Après vous avoir un peu détaillé notre visite berlinoise, venons-en au point principal de notre venue ici, en ce 31 décembre : le réveillon de la Saint-Sylvestre. Berlin, ça sonnait déjà bien. Berlin, c'est une ville de fête, un peu la Barcelone du nord de l'Europe. Capitale alternative, capitale de l'électro, la ville ne souffre pas comme Paris ou Londres de prix exorbitants ou d'une ambiance plus bourgeoise que bohème. Berlin vit la nuit, et respire la fête.
Dès notre arrivée au matin du 30 décembre, nous pouvons entendre au loin des détonations. Berlin, comme dans toute l'Allemagne, les Pays-Bas ou l'Alsace, fête Nouvel An avec des feux d'artifice et des pétards (ceux-ci ne se fument pas). Et régulièrement, c'est un grand « BAM ! » qui résonne au loin (ou BOUM ! c'est vous qui voyez). De temps en temps, on entend un bruit de sifflement auparavant. C'est parti pour Berlin en état de siège.
Le 31 décembre, dans Berlin-Bagdad, les bombardements redoublent d’intensité. Les explosions sont de plus en plus fréquentes. Nous ne sommes pas encore sur le front, trop occupés à commencer la soirée dans notre hôtel, protégés que nous sommes. Mais après quelques billards et un burger, il faut nous préparer. Minuit arrive, nous mettons nos treillis de soirée, et partons sur la ligne de front. Sur la route de l'Oberbaumbrücke, nous voyons les explosions au loin, nous entendons les sifflements. L'ami Lucas a un missile entre les mains, j'ai à peine le temps de lui crier « lâche-le ! ». Le missile s'écrase à quelques mètres de nous. Sur la ligne de front, c'est un carnage. On essaie de s'abriter dans le Matrix Club, mais l'entrée est bouchée. Il va falloir combattre.
Minuit, Oberbaumbrücke. 9 minutes de guerre.
Les bombardements sont incessants, les B-52 américains lâchent des bisons sans discernement de civils ou de militaires. Cam est touchée, elle perd un collant. J'évite de très peu un missile qui me passe au coin de l’œil et s'écrase juste devant moi, sur deux Allemandes en prenant feu. Une bagarre éclate au coin de la rue à cause d'une détonation. On essaie de s'abriter comme on peut derrière la foule. Dès qu'on entend un sifflement on regarde vers le ciel : on ne sait jamais où ça va tomber. Ça pète dans tous les sens et on prend la décision du repli. On longe les murs, évitant un bison pour quelques mètres. On traverse la rue, continuons vers le Matrix Club. L'entrée est toujours bouchée mais nous prenons notre mal en patience. 30 minutes plus tard, nous sommes à l'intérieur, enfin en sécurité. La soirée peut commencer.
Les pertes ont été lourdes. Un homme est mort à Strasbourg. Un Berlinois a perdu une main. Très honnêtement, je comprends pourquoi les feux d'artifice sont interdits en France pour les particuliers. C'est super-dangereux, surtout un 31 décembre. Des gens à moitié ivres visent le train qui passe, ou la voiture. Ça les fait rire. Nous sommes des milliers de personnes sur ce pont, et que c'était beau. Tout ce bruit, toutes ces lumières dans le ciel. J'ai adoré, et je pense bien que tout mon groupe a ressenti la même chose. Mais nous étions tous d'accord : super-dangereux.
La soirée au Matrix Club, c'était le plat du pied-sécurité. 7 salles, 8 DJ, des strip-teaseuses, des cages. On est loin de la soirée alternative berlinoise ! On se défoule sur la piste (ou sur les cubes). On évoque 2013 avec un brin de nostalgie au bar, on pense à 2014 avec beaucoup d'espoir. L'année sera belle, l'année sera folle. Elle commence d'une belle façon. Certaines souffrent avec leurs talons, décident de partir (ou pas). Nous revenons finalement ensemble dans un métro bondé.
Le 1er janvier, c'est le chant du cygne pour les filles, qui reprennent la route. Avec l'ami Lucas, nous avons un peu de chance, avec une journée en rab. Pas fatigué, on repart à l'assaut de la belle berlinoise, marchant depuis l'hôtel vers Alexanderplatz, où la tour de la télévision domine le ciel, empruntant l'Unter den Linden (la plus belle avenue de la capitale, en gros travaux en ce moment pour prolonger le métro).
On observe aussi l'imposant Dom de la ville. On respire cette atmosphère tellement particulière. La ville alterne le beau et le laid, avec parfois un mélange des deux. Ici, les conduites de gaz à l'extérieur, avec des bâtiments classiques au second plan.
Nous traversons le plus grand jardin de la ville, le Grosser Tiergarten (la traduction : le grand jardin des animaux), qui porte bien son nom. On y retrouve des animaux sauvages, notamment des sangliers ! On avance vers le jardin zoologique, découvrant enfin l'église du souvenir. Celle-ci garde son aspect de 1945, après les bombardements. On terminera notre journée chez Florian, à galérer un peu plus encore pour retrouver le numéro de notre chauffeur du lendemain (qui, en fait, s'est fait voler son téléphone dans la nuit du 31).
Le bilan ? Allez-y. Foncez. Berlin est une ville que j'adore. Berlin est une grande ville où j'imagine même pouvoir vivre. Une personnalité hors-norme, et une atmosphère exceptionnelle. Berlin ville de fête, ville d'histoire. Dernière ville de 2013. Première ville de 2014. Le pied.