20 septembre 2016 2 20 /09 /septembre /2016 12:00

Elle est marocaine, et se tient assise devant moi. Hôtesse de l’air, métier sympa. Plutôt souriante, elle attend comme moi l’atterrissage. Elle me pose une question : « d’où viens-tu ? ». Un peu surpris, je lui réponds « Français ». « Oui, ça je sais, avec ton accent ». [Quel accent ? ahah] « Mais de quelle origine es-tu ? », tout en désignant mes yeux.

Mon « origine ». C’est maintenant devenu un jeu pour moi. Mes yeux sont un peu bridés, et beaucoup y voient là une origine extrême-orientale. J’ai souvent le droit au Viêt-Nam, au Laos, au Cambodge, à la Corée du Sud, à Taïwan, au Népal… Ma petit jeu est toujours le même : « pas loin », « tu te rapproches », « presque », pour finir avec « la Belgique ! » qui souvent déclenche un grand rire, ou un étonnement incroyable.

Je porte donc sur ma tête une « origine » que je n’ai pas, arbre généalogique à l’appui. Je suis 100% ch’ti sur 7 générations, et c’est d’ailleurs à mon grand regret. J’aurais beaucoup aimé avoir une origine un peu folle, un peu originale. Las. Mon arbre généalogique se concentre sur 40 km². Il n’empêche, et je le dis aujourd’hui avec le sourire, j’ai un peu connu le racisme.

 

« Bol de riz ! ». Demandez à mes sœurs, je suis sûr qu’elles s’en souviennent. C’est ainsi qu’on nous a parfois désignés. Oh, non, pas souvent, heureusement. Mais quand même, j’entends encore l’intonation, avec un accent qui se voulait chinois, et qui était en fait très français imitant un Asiatique. Ainsi, 100% Français sur 7 générations, et ayant un peu connu le racisme. Mon cas est un peu original, et j’avoue que je le vivais mal à l’époque du collège (ça, et mes grosses lèvres africaines… il ne me manquait qu’une plume amérindienne pour être un symbole de ce monde). Je voulais être « normal », c’est-à-dire me fondre dans le moule, dans la masse, être quasi-invisible. Mais pas asiatique. Aujourd’hui, je le vis beaucoup mieux, et je n’échangerais pour rien au monde la forme de mes yeux. Mais il n’empêche, j’ai été récemment un peu choqué par une fille m’appelant « bridé ». Cela se voulait être de l’humour, je connaissais peu cette personne, et j’avoue avoir eu un drôle de sentiment.

 

En Afrique, c’est une situation différente. Je suis « le blanc », le « Mzungu » comme on dit dans toute l’Afrique de l’Est et des Grands Lacs, le « ferengi » en Ethiopie. Je suis blanc, donc je suis riche. Je suis riche, donc je dois être un pigeon. Je vais donc devoir négocier à chaque fois mon trajet, même en bus. Là, ce n’est pas vraiment du racisme, c’est plutôt des préjugés. Cause historique, cause culturelle, il n’empêche, préjugé quand même. Et c’est très énervant à la longue. J’en ai parlé avec des blancs qui travaillent là depuis des années, j’en ai parlé avec une blanche qui est née en Tanzanie, ils restent des « mzungu ». Et quand on lui demande d’où elle est, et qu’elle répond « de Tanzanie », les noirs se marrent et lui demandent d’où elle est vraiment.

 

Attention, c’est loin d’être une situation africaine. C’est la même chose en France. Ma situation le prouve, et je ne suis qu’un minuscule exemple par rapport à d’autres. Parce que si tu as du sang maghrébin, c’est régulièrement que tu seras interrogé sur ton origine. Et le racisme, tu le connaîtras beaucoup plus que moi. Ça peut te tomber dessus dans la rue, ça peut te gêner pour trouver un boulot. Tu vas entendre des insultes, tu vas entendre des débats politiques. Parfois à te faire gerber. Une partie de la France est raciste, il faut le reconnaître. Et pas 1%. Plus, beaucoup plus. C’est un fait, il faut faire avec, malheureusement. Il faut se battre contre, il faut sans doute être encore plus irréprochable que les autres, parce que si un blanc vole quelque chose, on lui dira « sale voleur », alors que si un noir vole quelque chose, on lui dira « sale noir ».

Surtout, on t’interrogera parfois sur ton identité. « Alors, t’es Français ou t’es Algérien ? ». Moi, quand on m’interroge, je réponds Européen. C’est ainsi, je suis un fils de l’Europe, j’ai été transformé par mon année Erasmus, et c’est le projet qui me rend le plus fier, que je soutiens le plus. Mais je suis également Français, parce que je suis fier de notre côté révolutionnaire-romantique-artiste-engagé-gréviste, et de nos frontons de mairie avec ces trois mots merveilleux, liberté, égalité, fraternité. J’adore notre langue, et je suis l’un des grands ambassadeurs de celle-ci, même quand je m’exprime en anglais, avec un accent à faire tomber les demoiselles de l’ensemble du continent. Je n’aime pas l’hymne national, je n’aime pas ses paroles, et on ne me fera pas chanter la Marseillaise. Est-ce que ça veut dire que je suis moins Français qu’un autre ? Je ne le crois pas. J’ai mes raisons (chant guerrier, complètement à l’opposé de ma personnalité, en retard sur son temps etc.), et je pourrais en débattre plusieurs heures. En plus de mon identité française, je suis également ch’ti, je suis Audomarois, et je suis Tilquois. Toutes mes personnalités me composent, font de moi qui je suis. Et je n’ai pas envie de choisir entre celles-ci, je ne vois même pas pourquoi je devrais le faire.

Alors pourquoi quelqu’un devrait choisir d’être Français ou Algérien ? Je considère que l’on peut très bien être les deux. Pourquoi un débat devrait naître si un noir ou un arabe ne chantent pas la Marseillaise ? C’est leur droit. Ils ne doivent pas prouver constamment en chantant l’hymne qu’ils sont Français. Ils peuvent avoir la même opinion que moi sur ce chant. Voir Black M chanter la Marseillaise récemment sur un plateau de télévision (Quotidien) m’a quelque peu gêné, parce que j’avais l’impression qu’il le faisait pour répondre aux critiques. C’est entrer dans leur jeu. De même quand tous les joueurs de l’équipe de France chantent la Marseillaise. Personnellement, je veux les meilleurs joueurs sur le terrain, pas les meilleurs chanteurs (ceux-là on peut toujours les envoyer à l’Eurovision, ça nous aidera peut-être !). Je ne veux pas d’une compétition du meilleur Français, celui qui chante le plus fort, ou celui qui prouve le plus ses origines. Qu’importe ce que dit Sarkozy sur « nos ancêtres les Gaulois », la France c’est ce mélange de cultures, d’origines, de faciès. Moi, et mon bol de riz. Toi et ton couscous. Lui et son mafé. Et d’autres, avec leur baguette. C’est ça la France.

Bol de riz

[oui, j’ai mis le maréchal Pétain en photo, avec son affiche de propagande. L’esprit de celle-ci risque fort de revenir pendant la campagne électorale, avec les "vrais Français" etc.… souvenez-vous !]

