12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 12:15

C’est un mot que je ne connaissais pas il y a peu. Un terme qui m’a été collé au visage, sur ma façon de vivre. Un nom commun qui me plaît bien, et qui correspond certainement à ma période 25-35 ans.

Oui, car de 15 à 20 ans j’étais un adolescent. Un peu con, comme tous ! Puis, de 20 à 25 ans je préférais le terme « jeune ». Jeune et con, comme Saez. Aujourd’hui, surtout après 30 ans, je ne peux plus vraiment dire « jeune ». Je viens de citer Saez, et je vais évoquer Loft Story dans quelques lignes… clairement je suis loin des références actuelles ! C’est fini. Par contre, adulescent, c’est différent, c’est une phase assez longue qui mélange plusieurs aspects :

- j’ai travaillé. A savoir j’ai gagné ma vie, j’ai payé des loyers et j’ai fait les papiers pour les impôts. Là, c’est clair, je ne suis plus le jeune qui était à la fac.

- je continue de sortir, et d’aller faire la fête en boîte de nuit jusqu’à la fermeture. Deux fois dans le week-end est encore possible. Là, c’est clair, je ne suis pas encore un vrai adulte.

Car être adulte, dans ma définition, c’est être posé. C’est avoir un travail fixe, un prêt pour une maison (ou au moins avoir acheté un appartement), sa voiture (quoique notre génération, dans les grandes villes, peut s’en passer). Et penser mariage. Ou avoir un enfant. Là, clairement, à partir de là, vous n’êtes plus adolescents ou « jeunes », puisque vous avez vous-même des jeunes à surveiller !

De mon côté, je n’en suis pas encore là. Je pense même que je n’ai jamais été un adulte. La Guyane était une parenthèse enchantée, mais elle a une grande spécificité : c’est un lieu de fête où beaucoup d’adulescents se retrouvent. « Ils sont jeunes, ils ont entre 25 et 35 ans, c’est souvent leur première expérience professionnelle, ils découvrent le salaire chaque mois, et ils veulent en profiter (voyages, sorties) ». Oui, ça ressemble à l’introduction de Loft Story.

Sauf que, depuis je suis rentré, j’ai gardé ce côté adulescent. Pire, je retombe peu à peu vers l’adolescence, la vraie ! Pensez : je peux me réveiller à 12h30, jouer à un jeu sur mon PC et manger des biscuits tout l’après-midi, et ainsi vivre ma semaine en pensant au football que je vais jouer le mercredi et regarder les autres jours.

Bon, là vous vous dîtes surtout que je suis surtout une sacrée feignasse ! (jealousy !) Peut-être, mais c’est un état que j’assume aussi. Je sais, au fond de moi, que c’est bientôt la fin de cette parenthèse, que septembre signifie une autre vie, un retour au monde du travail, et peut-être le début de ma vie d’adulte.
Hum. Attendez. Je vais d'abord aller chercher quelques biscuits. Et on fait quoi vendredi et samedi soir ?

14 ans plus tard, toujours des Kakernesches !

14 ans plus tard, toujours des Kakernesches !

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5 février 2020 3 05 /02 /février /2020 15:08

Pourquoi se faire débaptiser ? D'ailleurs, pourquoi suis-je baptisé ? Pour qui ? Et finalement, c'est quoi le baptême ? Car, au moment de commencer cet article, je pars avec beaucoup de questions, et les réponses se bousculent, un peu dans tous les sens. Je présume que je ne suis pas le seul concerné par ces questions, même si j'ai parfois tendance à pousser mes réflexions un peu plus loin que d'autres sur cette thématique.  

Mon baptême ? Forcément, je ne me souviens plus. Car le baptême est, pour moi, une arnaque. Un choix fait par les adultes, sur toute ta vie. Un choix parmi d'autres ? Non, c'est le choix ultime, si tu crois vraiment. Le baptême devrait être réalisé à un âge légal, comme le mariage ou le droit de vote. On parle quand même d’une union avec Dieu, avec une Eglise, une Institution, une communauté. La religion chrétienne, catholique dans mon cas, appelle au baptême des bébés. C'est une technique marketing implacable : impossible de refuser. Tenez, j'en ai vu des bébés pleurer, à chaudes larmes, alors qu'un chauve leur versait de l’eau froide sur la tête… rien à faire, ce n'est pas considéré comme un refus ! Et ensuite, pour le restant de tes jours, te voici entré dans l'Eglise.

Ah ! l'Eglise ! Il y a tant à dire que je devrais écrire un livre (oui, je devrais, mais pas sur ça !). Car je suis beaucoup allé dans les églises. D'abord à mon insu, parce qu'emmené par mes parents, puis en râlant, parce qu'il fait froid et qu'on s’ennuie, et ensuite pour mon plaisir, pour voir ce que les hommes sont capables de construire en ayant foi. C'est beau une église, c'est fou, c'est un projet incroyable que de construire des bâtiments pendant des siècles. Et je pense que je continuerai à visiter des églises. Par contre, il y a l'Eglise, avec le grand E, l'institution. Le Vatican dans mon cas. Le pape, les archevêques, les évêques, les prêtres… de ceux qui rendent présents le Christ parmi nous. Non, je ne ferai pas la liste de tous les griefs que j’ai contre l'institution, de toutes les affaires concernant la pédophilie (si c'était une autre église, on l'appellerait secte et elle serait désormais interdite), les scandales financiers ou le rôle des femmes (« ton mari dominera sur toi » d'après Dieu…). L'Eglise est machiste, l'Eglise a un rôle historique dans la colonisation, les croisades, et le racisme. Elle a délibérément souhaité l’ignorance. Ca, c'est pour mon point de vue historique.

Et, aujourd'hui, elle parle en mon nom. Aujourd'hui, le pape, qui n'est pas le pire de l’histoire, s'exprime en mon nom. Lorsqu'il conseille aux parents d’un enfant homosexuel d’aller chercher des soins psychiatriques, il le fait aussi en mon nom. Lorsqu'il refuse le préservatif, comme l’Institution, il le fait en mon nom. Lorsqu'il compare l’IVG à du nazisme. Et ça, clairement, ça m'emmerde. Pourquoi me faire débaptiser ? Pour ne plus faire partie de cette Institution. Est-ce que ça signifie que je ne crois pas en Dieu ? Ce n'est même pas le débat.

 

Mais c'est un autre débat. Croire en Dieu. Croire en Jésus-Christ. Croire à la Bible. On ne pourra pas dire que je n'ai pas fait d’efforts : j'ai lu la moitié de l'Ancien Testament, j'ai lu les Evangiles… non, même pas lu, étudié ! Vraiment, j'y ai mis de la concentration, de la réflexion. Et non, je ne crois pas au Livre. Pour moi, la Bible est un texte dangereux. Car pouvant être très facilement instrumentalisé. Car regorgeant de violences, d’appels à la violence, au meurtre de masse. Je passe les passages loufoques (ah la punition des hémorroïdes…) pour me concentrer sur Dieu, expliquant à Moïse que « celui qui sacrifie à d'autres Dieux que l’Eternel seul, sera voué à l'Extermination ». Ou Jésus, déclarant être « venu apporter un feu sur la terre… Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais la division ». Dans ces conditions, moi, me considérant comme un homme de paix, je ne peux pas croire aux textes sacrés. Et je ne crois pas non plus aux miracles, ou à la résurrection. Difficile de rester baptisé dans ces conditions supplémentaires.

Pour Dieu ? Hum. Je reste agnostique, je ne dis pas que Dieu, ou une forme supérieure, n’existe pas. Rien ne peut le prouver. A partir de là, tout est possible. Je suis dubitatif. J'attends de voir, sans espoir. Prêt à débattre en tout cas. Sûr qu'il ou elle ne m'en voudra pas.

 

Alors, finalement, pourquoi être baptisé ? En fait, c'est plutôt pour qui. Car cette décision est celle de mes parents. Bon, ils ont aujourd'hui l'habitude de me voir partir sur des chemins que peu empruntent, sûr que cet article ne doit pas les surprendre. Je leur ai déjà évoqué ce thème et, pour eux, le baptême n'était pas une décision religieuse : ils ne sont pas ultra-catholiques et ne vont pas à la messe tous les dimanches. C'était comme ça. Tous les enfants étaient baptisés, alors nous aussi. C'était normal. C'est la tradition.

Je n'aime pas les traditions. Vraiment. Comme je n'aime pas Noël, le principe de dire « bonne année et bonne santé », recevoir des cadeaux à mon anniversaire… des traditions sans le fond. Pas besoin d’attendre Noël pour faire un cadeau qui vient du cœur, pas besoin d'attendre le 1er janvier pour souhaiter une belle journée à quelqu'un, pas besoin de recevoir des cadeaux pour le principe de recevoir des cadeaux. Et pas besoin d'être baptisé pour essayer de faire le bien.

Car je crois en l'humanité. Et j'essaie, pas toujours bien, de l'améliorer. D'avoir un meilleur monde autour de moi. Pas que pour les humains d'ailleurs, c'est ce qu’on peut reprocher à l'humanisme, mais aussi pour les animaux, et la planète que l'on pollue. Je ne mets pas forcément l'humain au centre, comme l'Eglise mettait un (long) temps la Terre au centre du système. J'essaie de réfléchir pour mettre en place du progrès.

 

Ce n'est pas en faisant partie de l’Eglise que je compte y arriver. Elle a beaucoup, beaucoup,  beaucoup de réformes à faire. Cela ne change pas le fait que j'ai été baptisé un jour et que ce moment a eu lieu. Cela ne signifie pas que je ne respecte plus votre choix d'être croyant et baptisé. Je porte toujours des symboles religieux autour du cou pour me rappeler que je dois défendre ce droit de croire et d'exprimer sa religion. Et je suis sûr que je débattrai encore très prochainement de religion (surtout après cet article !) et de croyance. La thématique est passionnante, on causera du sens de la vie, ou de la mort.

