d’investigation du plus grand journal de Boston, le Boston Globe, débute une enquête sur un prêtre soupçonné de pédophilie. A-t-il été protégé par sa hiérarchie ? Peu à peu, les journalistes se retrouvent confrontés à un vrai réseau…

L’histoire est basée sur une histoire vraie… Nul doute que ça donne envie de soutenir l’église, en tant qu’institution…

Oscar du meilleur film.

Lenny Abrahamson, Room (2015) : 16/20. Avec Brie Larson et Jacob Tremblay

Joy et son fils Jack sont dans une pièce. C’est leur chambre. C’est leur cuisine. C’est leur salon. Mais c’est aussi leur salle de sport, leur lieu de détente, et même le lieu de leur rêve (notamment grâce à ce velux au plafond). Pourquoi sont-ils là ? Qui est cet individu qui vient parfois la nuit ? Peuvent-ils sortir ? Et, si c’est le cas, comment le vivront-ils ?

Une claque. Pas seulement parce qu’il y a du suspense, et que la trame est très sombre. J’ai beaucoup apprécié la deuxième partie du film, qui n’est pas facile à traiter. Les deux acteurs sont fantastiques.

Oscar de la meilleure actrice pour Brie Larson. Le cinéma canadien se porte bien.

 

Alejandro González Iñárritu, The revenant (2015) : 14,5/20. Avec Leonardo Di Caprio et Tom Hardy.

Au début du XIXème siècle, un groupe de trappeurs se retrouve attaqué par des Indiens. Ils fuient la zone. Glass, le plus expérimenté d’entre-eux et le seul connaissant le chemin du retour, est alors attaqué par un grizzly. Il survit mais devient un handicap pour le groupe. Seuls 3 trappeurs restent avec lui, le temps qu’il décède. Son fils, conçu avec une indienne, fait partie du groupe. Fitzgerald aussi. Et il est plutôt pressé d’abandonner Glass…

Une grande fresque, avec un gros scénario et un bon jeu d’acteurs (notamment Di Caprio). Le côté historique m’intéresse beaucoup (c’est une zone indienne et française à la base, et les francophones jouent un rôle dans le film). Côté réalisme, il y a quelques détails qui clochent un peu (le froid notamment, l’eau gelée, les vêtements qui sèchent comme par miracle, la nourriture etc.).

Nommé 12 fois aux Oscars ! Mon cinquième film d’Inarritu, et le cinquième bon film !

 

Adam McKay, The Big Short : le casse du siècle (2015) : 14/20. Avec Brad Pitt, Christian Bale, Ryan Gosling, Steve Carell.

Plusieurs banquiers et courtiers découvrent par avance la spéculation intense sur le marché immobilier américain. Ils anticipent parfois dès 2005 l’éclatement de la bulle. Une position intenable alors que les profits explosent à cette époque.

Film basé sur des faits réels, ce qui donne encore plus de poids. Sensation étrange, pendant le film j’ai envie que la crise arrive, pour confirmer les calculs de Michael Burry. Inquiétant quand on pense au fonctionnement des marchés financiers.

Steven Spielberg, Le pont des espions (2015) : 14/20. Avec Tom Hanks.

James Donovan est un brillant avocat d'affaires, spécialisé dans les assurances. Il a participé aux procès de Nuremberg. Il décide de défendre Rudolf Abel, un espion russe. L'opinion publique est contre lui et réclame sa mort. Pourtant, il va se révéler utile.

Bon film d'espionnage, sans accroc. Il manque peut-être une prise de risque, une folie, pour que ce film devienne légendaire. Spielberg est impeccable, mais c'est tellement carré que ça ne s'envole pas totalement.

Les frères Coen au scénario, classe.

 

 

John Crowley, Brooklyn (2015) : 13/20. Avec Saoirse Ronan.

Eilis, irlandaise, décide de quitter son pays au début des années 1950 pour rejoindre les Etats-Unis. Effrayée avant le départ, malheureuse à son arrivée, elle tombe rapidement amoureuse d'un immigré italien. Mais alors qu'elle effectue un retour en Irlande, elle hésite à rentrer.

Cruel est le sort des migrants, partagés entre deux pays, deux cultures, deux vies. Impossible de les raccorder, entre deux océans. C'est ça que le film montre, c'est là où il me touche. Sinon peu de surprises.

 

Woody Allen, Cafe Society (2016) : 12,5/20. Avec Jesse Eisenberg, Kristen Stewart et Steve Carell.

Bobby, jeune juif de New York, décide de rejoindre son oncle, grand agent d’Hollywood. Il y rencontre la société mondaine du lieu, mais aussi Vonnie, son premier grand amour.

Un film à la Woody Allen, mélange de sentiments contrariés et de petites phrases rigolotes. Mis bout à bout, l’ensemble se révèle toutefois un peu léger et prévisible. Certes, l’esprit des années 1930 est bien représenté, mais le scénario manque de peps.

Mon 18ème Woody Allen, mais pas le meilleur !

 

George Miller, Mad Max : Fury Road (2015) : 9/20. Avec Tom Hardy, Charlize Theron.

Dans un monde post-apocalypse, les humains sont rassemblés sur un minuscule territoire gouverné par un dictateur, plutôt messianique. Il contrôle l'eau. Max, dépressif veuf, se retrouve arrêté par un gang fidèle au dictateur. Il donne son sang à l'un des soldats.
Furiosa trahit le dictateur en emportant ses femmes, devenues esclaves-pondeuses. Elle roule à toute allure afin de les emmener sur un territoire vert. Max les poursuit à son insu.