Partager cet article
Repost0
19 septembre 2016 1 19 /09 /septembre /2016 09:19

Il y a parfois des bonnes résolutions sympas au 1er janvier. Moi, je m’étais lancé un petit défi : découvrir deux nouveaux sports. Et après le paddle sur la côte basque, me voici à Arques pour mon premier triathlon : 600 mètres de natation. 20 kilomètres à vélo. 5 kilomètres à pied. C’est ce qu’on appelle un triathlon S. Aux Jeux Olympiques, c’est le M, avec 1,5 km de natation, 40 km de vélo et 10 bornes à pied. Il existe également des triathlons XS ou XL. Et viennent enfin les ironman (3,8km de natation, 180 km à vélo, puis un marathon). Costaud.

Costaud, c’est également le profil des types autour de moi. Je vois de sacrées carcasses, avec un matériel de pro : vélo de course élancé, combinaison de natation. Moi, je suis ce qu’on appelle un touriste : mon VTT, et mon short de bain. Plusieurs fois on me demande si je vais vraiment faire le triathlon avec « ça ». Euuuuh, oui !

La grande différence avec les courses à pied, même de type semi ou marathon, c’est que vous rencontrez des gens comme vous et moi. Là, au triathlon, il y a au moins 90% de licenciés (ou ils ont l'air !). Et il y a même un type qui était aux J.O. de Rio ! C’est facile, nous étions seulement quatre vrais touristes (à savoir sans combi et sans vélo de course). Là où on pousse un peu le bouchon avec Rémi, mon acolyte du jour (car les autres nous ont lâchement abandonnés !), c’est que nous ne sommes pas du tout entraînés ! La dernière fois que j’ai fait des longueurs dans une piscine, ça remonte à des vacances en Corse il y a une année, et encore, j’en faisais 10 dans un petit bassin ! Même pas peur. L’eau est à 20°C, je remercie Seigneur météo pour ce beau mois de septembre. Et je me jette à l’eau. « Ahhhh ». Bon, ça reste frais !

 

Nous sommes à peu près 235 au départ. Le pistolet retentit ! Quelqu'un m'ayant vu 2 minutes comprend vite que je nage comme un plomb. Bon, mon seul objectif étant de finir, je vais à mon rythme. Je nage en brasse, et après quelques minutes, je suis en solo avec le kayak-balai (c’est comme une voiture-balai, mais en kayak). Je sens la vase me chatouiller les orteils. Et alors que j’arrive à la première bouée (il y en a 4), j’entends le speaker qui encourage les premiers…sortis de l’eau ! Après deux bouées, je commence à me dire que l’eau n’est pas si chaude, à la troisième je commence à avoir un peu froid. Une féminine est juste devant moi, ça sert pour le moral. Et je sors de l’eau, en dernière position, certes, mais vivant ! Et sans avoir trop souffert. Je réclame et j’obtiens une petite ovation (c’est quand même nous les plus sportifs ! On a nagé beaucoup plus de temps que les autres feignants !).

Je suis dans le parc à vélos, je me sèche un peu. Chaussettes, chaussures, T-Shirt, casque obligatoire et c’est reparti. La féminine est avec moi, elle a un beau vélo, et je crains bien me prendre un bon taquet au bout de 200 mètres ! Erreur ! Nous allons au même rythme ! Parfait. Je « suce » sa roue, puis elle « suce » ma… roue. Echange de bons procédés. Le parcours est une boucle, nous rencontrons très rapidement deux gros pelotons, à un rythme assez impressionnant (40km/h !). Certains nous saluent, il faut dire qu’avec la camionnette-balai nous ne passons pas inaperçus ! Après dix kilomètres il y a une montée. J’ignore ce qui se passe, mais je vais plus vite que ma coéquipière, et je la lâche dès les premières pentes. Au milieu de la montée, je vois passer Rémi, en sens inverse (!!!!!). « C’est de l’autre côté » que je lui hurle. Mal orienté en haut de la montée, il s’est trompé de route. Et se retrouve un moment derrière la voiture-balai (ça c'est classe !). Et dois refaire la montée. Sale histoire. Je continue à mon rythme et j’arrive à la fin du parcours vélo, les cuisses un peu en surchauffe (et brûlées par le contact de la selle).

Hop, me voilà à pied, dans un sport que j’affectionne un peu plus. Je vois ma féminine et Rémi se garer alors que j’entame les premiers mètres. Mon objectif : ne pas me faire doubler par ces deux loustics ! J’ai plutôt de bonnes sensations, et j’ai l’impression d’avancer à un bon rythme. Je double plusieurs personnes (ça aide pour le moral et le courage !), et je commence la deuxième boucle. Le dernier kilomètre est un peu à l’arrache, il n’en fallait pas beaucoup plus ! J’y suis. Je suis arrivé. J’ai fait un triathlon. Content. Pour le temps, 1h40:39 ! (le premier fait 56:26 !).

C’est un sport génial. Je me sens bien après la course (au contraire du marathon, mais aussi d’un semi !), l’ensemble des muscles a travaillé et j’annonce déjà que j’en referai un jour ! Peut-être avec un peu d’entraînement, peut-être avec une combi de natation (pour le vélo, ce n’est pas tout à fait le même budget !). Mais maintenant, place au football car j’ai repris ma licence !

 

Mon premier triathlon

Merci à Rémi pour l'expérience partagée, ainsi qu'à tous ceux que j'ai croisés là-bas, et aussi à Marie-Eve pour les conseils pratiques !

Partager cet article
Repost0
12 septembre 2016 1 12 /09 /septembre /2016 22:05

Je mets du temps à écrire cet article, car c’est le plus important de mon voyage. Si je devais résumer ma Zambie, ça serait là-bas, à Mpande, au milieu d’un village, dans ce qui me semblait parfois être un autre monde, un autre siècle. Oh, non, ce n’est pas une critique, au contraire.

J’étais donc dans le Nord de la Zambie, à Mpulungu, sur les rives du lac Tanganyika. Je souhaite me rendre en bus à Mbala, d’où je dois prendre un autre bus pour Mpande. Jusqu’ici c’est facile, surtout si je vous mets une carte pour suivre !

Le stop et la brousse : le retour de l’aventurier (1/2)

Une règle africaine : un trajet facile n’est jamais facile. Ce n’est pas parce que tu as un bus d’ordinaire que tu as un bus aujourd’hui. Ce n’est pas parce que tu montes dans le bus que tu peux rester dans le bus. C’est d’ailleurs ce qui m’arrive, dans la station de Mpulungu, où un type un peu plus gros que les autres, un peu mieux habillé aussi, décide que je ne serai pas du voyage dans son bus, où il n’est que passager ! Je le comprends pourtant, la moitié des Zambiens essaie de me faire monter en priorité (parce que je suis blanc) dans un bus déjà rempli. Bref, je descends, et on me pousse littéralement dans un autre bus, tout ça pour attendre une bonne heure. Les 40 kilomètres entre les deux villes me prendront finalement 2h30. Tranquille.

Je suis à Mbala où un chauffeur de bus part d’ordinaire pour Mpande. Je l’appelle. Il me dit « euh, non, aujourd’hui je reste chez moi ». D’accord. Du coup, qu’est-ce que je fais ? J’attends 3 jours pour son autre trajet de la semaine ? Un éclair de folie me traverse : faire du stop ! J’avais entendu à Lusaka que c’était possible, avec une technique toute particulière : pas de pouce levé, mais une main qui fait signe de ralentir. Allez, c’est parti. Bon, euhhhhh, où je dois aller ? Parce que faire du stop pour aller dans un village, je sens très rapidement que ça va être l’expédition. Je suis au milieu de la ville, je demande dans une boutique. On me dit d’aller à la jonction. D’accord. Euhhhh, c’est où ? On m’indique petit à petit, m’explique que je dois prendre un taxi (mais je suis têtu !). Un type m’explique finalement qu’il va jusqu’à la jonction, et je monte à l’arrière de sa voiture. A peine 3 kilomètres plus tard, me voici à la jonction. Ce n’était pas si compliqué !