 

Reste maintenant l'étape suivante : comment se fait-on débaptiser ? Cela passe par une lettre directement au diocèse (d’Arras pour moi). D'après les infos en ma possession, il faut écrire cette lettre à la main, en expliquant avoir bien conscience de faire acte d'apostasie, en précisant agir « librement, sans contrainte et en connaissance de cause » et en fournissant une photocopie recto-verso de ma carte d’identité. Le tout en demandant une confirmation écrite ou un double de mon acte de baptême modifié.

Bon, ça ''a pas l'air très compliqué. Cela écrit, je n’ai pas de photocopieuse sur moi, du coup ma demande attendra un petit peu. Et, peut-être que si les cornes du diable me poussent cette nuit sur mon front je réfléchirai à nouveau à ma décision. Ou si je reçois un hémorroïde d'or des Philistins... Inch'Allah. 

https://www.telerama.fr/television/votre-soiree-tv-du-6-janvier-des-hommes-et-des-dieux,-invictus,-apollo13,n6077358.php

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29 janvier 2020 3 29 /01 /janvier /2020 13:06

Après être bien remonté dans le passé de la région et des grandes familles de Tilques, me voici arrivé au XXème siècle. Et la région va prendre les deux conflits mondiaux en pleine face... forcément le village se retrouve confronté à la guerre. Même avant la guerre !

 

Car Tilques est une zone de Manoeuvre1, c'est à dire un champ de tir ! Connaissez-vous le tir à canon ?! C'est le surnom d'une petite côte à côté de chez moi, qui fait bien plaisir quand tu la grimpes à vélo ! D'où vient ce surnom... ? Je pense bien que c'est de ces manœuvres ! Car, de manière régulière, le village reçoit des lettres du génie, ainsi le 1er corps d'armée prévient de manœuvres dans le village du 1er au 15 mai 1905, de 11 heures à 2 heures, avec des tirs de carabine modèle 1890 dans un secteur défini, de Moulle à Zudausques, jusqu'à Tatinghem, en « longeant les maisons de Tilques situées au Sud-Ouest de la Route de Calais ». Interdiction d'y séjourner ou de laisser des bestiaux ! Pour le coup la manœuvre est bien expliquée (6 pages envoyées + la carte !), au maire de bien prévenir tout le monde.

En rouge, ça va péter !

En rouge, ça va péter !

Le 25 septembre, le maire reçoit une lettre du chef de bataillon : « j'ai l'honneur de vous prier de me faire savoir si un fusil modèle 1886 portant le numéro 33231 n'aurait pas été laissé dans votre commune au cours des derniers manoeuvres ». Tête en l'air le soldat français !

Des manœuvres ont lieu en 1906, en 1907... c'en est trop pour Victor Lebel qui fait des réclamations en raison de dégâts dans son champ ! Une commission d'évaluation de dégâts se présente alors au village pour examiner les réclamations. Et ça reprend en 1910, 1911, 1912, 1913, 1914... Cette dernière année ce sont 4 cultivateurs de la commune qui font état de dégâts (Abel Viniacourt, Arthur Huyart, Louis Bodart et Auguste Vermersch). Les manœuvres reprendront aussi en 1939 et 1940...

 

1ère guerre mondiale

 

Tilques est un lieu stratégique pour deux raisons :

- le village est à l'arrière du front, à côté de Saint-Omer. Or, cette ville accueille le quartier général britannique de 1914 à 1916.

- le champ de manœuvre, qui va pouvoir être utilisé par les soldats.

L’histoire de mon village : Tilques et la première guerre mondiale

De ce fait Tilques devient un lieu de cantonnement et d'entraînement utilisé par l'armée britannique. La 23ème division d'infanterie passe par Tilques lors de son arrivée en France, c'est dans le village qu'a lieu le rassemblement à la fin du mois d'août 1915. 2 On retrouve une lettre de la British Army Pay Office adressée au maire, lui offrant de payer 391,75 francs au motif du logement. Des soldats écossais sont présents en juillet 1915, avec la présence du quartier général de la quinzième division à Tilques les 13 et 14 juillet 1915, pour deux jours de repos après la traversée de la Manche.  3

En avril 1916 c'est la 34ème division britannique qui installe son quartier général à Tilques.  4

En juillet 1916, la 36ème division d'Ulster (Irlande du Nord) déménage sur le champ de manœuvre, avec son quartier général à Tilques. Au menu : des entraînements !  5

En août 1916, la deuxième division canadienne passe par Tilques pour partir vers la Somme (et selon le lieutenant colonel Arthur Jarvis ne sont pas aussi désireux de profiter de la présence britannique que les Flamands!). 6

En 1917 c'est l'office des plaintes (claims office) qui informe la mairie des terrains pris en location par l'armée dans la commune. 9 terrains sont loués (pas sûr que les propriétaires pouvaient refuser cependant), essentiellement des pâtures. C'est Ovide Dassonneville qui est le plus concerné avec un peu plus de 4 hectares.

Des manœuvres ont aussi lieu avec des soldats néo-zélandais, présents en avril 1917 pour un gros entraînement, avant de partir pour la bataille de Messines (juin 1917, en Flandre occidentale). 7

Ils sont aussitôt remplacés par des soldats écossais (51ème division d'infanterie (Highland)) qui s'entraînent entre le 9 et le 22 juin, dans une zone « parfaite pour le tir à courte et longue distance ».  8

Bref, des Anglais, des Irlandais, des Ecossais, des Canadiens, des Néo-Zélandais... c'est quasiment tout l'empire britannique qui passe par le village !

Là où c'est encore un peu plus fou, c'est l'arrivée de la 27ème division d'infanterie de... New York ! Oui, des Américains débarquent dans le village en juillet 1917 ! Les Etats-Unis sont entrés en guerre quelques mois auparavant et ils font partie des premiers soldats arrivés. Ils sont à Tilques pour s'entraîner (au pistolet et à la grenade, c'est souvent leur première fois avec ce genre d'armes), et croisent sur le lieu des Ecossais. Apparemment le village est bien entretenu : « Tilques proved to be the cleanest town we had seen in France ».  9 

"Ils sont beaux mes choux-fleurs!" Marché de Saint-Omer 1918. Imperial War Museum (c) IWM Q11074

"Ils sont beaux mes choux-fleurs!" Marché de Saint-Omer 1918. Imperial War Museum (c) IWM Q11074

Enfin on m'a parlé des Chinois... Oui, des Chinois, hébergés à Tilques, pendant la première guerre mondiale ! Là, vous vous demandez peut-être « mais que foutez des Chinois en Europe pendant la guerre ? », et c'est une bonne question ! On ne le sait pas toujours, mais le 14 août 1917 la Chine a déclaré la guerre à l'Allemagne ! Et l'armée britannique, toujours dans les bons coups, décide d'aller recruter des travailleurs chinois (95 000) pour aller bosser dans les usines du pays, mais aussi à l'arrière du front (on fait pareil côté français avec 44 000 travailleurs recrutés dans la baie de Canton, alors enclave française). Le Nord et le Pas-de-Calais comptent alors dix-sept camps chinois ! Audruicq, Calais, Ruminghem et donc... Saint-Omer (ils exploitent les forêts, réparent les voitures, font du déchargement etc.). Le boulot a l'air très compliqué, l'adaptation aussi, vu la taille des cimetières... Certains passent alors par Tilques et sont hébergés... j'ai même quelqu'un qui m'a dit que, tu m'aimais encore... euh, non, qui m'a dit qu'un camp de Chinois se trouvait en bas de la rue de la Croix (au niveau de l'impasse T) et ils ne passaient pas inaperçus, au point que leur présence continue d'être narrée aujourd'hui dans le village (alors que personne ne m'a parlé d'Américains ou de Néo-Zélandais... enfin, ça reste des Britishs, difficile peut-être de les différencier à l'époque!) Alors que les Chinois, on les reconnaît ! Ils ne sont pas toujours bien accueillis d'après mes lectures (ils sont généralement interdits de sortie dans les camps...) et en septembre 1919 le préfet du Pas-de-Calais demande que le département soit « délivré » de cette main d'oeuvre qui « terrorise » la population. Oui, on a toujours su accueillir les étrangers en France... même ceux qui sont venus pour aider !

Aucun lien avec le coronavirus n'a pu être établi
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Enfin (et surtout!), la première guerre mondiale emporte les hommes du village sur le front quand les femmes, les enfants et les vieillards attendent à l'arrière leur retour...32 noms sont aujourd'hui présents sur le monument aux morts.

L’histoire de mon village : Tilques et la première guerre mondiale

- Joseph Ducrocq (110e RI) décède le 12 octobre 1914 sur le champ de bataille à Pontavert (Aisne). Il était né le 23 juillet 1890 à Tilques et exerçait la profession d’ouvrier agricole.

- Abel Viniacourt (272e RI) décède le 1er janvier 1915 à l'hôpital militaire de Villeurbanne (Rhône) de dothiénentérie et gelures des deux pieds. Il était né le 11 juin 1885 à Tilques et exerçait la profession de cultivateur.

- Oscar Sailly (adjudant-chef 43e RI) décède le 24 février 1915 à la ferme de Beauséjour (Marne) par suite d'une balle à la tête. Il était né le 20 janvier 1880 à Tilques et exerçait officiellement la profession d’ouvrier agricole. Dans les faits c’est un soldat de métier : il fait son service militaire de 3 ans à partir de 1901 et se réengage pendant dix ans, ce qui explique son rang d’adjudant-chef.

- Désiré Chaput (18e bataillons de chasseurs à pied) décède le 3 mars 1915 à Mesnil-les-Hurlus (Marne) « par suite d'un éclat d'obus à la tête reçu devant l'ennemi ». Il était né le 22 mars 1892 à Serques (ses parents habitent Tilques) et exerçait la profession de manouvrier agricole.

- Arthur Petit (33e RI) décède le 3 mai 1915 à Void (Meuse) par suite de blessures de guerre, dans une ambulance. Il était né le 1er février 1893 à Serques (ses parents habitent Tilques) et exerçait la profession de marinier.