Hum. Science-fiction déjà. Scénario écrit sur un timbre-poste. Vroum Vroum. Boum Boum. Un air de déjà vu. Le premier Mad Max est meilleur, sur de nombreux points.
Salué par la critique. 6 oscars, really ?

Et mon oscar 2016 est attribué à...
Partager cet article
Repost0
3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 21:51

Ardres, en voiture. Un homme marche le long de la route. De loin, j'hésite entre un "migrant" (terme inadéquat, mais entré dans le langage courant) et un autostoppeur/backpacker : une sorte de voyageur quoi, avec un sac sur le dos. Mais il ne lève pas le pouce. Je décide de m'arrêter quand même au-milieu de la départementale. Ouverture de la vitre. "Tu vas où ?" Dans un français hésitant, il me dit : "je ne parle pas très bien français". Bon, je passe en anglais. Il me dit qu'il est du Canada, et qu'il va dans la direction de Lille, quoiqu'il n'ait pas l'air très sûr. "Allez, monte". Le type est un peu surpris. 

 

Je l'observe du coin de l'oeil en posant mes questions traditionnelles (tu viens d'où, qu'est-ce que tu fous là ?). Une barbe fournie, des vêtements crades, une odeur corporelle appuyée. Clairement, ce type doit dormir dans la rue. Il m'explique qu'il s'est fait rejeter par la douane britannique, et il ne comprend pas pourquoi (moi non plus d'ailleurs, avec un passeport canadien ça passe logiquement). Est-ce que son look l'a handicapé ? Je crois. Je n'ose lui dire. J'essaie tout de même d'entrer dans le vif de la conversation, mais l'entrée d'autoroute est déjà là. C'est l'anniversaire de sa mère. Je lui file mon téléphone. Je l'entends, elle. Un soulagement mêlé à une colère. Si j'ai bien compris, ça fait 3 semaines qu'il n'a pas donné signe de vie. J'imagine ma mère dans cette situation. Il essaie de les rassurer, et leur dit qu'il va écrire un mail prochainement. il raccroche et me remercie. Je le laisse.

 

Ca m'emmerde.

 

Après 30 secondes, je m'arrête. J'appelle ma mère. Elle me dit que je peux le ramener. Demi-tour. A nouveau surpris de me voir. Nouveau trajet.

 

Où dort-il ? Où il peut qu'il me dit. Que mange-t-il ? Ce qu'il trouve. Les réponses sont floues. Il m'explique qu'il "voyage" en Europe depuis octobre. Il avait un ticket retour, mais il a décidé de rester. Il parle avec hésitation (on est pourtant dans sa langue maternelle). J'ignore depuis combien de jours il n'a pas eu une conversation suivie. Il arrive à la maison. Ma mère voit un SDF. Je vois aussi, de moins en moins, le backpacker. Je lui montre sa chambre et je l'emmène manger. 

"Broke artiste". L'artiste fauché. Jay, car c'est son nom, avait cet idéal de voyage, d'être un artiste fauché à Paris. Image romantique du XIXème siècle. La réalité a l'air différente. Il a l'air paumé. Complètement perdu. Il ne sait pas où il va, géographiquement. Il ne sait pas où il est, mentalement. J'essaie de l'aider. Pas de trouver les réponses, mais au moins de lui poser des bonnes questions. De temps en temps, il me demande si j'ai déjà ressenti "le fait de changer en voyage". "Comment est le retour". Je lui donne mon point de vue. 
Il est canadien. Il a fait quelques études et puis a tout lâché pour découvrir l'Europe. Et, surtout, se trouver. Enfin, c'était l'idée. Il a vu Paris, il y a même travaillé. L'Italie. La Croatie. La suite ? Il l'ignore.

Après un repas où il garde les restes, une vraie douche. Il y reste un temps fou, nous nous demandons même avec mes parents s'il n'a pas fait un malaise ! Je lui propose de laver ses vêtements. Il acquiesce. Une connexion Internet. Une bonne nuit dans un lit chaud. Le petit dej'. Un sandwich pour le midi. 80 kilomètres de plus direction Arras. Paris n'est plus très loin, c'est ce qu'il veut. Enfin, il n'était pas tout à fait sûr. Mais il avait l'air content de mon accueil. 

Je lui devais. Je le voulais. Car ils ont été nombreux à m'accueillir au cours de mes quelques périples. Parfois, j'étais dans la merde, comme sous un pont allemand à 23h, sans possibilité d'avancer, ou sous une drache de fou au milieu de la Champagne, le pouce en l'air. Les deux fois, quelqu'un est arrivé, et m'a hébergé. Sans rien attendre en retour. Pour le geste. Savoir le faire. 

Partager cet article
Repost0
17 juillet 2017 1 17 /07 /juillet /2017 12:42

Ce matin, à 9h30, dans mon canapé, j'ai regardé le premier épisode de la saison 7 de Game of Thrones. Plus d'un an que j'attendais ça ! Enfin, que nous attendions ça, tant la série est suivie par les gens autour de moi. C'est d'ailleurs une chose de plus en plus rare, d'avoir cette culture commune au même moment. Cela me rappelle mon enfance, lorsque dans la cour de récré, nous nous faisions toutes les répliques des trois frères ou d'Un indien dans la ville, passé la veille sur TF1. A l'époque, il n'y avait que 6 chaînes. Et encore, moi j'en avais 4 ! (et je m'estimais très chanceux de pouvoir regarder la coupe des coupes sur canal chaque jeudi !). Las. Aujourd'hui, il y a bien 200 chaînes, et la plupart ne regardent même plus la télé (ou en VoD). Game of Thrones me rappelle cette époque, car je peux discuter de ce que j'ai vu avec mes amis, presque instantanément, en ayant l'épisode bien en mémoire. C'est une chose de plus en plus rare pour les films. Et c'est aussi le cas pour les séries, car peu font l'unanimité. GoT n'en est pas très loin.