 

J’explique au type où je vais, il l’explique à d’autres types à la jonction. On me dit « assis-toi, y’a un véhicule qui va au village ». D’accord. Ca a l’air très facile. Tellement facile qu’après 45 secondes assis on m’appelle : « le véhicule est là ! ».

Là, c’est la surprise de voir un camion ! Pas grave, c’est toujours mieux qu’un tracteur. Je dois monter à l’arrière, c’est tout juste si le chauffeur ne se barre pas alors que je suis en train de monter… et boum, je suis à l’arrière avec… 50 Zambiens ! 50 Zambiens qui ont un sourire jusqu’aux oreilles en me regardant, tous, un par un. Une entrée de rock star, tel Johnny et son hélico, avec un peu moins de moyens, je vous l’accorde.

On essaie de me faire une place (parce qu’à 50, ils étaient déjà un peu serrés). Je me retrouve à côté de vieilles dames, prises de fous rires quand elles me regardent (j’ai toujours été un rigolo). Des jeunes sont là, des bébés aussi, beaucoup de marchandises, et tout ce beau monde prend la route. Oui, une route. Pendant 10 kilomètres. Jusqu’ici, c’était facile.

 

BoBoum. BoBoum. Notre camion tourne sur la droite. Et je sens, au niveau de mon arrière-train, quelques légères secousses. Rien de pervers, c’en est juste fini du tarmac, bonjour la piste.

Là, je dois vous parler de mes œufs. Car je ne suis pas seul, je me balade avec… une palette de 30 œufs ! Oui, je sais, je suis un génie. Enfin, je suis surtout quelqu’un de poli et d’un peu sympa, qui ramène des œufs à mon hôte, qui m’en avait commandés. Le problème, c'est que je dois choisir entre mes œufs, et mon corps. Car le camion a une légère tendance à secouer, un peu à la façon d’un manège de foire, mais sans la ceinture de sécurité. Heureusement, je suis bien dans le fond du camion, et je ne peux pas voir la route (et surtout comment le chauffeur conduit !). Pourtant, de temps à autre, le camion est tellement penché que j’arrive à voir un bas-côté. C’est parfois impressionnant (ma mère utiliserait le terme d’inquiétant). De temps en temps je joue avec mes voisins à « de gauche à droite, en avant, en arrière et de haut en bas, on s’amuse c’est le stop… ». Les vieilles dames rient à chaque fois que je tombe sur elles, et elles font de même quand elles tombent sur moi. Pas grave, je suis tellement concentré sur mes œufs que rien ne peut m’atteindre.

En vérité, j’adore ce moment. Il dure une heure, une heure trente. J’avoue qu’ensuite, la phase d’adoration étant passée…, je commence à trouver le temps long. Mon physique souffre un peu. Surtout, j’ai de plus en plus la sensation que je transporte une omelette. J’espère simplement que le véhicule va dans la bonne direction… car je ne suis sûr de rien ! Je n’ai même pas parlé au chauffeur ! J’ai fait une confiance aveugle aux gens de la jonction ! Et comme il n’y a pas de panneau… ! Nous nous arrêtons de temps en temps, au milieu de rien. Quelqu’un monte. Ou quelqu’un descend. Avec un sac de céréales. Ou de l’alcool. Je vois d’ailleurs deux jeunes se mettre une mine tout au long du trajet (faut pas être malade en voiture pourtant !).

Tout d’un coup, après mon cinquantième tour de roller coaster, un type à l’arrière me dit que nous arrivons bientôt à Mpande. La notion de bientôt est cependant très différente de la nôtre, je pense que bientôt a signifié environ 30 minutes (qui paraissent bien longues à l’arrière d’un camion sur une piste de plus en plus délabrée). Le camion se vide peu à peu, et je trouve fort agréable de pouvoir m'asseoir ailleurs que sur mes propres chevilles. J’arrive finalement avec ce que je crois être une belle omelette. Un chef vient me saluer, je ne comprends pas trop ce qui se passe. Un gamin doit m’amener chez Ben, mon hôte de la semaine. Je le suis bêtement, tout en regardant le paysage, rempli de petites maisons en briques avec des toits en paille séchée. Je croise un cochon, mon premier en Afrique, et je me retrouve à penser à la comptine des trois petits cochons : comment diable ces toits survivent-ils au vent ou à la saison des pluies ?? (j’apprends plus tard qu’il faut les renforcer chaque année !). Et je vois Ben, dans son hamac. La semaine peut commencer.

Merci.

PS : le résultat des oeufs arrive dans le prochain article !

Le stop et la brousse : le retour de l’aventurier (1/2)
Partager cet article
Repost0
2 septembre 2016 5 02 /09 /septembre /2016 18:53

Si une couleur devait définir l’Afrique, ce serait sans aucun doute un ton orangé. Il représenterait cette poussière omniprésente le long des routes (c’est d’ailleurs parfois la route). Mais cela serait aussi la couleur du soleil lors de son coucher, dans le lac Tanganyika.

Mpulungu l'orangé

Deux ans plus tard, je suis de retour sur les berges du second lac le plus profond du monde, et le plus long d’Afrique. J’ai débarqué à 6h du matin après 14 heures de bus, intenses : deux heures de gospel et de clips à l’africaine, puis le chauffeur nous a proposé une comédie sud-africaine, un film russe ultra violent et un Jean-Claude Van Damme. Le rêve, je sais. Alors que je m’étais paisiblement endormi (le bus était à moitié vide, apparemment à cause des élections), Natacha est venue me réveiller. Dernière ce doux nom slave se cachait une Zambienne de 19 ans, arborant un T-Shirt Jésus. Au menu des discussions, « est-ce que je vis pour le Christ ? », « as-tu déjà pensé à ton mariage » et « achète un smartphone ». Le rêve, je sais. J’apprécie moyennement d'être réveillé, surtout à une heure du matin et encore plus pour ces conversations !

Mpulungu l'orangé

Qu’importe, il est 6h, je suis à Mpulungu, il fait 20 degrés, et le lac est devant moi. Je vois des dizaines de points lumineux naître à l’horizon, les pêcheurs s’activent. Une heure plus tard, la plupart d’entre eux reviennent au port (c’est le seul port zambien). Au marché il est possible d’acheter une quantité infinie de poissons, de toutes tailles. L’odeur de cet endroit me rappelle le sous-sol de mon parrain, poissonnier en Bourgogne. C’est d’ailleurs la nourriture que je commande au Nkupi Lodge, un ensemble de chalets très sympas où je dors deux nuits. Après une rencontre furtive avec un groupe de 9 Italiens (en voyage organisé « aventure », sacré oxymore !), je me retrouve avec Nino, un Suisse (Romanche) qui est arrivé à vélo…depuis son pays, et un homme beaucoup plus âgé, qui était là lors de l’indépendance du pays. Il est ensuite parti en Australie mais sa fille, née à Livingstone, a toujours rêvé de voir cette ville. Un livre de voyage et un livre d’histoire sont donc devant moi, rien ne pouvait plus m’intéresser !