- Ferdinand Denis (51e RI) décède le 25 juin 1915 à l’hôpital Dominique Larrey à Sainte Ménéhould (Marne) des suites de blessures de guerre (apparemment il est blessé et évacué le 18 juin, « plaie pénétrante à la poitrine »). Il avait déjà été blessé en septembre 1914 à Livry (plaie pénétrante au dos par coup de feu). Il était né le 20 novembre 1892 à Moulle (ses parents habitent Tilques) et exerçait la profession de manouvrier. A noter qu’il avait été condamné par la cour d’appel de Paris le 6 octobre 1913 à 6 mois de prison et 5 francs d’amende pour rébellion et ivresse !

- Georges Dalenne (brigadier 59e RA) décède le 2 juillet 1915 tué par des éclats d'obus à la tête et sur tout le corps à la position de tir plateau Boyelles aux Morlettes (Pas-de-Calais). Il est né le 10 mars 1886 à Tatinghem (ses parents habitent Tilques) et exerçait la profession de menuisier.

- Léon Portenard (110e RI) décède le 26 février 1916 au fort de Douaumont (Meuse) des suites de blessures reçues sur le champ de bataille. Il est né le 1er août 1895 à Tilques et exerçait la profession d’ouvrier agricole.

- Pol Becques (116e RA lourde) décède le 8 août 1916 (pas 1915 comme sur le monument) à Verdun au cours d'un bombardement. Il est né le 4 avril 1892 à Tilques et était cultivateur.

- Hector Duvivier (Victor sur l’acte de décès) (8e RI) décède le 12 septembre 1916 au bois d’Anderlu (Somme) sur le champ de bataille : « il nous a été impossible de vérifier le décès ». Il est né le 25 janvier 1892 à Serques (ses parents habitent Tilques) et était ouvrier de filature.

- Jules Carpentier (201e RI) décède le 21 septembre 1916 (pas 1915 comme sur le monument) à l'hospice ou hôpital mixte route de Lisieux à Bernay (Eure) (l'info arrive en 1924...). Il est né le 8 juillet 1894 à Tilques et exerçait la profession d’ouvrier agricole.

- Alfred Merchier (41e RA) décède le 23 septembre 1916 à l’hôpital d’évacuation de Cerisy-Gailly (Somme) des suites de blessures de guerre en service sur le champ de bataille. Il est né à Tilques le 29 octobre 1891 et était ouvrier d’usine.

- Eugène Capelle (1e RI) décède le 28 septembre 1916 près de la ferme Le Priez à Frégicourt (aujourd’hui Combles, Somme) tué d'un éclat d'obus « a été enterré aussitôt sa mort (…) Hardecourt ». Il est né le 5 février 1882 à Tilques et était ouvrier agricole.

- Adrien Delvallée (275e RA) décède le 1er juin 1918 dans l'ambulance 223 dans la forêt de la montagne de Reims suite à des blessures de guerre. Il est né le 4 novembre 1894 à Racquinghem (ses parents habitent Tilques) et exerce la profession d’ouvrier-menuisier. A noter qu’il fait l’objet de deux citations : une à l’ordre du Régiment n°18 du 1er janvier 1918 « Téléphoniste très courageux, a été blessé le 27 décembre 1917 en posant une ligne téléphonique sous un violent bombardement ». Il reçoit la Croix de Guerre. Puis une autre citation à l’ordre du Corps d’Armée n°178 du 16 juin 1918 « Téléphoniste personnifiant le dévouement ayant un mépris profond du danger. Toujours prêt pour les missions périlleuses. Tué mortellement à son poste de combat ».

- Augustin Dubuis (maréchal du logis 451e RA) décède le 23 octobre 1918 à l’hôpital de Villotte devant Louppy (Meuse) des suites de maladie contractée au service commandé (grippe espagnole). Il est né le 2 juin 1885 à Tilques et était cultivateur.

Ainsi, ce sont 15 noms sur 32 dont les actes de décès arrivent... Où sont les autres ? Que sont-ils devenus ?

 

On ne le sait pas toujours mais lorsqu'il n'y avait pas d'acte de décès, il fallait attendre un jugement du tribunal civil... qui prenait du temps pour se réunir (c'est toujours embêtant de déclarer quelqu'un « mort » et de le voir revenir ensuite...).

- Ainsi Emile Planquette (162e RI), né le 18 mai 1894 à Tilques. Ouvrier terrassier, il décède le 20 décembre 1914 à Zillebeke (Belgique). Un jugement du tribunal civil de Saint-Omer du 7 mars 1917 tiendra lieu d'acte de décès (son corps est sans doute disparu). Et ce n'est pas du tout un cas isolé...

- Constant Ducrocq (110e RI) décède le 13 octobre 1914 à Pontavert (Aisne) avec un jugement du 16 octobre 1918. Cas étonnant, il est né à Boulogne-sur-Mer le 7 novembre 1888 et habite Serques (pas de lien avec Tilques à priori). C'est un domestique de ferme et c'était un enfant assisté du Pas-de-Calais, peut-être un lien avec une famille de Tilques à ce moment-là (?).

- Désiré Mièze (18e bataillon de chasseurs à pied) disparu le 4 mai 1917 au bois de Sapigneul (Marne) avec jugement du 20 mai 1920. Il est né le 10 mars 1893 à Tilques et exerce la profession de marinier. Il fait l'objet d'une citation (n°889) : « s'est dépensé sans compter pour assurer le ravitaillement en grenades des équipes de contre-attaque allant partout ramasser des grenades allemandes malgré le feu violent de l'adversaire ».

- Marcel Planquette (162e RI) décède le 10 novembre 1914 à Bixchoote (Belgique) avec jugement 21 septembre 1920. Il était né le 15 février 1894 à Tilques et exerçait la profession de cultivateur.

- Louis Foque (4e RI) décède le 21 septembre 1914 à Ciergès (Meuse) avec jugement du 10 novembre 1920. Il est né le 12 février 1891 à Tilques et était ouvrier agricole.

- Fernand Haudrechy (110e RI) décède le 28 février 1916 à Douaumont (Meuse) avec jugement du 31 mai 1921. Il est né 3 mars 1895 à Tilques et exerce la fonction de cultivateur.

- Joseph Planquette (108e RI) est né le 24 mars 1894 à Tilques et exerce le fonction cultivateur. Il décède le 30 octobre 1915 (pas 1916 comme sur le monument) à Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais) avec jugement du 10 juin 1921. Il a été blessé le 12 juillet 1915 à la main gauche (1ère phalange et médius) par éclat de bombe près de Craonne (Aisne). Il a une citation : « a fait preuve d'une grande endurance et de beaucoup d'énergie dans un combat à coup de grenades contre les Allemands d'un poste en continuant quoique blessé à la main gauche à lancer des projectiles ». Il a une croix de guerre étoile de bronze et est inscrit au tableau spécial de la médaille militaire à titre posthume.

- Clovis Stopin (110e RI) décède le 12 septembre 1916 à Combles (Somme) avec jugement du 10 juillet 1921 (il était présumé prisonnier). Il est blessé le 16 juin 1915, « mention, lettre de félicitations, récompenses diverses ». Il est né le 6 février 1891 à Tilques et est cultivateur.

A noter que les trois Planquette ne sont pas frères (sinon on aurait pu faire une histoire en mode Il faut sauver le soldat Planquette). Vous remarquez aussi que 5 poilus tilquois décédés faisaient partis du 110e RI.

Ainsi ce sont 8 noms que je retrouve. Ca fait 23 noms sur 32...

 

Pour Auguste Cuvillier (54e RI), né le 29 avril 1895 à Ambleteuse, pupille de l'assistance publique, ouvrier agricole, décédé le 26 avril 1915, il n'y a pas l'acte de décès envoyé à la mairie mais une immense affiche signée par Raymond Poincaré le président de la République. L'affiche est un legs de sa famille apparemment. Il est disparu le 26 avril 1915 à la tranchée de Calonne (Meuse).

L’histoire de mon village : Tilques et la première guerre mondiale

Cas encore différent pour Ernest Mahieu (7e RI), né le 18 juin 1876 à Tilques (jardinnier), qui est fait prisonnier lors d'une bataille le 27 septembre 1914. Il est envoyé à Meersburg (Bade-Wurtemberg). Son certificat de décès est fait en langue allemande, il est déposé aux archives de la guerre avant d'être traduit. Il est décédé à Petsau en Cantiène/Petzan (Saxe, bon aucun des deux lieux n'existent aujourd'hui, peut-être un problème de lecture) le 2 mai 1916. L'info arrive à Paris le 17 décembre 1920 et à Saint-Omer le 13 octobre 19211.

Imaginez un instant la vie pleine d'attente de Constance Lemaire, sa femme...

 

Pour les décédés de 1919, nous avons Jules Bée, né le 12 juillet 1891 à Mentque-Norbécourt, ouvrier agricole. Blessé le 27 septembre 1916 à Combles par éclats de grenade, il subit une amputation cuisse droite 1/3 moyen. Médaille militaire, croix de guerre avec palme... on lui propose une pension de retraite. Et... il est tué accidentellement par une automobile militaire anglaise le 28 mars 1919 à Tilques.

 

Finalement, il me manque 6 noms du monument aux morts : De Beauregard Henri, Gabrielle Vasseur, Arthur Dufour (1915), Henri Dewaghe, Paul Dercy (1918), Arcade Duval (1919), introuvables sur les actes de décès de Tilques.

Peut-être des enfants du village qui avaient déménagé ailleurs… bingo !