 

Bref, je voulais simplement faire une petite introduction, et me voilà à parler de GoT ! Non ! Il n'y a pas que Game of Thrones ! La preuve : j'ai découvert 3 excellentes séries en 2017 (après deux ans de rationnement en raison d'une thèse...).

Commençons par la France ! Oui, il y a des bonnes séries françaises. Non, ce n'est pas Plus belle la vie. Canal, malgré sa chute du nombre d'abonnés (merci Bolloré), produit pas mal de séries intéressantes (j'avais commencé Platane, dans le genre série loufoque c'est pas très loin de la palme). Et voilà Baron Noir. La thématique me plait forcément : de la politique ! Et ça se passe à Dunkerque. Bref, ça se présentait plutôt bien. 

Il n'y a pas que GoT : Baron Noir, Mr. Robot et Black Mirror

Les acteurs principaux sont Kad Merad et Niels Arestrup. Celui-ci est extraordinaire dans Un prophète, Quais d'Orsay ou De battre mon coeur s'est arrêté (trois fois le César du meilleur acteur dans un second rôle), j'étais plutôt confiant. Pour Kad Merad, j'étais plus mitigé : je ne le connaissais que pour des rôles comiques. Grande erreur ! Il est bluffant et tout à fait crédible dans son rôle de Philippe Rickwaert, député PS-maire de Dunkerque, alias Philippe les grosses magouilles (financement de campagne, tactique politicienne, trahison etc...). Une scène que j'ai adorée : lorsqu'il vient en bleu de travail dans l'assemblée nationale, afin de représenter les ouvriers. Bilan : les médias ne parlent que de ça, quand ses collègues se moquent. Tout lien avec les députés Insoumis venus sans cravate ne seraient que pure coïncidence...  [à noter que cette scène a existé dans les années 1990 avec un député communiste]

Il n'y a pas que GoT : Baron Noir, Mr. Robot et Black Mirror

Le scénario est assez crédible, notamment concernant le côté sombre de la politique : offices HLM pour financer une campagne, lobby important d'un groupe de grands patrons, utilisation des mouvements lycéens pour affaiblir un camp, parcours d'une manif pensé pour qu'il y ait des débordements, mélange d'affaires de toutes sortes.... bref, ça pue, et c'est bon ! Beaucoup de retournements de situations et une vraie différence avec House of Cards : tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes pour Kad Merad. 

Une saison de 8 épisodes. La saison 2 est en tournage (annoncée pour février).

 

La deuxième, dans mon ordre chronologique, ce fut Mr. Robot.

Il n'y a pas que GoT : Baron Noir, Mr. Robot et Black Mirror

Eliot est un geek. Un vrai geek. Et un névrosé. Non, ce n'est pas Sheldon Cooper. Lui est hackeur, et est très engagé politiquement, et autour de lui. C'est un justicier du XXIème siècle. Il travaille pour une entreprise de cybersécurité, et il tente de hacker la plus grosse entreprise cliente... une corporation (E. Corp.) régnant dans les banques et les assurances, qui ressemble fort à la pire entreprise qui puisse exister (qui a dit Goldman Sachs ?).

La grande originalité tient dans l'état mental du personnage principal : il est toxicomane. Le mélange réalité/rêve/mirage est de ce fait parfois difficile à décrypter : c'est ça qui laisse une bonne part de mystère. Au  niveau du scénario et du personnage, la série m'a plusieurs fois fait penser au film V. pour Vendetta. Je suis loin de croire au "grand soir" révolutionnaire, mais l'idée d'une plus grande justice sociale fait toujours recette auprès de moi.

Je n'ai vu que la saison 1, la saison 2 est prête à être visionnée, la saison 3 est commandée. 

Il n'y a pas que GoT : Baron Noir, Mr. Robot et Black Mirror

La dernière est ma préférée. Black Mirror. C'est un autre format, puisque chaque épisode est unique, à savoir qu'il n'a aucun rapport avec le précédent : nouveaux acteurs, nouveau scénario. Il n'y a que 3 saisons pour l'instant, pour un total de 12 épisodes (3 épisodes pour la saison 1 et 2, 6 épisodes pour la saison 3). C'est la chaîne britannique Channel 4 qui produit les deux premières saisons, avant que Netflix ne récupère la série pour la troisième. 

Par où commencer, tant les épisodes sont différents ? Hum, d'abord par le fait que les épisodes sont très inégaux. Ainsi, je n'ai pas aimé l'épisode 1 de la saison 1 (une histoire de cochon). Mais j'ai continué. L'épisode 2 est moyen (une usine d'humains accumulant des points). L'épisode 3 est fantastique. Une puce est implantée dans chacun de nous, et celle-ci enregistre chaque moment de notre vie. Il est ainsi possible de tout revisionner, tout le temps. Incroyablement réaliste et flippant. 

C'est d'ailleurs ça le grand mérite de cette série : je crois à plusieurs épisodes. En tout cas, je les imagine assez bien. De la science-fiction, mais d'anticipation. L'omniprésence des écrans qui donne le titre à la série est de plus en plus réel. Notre comportement vis-à-vis de ceux-ci se rapproche du comportement des acteurs.