Hormis cela, Mpulungu est vraiment petit. On y croise une voiture toutes les 10 minutes, et le nombre de blancs doit se limiter à celui de l’auberge. Mais où diable est le poisson que j’ai commandé… A noter que j’ai vu un rapace descendre à vitesse grand V et choper un poussin pourtant déjà de taille consistante ! Impressionnant !

Mpulungu l'orangé

Dimanche

Stromaé et Maitre Gims résonnent. Saloperie d’uniformisation des cultures.

Mon poisson a fini par arriver hier soir, 3 bonnes heures après la commande. Le délai valait cependant le coup de la famine, je me suis régalé. De plus, j’étais en compagnie de mon Australien et de sa fille, Jeannette. L’occasion de pousser un peu mon interview. Déjà, cet homme grand et sec, à la chevelure blanche ébouriffée, a 79 ans. Sa vie est passionnante. Rien que l’histoire de sa famille tiens ! Sa grand-mère maternelle est la fille d’un couple d’Allemands, arrivé en Australie vers 1890. Elle a beaucoup été marquée par la première guerre mondiale, où elle est vue comme « une Allemande », alors que l’Australie est en guerre aux côtés des Anglais et des Français. Son grand-père maternel est écossais, d’une famille arrivée quelques années plus tard en Australie. Du côté de son père, ce sont des éleveurs de moutons néozélandais, d’origine anglaise, arrivés aux alentours de 1850. Son père est pasteur, et sa mère se consacre à la tâche de femme de pasteur. Ils vivent quelques années en Afrique du Sud avant de revenir à Sydney. Ce sont les premiers souvenirs australiens de mon interlocuteur. Quelques années plus tard, sa famille s’installe en Rhodésie du Sud, colonie britannique (actuel Zimbabwe). Lui poursuit ses études en Afrique du Sud, puis en Europe, à Londres. Il s’engage notamment pour les réfugiés en Autriche (autre époque, et pourtant… !), se retrouve expulsé du Liban en raison d’un tampon israélien sur son passeport, passe par Istanbul puis revient en Zambie, à Livingstone, où il sera professeur pendant une dizaine d’années, les dernières de la colonisation. A l’indépendance, il souhaite rester, car la Zambie, « c’était chez moi ». Mais les blancs sont expulsés de la fonction publique. Privé de son emploi et de son domicile (c’était une maison de fonction), il se contraint à partir, direction l’Australie, avec sa femme et sa jeune fille. Son frère décidera lui de migrer en Rhodésie du Sud, devenue indépendante, sous un gouvernement blanc (Ian Smith). Il abandonne de fait sa nationalité australienne, ce qui lui est rappelé lorsqu’il essaie de revenir, après l’ascension au pouvoir de Mugabe et le vent qui tourne pour les blancs du Zimbabwe. Il trouvera refuge en Nouvelle-Zélande.

Cette histoire, c’est beaucoup de colonisation, de rapports « raciaux » (de couleur) et d’appartenance à un Etat, une nation, un pays. Sa maison. Ses terres. Ce n’est pas toujours les méchants colons blancs et les gentils autochtones noirs. Devant moi, il y avait un autochtone blanc, qui se considérait comme zambien, et qui regrette encore ce qu’il appelait « mon pays ». C’est aussi une histoire de vie. Un doctorat aux Etats-Unis, un retour en Australie, où il enseigne le reste de sa vie à l’université. Et une relation à distance avec sa femme qui a tout changé. Ils se séparèrent il y a bien 30-40 ans. Et pourtant, je vous assure que j’entendais encore la souffrance et la tristesse dans son récit, à mesure qu’il me narrait cet épisode. Qu’importe, il est encore en vie, heureux d’être là et d’apprendre des choses sur le Rwanda et le Burundi, prêt pour un voyage de six semaines sur les traces de son passé, à travers la Tanzanie, la Zambie, le Botswana, la Namibie et l’Afrique du Sud. 79 ans. Classe.

Mpulungu l'orangé

[…]Une fille d’à peu près 16 ans interrompt mon écriture, me demandant si elle peut être mon amie. ??!! Elle est congolaise et veut mon numéro de téléphone. Etre un blanc, en Afrique, c’est encore de drôles d’histoires.

Mpulungu l'orangé

Le coucher de soleil est grandiose, l’orange laissant sa place au rouge. J’ai passé ma journée devant le lac, entre lecture et écriture. Puis j’ai retrouvé Nino pour écouter son récit, 3 poissons dans l’estomac.

18 mois à vélo, de Suisse aux Balkans, de Jordanie à l’Egypte, puis le long du Nil (Soudan, Ethiopie). Un arrêt de deux mois au Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie et maintenant la Zambie. A vélo, tout le temps. Impressionnant. En sachant que le type a déjà fait la route de la Soie dans les mêmes conditions de Turquie jusqu’en Chine. « Le monde est tellement grand, pourquoi travailler ? ». Je ne l’ai pas contredit.

Partager cet article
Repost0
31 août 2016 3 31 /08 /août /2016 14:27

Le mensonge par omission est celui qui peut facilement être pardonné. Avoir omis de préciser à mes parents ou mes amis que les élections présidentielles avaient lieu la première semaine de ma présence en Zambie est donc tout à fait pardonnable, surtout que la raison est simple : ne pas vouloir les inquiéter!

 

Mes premiers pas à Lusaka se déroulent parfaitement. J’ai de bons sentiments en parcourant la ville, à taille humaine. Pas de bouchon, pas de klaxon. Pas trop d’humains non plus, la Zambie reste sous-peuplée en comparaison avec mes autres expériences africaines, avec seulement 15 millions d’habitants pour une superficie plus grande que la France (20 habitants au km² contre 100 en France et 456 au Rwanda !). Cela donne l’impression d’une capitale où l’on peut respirer, ce qui n’est pas pour me déplaire.

Mais commençons par le commencement : où diable se cache la Zambie sur une carte du monde ? Car si vous dites les Etats-Unis, je pense que la majorité de la population visualise. Pour la Zambie, je ne suis pas tout à fait sûr !

Lusaka et les élections présidentielles zambiennes

Le pays est donc enclavé en plein milieu de l’Afrique, entre le Congo et le Zimbabwe. Il est connu pour abriter des grosses réserves de minerais dans le nord (cuivre, cobalt, plomb, charbon, or, uranium…). Hormis ça, c’est loin d’être un pays touristique (moins de 10 000 Français pour leur année record), et j’y arrive sans trop connaître quoi que ce soit, y compris où je vais aller ou loger.

Je me retrouve dans une auberge la première nuit, où je fais connaissance avec trois sud-coréennes et une amerlock. Les élections ont lieu après-demain, j’observe beaucoup d’affiches dans les rues, notamment pour le président sortant Edgar Lungu. Le climat est un peu tendu selon la presse et les discussions que j’ai. Mais j’ai pourtant l’impression que l’atmosphère reste bonne, avec des personnes ayant le T-Shirt de leur candidat favori dans la rue. Kenneth, le cuisinier de l’auberge, m’affirme qu’il va voter pour l’opposition : « le changement a du bon. Chaque personne amène ses nouvelles idées. Le dernier c’était les routes ». Il conclut avec un « nous ne sommes pas le Zimbabwe », petit tacle au voisin où le président Mugabe, du haut de ses 93 ans dont 36 à la tête du pays, est loin d’être le démocrate du continent.