Arthur Dufour, enrôlé à Abbeville ! Il est né le 26 février 1894 dans le village, il est chaudronnier, et ce sont ses parents qui ont déménagé dans la Somme. Il fait parti du 2ème RIC (régiment d’infanterie coloniale), et décède le 26 septembre 1915 à l’hôtel Dieu de Châlons sur Marne des suites de blessures de guerre. Il fait l'objet d'une citation le 12 septembre 1915 : « Très bon soldat courageux, dévoué, a été grièvement blessé au cours des travaux de terrassement exécutés en avant de notre première ligne sous le feu de l'artillerie et des mitrailleuses ennemies. Sa présente nomination comporte l'attribution de la croix de guerre avec Palme » (médaille militaire et croix de guerre).

Quant à Paul Dercy, ouvrier agricole né le 2 novembre 1887, son acte de décès a été transcrit à Isbergues (il avait déménagé là-bas), 27ème RA puis 1er régiment de Zouaves, décédé le 20 novembre 1918 à Guise (Aisne) dans l’ambulance 10/04 des suites d’une maladie contractée en service.

Pour celui d’Arcade Duval c’est à Béthune le 21 avril 1920 qu’un jugement a été rendu affirmant la mort du 5ème RI sur le champ de bataille de Gamène à Machelen (Belgique) le 20 octobre 1918. Ce n’est pas un enfant du village (il est né à Moulle le 6 juillet 1890) mais il s’est marié à Tilques, d’où sa présence sur le monument (menuisier, il aurait déménagé à Vermelles).

 

Pour Henri De Beauregard je l’ai manqué car ce n’est pas son nom complet… Henri Sourdeau de Beauregard ! (ah la vieille noblesse !). Il est maréchal des logis au 8ème RA, décède de blessures de guerre le 8 décembre 1915 à bord du navire hôpital Dugay Trouin… dans les Dardanelles ! (merci Churchill pour l’idée de génie !)

Quant à Henri Dewaghe… il ne s’appelait pas Henri ! C’était son surnom ! Officiellement c’était Ambroise Dewaghe (86ème RI), né à Tilques le 3 février 1891, chauffeur d'usine, et décédé le 20 juillet 1918 au combat à Pourcy (Marne) selon l’acte transcrit à Isbergues.

Reste Gabrielle Vasseur (1915) (une femme ?, une civile ? autre ?)... mystère !

 

Ainsi, lorsque l'on fait une carte des lieux de décès des soldats tilquois, on peut reconstituer la ligne de front, avec certaines des batailles les plus connues (en marron les décès sur le front, en orange dans les ambulances, en rouge dans les hôpitaux, vous pouvez vous balader sur cette carte).

 

En 1923, un centre d'éducation physique et ...de préparation militaire en mis en place à Serques pour les enfants de 16 ans. C'est un groupement entre plusieurs communes, une « amicale des campagnes », les adolescents de Tilques étant invités comme ceux de Serques et des villages environnants tous les dimanches, de 9h à 10h30. L'objectif est de développer le goût et la pratique des exercices physiques, des sports en général, ainsi que la préparation militaire. On prépare déjà la re-revanche ?

L’histoire de mon village : Tilques et la première guerre mondiale

Prochain article : Tilques et la seconde guerre mondiale !

 

 

1 - Mairie de Tilques, Archives, H16 Champ de tir de circonstance – Manoeuvres.

2 - ACERBI E, Saturday Night Soldiers, 2019.

3 - STEWART J., BUCHAN J., The fifteenth (Scottish) Division : 1914-1919, 2012, p. 17.

4 - SHAKESPEAR L. C. J., The Thirty-Fourth Division : 1915-1919, 2012, p. 21.

5 - FALLS C., The History of the 36th (Ulster) Division, 2019, p. 64.

6 - GIBSON, C., « `My Chief Source of Worry’: An Assistant Provost Marshal’s View of Relations between 2nd Canadian Division and Local Inhabitants on the Western Front, 1915-1917 », War in History7(4), 2000, 413–441. p. 430.

7 - AUSTIN W. S., The official History of the New Zealand Rifle Brigade, 1924, p. 162.

8 - FRENCH C., The 51st (Highland) Division During the Forst World War, thèse, University of Glasgow, 2006, p. 46.

9 - SUTLIFFE R.S., Seventy-First New York in the World War, 1922, p. 69.

10 - Mairie de Tilques, Archives, série H12, Décès des militaires pendant la Première Guerre Mondiale.

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21 janvier 2020 2 21 /01 /janvier /2020 14:40

Honnêtement, j'en sais trop rien. Je crois que je suis revenu, mentalement, il y a quelques semaines. Et j'ai du mal à enchaîner. Je suis revenu car je n'avais plus l'envie. L'envie de voyager, l'envie de découvrir... c'était peut-être l'overdose. Ca reviendra un jour, j'en reste persuadé.

Que faire sans ça ? Que faire sans ce qui m'a défini pendant ces nombreuses années ? Car, dans votre bouche, je n'étais pas le mec né à Tilques, ou le type qui est prof et qui a un doctorat d'histoire. Non, j'étais « le mec qui voyage tout le temps ». Alors s'arrêter, c'est perdre cette image. Oui, le regard des autres est important, pour chacun de nous, qu'on l'admette ou non. Et comme c'est aussi l'image que je me faisais de moi ces dernières années... en fait, je vivais pour le prochain voyage. Je souriais, comme je viens de le faire à l'instant, en regardant la carte du monde. Finir mon doctorat c'était retrouver la liberté pour aller voyager. Partir en Guyane c'était partir à l'assaut d'un nouveau continent. Arrêter d'enseigner c'était reprendre à nouveau cette liberté pour partir. Aujourd'hui, qu'est-ce qui me motive autant que ça ?

 

Rien. Voilà, c'est écrit. Je cherche désespéramment la motivation. Qu'on me donne l'envie. L'envie d'avoir envie (oui, on peut citer Johnny aujourd'hui sans paraître beauf, car depuis qu'il est mort c'est devenu une légende – c'était pareil pour Michael Jackson : décédé, tout le monde a oublié qu'il était un peu pédophile). Alors j'ai bien eu quelques étincelles de motivation, lorsqu'on a discuté politique et municipales 2020, ou quand je pense parfois à écrire un livre. Mais ces étincelles ont bien du mal à prendre au jour le jour. Il me manque l'essence.

 

Suis-je déprimé ? Je viens de regarder un documentaire où on explique que l'absence d'envie est la première phase d'une dépression. Ça m'a fait cogiter. Je n'ai pas l'impression d'être déprimé tous les jours. Là, c'est vrai qu'en ouvrant l'ordinateur et commençant ces quelques lignes je n'étais pas au sommet de ma forme. Et puis, les mots pour les maux, je retrouve un petit sourire. La barre de chocolat noir Côte d'Or doit aussi faire de l'effet.

 

Ensuite ? Hum, je ne sais pas. Je vais finir ces quelques lignes sans grand intérêt (si ce n'est d'établir une situation). Il y a des moments sympas qui s'annoncent ces prochaines semaines, ces prochains mois, entre le carnaval et la Réunion, l'Alpe d'Huez à vélo et du foot à gogo. Reste à trouver un nouveau sens à ma vie. Beau challenge. Je ne sais juste pas par où commencer.

« mais, tu fais quoi en ce moment ? »
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4 décembre 2019 3 04 /12 /décembre /2019 11:47

Après l’histoire de ma famille (arbre généalogique, zoom sur la guerre 14-18, service militaire de mon grand-père), je continue avec mes racines… direction mon village ! (comment ça je n’habite plus là-bas ?!) Tilques, 1107 habitants selon le recensement de 2016. D’ailleurs d’où vient ce nom ?! Il viendrait de Tilius, nom d'homme[1]. La toponomie a beaucoup bougé au cours des siècles :

-1139 : TILLIA (cartulaire du chapitre de Saint-Omer)

-1144 : TILLEKE (cartulaire de Sithiense)

-1175 : TILLAKA (cartulaire de Saint-Omer)

-1190 : TILLECHA (charte de Licques)

-1245 : TILLECA (cartulaire de Watten)

-1294 : TILERE (charte d'Artois)

-1337 : TILKES (charte de Saint-Bertin)

-1370 : TILQUE (Courtois, dictionnaire)

- vers 1512 : TILKE (Tassart, pouillé)

-1533 : TILCQUE (épigraphie ancienne, Saint-Omer)

Aujourd’hui le village est connu pour son marais (magnifique !) et ses châteaux ! Deux châteaux dans un village de 1100 habitants, c’est pas commun ! Et ça aurait pu être plus encore !

Un ancien château s’appelait l’Ostrove, château dit aussi du Bourguet (comme sur la carte de Cassini ci-dessous) Il semble encore exister en 1790, et est détruit ensuite[2]. Quand exactement ? Au début du XIXème siècle à priori. Il se trouverait dans le virage de la rue de la Croix, dans la propriété de Jacques Dercy ou celle de Stéphane Huyart.

L’histoire de mon village, Tilques : des origines au XIXème siècle

Un autre est le château de la Jumelle, établi dans une zone marécageuse qui en a gardé le nom. Je vois un lien entre ce château et le fief Le Nieppe, à Tilques. La Jumelle serait une seigneurie, « laquelle s'étend dans plusieurs paroisses de ce bailliage ». Jacques Hovelt est ainsi bailly de Tilques pour la seigneurie de Jumelle. Je vois aussi quelques personnes qui portent ce nom à Tilques (notamment un Louis Defrance de la Jumelle, né en 1831, chevalier de la légion d’honneur). Le château d’Ecou relève à une époque de cette seigneurie. Sur la cadastre napoléonien de 1810, on observe une rivière la Jumelle, et je vois une grande demeure. Est-ce le château ? Nous sommes aujourd’hui de l’autre côté de la rue de la Croix. Je vois aussi un autre espace assez étrange pour cette époque, pas très loin de la ruelle du Coutre, avec une forme de l’eau qui ressemble à des douves.

L’histoire de mon village, Tilques : des origines au XIXème siècle
L’histoire de mon village, Tilques : des origines au XIXème siècle

Un autre château est celui de Mademoiselle Rose détruit en 1918 (Rose Lesergeant est la dernière résidente). Il apparaît dès le XVIIème siècle sous le nom de « manoir de Creseque (ou Crécèque)». A deux pas de la place, au croisement rue de la croix et rue de l’église, il y a encore une barrière au niveau de chez Larivière.