L'épisode 1 de la saison 2 est génial : Que feriez-vous si vous pouviez faire revivre, au moins virtuellement, une personne décédée ? Le principe est assez proche du film Her, même si la série va plus loin (la présence physique, et une fin terrible). L'épisode 2 "La chasse" est horrible (dans le bon sens du terme, car oui, il y a un bon sens au terme horrible !) : une justice très particulière (je n'en dis pas plus, sinon je vais spoiler). L'épisode 3 évoque l'idée d'un bouffon politique qui se présente (Beppe Grillo ?), sauf que celui-ci est... un ours en peluche ! Vous pensez que c'est fou ? Eh bien vous n'avez pas suivi les élections en Serbie ! Un personnage fictif, nommé "Beli", celui qui "change de camp comme de chemise" s'est retrouvé candidat à l'élection présidentielle. Il s'engageait notamment à "voler pour lui-même". Et il a terminé.... 3ème, avec près de 10% des suffrages exprimés ! (je vous mets son clip de campagne)

La saison 3 démarre sur les chapeaux de roues avec un système de notation pour tout, humain compris (et selon ta note, tu peux avoir accès à des fonctionnalités). Un épisode qui me touche, moi qui apprécie noter (notamment les films, en plus des élèves !). L'épisode 2 est consacré à un jeu vidéo en réalité augmenté, tandis que l'épisode 3 est celui des hackeurs. L'épisode 4 alterne les époques, avec de la réalité virtuelle, tandis que l'épisode 5 crée des super-soldats, grâce à un implant. Je ne développe pas trop, mais sachez que si les saisons 1 et 2 vous ont plu, ça devrait être le cas de la 3ème. Le dernier épisode, je vais l'intituler "vive les abeilles" (c'est un nom de code).

 

N'hésitez donc pas si vous avez regardé l'une de ces séries, je serai heureux de pouvoir en discuter : ça me rappellera la cour de l'école primaire ! Et si vous avez des conseils, je suis preneur ! (j'hésite entre Marco Polo et Peaky Blinders en ce moment)

Partager cet article
Repost0
13 juillet 2017 4 13 /07 /juillet /2017 06:35

384 villes ou lieux découverts selon Trip Advisor. 54 pays. Une Europe punaisée. Une scratch map bien entamée. Et une mission, l'ultime mission de ma Bucket List : voir tous les pays du monde.


visited 54 states (24%)

Récemment, une réflexion m'a traversé l'esprit : ne suis-je finalement rien d'autre qu'un consommateur de voyages ? Certains ou plus souvent certaines consomment des vêtements et ont chez elle 54 paires de chaussures, quand moi j'ai 54 pays dans un coin du crâne. Mais n'est-ce pas là une même démarche ?

Oui, je me pose des question bizarres. Mais tout de même, est-ce que je voyage pour moi, toujours, ou pour le principe de voyager ? Est-ce que je choisis un pays pour le découvrir ou pour le gratter ? Si j'opte plus facilement pour des lieux que je n'ai pas déjà visités, n'est-ce pas dans ce but ? Est-ce que je voyage toujours pour mon plaisir, mon bonheur, ou pour l'image que ces voyages donnent de moi, image que j'entretiendrais ?

 

J'ai déjà écrit sur ce sujet il y a deux ans, mais j'ai un peu plus de certitudes aujourd'hui. Car, à l'époque, j'éprouvais moins de plaisir dans mes voyages. Enfin, quand je dis "voyage", je devrais préciser "voyage en Afrique pour ma thèse", ce qui n'est pas tout à fait pareil. Le périple en Inde et les petites escapades en Europe de l'Est m'ont rassuré : non, je ne voyage pas seulement pour voyager, mais surtout parce que ça me rend heureux (oui, j'en ai douté).
Il n'empêche, je suis un consommateur. J'achète mes voyages et je les consomme. Certes, peut-être un peu différemment de la majorité de la population, sans doute moins cher, sans doute plus longtemps et plus souvent, avec peut-être, en tout cas je le crois, plus de rencontres. Mais je reste un gros consommateur, arpentant comme tous le Taj Mahal en Inde et les Pyramides en Egypte. Je suis un voyageur, car les voyages m'ont transformé, mais je suis aussi un touriste, qui suit des chemins souvent classiques. Je suis un backpacker, parce que j'ai bien mon sac à dos sur les épaules, mais sans être absolument différent des autres, au contraire. Je rencontre mes semblables sur Couchsurfing, ou lorsque j'en croise un le pouce levé. 

"Moi, je ne suis pas le touriste de base en all-inclusive en Espagne ou en Tunisie". Oui, mais non. Car tu es le backpacker de base, avec le Lonely planet dans les mains. Et tu seras tout de même devant la Sagrada Familia, avec ces êtres que tu juges si inférieurs : les touristes. Je peste un peu dans cet article, mais c'est qu'ils sont nombreux, parmi les backpackers, parmi les voyageurs à se croire différents, ou plutôt supérieurs. Je ne dis pas il y a 70 ans, si tu te baladais avec un sac à dos au milieu du Congo. Mais, aujourd'hui, nous sommes des millions. Ce n'est pas un problème en soi, ce n'est pas une critique du voyage avec le sac à dos, mais c'est un rappel à la modestie. Nous restons des consommateurs. Notre façon de consommer est un peu différente de la majorité, mais nous consommons en majorité les mêmes produits, les mêmes pays, les mêmes lieux. Il y a eu plus d'un milliard de personnes qui ont voyagé en 2016, le tourisme de masse est de plus en plus partout, tout le temps, c'est un fait. Vouloir découvrir Venise ou Prague sans touriste, c'est un doux rêve. C'est trop tard. Tristes tropiques qu'il disait. Certes, mais je garde mon sourire. Les voyages, ils sont finalement toujours plus beaux quand ils sont partagés.