Lusaka et les élections présidentielles zambiennes

Les Zambiens m’apparaissent tout de suite sympathiques et souriants, toujours prêts à discuter. Je prends plaisir à les observer : chez les femmes, des coiffures très différentes, longues ou courtes, bouclées ou tresses, à plat ou ondulées. Chez les hommes, une seule coupe : à ras ! Sauf chez les Blancs ou les Asiatiques. Les Occidentaux sont plutôt nombreux dans la capitale, surtout aux abords des Malls, ces immenses supermarchés présents en grand nombre ici. Cela prouve la présence d’une certaine classe moyenne. Le pays dispose certes d’un sous-sol plutôt riche, mais on est loin du Qatar : 1 500€ de revenus annuels. C’est certes mieux que les 300€ annuels burundais, mais cette moyenne laisse quand même songeur. 10 à 15 centimes la banane (j’ai vu 2 centimes), 50 centimes la boisson dans les bars, 1€ pour le repas de base, 4€ pour le délicieux curry de l’hôtel. Au niveau indice de développement humain, le pays est classé 139ème sur 188 (devant le Laos, le Cambodge ou le Kenya tout de même).

Le pays est très religieux. La première personne qui me parle le matin est une fille qui me donne un papier des… témoins de Jéovah ! Ils sont décidément partout ceux-là ! 80% de la population serait catholique, contre 20% de musulmans. Une grande mosquée se trouve en face de l’auberge, et les églises sont très nombreuses un peu partout. C’est à peu près les seules choses que l’on peut apprécier niveau architecture dans les villes africaines, alors je ne me prive pas.

Lusaka et les élections présidentielles zambiennes

Je vois pourtant des panneaux pour la « piscine olympique », et je me prends à rêver de quelques longueurs sous le soleil… que nenni ! L’endroit est clairement à l’abandon depuis plusieurs années.

Lusaka et les élections présidentielles zambiennes
Lusaka et les élections présidentielles zambiennes

Je confirme donc une information que j’ai déjà relayée : les villes africaines sont loin d’être des paradis pour touriste. Pas grand-chose à signaler niveau architecture, le musée de Lusaka a vraiment mauvaise réputation (le petit futé écrit tout de même que « le musée est mal entretenu et son contenu rarement mis à jour »), et les jardins publics ne sont pas vraiment à la mode.

Mais ce qui me plaît à Lusaka passe par ma Couchsurfeuse américaine, Danielle. Elle connait très bien le pays et pour cause : ça fait deux ans qu’elle y habite. Elle est volontaire pour les Peace Corps, une sorte de coopération à l’américaine. Et elle m’emmène dans un endroit génial : une cuisine. Pas n’importe laquelle, celle d’Ami Zulu, la cuisinière en chef de l’ONG où Danielle bosse. Celle femme, la cinquantaine, est un peu ma grand-mère dans ses fourneaux. Je suis là pour apprendre à cuisiner avec elle, à la zambienne. Loin d’être un chef, je pensais surtout regarder, mais Ami Zulu en décide autrement. Elle me met une grande cuillère dans les mains, et me voici en train de touiller le nshima, le plat national. C’est de la farine de maïs cuite à l’eau et agglomérée en boule. On appelle ça ugali en Afrique de l’Est, pap en Afrique du Sud, et je pense bien que la polenta italienne fait partie de la même famille. Bref, pas besoin d’être Robuchon pour réussir le nshima…pourtant, c’est toute l’ONG qui vient me féliciter pour ma réalisation !

Attention, on ne rigole pas avec le nshima, et Ami Zulu affirme à Danielle que si elle ne sait pas cuisiner le nshima, elle ne trouvera pas de mari ! Danielle est forcément très déçue (je pense toutefois qu’elle s’en est remise depuis !). Elle se console en cuisinant de l’ifisashi, composé d’arachides et de feuilles de citrouilles. Quant aux petits poissons dans mon assiette ce sont des kapentas, des petites sardines originaires du lac Tanganyika. Ça donne envie, non ?

Lusaka et les élections présidentielles zambiennes

Ce qui vous donnera moins envie, ce sont sont les chenilles grillées. Personnellement, j’ai moyennement apprécié (très caoutchouteux !)

Lusaka et les élections présidentielles zambiennes

Les élections ont lieu jeudi, et je dois aller chercher mon ticket de bus pour le lendemain. Je me retrouve alors dans une Lusaka fantôme, avec très peu de circulation, et l’ensemble des magasins fermés. Même les petits commerçants des rues. Assez impressionnant. Les Zambiens ont beau me répéter que tout va bien se passer, on sent tout de même qu’ils ne sont pas aussi sereins qu’ils l’affirment. La commission électorale est protégée par des dizaines de militaires, et la route habituelle doit être contournée. Pourtant, le scrutin se déroule plutôt bien un peu partout dans le pays. Les résultats vont mettre plus de 3 jours à arriver, et le président sortant est élu au premier tour, avec un peu plus de 50% des suffrages exprimés. L’opposition conteste toutefois le résultat devant la cour constitutionnelle à l’aide d’une pétition. De mon côté, j’ai fait le tour de la ville. Direction le nord et 14 heures de bus !

Partager cet article
Repost0
30 août 2016 2 30 /08 /août /2016 10:02

Emirates ayant choisi d’être le ticket le moins cher pour la Zambie, me voici à Dubaï le temps d’une escale de 9h… Hum. Que faire pendant 9h d’escale ? D’ordinaire, je me serais sûrement retrouvé caché entre deux rangs de sièges, la bouche entrouverte, rêvant à mon lit douillet. Mais Dubaï ne nécessitant pas de visa, je me dis que c’est le moment de voir à quoi ressemblent les Emirats Arabes Unis ! J’en profite pour faire tamponner pour la première fois mon nouveau passeport (l’ancien n’ayant plus de page disponible… oui, je me la pète ! mais c’est tout de même un beau symbole d’une jeunesse réussie !). Et je prends un taxi pour 5 euros (enfin, en dirhams), direction le centre-ville.

Des tours. Des tours. Des tours. Voilà à quoi ressemble Dubaï. La nuit, quand elles sont éclairées, ça donne une vision sympa.

Dubaï by night
Dubaï by night

Il n’empêche, un drôle de sentiment se dégage rapidement : être à Disneyland. Cet ensemble de bâtiments semble irréel. Il y a plein de couleurs. Avec la musique du monde des poupées, on s’y croirait sans doute. Il est loin le temps de la ville des pêcheurs de perles de la fin du XIXème. 1 000 habitants en 1800, 2 millions aujourd'hui ! Dubaï s’est développé à très grande vitesse, et j’ai l’impression que l’artificialité des îles rejaillit sur l’ensemble de la ville. Il est deux heures du matin, il fait au moins 35 degrés, et je croise seulement des balayeurs venus du sous-continent indien. Sensation bizarre.

Mon objectif de la nuit est le Burj Khalifa. Depuis 2009, elle est la tour la plus haute du monde : 828 mètres ! Forcément, ça donne le torticolis. Et j’ai beau réfléchir et me déplacer cinquante fois : impossible de l’avoir en entier sur une photo !