 

On évoque aussi parfois le château Legrand, présent dès le XVIIIème siècle, au niveau de l’ancienne distillerie, à côté du château d’Ecou. On l’a détruit en raison d’un champignon (Daniel Bouton).

Reste donc le château d’Ecou, autrefois Ecout, provenant d’une ancienne seigneurerie, Equout (1256, 1264)[3], avec un seigneur s’appelant Willelmus d’Ekout.

L’histoire de mon village, Tilques : des origines au XIXème siècle

Le second château est appelé aujourd’hui château de Tilques ou Vert Mesnil, connu notamment pour ses mariages ! L’actuel est en fait une reconstruction sur des ruines, celle du château du Hocquet, qui semble être un fief à la fin de l’époque moderne (j’y reviens plus bas).

L’histoire de mon village, Tilques : des origines au XIXème siècle

Qui habitait Tilques à l’époque romaine et même avant ? Est-ce que le village existait ? Peut-être, peut-être pas, nous n’avons pas la réponse aujourd’hui, faudrait faire des fouilles ! Plusieurs objets ont été retrouvés dans le village : deux vases gallo-romains dans une tourbière du marais en 1839, une figurine gallo-romaine en bronze représentant le Dieu Mars, trouvée en 1840 dans le marais, et une céramique gallo-romaine trouvée il y a plusieurs décennies, ce qui prouve qu'il y a eu, au moins, du passage à cette période. 

Mars, Auteur anonyme, IIème siècle, Bronze, 15,3 x 7,7 cm, Musée de l’Hôtel Sandelin, Saint-Omer

Mars, Auteur anonyme, IIème siècle, Bronze, 15,3 x 7,7 cm, Musée de l’Hôtel Sandelin, Saint-Omer

Tilques semble justement être un nom d'origine gallo-romaine, mais sans être certain. Les seules infos en ma possession concernent la région, avec les Morins : c’était un peuple gaulois qui vivait de Boulogne à Thérouanne (la plus grande ville à l’époque). Leur langue semble être celtique[4].

Provinces romaines et les peuples proto-basques, celtes et germaniques, Ier s. av. J-C, Wikipedia, Feitscherg / CC BY-SA

Provinces romaines et les peuples proto-basques, celtes et germaniques, Ier s. av. J-C, Wikipedia, Feitscherg / CC BY-SA

Leur territoire, la Morinie, est convoité par Jules César (il souhaite envahir la Grande-Bretagne !). Auguste finit l’annexion de la zone et voici ma région devenue la province de Gaule Belgica ! Les Francs (en provenance de l’actuelle Allemagne) ravagent la zone dès le IIIème siècle (notamment Thérouanne) puis les Francs Saliens s’y installent au moment des grandes invasions (c’est de leur royaume qu’héritera Clovis).

 

Tilques fait partie du comté de Flandres à partir de 932 et ce pendant une grande partie du Moyen-Age. Il faut comprendre comté comme un petit Etat indépendant. La zone est plutôt riche pour l’époque, en témoigne le commerce ou les activités de tissage de Saint-Omer. Bon, au-delà du politique il y a aussi le pouvoir religieux, très important à cette époque. Ainsi, l'évêque de Thérouanne semble bénéficier de droits ou de biens à Tilques au XIème siècle.

Maison de l'archéologie de Thérouanne

Maison de l'archéologie de Thérouanne

Mais ce qui me semble encore plus intéressant à souligner, c'est le fait que Tilques a les pieds dans l'eau... et je ne parle pas seulement du marais !

Maison de l'archéologie de Thérouanne

Maison de l'archéologie de Thérouanne

Oui, une grande partie du Dunkerquois et du Calaisis semble être sous l'eau à cette période. Difficile à imaginer ! (l'avantage du réchauffement climatique c'est qu'on va bientôt pouvoir le voir...)
 

La France s’intéresse à la région sous Philippe-Auguste. La bataille de Bouvines lui permet de confirmer la prise de Saint-Omer et ses environs (1214). Il n’empêche que la population continue de parler flamand, et ce au moins jusqu'au XVIème siècle ! Ainsi, pendant la guerre de 100 ans, le comté de Flandres se révolte à de nombreuses reprises, et en 1384 Saint-Omer devient bourguignonne ! Les Etats bourguignons intègrent la Flandre en 1369, date du mariage entre Marguerite III de Flandres et Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. La Bourgogne est une grande puissance jusqu'à sa totale disparition en 1482 (traité d’Arras). Tilques et l’ensemble de la région deviennent alors des territoires des Pays-Bas… espagnols.

La région en 1493 (en bleu les territoires français, en jaune du Saint-Empire (bientôt espagnol) et en rose anglais

La région en 1493 (en bleu les territoires français, en jaune du Saint-Empire (bientôt espagnol) et en rose anglais

Il faut attendre les guerres franco-espagnoles du XVIIème siècle pour voir l’Artois tomber dans les mains françaises. Ainsi, pendant le siège de 1638, Tilques fut détruit par… les Français[5]. Saint-Omer et ses environs deviennent français en 1678 par le traité de Nimègue. Louis XIV est alors au sommet de sa puissance et il a réussi à gagner en 20 ans une bonne partie du Nord-Pas de Calais actuel !

L’histoire de mon village, Tilques : des origines au XIXème siècle

Ainsi, au cours d’une histoire forcément mouvementée, Tilques fut tour à tour celte/gaulois, romain, franc, flamand, français, bourguignon, espagnol pour finir français ! (et c’est donc le cas de toute la région !).

 

Le village compte 230 habitants en 1698[6]. Un siècle plus tard on passe à 612. Il faut attendre 1861 pour atteindre les 1 000 habitants, le sommet étant 1 226 habitants en 1896 ! Puis c’est un véritable exode rural (comme partout en France !), avec seulement 696 habitants en 1975. Ça monte depuis !

Où les Tilquois habitent-ils ? Tilques, oui, je sais, merci ! Mais où habitent-ils dans le village ? Avec le plan de 1810 conservé aux archives départementales on peut le voir ![7]

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Ce que je trouve notamment très intéressant, en plus de voir l’absence de ma maison et la présence de celle de Romain, ce sont les noms des rues : rue de Lepinette, du Henneboque, du château, de la Bergerie, de la Chapelle, de la Croix, du Tilleul… ça n’a pas beaucoup bougé de ce côté-là ! La rue du Coutre a l’air beaucoup plus importante que l’actuelle ruelle. Par contre, le chemin Taffin n’existe plus… c’est pourtant la famille la plus importante de l’histoire de Tilques !

 

Les personnages importants reliés à Tilques

 

Mon premier est Fidèle, Henry, François, Marie le Sergent de Baïenghem[8], député de 1827 à 1834, il siège dans le groupe centre-gauche au départ, puis il passe conservateur (IVè législature de la seconde restauration, Ière et IInde législature de la Monarchie de Juillet), il vient d’être élu Pair de France (en gros sénateur) lorsqu'il meurt en 1842. Il est né et mort à Saint-Omer et c’est aussi le maire de Saint-Omer de 1817 à 1830 ! Il est fait chevalier de la légion d’honneur (son père était lieutenant des maréchaux de France). Quel lien avec Tilques me direz-vous ?! Tout simplement parce qu’il possède une maison dans la commune !

Surtout il se marie le 26 janvier 1809 avec Marie Josèphe Charlotte de la Moussaye à Tilques. Celle-ci, Tilquoise de naissance, est la fille de Joseph Gilles François de la Moussaye, un capitaine au régiment de Provence infanterie et… premier maire de Tilques ! A la base c’est un Breton (il est né à Hénanbihen, Côtes d’Armor), il finira sa vie à Tilques (il y meurt le 12 septembre 1794). C’est une vieille famille noble (le genre de famille qui a une grande page sur Wikipédia !), avec notamment un ancêtre qui était le colonel-commandant à Saint-Domingue (la colonie la plus importante pour la France à cette époque)

 

Mais s’il y a bien une grande famille à Tilques, ce sont les Taffin. Taffin de Tilques d’ailleurs, puisque c’est leur nom complet ! C’est à eux que l’on doit le blason actuel de la commune (je ne suis pas forcément fan, ça aurait mérité débat !)

Quand tu crois que tu es en Corse... et en fait non !

Quand tu crois que tu es en Corse... et en fait non !

Leur histoire se rattache aux deux châteaux de Tilques, celui du Hocquet et celui d’Ecou, dont ils étaient propriétaires. Pour le premier, aujourd'hui plus connu sous le nom de château de Tilques, il semble que l’achat date du XVIème siècle (j’ai un plan du château en 1662, intitulé « mesurage d’un manoir amazé nommé vulgairement « Le Hocquis », appartenant au sieur Taffin, conseilleur au conseil d’Artois »).

 

C’est Ghislain Taffin qui, par son mariage avec Marie Françoise Louise d’Herbais d’Ysel de Villecasseau, dame de Tilques (rien que ça !) met la main sur le château d’Ecou, propriété de la Dame ! (ils étaient aussi petits-cousins, mais ça ne dérange personne à l’époque !).  Ce brave Ghislain Taffin devient plus tard Ghislain Taffin de Tilques, en plus de seigneur du Hocquet, après une carrière de Capitaine dans le régiment Royal Navarre (il est ainsi chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, c’est quand on a fait 10 ans dans l’armée en gros).

Leur fils, Simon Taffin de Tilques, né dans le village le 5 mai 1770, également militaire (chef de bataillon), est aussi chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis. Mais là où il m’intéresse encore plus, c’est qu’il devient maire de Tilques le 1er janvier 1808 ! Et il le restera 22 ans !

Le frère de Simon, René Taffin de Tilques, est également militaire (lieutenant-colonel de cavalerie).