Partager cet article
Repost0
12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 11:26

Il parait que les frontières extérieures de l'UE sont poreuses, qu'il n'y a pas assez de contrôle.... hum, ça dépend pour qui ! Je quitte la Moldavie pour rejoindre la Roumanie, en bus. Enfin, quand le bus veut démarrer, soit 1h30 après l'horaire prévue. Je pense tout bas "on n'est pas arriver..." A la frontière moldave, c'est tout le monde descend du bus, avec les bagages, contrôle aux rayons X, questions sur ce qu'on va faire en Roumanie (euh...je voudrais bien rentrer chez moi !) etc. Une heure plus tard, nous repartons...1 minute, le temps d'arriver à la frontière roumaine. Et c'est reparti ! Nous descendons du bus, contrôle aux rayons X, etc... 
Après toute une nuit de bus, j'arrive à Brasov, dans le coeur des Carpates. Manque de chance, il est 9 heures, soit une heure après le départ de ma couchsurfeuse pour son travail. Je garde donc mon sac, et je me dis "quitte à faire du bus..." Direction Sighisoara, inscrite au patrimoine mondiale de l'Unesco. Deux heures de bus en plus ! Et... c'est une déception !

Brasov, Carpates et Dracula
Brasov, Carpates et Dracula
Brasov, Carpates et Dracula
Brasov, Carpates et Dracula
Brasov, Carpates et Dracula

Attention, je ne dis pas que c'est l'endroit le plus laid du monde ! Mais je m'attendais à mieux, du moins à plus, car j'ai fait le tour de la ville et de ses fortifications en une heure à peine (et j'ai zoné dans le cimetière au moins dix minutes !). C'est mignon, mais ce n'est pas non plus fou-fou. L'endroit est touristique, les prix sont plus élevés que la moyenne. J'ai également mangé dans mon pire restaurant depuis un sacré nombre d'années, ça joue peut-être sur mon ressenti ! (pas beaucoup dormi + pas bien mangé = grognon !)

La ville est connue pour être le lieu de naissance de.... Dracula ! Enfin c'est un peu plus compliqué que cela, et je comprendrais mieux le lendemain.

Brasov, Carpates et Dracula

Direction le château de Bran, que l'on m'a vendu comme le château de Dracula. Je connais assez peu le personnage (ma culture historique roumaine étant limité !) et je n'ai pas lu le livre de Bram Stoker... (ni vu les films d'ailleurs). L'arrivée aux alentours du château fait un peu Disneyland (on m'avait prévenu), mais passé la grille d'entrée on respire.

Brasov, Carpates et Dracula
Brasov, Carpates et Dracula
Brasov, Carpates et Dracula

Si d'extérieur le château fait très médiéval, l'intérieur est plus récent, et bien travaillé. Je réussis à éviter les gros bus de touristes polonais, allemands ou russes et ma visite est de ce fait agréable (ça doit beaucoup jouer, car les pièces sont petites, et les couloirs très étroits). 

Bon, répondons à cette question : qui est ce Dracula, que l'on imagine un peu comme la représentation du diable ?! C'est peut-être Vlad II, le prince de la Valachie entre 1436 et 1447. Celui-ci était membre de l'ordre du Dragon, "Dracul" en roumain. Il est de ce fait surnommé Vlad Dracul. Mais lorsque l'on pense à Dracula, on se réfère plutôt à son fils Vlad III, et à son doux surnom : l'Empaleur ! Pas sûr qu'il ait vraiment empalé ses semblables, mais il s'est montré cruel avec ses ennemis. Or, il est le fils de Dracul, et est parfois surnommé ainsi (Draculea). Bram Stoker, qui écrit le livre en 1897, obtient sans doute ces informations par un de ces amis, un professeur de l'université de Budapest.
Mais, et c'est là où ça devient un peu n'importe quoi, personne ne sait si les deux Vlad ont séjourné dans le château ! Rien ne le prouve en tout cas ! Et dans le livre de Bram Stoker, le château est situé dans une autre région ! Bref, une belle arnaque historique ! Mais il n'empêche, aujourd'hui, tous les touristes, roumains et étrangers, vont visiter "le château de Dracula" ! 

Brasov, Carpates et Dracula

En face du château débute le parc national Piatra Craiului. En plus de la vue sympa que l'on a sur le château, ça permet une chouette randonnée à travers les forêts de Transylvanie et le massif des Carpates. Je n'en ai vu qu'une petite partie, mais ça donnait envie d'en faire plus !

Brasov, Carpates et Dracula
Brasov, Carpates et Dracula

Pour ma dernière visite, c'est Brasov, qui était mon lieu de villégiature. La ville fait très saxonne, pour ne pas dire allemande (il y a d'ailleurs un lycée allemand). Le centre-ville est piéton, et c'est vraiment agréable de s'y balader. La ville était celle des marchands ("Brasoava" en roumain ça veut dire "baratin", car les habitants avaient apparemment l'habitude d'exagérer la qualité de leur marchandise !) et ça reste aujourd'hui l'un des grands centres économiques du pays (il y a 250 000 habitants).

Brasov, Carpates et Dracula
Brasov, Carpates et Dracula
Brasov, Carpates et Dracula

Forcément quand je vois ça, je ris.

Brasov, Carpates et Dracula

Mais ça aurait pu être pire, car entre 1950 et 1960, la ville est renommée... Staline-ville ! (Orasul Stalin en langue locale). Et sur la colline avait été plantés des arbres de couleur différente, faisant ainsi apparaître... Stalin. La couleur a disparu il y a de nombreuses années.