Dubaï by night

Difficile également de montrer cette hauteur impressionnante. A quoi correspondent 828 mètres ? 2 tours Eiffel et demi. Pour mieux comprendre, je vous mets une photo de la tour avec les autres qui, en comparaison, ressemblent à de vulgaires cabanons en bois (c’est pourtant les tours que vous voyez sur les deux premières photos !)

Dubaï by night

La ville veut être la destination du luxe par excellence. Clairement, c’est sans aucun doute ce qui me correspond le moins au monde. Je suis venu. J’ai vu. Je ne reviendrai plus.

Partager cet article
Repost0
28 juillet 2016 4 28 /07 /juillet /2016 13:23

Cinq ans plus tard, me revoici dans la capitale britannique, arpentant des rues bien connues puisque tant de fois empruntées à une époque erasmussienne. Londinium, son agglo de 11 millions d’individus, ses 28 millions de touristes par an. Et moi, arrivé dans mon petit bus Eurolines à la gare de Victoria. Quatre jours pleins pour voir et revoir les charmes de la perfide. Car oui, Londres est cool. Voici les trois raisons principales :

- des musées gratuits

La National Gallery, l’un de mes musées préférés. Surplombant Trafalgar Square, où trône le grand Nelson, le musée propose quelques tableaux incroyables (les Ambassadeurs d’Holbein, les quatre âges de l’homme de Valentin de Boulogne) et d’autres ultra-connus (les Tournesols de Van Gogh, 19 Monet…). Or, quel est le prix de l’entrée ? 0. Enfin, le musée nous propose de l’aider, avec des troncs postés dans des endroits stratégiques. Le prix est le même au British Museum ou au Tate… Génial.

J’en ai profité pour découvrir le musée d’histoire naturelle (dont l’entrée fait très église !), peut-être moins impressionnant qu’à New York, mais qui vaut le détour.

Londres, I’m back

- des parcs gigantesques

Londres est verte. Bon, attention, ce n’est pas un parc naturel ! Il y a des voitures, des métros, du bruit etc. un peu partout en ville. Mais, contrairement à Paris, l’extrême centre-ville est vraiment fourni en parcs : Green Park, Saint-James Park, Hyde Park, Regent’s Park, les jardins de Kensington (avec son palais, où résident William, Kate et leurs charmants bambins….vive la République ! pardon, un réflexe).

Londres, I’m back

En vérité, il faut remercier la couronne pour ces parcs et pour cause : ce sont des parcs royaux ! A la base, ils étaient souvent des anciennes réserves de chasse de la famille royale, et aujourd’hui ils sont mis à la disposition du public grâce au bon vouloir de la monarchie (car ils appartiennent toujours en propre à la reine !). Sympa hein ! 22km² de parcs royaux sont donc présents dans le Grand Londres.

Je me suis dirigé vers Greenwich, l’un des parcs que je n’avais jamais vu… grave erreur ! C’est sans doute l’un des plus beaux ! Il est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco pour abriter l’observatoire royal : le point de départ du méridien le plus célèbre !

Londres, I’m back

La vue en haut du parc est époustouflante : on peut y voir le tout Londres ! Enfin presque ! De la City au quartier d’affaire de Canary Wharf jusqu’à l’O² Arena. La vue plongeante permet d’observer le parc, avec au fond, au centre, le musée maritime (installé dans la maison de la reine…puisqu’on vous dit qu’elle est sympa !) Juste derrière, un ensemble architectural impressionnant, l’Old Royal Naval College, aujourd’hui aux mains de l’université de Greenwich.

Londres, I’m back
Londres, I’m back
Londres, I’m back
Londres, I’m back

- une ville qui bouge

Là, une nouvelle fois, je vais comparer à Paris. Non, Paris n’est pas mort. Mais ce n’est clairement pas la ville de la fête en Europe. Londres, par contre, a une belle réputation en la matière. Mais je ne veux pas simplement parler des soirées ou boîtes de nuit. Londres vit et bouge dans son architecture. J’ai refait ma traditionnelle marche le long de la Tamise (connue de tous ceux qui sont venus me voir à l’époque). Et j’ai été surpris par le rythme des constructions ! De grandes tours ont surgi en cinq années ! J’ai notamment découvert le « talkie-walkie », surnom du 20 Fenchurch Street, terminé en 2014. Cette tour est géniale car…on peut aller au dernier étage gratuitement pour profiter de la vue ! Il faut réserver à l’avance, mais le Sky Garden vaut clairement le détour.

Bon, cette tour est également source de sacrées polémiques… (aspect visuel pour la tour de Londres, réfléchissement des vitres qui permet de faire cuire un œuf au sol dans les rues environnantes (la température peut atteindre 90°C !)). Mais pour le touriste que j’étais, elle est pratique (et cela manquait à la capitale britannique).

Londres, I’m back
Londres, I’m back
Londres, I’m back

J’ai également eu la chance d’assister au BBC Proms, festival de musique classique, à l’intérieur du Royal Albert Hall…. Outch ! Ouf ! Argh ! Oui, c’est un peu mon résumé de cette salle de concert mythique, qui peut encore réunir 5 500 spectateurs (8 000 à la base). Je pense que c’est la plus belle salle que j’ai vue dans ma vie. Le concert débute avec la toccata et fugue de Bach, sur le deuxième plus grand orgue d’Angleterre… Au niveau du son, ça envoie ! Puis l’orchestre prend le relais, avec une présentation très show à l’américaine. Une centaine d’enfants font les chœurs. La Valkyrie. Bizet…. C’était selon le Daily Telegraph le meilleur prom de l’année. Pour 12 pounds. Merci !

Londres, I’m back
Londres, I’m back

Bon, Londres reste une grande ville, et je refuserais quand même d’y habiter pour 4 000 euros par mois… beaucoup trop de monde !! Les touristes étaient partout (une queue incroyable pour le musée d’histoire naturelle, Greenwich, et surtout à Camden Town, soi-disant haut-lieu punk et altermondialiste, mais qui pue l’arnaque touristique). La qualité de vie reste moyenne, le métro coûte un bras (et tu y perds une heure de vie par jour), la bouffe est loin d’être extra et la pollution est impressionnante pour le campagnard que je suis (mon nez était en sang chaque soir). Mais pour visiter, surtout quand on habite dans le Nord (bus aller-retour Lille-Londres pour 40€…), ça serait dommage de se priver !

Partager cet article
Repost0
20 juillet 2016 3 20 /07 /juillet /2016 21:52

Je dois admettre que ces vieilles cartes postales de Saint-Omer me passionnent. Une nouvelle livraison m’est parvenue récemment, et je replonge donc dans la correspondance de mes aîné-e-s au début des années 1900, avec une ville qui a souvent bien changé…

Saint-Omer, à l’ancienne (2)
Saint-Omer, à l’ancienne (2)

La place Victor-Hugo Cette carte est datée du 1er juillet 1910. Elle est envoyée par Eulalie Guilbert à Edmond Beaurain, domicilié à Mitry-Claye (Seine et Marne), pour un « Bonjour amical, Mes meilleurs vœux ». On peut remarquer le peu d’évolution dans l’architecture de la petite place audomaroise (hormis les deux grands arbres). Aujourd’hui immense parking, elle est simplement empruntée par deux chevaux et un charretier sur la carte.