 

Bon, la période pour cette famille Taffin n’a pas toujours été facile. Ainsi, pendant la période révolutionnaire, Simon et René font partie des émigrés ! C’est une partie de la noblesse qui décide de fuir la révolution (par peur ou pour la combattre). Ils émigrent à Hambourg ! Vu leur métier ils doivent combattre la France révolutionnaire. Une partie de leurs biens semble avoir été saisie, car je vois que les deux frères sont indemnisés en 1826 ! (par la célèbre loi dite « du milliard aux émigrés » ! en gros on voulait rembourser ceux qui avaient fui et perdu des biens…)

 

Le fils de Simon, Victor Taffin de Tilques fait Saint-Cyr, passe chef d’escadron au 8ème régiment de Hussards, puis colonel de cavalerie, est officier de la légion d’Honneur (15 mai 1850) et meurt à Nancy en 1859. Le château d’Ecou lui appartient.

Le deuxième fils de Simon, Alfred Taffin de Tilques choisit une autre voie : il est avocat ! Et il devient maire de Tilques en 1860 ! Il le restera jusque 1870 et la mise en place de la IIIème République. J’ai retrouvé son faire-part de décès, où il est annoncé que « des pains seront distribués aux pauvres » ! Il est le propriétaire du château du Hocquet en 1876.

Ainsi les Taffin de Tilques, sorte de petite noblesse d’épée, jouent un rôle essentiel dans le village au XIXème siècle. Ce ne sera pas le cas au XXème siècle… (à suivre !)

 


[1] Extrait du Dictionnaire topographique du département du Pas-de-Calais, par le comte de Loisne, 1907.

[2]    Mémoires de la Société des antiquaires de la Morinie, Volume 13, 1869, p. 175.

[3]    Mémoires de la Société des antiquaires de la Morinie, Volume 13, 1869, p. 76.

[4] JANSSENS Ugo, Ces Belges, « les Plus Braves », Histoire de la Belgique gauloise, 2007, Racine, p. 42.

[5] PIERS Hecotr Beaurepaire, Petites histoires des communes de l’arrondissement de Saint-Omer, cantons nord et sud, p. 28

[6]   Mémoires de la Société des antiquaires de la Morinie, Volume 13, 1869, p. 265-6.

[7] Archives Départementales du Pas-de-Calais, Dainville, 3P819/11.

[8] PIERS Hecotr Beaurepaire, Petites histoires des communes de l’arrondissement de Saint-Omer, cantons nord et sud, p. 30.

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26 novembre 2019 2 26 /11 /novembre /2019 13:45

« Oh non, pas ça, pas aujourd’hui, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait ».

Il m’a fallu du temps pour m’inscrire. Limite ça me dégoûtait. Quoi que, il y avait aussi une certaine curiosité, à l’époque où j’étais en couple… Je regardais certains de mes ami-e-s y trouver l’amour, ou parfois juste la personne d’un soir ou d’une semaine. Quand on est en couple, on a parfois tendance à idéaliser la vie des célibataires (ah les salauds ils peuvent sortir jusqu’au bout de la nuit, ah les salauds ils ont l’air de s’amuser, ah les salauds, ils font vraiment les salauds !). Et puis, une fois célibataire, après quelques mois, tu idéalises à nouveau le couple (ah les salauds ils ont l’air bien ensemble, ah les salauds ils ne connaissent pas la solitude, ah les salauds, ils s’aiment). Et nous sommes bien d’accords, nous nous trompons dans les deux cas : la vie de célibataire ou de couple n’est jamais parfaite !

Toujours est-il que des amies (essentiellement des filles) étaient inscrites sur ce site de rencontre. Si elles y sont, c’est que d’autres gens bien y sont aussi. Mais… merde quand même ! Moi je voulais raconter à mes enfants (oui je parle beaucoup d’enfants en ce moment, c’est pas ma faute, j’en croise toujours chez les autres !) une belle histoire, quelque chose de romantique… J’ai déjà rencontré une copine dans un train, une autre dans un aéroport, j’imaginais bien la suivante dans une fusée, minimum ! (« et elle te montrerait sa lune ! ah ah » NON MAIS OH ! TOI, tu sors !)

J’ai quitté la Guyane et Kourou depuis quelques mois, et force est de constater que je ne suis pas revenu en couple. Alors je me suis réinscrit il y a quelques jours sur un site de rencontre. L’occasion de voir de nouvelles têtes féminines quand mon réseau semble bloqué (c’est loin la fac, où tu rencontres des nouvelles personnes chaque jour !). Je suis dubitatif sur le fonctionnement, clairement. Pour ceux qui ne connaissent pas, je vous explique : ce site fait passer les hommes pour des produits, et les femmes pour des consommatrices. Elles ont le pouvoir de nous mettre dans leur « panier », ce qui permet ensuite aux hommes de pouvoir discuter avec elles. Si elles refusent les charmes que nous envoyons, c’est impossible pour un garçon de leur parler. En soi, je comprends la logique d’éviter le harcèlement des filles (qui semblent commun sur les sites). J’avoue que le côté marchant m’embête beaucoup plus… je ne suis pas un produit à consommer bon sang ! Alors payer 30 euros pour un mois, juste pour pouvoir envoyer des charmes… très peu pour moi !  J’ai donc fait mon radin (étonnant, je sais) : j’ai fait un profil, j’ai mis une adresse mail, et j’ai dit aux filles « contactez moi par mail, car refusant de payer pour discuter je ne peux pas lire vos messages sur le site ». Je ne sais pas trop si ça allait fonctionner… et surprise, ça marche ! J’ai eu 4 rendez-vous il y a 3 ans de cela, lors de ma première inscription, et un cette semaine. Allez, je vous les raconte, car c’est parfois très marrant !

 

La première, c’était à Saint-Omer. Cette fille, que l’on appellera Micheline, est très sympa. On boit un verre, on parle de voyage, de rap, de cinéma. Mais Micheline ne me plaît pas vraiment physiquement. C’est dur, mais c’est ainsi… je ne donne pas suite.

La seconde est une calaisienne. Plutôt jolie, mais moins sympa ! Pas très souriante, j’ai l’impression que je ne lui plais pas. Soit, ça arrive dans les deux sens ! Elle m’explique qu’elle vit encore avec son ex-copain. Euh, bon, ça ne va donc pas fonctionner !

Ces deux rendez-vous à Saint-Omer m’ennuient un peu par leur format. Boire un verre avec une fille, dans une ville où tu croises à chaque fois quelqu’un que tu connais, c’est un peu bizarre (et ça risque vite de me faire une réputation « mais si, tu sais, le mec qui vient ici avec une meuf différente à chaque fois » !). Je décide de fuir pour les deux suivants !

Direction Tournai pour Noémie. C’est une lilloise. Petit hic, elle a 20 ans. Oui, une dizaine de moins que moi… et elle a un petit lapin qu’elle « considère comme [s]on fils ». Lol. L’après-midi est charmant, mais la différence d’âge est cruelle, impossible dans ces conditions d’imaginer quoi que ce soit.

Bien sûr, je vous ai gardé la meilleure histoire pour la fin : on l’appellera Rosetta. Après quelques mails nous convenons d’un rendez-vous pour les journées du Patrimoine à Douai, au musée archéologique. C’est pas forcément pratique pour discuter, mais ça donne un sujet de conversation au cas où ! (rien de pire que de ne rien avoir à se dire !). Nous nous posons à l’extérieur. Je suis un peu embêté par ses genoux, qui sont originaux (oui, je suis bizarre !). Mais, après quelques minutes de conversation, j’ai surtout un énorme problème de conscience. Voyez-vous, elle me parle, en me regardant dans les yeux. Logique. Je l’écoute, en faisant plutôt de même. Mais c’est son problème de débardeur qui me gêne : la bretelle s’affaisse. A plusieurs reprises. Et, à chaque fois, je vois un sein…

J’hésite. Sois je lui dis « Couvrez ce sein que je ne saurais voir », en mode tartufferie. Sois je ne dis rien, pour éviter de la mettre mal à l’aise. Problème : là, c’est moi qui suis mal à l’aise. Car, bien élevé que je suis, j’évite de bloquer sur son sein. Mais celui-ci me dit « coucou toi ! » toutes les cinq minutes. Je la regarde avec force dans les yeux, ayant des difficultés à suivre la conversation (car mon cerveau me répète « regarde ! » « non ne regarde pas ! » « regarde ça ne fait pas de mal » « tais-toi petit diable, écoute moi le petit ange ! »). Et, à la fin du rendez-vous, je prends la décision de ne pas la revoir. C’est que je me voyais mal raconter à mes futurs enfants : « oh, votre mère, je l’ai rencontré dans un musée, où elle m’a directement montré son nichon gauche ! ». Je voulais une histoire romantique j’ai dit !

 

Bon, cette histoire a bien fait rire mes ami-e-s, mais le bilan est terne : quatre rendez-vous, zéro coup de cœur. Combien en faudra-t-il ? Je décide peu après de partir en Guyane, etc. etc. (je ne vous raconte pas ma vie [sic !]) et me voici de retour à Lille. A peine rentré que dans le train je reçois un sms d’une fille qui m’avait écrit il y a deux ans, grâce à Adopte. Fou. Je me dis alors « allez, on persévère ! ». Et me voici réinscrit, avec un rendez-vous ce week-end. Pour une fois, je trouve la fille à la fois jolie et intéressante ! J’irai pas jusqu’au coup de cœur mais je la relance pour un second rendez-vous ! Victoire ! …. Euh, non en fait, car cette fois c’est elle qui n’a pas eu de coup de cœur ! Décidément, la vie est mal faite !

 

Je me dis souvent « ah quoi bon ? » (faut que j’arrête !). Alors à quoi bon rester sur ce site ? Les rencontres ne sont pas très naturelles, et c’est très loin de mon idéal… oui, mais les chiffres sont là : je suis allé à deux mariage cet été, et les deux ont été rendus possibles par Internet. C’est ainsi, nous sommes au XXIème siècle, et ça devient un moyen de plus en plus courant.