Brasov, Carpates et Dracula

Cette colline s'avère être très pratique, car il y a un télésiège qui vous emmène en haut, et ainsi vous permet d'avoir une vue sur l'ensemble de la ville. Puis je suis repassé en mode randonnée, à travers la forêt et les collines de Transylvanie. 

Brasov, Carpates et Dracula
Brasov, Carpates et Dracula
Brasov, Carpates et Dracula
Brasov, Carpates et Dracula
Brasov, Carpates et Dracula

En conclusion : foncez ! Ces 3 pays sont à côté en avion, pas cher, et plutôt pratique pour voyager. Pas facile d'y être végétarien par contre (le repas national, selon moi, est la soupe... de viande !), et l'anglais ne sert pas toujours (le français aide bien en Roumanie). J'ai pu discuter de la situation politique roumaine un peu chaotique (le premier ministre était renversé par son propre parti pendant mon séjour), mais aussi de la situation des Balkans et surtout des Roms (et je comprends pourquoi certains quittent la Roumanie... les discours que j'ai entendus étaient impressionnants de préjugés, voir de racisme). Certes, on reste en Europe, n'imaginez donc pas être transformé par ce voyage, mais c'est la confluence de l'Europe de l'Est et des Balkans, avec le monde russe à ses côtés. C'est ce mélange d'influences, en plus d'une histoire régionale intéressante, qui rendent ces trois pays assez différents du notre.

Je continue ma tournée européenne : direction Prague !

Partager cet article
Repost0
6 juillet 2017 4 06 /07 /juillet /2017 06:45

Il y a quelques pays européens qui me sont particulièrement inconnus : je ne les ai jamais étudiés en classe et les informations les passent sous silence. La Biélorussie par exemple. L'Albanie et la Macédoine, jusqu'à notre visite sur place.

Et il y a la Moldavie. Un drapeau bleu, jaune, rouge très roumain, avec un aigle au milieu. Je rejoins ce pays mystère en bus (liaison directe Odessa-Chisinau). Le trajet est plutôt agréable (je dors en grande partie !), à travers les campagnes des deux pays (et les marécages). Le passage de la frontière est une formalité. Côté moldave, j'aperçois ma première charrette tractée par un cheval depuis... bah depuis sacrément longtemps ! Je sens rapidement que le pays n'est pas très riche : toits de tôle, peu de voitures, technique agricole à l'ancienne (ça ramasse les bottes de foin à la main). Ne suis-je néanmoins pas prisonnier de mon à priori ? Je pensais voir un pays pauvre, et mon regard se porte peut-être trop souvent sur cette caractéristique. 

Arrivé dans la capitale, je pensais voir une ville soviétique et je vois... une ville soviétique ! Usines, grands blocs, grandes avenues : Chisinau c'est la caricature du made in URSS ! Je cherche un logement (Couchsurfing n'a pas fonctionné cette fois-ci), et je me retrouve à l'hôtel Chisinau.

Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie
Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie

Oui, ça fait encore plus vis-ma-vie d'oligarque du Parti Communique des années 1970. L'hôtel est le plus vieux de la ville, et c'est surtout le moins cher que j'ai trouvé au cours de mes 3 heures de marche dans le centre (24€ la nuit, dans une chambre semi-luxe, avec petit-dej). Le hall est immense, les couloirs aussi, et je ne suis pas tout à fait à ma place : moi, c'est plutôt les chambres miteuses et les canapés-lits, pas le type qui veut m'emmener dans l'ascenseur ! Le restaurant est le comble du lieu... enfin c'est dans le soubassement ! Une pièce aux allures de bunker, avec des grosses pierres sombres. Une pièce vide, tout comme la majorité des chambres de l'hôtel d'ailleurs. Au milieu d'une montagne et je pourrais me croire dans Shining. Je prends mon petit-dej dans cet endroit un peu lugubre, avant de visiter un centre déjà bien arpenté la veille.

Il y a bien quelques monuments un peu jolis quand on aime l'architecture : les églises orthodoxes, ou un arc de triomphe. 

Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie
Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie
Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie
Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie

Mais la grande majorité de la ville se caractérise par son béton et ses angles droits : le parlement, le palais présidentiel.

Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie
Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie
Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie

Voilà, j'ai fait le tour. C'est peu, surtout pour une capitale européenne ! La ville est petite, le centre ressemble à celui de certaines villes de province française, en perdition, où les bâtiments "à louer" et "à vendre" sont très nombreux. Sans son statut de capitale, je n'imagine même pas la situation de la ville (beaucoup d'ambassades, un siège de l'Otan, de l'UE, de l'OSCE etc. permettent de faire vivre certains quartiers).

Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie

Au niveau politique, le paysage est tiraillé entre la Roumanie (et l'UE) et la Russie. Ce sont d'ailleurs les deux langues du pays, mais le roumain domine nettement. Nombreux sont ceux qui souhaitent d'ailleurs rejoindre la Roumanie (et beaucoup de Roumains le souhaitent). Bon, le président actuel est plutôt pro-russe, et une partie du pays, la Transnistrie, à l'Est, a fait sécession. Dans les faits, pour avoir traversé la zone, il n'y a rien à signaler (c'est sans doute différent à Tiraspol, la capitale de ce pays autoproclamé en 1990 et reconnu par.... personne !). Bref, vous pouvez constater que la situation est un peu complexe. Les jeunes avec qui j'ai pu discuter sont plutôt tournés vers l'Europe, et le drapeau de l'UE flotte sur beaucoup de bâtiments pour un pays qui n'en fait pas partie (je n'évoque pas les Gagaouzes, sinon je vais vous perdre).

Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie
Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie

J'ai tout de même trouvé un avantage à la planification soviétique de la ville, ce sont les jardins. La ville est plutôt verte, les parcs sont animés (j'ai vu des personnes âgées danser au doux rythme de la musique locale, scène très sympa) et... mais... c'est Chisinau Beach ! 

Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie
Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie
Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie

Non, il n'y a pas la mer en Moldavie, mais un grand lac. La balade autour est chouette, de là à s'y baigner....

Au pays des Soviets (et des presque Roumains) : Chisinau, Moldavie

Le bilan, c'est passez votre chemin si l'architecture soviétique ou les drôles de situations politiques ne sont pas votre dada. Si c'est le contraire, Chisinau est faite pour vous !

Partager cet article
Repost0
5 juillet 2017 3 05 /07 /juillet /2017 06:10

Little Odessa. Ce quartier était l'un de mes favoris à New York. Les gens y parlaient russe, les devantures étaient en cyrillique, et j'avais l'impression d'être à l'intérieur du cheval de Troie du communisme en plein coeur de l'empire américain ! Cette fois, pas question de la petite Odessa, mais de la grande. J'arrive à la gare centrale et je suis très vite rejoint par Galina, mon hôte ukrainienne. Mes yeux se perdent rapidement dans l'église orthodoxe russe et ses bulbes dorés. Nous entamons une visite, alors que le coucher de soleil va tomber sur la ville. Je découvre avec enchantement l'architecture du centre, aux influences antiques. 

La grande Odessa
La grande Odessa

Nous arrivons à l'endroit le plus connu de la ville : l'escalier du Potemkine ! Le nom provient du cuirassé ayant participé à la révolution en 1905, et c'est également là qu'une des scènes les plus mythiques du cinéma a été tourné : le landau du Potemkine (dans le film d'Eisenstein). Ces escaliers sont peut-être la raison pour laquelle je suis venu ici, et ça me fait quelque chose de les voir en vrai !

La grande Odessa

En face, c'est... Istanbul ! Car oui, en contrebas, c'est la Mer Noire !

Au-delà de la blague de cette vidéo fantastique de Questions pour un champion, la Mer Noire est aussi un lieu inconnu pour moi. Mais pas pour ma famille. Mon arrière-arrière-arrière-arrière grand-père Florentin Dez a vu cette mer avant moi ! C'était en 1856-7, et la France a, avec l'Angleterre, déclaré la guerre à la Russie. La raison ? Les Russes veulent s'emparer.... de la Crimée ! Oui, déjà ! Mon ancêtre se retrouve donc à Sébastopol, où il décède le 10 juin 1857. Etre ici, c'est aussi penser à cette partie de mon histoire familiale qui m'était pourtant encore méconnue il y a 4 ans, avant que nous débutions les recherches généalogiques. Le coucher de soleil nous offre des couleurs splendides, tandis que j'aperçois le port pour la première fois (j'y reviendrai).

La grande Odessa
La grande Odessa

Galina est une guide géniale : je découvre l'ensemble du centre-ville en une soirée. Je suis surpris par la vie nocturne, la foule, les terrasses bondées... et les décorations nocturnes !

La grande Odessa

A la base c'était les décorations de Noël, et la ville réutilise les lampes l'été pour autre chose : je me retrouve en face d'ananas et de tomates géantes (aaaahhhh l'attaque des tomates tueuses !), tandis que des chevaux décorés permettent aux enfants de faire une petite balade (ou l'inverse).

La grande Odessa

L'opéra est magnifique. Plutôt fatigué par cette longue journée, nous repartons chez mon hôte, dans un immeuble d'inspiration soviétique. 

La grande Odessa

Le lendemain, je décide de visiter la ville en longeant la côte. Un jardin de plusieurs kilomètres de long permet cela, et c'est génial. Je descends d'abord l'une des grandes avenues bien droites et j'aperçois la Mer Noire. Des immenses hôtels me font face ou sont en construction, la plage se rapproche... mais c'est la Côte d'Azur au mois d'août !

La grande Odessa
La grande Odessa

La plage est bondée (le mot est faible), largement privatisée par les chaises longues et constructions (je remercie encore une fois la loi littorale française). J'ai du mal à rejoindre l'eau, c'est dire s'il y a du monde ! L'eau est à 21°C, mais l'été vient juste d'arriver. Par contre, niveau pollution, ce serait alarmant. Je n'ai pas prévu de me baigner de toute façon (je reste frileux) et j'emprunte le corridor vert qui m'amène vers le centre-ville. Je découvre des petites criques bétonnées (ô tristesse), des petites criques préservées, des plages bondées, des plages délaissées et... des nudistes ! (ils sont partout ceux là !).

La grande Odessa
La grande Odessa
La grande Odessa

Après quelques heures de marche et un arrêt fruits de mer (honneur à la région), je retrouve le port. Je suis fasciné par les installations portuaires depuis ma rencontre avec Hambourg, et Odessa ne fait pas exception : les grues girafes, les conteneurs-tétris et toute cette agitation. La ville était le deuxième port russe au XIXème siècle (et la troisième plus grande ville de Russie après Moscou et Saint-Pétersbourg).

La grande Odessa
La grande Odessa
La grande Odessa

Côté historique d'ailleurs, la ville a été fondée en... 1794 par Catherine II. Et c'est le duc de Richelieu, un Français (émigré (ou traître) de la Révolution), qui a été chargé de dessiner le centre-ville, avec un certain talent, je lui concède. Après une nouvelle visite du centre-ville, de jour cette fois (histoire de faire quelques photos), je me pose sur l'escalier du Potemkine... pas très longtemps, car l'orage a failli me surprendre.