Saint-Omer, à l’ancienne (2)
Saint-Omer, à l’ancienne (2)

Le marché aux poissons. Là, nous sommes aujourd'hui sur la place Pierre Bonhomme, au sortir de la Grand’ Place. La différence est importante, puisque la halle aux poissons a disparu (et même le nom de la place a changé). Construite en 1884, elle est détruite en 1945. Les maisons à l'arrière sont par contre restées très similaires. J’aime beaucoup cette carte pour le public présent : travailleuses avec des espèces de grands seaux ou paniers, hommes souriants à l’arrière (notamment celui avec son chapeau), femmes aux longues robes…

Saint-Omer, à l’ancienne (2)
Saint-Omer, à l’ancienne (2)

La place Sainte-Marguerite. Si, si, j’vous jure, c’est le même endroit ! Pas évident à première vue, je le reconnais. La carte est datée du 3 septembre 1907. La place Sainte-Marguerite tire son nom de l’église éponyme. Je la connaissais pour une raison : dans mes recherches généalogiques, je me suis retrouvé avec un acte de naissance de Saint-Omer (Sainte-Marguerite), qui est l’une des six paroisses de la ville. Bref, cette église est détruite à la révolution française. Mais la place garde son nom… jusqu’à Alexandre Ribot (c’est le nom de la place aujourd’hui). Aujourd’hui, la poste de Saint-Omer trône au milieu de la place. La seule similitude tient au bâtiment à l’arrière de la poste, qui est le même que celui derrière le kiosque : l’école Jules Ferry. La place fait clairement plus bucolique en 1907, avec le kiosque et les arbres. Trois hommes semblent d'ailleurs tranquillement profiter du lieu. 


La carte est envoyée par Eulalie Guilbert à Edmond Beaurain. Au-delà du message, assez classique ("Sincères amitiés et meilleurs souhaits"), c'est le lieu de destination qui est intéressant, car Edmond Beaurain est domicilié à cette période à Champigny : Pivot d'armes, 4ème escadron, 19ème chasseurs !

Saint-Omer, à l’ancienne (2)
Saint-Omer, à l’ancienne (2)

Le monument de Jacqueline Robins. Pour cette première carte postale en format portrait, c’est un peu le jeu des 7 différences ! Et pour cause, le monument de Jacqueline Robins a été remplacé par celui d’Alexandre Ribot (toujours dans les bons coups !) sur la place du Vainquai (en face du Bretagne). La tour de l’abbaye Saint-Bertin s’écroule quant à elle en 1947, ce qui fait qu’aujourd’hui, en plus de la végétation beaucoup plus fournie, on ne puisse plus rien observer en arrière-plan.

Mais qui est cette Jacqueline Robins ? Là, c’est une histoire un peu folle. Cette veuve serait une batelière qui réussit à sauver la ville d’un siège en 1710, au péril de sa vie (elle navigue jusque Dunkerque, et ramène du ravitaillement). La statue est inaugurée en 1884. Le problème, c’est qu’en 1710 la ville n’est pas assiégée… et toute l’histoire semble peu à peu ressembler à une légende ! Au-delà de la véracité des faits, cette statue est bien présente en août 1908, datation de la carte ! Elle est ensuite déplacée place de la Ghière en 1936 avant d’être fondue par les Allemands en 1942 !

Cette carte est destinée à la famille Sergent-Guilbert à Muncq-Nieurlet, par Ruminghem : « Chers parents. Veuillez, je vous prie, me renvoyer mes souliers, par Marie Hermant samedi sans faute car si je continue de mettre mes bottines, je vais avoir fait vite [je pense qu’elle a oublié un mot]. Donc samedi j’irai voir si elle les a et je vous écrirai pour vous dire. A samedi. ». Tout ça, c’est écrit normalement. Et puis la carte part dans tous les sens, c’est écrit en vertical « Bonne santé ». Et à l’envers (!) : « Nous sommes rentrés à bon port et vous autres. Des compliments à tous. Mes baisers à Germaine. Votre fille et soeur dévouée. E. G. »

Saint-Omer, à l’ancienne (2)
Saint-Omer, à l’ancienne (2)

La dernière, avec Saint-Omer aviation (!), les ruines de l’abbaye Saint-Bertin et le quai du Commerce. Cette carte est datée du 1er août 1910, elle est adressée à Mr et et Mme Beaurain, cantonnier au chemin de fer par la famille Guilbert-Sergent : « Bien le bonjour ». Oui, c’est ce qu’on appelle un roman !

L’architecture du quai du commerce n’a pas évolué. On peut remarquer plusieurs péniches accostées (il y en a une autre aujourd’hui, accostée un peu plus loin, mais c’est…différent !)

Voilà pour les cartes postales audomaroises en ma possession. J'en ai un bon paquet d'autres endroits, je fais le tri et je reviens vite !

Partager cet article
Repost0
21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 13:53

Une boîte métallique chez une personne âgée contient souvent 1000 trésors. Par deux fois, très récemment, j'ai pu découvrir cela. Aujourd'hui, c'est grâce à de vieilles cartes postales que je vous emmène dans un périple historique, à travers Saint-Omer.

Saint-Omer, à l’ancienne
Saint-Omer, à l’ancienne

La fameuse rue de Dunkerque, l'artère commerciale historique de la ville. Ce qui est amusant sur cette carte, c'est que la rue est à l'arrêt : tout le monde regarde le photographe.
Cette carte est datée du 2 novembre 1907, c’est-à-dire la veille de la naissance de mon arrière-grand-mère, Léa Sergent. C’est sa tante Eulalie qui écrit à sa sœur Elodie Sergent, enceinte : « Affectueux baisers de loin. Eulalie ».

Saint-Omer, à l’ancienne
Saint-Omer, à l’ancienne

Le boulevard de Strasbourg. On peut remarquer au centre un cheval tirant une charrette. Une deuxième est visible en arrière-plan, tandis qu’un homme est sur son vélo. Le Grand Garage Audomarois fait le coin avec la rue de Calais. Les couvre-chefs sont une institution.

Cette carte est datée du 24 août 1910. Elle est envoyée par un certain R. S. (Sergent ?) à Mr Sergent Guilbert. « Envoyer linge aujourd’hui mercredi. Bonjour. »

Saint-Omer, à l’ancienne
Saint-Omer, à l’ancienne

La caserne de la Barre, loin d'être un parking ! Cette carte est datée du 17 septembre 1929. Elle est envoyée par un certain Boyaval Guillemant. « Chers cousin et cousine. De la part de Louis, je vous envoie deux mots, il vous attend à la ducasse, et François pourra venir avec son fusil pour tuer du gibier. Bien le bonjour à tous ».

Saint-Omer, à l’ancienne
Saint-Omer, à l’ancienne

La Caserne de Bueil (écrit Rueil sur cette carte). Aujourd’hui, c’est localisé dans la rue Carnot (pour ce qui est l'un des bâtiments les plus horribles de Saint-Omer, le jaune et le vert pomme n'aidant pas !). Sur la droite, on peut lire l'inscription "buvette militaire". Cette carte est datée du 17 janvier 1906. Elle est envoyée par Eulalie à mon arrière-arrière-grand-mère, Elodie Sergent : « Chère sœur. Sois assez bonne de venir au devant de moi demain jeudi, car je vais être très chargée. Ne viens pas plus loin que le pont de Recques. Je descendrai là pour ne pas perdre de temps et je partirai de suite. Viens pour être là vers onze heures s.t.p. Ta sœur qui t’aime ».