Néanmoins je préférerai raconter quelque chose de différent. Et c’est là où mon idée germe depuis quelques mois : et si c’était vous qui me présentiez ma future copine ? Oui, toi, qui me lis en ce moment ! Tu connais une fille célibataire très sympa. Elle a plus de 18 ans et moins de 65 ? (bon, dans l’idéal vaut mieux entre 25 et 35 hein !) Ce n’est pas ton amie chelou ? (on a tous un-e ami-e chelou, hein Pierre !) Et tu penses qu’on pourrait bien s’entendre. Super ! Car tu me connais ! Oui, tu me connais, même si on ne s’est pas vu depuis 10 ans ! Si tu lis mon blog une fois de temps en temps tu connais mon style de vie. Si tu me présentes ta copine qui n’aime pas sortir de chez elle et qui vote FN à chaque élection, tu conviendras que ça risque d’être difficile ! Mais si tu penses à quelqu’un, ta sœur, ta cousine (non, ne le prends pas personnellement Romain !), ta bonne copine, ta voisine, ta mère (t’es sûre ?!), et bien n’hésite pas à m’écrire. Car, dans dix ans, je pourrais porter un toast le jour de mon mariage (qui n’aura sans doute pas lieu, mais c’est pour l’histoire !), et je me tournerai vers toi en disant « merci, grâce à toi ma vie rayonne, tu m’as permis de connaître mon plus bel amour, celui qui a porté et élève avec moi les enfants, et qui rend chaque jour de mon existence merveilleux. C'est quand même fou que ce soit ta mère ! ».

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25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 09:28

Concernant les séries, je suis une girouette : je suis le sens du vent ! Alors on m’a parlé de Peaky Blinders et j’ai entendu encore plus d'éloges à propos de la Casa de Papel. Allez, petit bilan !

Série 2019 : Peaky Blinders vs. La Casa de Papel

La très british Peaky Blinders, de BBC2, évoque les aventures de la famille Shelby, Thomas étant le personnage principal. La première saison suit son retour de la première guerre mondiale et la montée progressive du gang dans le milieu des paris hippiques du côté de Birmingham (les Peaky Blinders ont vraiment existé à Birmingham !).

Sacrée saison ! La série m’a très rapidement plu, notamment grâce à une musique incroyable. Le traumatisme post-guerre des personnages est très bien interprété, l’inspecteur Campbell est l’anti-flic parfait, le rôle des femmes qui s’amplifie… bref, que du bonheur ! 6 épisodes simplement, assez pour entendre parler de l’IRA, de Churchill et des grèves communistes. Le scénario est très travaillé, on sent que ça a beaucoup bossé côté historique.

La seconde raison permet de retrouver nos personnages aux prises avec les gangs de l’italien Sabini et le juif Salomon, toujours sous fond de paris hippiques (en allant jusqu’à Londres cette fois). Je n’en dis pas plus, afin d’éviter les spoilers ! La troisième saison est consacrée à l’URSS (clairement pas ma préférée !), la quatrième à la mafia (sympa de voir Adrian Brody !) et la cinquième… hum mystère, je vais commencer !

L’ensemble est plutôt bon, mais j’avoue que j’ai l’impression d’un déclin. La première saison m’a tellement plu, elle était tellement riche, et j’ai depuis le sentiment que la musique est moins travaillée (j’en peux plus du thème sous toutes ses formes !) et le côté historique moins présent. Surtout, le très riche scénario de la saison 1 est plutôt une exception… la 3 part un peu dans tous les sens (très bizarre !) tandis que la 4 me semble trop facile pour la famille Shelby. Et rien n’est plus frustrant, surtout après Game of Thrones, que de voir les personnages principaux avec une chance incroyable (je déteste le pistolet sur la tempe du personnage principal, 5 minutes de bla-bla et puis rien ! ou alors un foutu miracle !).

Néanmoins un personnage me donne toujours envie de continuer : Arthur Shelby !

Série 2019 : Peaky Blinders vs. La Casa de Papel

Woh ! Paul Anderson est extraordinaire dans son interprétation, colérique, plein de sentiments, plein de vie en fait. J’avoue être toujours un peu dubitatif sur sa conversion religieuse.

Série 2019 : Peaky Blinders vs. La Casa de Papel

Pour la Casa de Papel ce fut un peu le harcèlement médiatique et Facebook qui m’ont convaincu (en plus du fait de vouloir me mettre à l’espagnol !). La série est diffusée originellement sur Antena 3, Netflix faisant ensuite le reste à l’international (comme pour Peaky Blinders d’ailleurs).

L’histoire nous permet de suivre un braquage dans la fabrique nationale de la monnaie. Le Professeur engage 8 malfaiteurs pour former une équipe complémentaire nécessaire à son rêve : récupérer plus de 2 milliards d’euros ! Deux saisons pour suivre Tokyo, Berlin, Denver, Stockholm etc.

L’idée de base est très intéressante et permet de la travailler deux saisons. J’aime beaucoup la tension qui s’installe crescendo dans la première, les erreurs malgré la planification, et rien que le fait des surnoms des personnages (en mode Reservoir Dogs !). Des acteurs sortent clairement du lot (coucou Berlin !), et l’approche de l’inspectrice est vraiment sympa !

Coucou je suis un pervers-narcissique !

Coucou je suis un pervers-narcissique !

En revanche, il y a des vrais problèmes de scénario !! [Attention spoiler saison 1 ! passez ce paragraphe si vous voulez regarder prochainement !] Comment, alors que des otages s’échappent après s’être rebellés et qu’il y a un trou béant dans un mur, comment, oui, comment trouvent-ils une plaque parfaitement adéquate et par balle pour colmater la brèche ?? C’est une imprimerie à la base, pas une usine d’armement ! Surtout, le pire, c’est vraiment le retour de Rio. Non les gars, vraiment, c’est pas possible ! De manière générale, chaque coïncidence ou miracle est en fait « un plan du Professeur » ! J’imagine bien les scénaristes se dire :

  • « Bon, comment on peut justifier ça ?
  • Bah, on dit que le professeur l’avait anticipé à la base !
  • Ah, oui, c’est bien ! »

L’idée de faire une saison 3 m’interpellait beaucoup (pour moi c’était déjà terminé ! et y’en a marre des séries qui ne savent pas s’arrêter !), je n’ai donc pas continué. Un jour, peut-être.

 

Le bilan, c’est quoi ? Du bien, clairement. C’est travaillé, les scénarios sont intéressants (mais les saisons 1 sont comme souvent les meilleures, à croire que le vrai charme de la série est de découvrir son univers et ses personnages). La musique est bonne (mais bon Dieu, pourquoi tout le monde a repris Bella Ciao ensuite… ?!!? Maître Gims, Jean Roch et tous ces chasseurs de pognons reprendre une musique révolutionnaire communiste !! merde !).

Surtout, et ça me gène de plus en plus… on se voit contraindre de soutenir les méchants. On a envie qu’ils gagnent ! Les bandits sont les héros de notre temps, plus les policiers. Alors, je ne suis pas un fan de la police hein (police partout justice nulle part), mais je me demande quel est l’impact de ces séries (notamment sur les plus jeunes).

 

La suite ? Le bureau des légendes ! Et je cherche une bonne série comédie, si vous avez en stock je prends !

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12 novembre 2019 2 12 /11 /novembre /2019 11:10

Sensation de vide intérieur. Pas d'envie. Disons une envie de nulle part. Patagonie. Iguazu. Rentrer en France. Ça m'en touche une sans faire bouger l'autre comme il disait. J'ai mis du temps à comprendre, alors que j'essayais, un peu avec désespoir, de forcer le destin en m'intéressant à ces destinations. Je me disais : ça fait seulement deux mois. Et c'est en attendant le coucher de soleil à côté d'un Moaï que ça m'est venu : en fait, ça fait 2 ans et 2 mois. Car l'Amérique du Sud, dont j'ignorais tout, est mon champ d'action et de découverte depuis septembre 2017, et pas 2019.

8 pays et 3 DOMs plus tard. J'en ai peut-être trop fait, trop vite. J'ai du mal à digérer. Israël-Palestine-Jordanie de l'été n'a pas aidé le processus. Aujourd'hui je réfléchissais à des glaciers, à des chutes d'eau, à des paysages enchantés. Et ça ne me faisait rien. C'est triste hein ! 

Alors j'ai cherché d'autres envies. J'ai pensé aux copains. J'irais bien les voir. Et un cinéma... ça fait... 4 ans peut-être ! (non Tim, John Wick 3 dans un casino guyanien ça ne compte pas !). Des films, des concerts, de la culture dans les narines. Une copine. Oui, forcément. Se poser. Déjà ? Enfin !

 

Aujourd'hui ça fait plus de 10 jours que je suis rentré. Rentrer où ? Quand la maison familiale est vide de meubles, c'est une vraie question ! Alors j'ai pris la direction du Sud pour passer du temps en famille. Ça tombe bien, le camion de déménagement arrivait. J'ai pu découvrir 3 musées marseillais, je suis allé voir Joker (très bon film !), et je suis finalement remonté, direction Lille. Peut-être ma future ville. Depuis mon retour je n'ai pas eu de regrets. Mais j'ai toujours cette sensation de vide intérieur, d'absence d'envie. Les copains font du bien. J'ai l'impression d'être au bon endroit.

La suite ? (car c'est la question que l'on m'a posée 10 fois depuis mon retour). Je ne sais pas. J'avance au jour le jour.

Etre vide
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6 novembre 2019 3 06 /11 /novembre /2019 17:00

C'est un mythe tenace, quand d'autres n'y voient qu'un abus de langage : 1492, Christophe Colomb découvre l'Amérique. Ah, ça oui, à titre individuel : c'est bien la première fois qu'il se trouvait là ! Mais on va rappeler aujourd'hui que l'Histoire est bien différente du mythe.