La grande Odessa

Au cours d'une soirée où j'ai découvert la glace-saucisse (non, ce n'est pas un mélange, juste la présentation), j'ai pu poser les questions qui fâchent : la vision de la période communiste aujourd'hui, et le conflit avec la Russie (Crimée + Donbass). Pour la première question, je n'ai pas été surpris d'entendre la différence de discours entre les générations, avec les parents de Galina ayant une nostalgie de ce temps-là, où le chômage et l'insécurité n'existaient pas (et les libertés non plus...), et elle, qui considère qu'on ne pouvait même pas gagner d'argent. Sa mère a aujourd'hui une retraite de... 40 dollars par mois. On peut comprendre la nostalgie, car si les prix ne sont pas très élevés, cela ne lui suffit même pas pour les charges de son appartement.

Pour la Crimée, Galina me confirme mes à priori, à savoir que la population criméene a toujours parlé russe et a une culture russophone et russophile... comme le reste du Sud de l'Ukraine me précise-t-elle. En effet, sa langue maternelle est... le russe, pas l'ukrainien. Les deux langues sont proches, les Ukrainiens comprennent le russe et les Russes.... "font semblant de ne pas comprendre l'ukrainien !". La guerre dans l'Est du pays est le dernier épisode de l'histoire très agitée des dernières années. Galina a un camarade de classe qui est mort sur le front de l'Est (phrase toute drôle à entendre, surtout quand on est en Europe). Aujourd'hui, la Russie... euh, pardon, les forces séparatistes, contrôlent une bonne partie de l'Est du pays, dont Donetsk, la plus grande ville de cette région. Les jeunes Ukrainiens sont au front. Enfin, les plus pauvres, car les autres trouvent un moyen d'esquiver. Le pays reste gangréné par la corruption, et j'ai discuté avec une Galina cynique, déjà désabusée par la politique. A 27 ans. (Oui, je sais, c'est aussi le cas de beaucoup en France). Et le pire, c'est que, pour elle-aussi, la guerre est devenue "la routine". L'homme est un animal d'accoutumance disait Céline; et c'est peut-être l'une de ses forces. J'ai déjà l'impression d'être habitué à vivre dans un pays où les attaques terroristes peuvent nous toucher à tout moment, et Galina est habituée à entendre les hommes tomber trop jeunes dans l'Est de l'Ukraine.

Qu'aurait pensé mon ancêtre Florentin Dez de notre monde contemporain ? Peut-être que certaines choses ont bien changé, et que d'autres restent malheureusement les mêmes...

La grande Odessa
La grande Odessa
Partager cet article
Repost0
4 juillet 2017 2 04 /07 /juillet /2017 06:10

Je trouvais la plaine du Danube peu peuplée... l'Ukraine, c'est autre chose ! Des champs à perte de vue qui ne font que confirmer la réputation de grenier à blé du pays. Pour arriver dans mon bus, ce fut toute une expédition. Je me suis levé à 6h20, et après 35 minutes de marche, me voici à la station de bus de Tulcea, Roumanie. L'Ukraine n'est pas loin géographiquement, puisque c'est de l'autre côté du delta du Danube (j'ai d'ailleurs capté leur réseau la veille). Mais le poste frontière le plus proche est.... à 80 kilomètres. Un bus m'emmène à Bratianu, où je récupère un ferry pour traverser le fleuve et rejoindre Galati, la grande ville de la région. De là, j'espère trouver un bus pour la frontière... moldave ! (la carte va vous aider à comprendre !)

Une petite aventure : traverser le Prout

Coup de chance, je tombe sur une étudiante de français qui m'amène jusqu'à un croisement. Là, elle me dit "tout droit !" et c'est la frontière moldave. 8 kilomètres. Bon. J'en marche 1, et je commence à faire du stop. Un Roumain s'arrête. Avec un mélange anglais-espagnol-italien et beaucoup de signes, il me pousse jusqu'à la frontière en ayant réussi à m'expliquer qu'il est à la retraite, qu'il pêche dans le Prout (on ne rit pas !), et qu'il a 4 gamins ("four Bambino" dans le texte). Le douanier roumain a quant à lui le temps de me faire comprendre qu'il court le marathon en 3 heures quelque chose, tandis qu'il me cherche une voiture pour passer la frontière roumano-moldave (qui n'est pas franchissable à pied !). Là, c'est un couple de Moldaves qui me fait sortir de l'UE et entrer dans ce drôle de pays qu'est la Moldavie. Je ne m'éternise pas (j'y reviens dans deux jours), et direction le poste frontière moldavo-ukrainien, à 1 kilomètre de là (oui, les trois frontières se côtoient). Les Moldaves me laissent sortir aussi facilement qu'ils m'ont laissé entrer (à pied cette fois), tandis que les Ukrainiens me font le coup de la fouille du sac ("avez-vous un grand couteau ?" "Bien sûr, je ne voyage jamais sans mon sabre !") L'anglais ne m'aide plus depuis longtemps, et le cyrillique est apparu (ça m'arrange moyen !). Enfin en territoire ukrainien, mais... au milieu de rien.

Une petite aventure : traverser le Prout
Une petite aventure : traverser le Prout

La prochaine ville, Reni, est à 6 kilomètres. Pas une voiture à l'horizon, alors je marche sous une chaleur accablante (il est midi). Je croise une vieille Ukrainienne, j'essaie de lui parler, elle essaie de me parler.... et les résultats ne sont pas probants ! Arrivé dans le "centre" de Reni, je trouve la station de bus, et une jeune me fait comprendre que le bus pour Odessa part à 14h. Et c'est ainsi que je me retrouve ici, dans ce bus, au milieu des champs de blé ukrainien. Belle aventure.

Partager cet article
Repost0