Saint-Omer, à l’ancienne
Saint-Omer, à l’ancienne

Le faubourg de Lysel. Cet endroit a été asséché depuis (c'est la rue Saint-Martin, juste après le pont de la gare, en allant vers Clairmarais) Cette carte est datée du 4 janvier 1909. « Bonne et heure année. Reniez-Soupé ». Elle est destinée à Mr et Mme Sergent Guilbert et Mme veuve Guilbert, à Muncq Nieurlet, par Ruminghem.

On peut remarquer le prix du timbre : 5 centimes !

Saint-Omer, à l’ancienne

L’arsenal et l’hopital militaire. Cette carte est datée du 12 décembre 1908. « Remerciement. Votre amie. S C ». Elle est destinée à Elodie Guilbert.

Saint-Omer, à l’ancienne

Le jardin public. Elle est datée du 1er février 1906. « Chère sœur, j’arriverai samedi soir au train de 4 heures, dis à maman qu’elle repasse par chez toi, j’irai là. Peut-être que Monsieur Delattre vient samedi, s’il ne part pas trop tard je retournerai peut-être avec lui en voiture, mais je monterai chez toi tout de même. Mes baisers à Germaine. Ta sœur qui t’aime. Eulalie. »

Ce n’est pas une photo mais un dessin. On remarque les ombrelles utilisées par les femmes pour se protéger du soleil. Tout le monde porte des longs habits.

Saint-Omer, à l’ancienne

La gare, sur une carte datée du 14 mars 1906.  La gare de Saint-Omer est facilement reconnaissable, de par sa forme. Elle est inaugurée deux ans plus tôt, en 1904 (sur le fronton actuel, on peut lire 1903). Deux différences avec le bâtiment actuel : sur le toit, un clocheton trone. Il n’existe plus aujourd’hui. Sur le fronton, on peut lire « chemin de fer du Nord ». L’inscription a également disparu aujourd’hui.

Sur la place, on peut remarquer plusieurs calèches à droite et à gauche, et une au centre : celle-ci porte l’inscription « Grand hôtel de France ». Je présume que l’hôtel vient chercher à la gare ses clients. Les longues robes des femmes.

« Chère sœur. Les carottes seront à Recques jeudi soir, monsieur allant demain à Leulinghem, va les mettre là où monsieur Delattre doit les prendre demain, donc tu peux aller à Recques vendredi matin. Mon retour a bien été. Peut-être à D. ou une lettre ( ?) ; des compliments à tous. Mille baisers à Germaine. Ta sœur qui t’aime. Bonne santé. Eulalie ».

Si le sujet vous intéresse, un site est consacré aux vieilles cartes postales de Saint-Omer (la base de données a 366 cartes postales !) http://www.cpa-saint-omer.fr/cartes-recherche.html

Partager cet article
Repost0
16 juin 2016 4 16 /06 /juin /2016 17:07

« Mais, qu’est-ce que tu vas faire après ta thèse ? ». Si tu fais un doctorat, tu devras répondre à cette question environ 437 fois! (elle vient en tête, suivie de très près par « c’est quoi ton sujet au fait ? » et « mais à quoi ça sert un doctorat ? »). Bon, j’ai un problème : j’ai changé de discours environ 436 fois. Et alors que la fin de ma thèse approche à grands pas (je dirais même plus : au grand galop), il me faut un peu anticiper. Gouverner, c’est prévoir. Juillet, c’est relecture. Septembre, c’est le dépôt. Novembre, c’est la soutenance. Et puis ?

 

Deux plans. Tout d’abord le plan A. Comme Adulte. Septembre, je me mets en remplaçant en professeur d’histoire dans l’académie de Lille. J’ai toujours eu envie d’enseigner au collège ou en lycée. Là, une remarque que j’ai déjà entendue 53 fois : « mais pourquoi ne pas enseigner à l’université ? ». Deux raisons : les postes, qui sont beaucoup (beaucoup) plus nombreux dans le secondaire. Et surtout cette envie d’enseigner à des adolescents. Beaucoup pensent que je suis fou (c’est le cas), que je serais bien plus tranquille à l’université etc. Mais ce n’est pas mon envie du moment. Je ne veux pas être tranquille (pas avant la retraite en tout cas). Et je veux me confronter à cette expérience du collège ou du lycée.

« Oui, mais après ? » Après, si ça me plaît, je peux passer les concours. Je peux regarder d’un peu plus près les lycées français de l’étranger. En vérité, après, ça me paraît trop loin. Il y a trop d’étapes avant ça. Surtout qu’il y a le plan F.

 

Le plan F. Comme Folie.

Tic. Tac. Tic. Tac. Tic. Tac. Voilà comment avancent les secondes avant mes 30 ans. Certains pensent que c’est un cap. Que c’est vraiment là où l’on peut se dire adulte. Ils n’ont pas forcément tort. Mais j’ai une autre définition d’adulte, et je m’y tiens depuis plusieurs années, persuadé que c’est la bonne : on devient un adulte le jour où l’on travaille (pour de vrai). C’est la fin des études qui vous fait tomber dans cette catégorie. Car travail dit salaire, appelle appartement, demande déclaration de revenus etc. Aujourd’hui, ma vie n’est pas celle d’un adulte, malgré mes 29 ans sur ma tête (oui, oui). Je reste un étudiant. Pas en première année de licence, certes, mais sans salaire, sans appartement, et avec une déclaration de revenus qui s’effectue en deux minutes montre en main.

La fin de ma thèse m’oblige forcément à rencontrer ce mur, cette barrière, cette porte (attendez, je cherche une métaphore correcte). Ce toboggan ! Oui, c’est ça. La fin de la thèse peut me faire entrer dans un toboggan, celui du travail. Une fois dedans, ça glisse, parfois très vite, jusqu’à la fin. Oui, je sais, ma vision du travail est un peu subjective, mais c’est l’impression qui m’est renvoyée par ceux qui m’entourent. Trouver un travail, c’est devenir un adulte. Et j’ai l’impression qu’il n’y a pas vraiment de marche arrière. Surtout à 30 ans.

Tic. Tac. Tic. Tac. Or, je remarque un autre toboggan, juste à côté. Un toboggan très différent, plus incertain, très sombre. Je ne vois pas vraiment ce qui s’y cache, mais il a clairement un look un peu plus sexy. A l’intérieur, il peut y avoir du travail, mais il y a aussi du voyage, des rencontres, un exil. C’est sans aucun doute un toboggan qui me fait glisser sur un autre continent, pas encore arpenté. Il n’empêchera pas de revenir sur le toboggan travail dans quelques mois ou années, car celui-là, il ne bouge pas. Il restera là, bien ancré sur ses fondations. L’autre, par contre, est un toboggan éphémère. La porte est ouverte à la fin de ma thèse. C’est peut-être la dernière fois.

Devenir un adulte, c’est une question de choix. De volonté. Je peux franchir le pas. Une partie de moi en a envie, parfois. Travail. Famille. (non, non, pas patrie). Ami-e-s. Et je suis sûr que je rencontrerai des grands moments de bonheur si je me mets à glisser là-dessus. Mais une autre partie de moi fait l’éloge de la folie. Du Carpe Diem. Me rappelle le temps qui passe. Ceux qui partent avec des regrets. Ceux qui l’auraient vécu différemment. Une vie. Une seule.

Alors je regarde un carte du monde, comme je l’ai fait tant de fois. Tic. Tac.

Devenir un adulte
Partager cet article
Repost0