Pourquoi Christophe Colomb n'a pas découvert l'Amérique

I] L'Amérique aux Américains

Pardonnez mon titre un peu Trumpien ! Mais c'est qu'en 1492 l'Amérique a déjà été découverte... par les gens qui y habitent ! Et ce n'est pas 3 pelés et un tondu qui y vivent, il y a les grandes civilisations Maya, Inca, Aztèque... et toutes les autres ! (Cherokee, Sioux, Apache, Caribe, Mapuche, Guarani... il y en a des milliers). Christophe Colomb n'est donc pas le premier homme à mettre le pied sur ce continent, il raconte d'ailleurs ses rencontres qu'il fait dans les Caraïbes actuelles.
L'occasion ici de faire un point sur ces Américains d'"origine" : d'où viennent-ils ? D'Asie !

Les migrations des Homo-Sapiens

Les migrations des Homo-Sapiens

L'homo-sapiens a toujours migré (même si ça gêne des politiques !). Originaire d'Afrique, il est allé peupler l'Europe, l'Asie etc. jusqu'en Amérique. Depuis près de 100 ans c'est la théorie admise, même si des découvertes récentes permettent de reconsidérer les dates (de - 15 000 on passerait à - 30-35 000). L'archéologie bouge beaucoup en ce moment, et il n'est pas impossible que d'autres découvertes fassent revoir notre vision actuelle. Il n'empêche, Christophe Colomb n'a pas découvert en premier le "continent" américain, au sens géographique du terme. Pire, il n'est même pas le premier Européen à poser le pied !

 

II] Les Vikings au Canada

Non, ce n'est pas qu'une série télévisée ! Les Vikings ont bien existé, ils ont d'ailleurs traumatisé une bonne partie de l'Europe avec leurs raids. Mais là où leur histoire m'intéresse aujourd'hui, c'est pour leurs voyages vers le Groenland. Nous sommes alors au Moyen-Age et ces champions de la navigation poussent à l'Ouest. L'Anse aux Meadows ne vous dit peut-être rien, c'est pourtant un site archéologique essentiel, classé patrimoine mondial par l'Unesco : découvert en 1960, il est composé de maisons et d'outils remontant aux alentours de l'an 1000, identiques à ceux des Vikings en Norvège. Or, c'est aujourd'hui situé au Canada !

Comme le disaient les sagas islandaises du XIIIème siècle, les Vikings ont peuplé un territoire à l'Ouest du Groenland ! Ainsi, ils ont "découvert" l'Amérique avant Christophe Colomb, qui ne peut plus être considéré comme le premier Européen à poser le pied en Amérique !

Les voyages des Vikings

Les voyages des Vikings

III] Christophe Colomb ne connaît pas sa découverte

Et si je ne vous ai pas encore convaincu, voici la dernière partie qui le fera ! Car oui, finalement, 500 ans plus tard, Christophe Colomb met le pied en Amérique et y rencontre ses peuples. Mais qui croit-il rencontrer ? Des Indiens ! Des Asiatiques en fait ! Ceux qu'on appelle aujourd'hui des Japonais ! Car quand il part, voilà sa vision du monde !

Globe de Martin Behaim, 1492

Globe de Martin Behaim, 1492

Ainsi l'île de Cipangu/o, telle que Marco Polo l'a racontée, est l'objectif premier de Colomb, ainsi que la Chine : ce sont les Indes orientales (d'où le nom d'Indiens). Vous connaissez la suite, il arrive sur le continent américain... persuadé qu'il est en Asie ! Et quand il meurt, en 1506, il est toujours sûr qu'il a trouvé une nouvelle route vers les Indes Orientales !
Christophe Colomb n'a donc pas découvert l'Amérique, puisqu'il ne savait pas lui-même à sa mort que ce continent existait !



Vous êtes convaincus ?! Bon, bien sûr, en conclusion, sa redécouverte fortuite d'un continent peuplé a transformé le monde, certains parlant du XVIème siècle comme celui de la première mondialisation. Et c'est le fait d'avoir clamé sur tous les toits la découverte d'une nouvelle route qui a permis l'établissement des Européens en Amérique, et, de fait, sa colonisation. Christophe Colomb, un sacré pistolet !

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5 novembre 2019 2 05 /11 /novembre /2019 06:43

Forcément je les attendais ! Il n'y a d´ailleurs que ça que j'attendais ! Et franchement, elles ne m´ont pas déçu ! Il y a eu les premières, à quelques encablures du port. 4 (et demie), alignées, dos à l´océan. Et, juste à côté, une autre, avec des yeux et un chapeau ! Surprise !

L´île de Pâques : les statues
L´île de Pâques : les statues

C'est au cours de ma visite que je vais lire sur ces statues et leur histoire. Les habitants de l´île de Pâques sont arrivés en 400, ou vers 800, ou... 1200 ! Oui, il y a déjà une sacrée fourchette sur cette information (plusieurs études ont été effectuées, avec des résultats contradictoires !). Ce qui semble avéré toutefois, c'est leur origine, de Polynésie (peut-être les Marquises). Ils sont donc arrivés en bateau, en traversant une partie de l'Océan Pacifique. Ils ont emporté avec eux des traditions, des croyances... Ainsi, dans les îles Marquises on retrouve aujourd'hui des statues appelées Tiki. Le Moaï semblent en être une déformation : les sculptures représenteraient les ancêtres de chaque clan installé sur l'île. Imaginez un gâteau coupé en 10 parts à peu près égales, voilà comment a été divisée l'île par une dizaine de clans (l'objectif étant que tout le monde ait un accès à la mer). Les statues permettraient la transmission d'un esprit, ou d'un pouvoir (le Mana). Encore faut-il que les statues restent debout...

Un peu plus au centre, Ahu Akivi. Celles-là me font un gros effet : elles sont 7, alignées comme des militaires, et (et c'est unique sur l´île) elles sont situées dans les terres, observant l´océan ! 

L´île de Pâques : les statues
L´île de Pâques : les statues

C´est beau, ça arrive après 3 heures de randonnée, et je suis tout seul face à elles. Magique.

Je trace ma route vers Puna Pau, la carrière... des chapeaux ! Officiellement appelés Pukao, ils étaient un peu taillés dans cette carrière, puis on les faisait apparemment rouler jusqu'à la statue (le chapeau perdait alors un tiers de son volume !), pour le retailler ensuite avant de le mettre sur la statue... l'opération devait être très délicate vu le poids ! Pourquoi les chapeaux sont-ils là ? Etait-ce la fin de la croyance des Moaï à ce moment là ? Mystère.

L´île de Pâques : les statues

Mais il n´y a pas que les chapeaux qui sont abandonnés au sol. A de nombreuses reprises je vais rencontrer des têtes, voire des statues complètes couchées, sur le ventre ou sur le dos. L´effet du temps ? Pas seulement...

L´île de Pâques : les statues
L´île de Pâques : les statues

Car cette destruction des statues est volontaire ! Non, ne hurlez pas sur les touristes, ce n'est pas leur faute ! Deux possibilités :
- la première est celle des guerres qui ont éclaté, apparemment souvent, entre les clans. Faire tomber les Moaï du clan adverse, c'est faire perdre l'esprit et le pouvoir donnés par leurs ancêtres. Ce devait donc être un des objectifs de guerre.
- la seconde est l'abandon volontaire. Car pour que le Moaï ait toute sa puissance, il faut qu'il soit debout. A partir du moment où il est tombé, il ne vaut plus rien. Or, pendant le transport, les chutes devaient être nombreuses ! Pensez, certains Moaï font plus de 9 mètres de haut et pèsent jusqu'à.... 74 tonnes !!! Au final, seuls 1/3 des Moaï semblent arriver à destination.
L'un des mystères tient justement au transport de ces Moaï depuis la carrière où ils étaient sculptés. Ont-ils fait avancer ces immenses statues centimètre par centimètre, à la force des hommes ? Les ont-ils mis sur des radeaux-traîneaux et fait glisser jusqu'aux sites ? Aujourd'hui ce ne sont que des hypothèses.

 

Ainsi, dans la carrière de Rano Raraku, ce sont des dizaines de Moaï qui sont entreposés au sol. Certaines statues ont été abandonnées très vite, dès leur chute (comme sur ma deuxième photo plus haut), d´autres ont été laissées là volontairement. Peut-être la fin de la période de croyance des Moaï, et tout s'est arrêté... ou alors ce site devait lui-même être protégé différemment et on a laissé des Moaï sur place pour ça. Il y a presque 400 statues sur ce site ! Il y en a même dans le volcan derrière !

L´île de Pâques : les statues
L´île de Pâques : les statues
L´île de Pâques : les statues

Le site le plus connu, le plus majestueux, est situé à quelques kilomètres. 15 Moaï sont disposés sur l´Ahu Tongariki, avec l´océan et ses falaises en décor de fond. C´est le lieu où je croise les groupes, finalement pas si nombreux que ça (y´a un avion par jour qui atterrit ici, ça limite forcément !) Il est là le 88 tonnes ! En 1960, un immense tremblement de terre (9,5 sur l'échelle de Richter ! le plus gros jamais enregistré) a provoqué un tsunami (des vagues de 11 mètres), et des statues se sont retrouvées 100 mètres à l'intérieur des terres. Les Japonais ont aidé à tout reconstruire et voici aujourd'hui le plus large site. Avec de la hauteur c´est encore plus beau !

L´île de Pâques : les statues
L´île de Pâques : les statues

Allez, je termine avec mes préférés, les seuls qui ont gardé leur chapeau, avec en plus les pieds dans le sable et entourés des cocotiers... Le plus beau site pour moi, sur la plage d'Anakena

L´île de Pâques : les statues
L´île de Pâques : les statues

Le bilan ? Incroyable. C´est une île magnifique, avec la mysticité qui va avec. Je pourrais aussi vous parler du coucher de soleil.... mais il faut parfois se taire, et simplement apprécier.

L´île de Pâques : les statues
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