1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 05:53

Bujumbura, j'ai eu un petit coup de foudre. C'est bizarre, je ne l'ai pas vu arriver. Je ne m'y attendais d'ailleurs pas du tout. Je pensais avoir déjà eu ma dose en coup de foudre. Et voilà que tu étais là. Tu m'attendais. Tu étais faite pour moi, à ce moment là, ces jours là. Et tu m'as enchanté.


Bujumbura a un charme certain. La découverte de la ville au rythme de mes pas. Se poser devant le lac Tanganyika au cercle nautique. Un hippopotame nage devant moi. Le café gourmand, avec ses saveurs françaises qu'on apprécie encore plus, une fois à l'étranger.
Voilà, c'est ça. Le plaisir de retrouver la France et ses saveurs. Cette culture. Cette gentillesse. L'humour français. Francophone plutôt, parce que ce n'est pas vraiment la France. Jé né sé pas comme ils disent.

Bujumbura ce fut une surprise. Une espèce d'incompréhension aussi. Se demander ce qu'on fout là, en plein milieu de l'Afrique. Comment on en est arrivé là. L'ensemble des décisions prises depuis plusieurs années qui vous font arriver à cet instant T dans Bujumbura.

Bref, c'est difficile d'expliquer ce sentiment. Je vais entrer dans les détails un peu plus tard. Venons-en au fait.

Bujumbura c'est un rythme très africain. Ça se sent dans le rythme des pas. C'est lent. Même en s'efforçant, ça reste difficile de marcher aussi lentement, avec une telle nonchalance (et pourtant je suis quelqu'un de nonchalant !). J'ai rarement vu autant de gens assis sur le bord de la route. Leur occupation ? Regarder les voitures qui passent. Dans un autre genre, il y a l'institut national des statistiques du pays. Je rentre dans un bureau : les deux employés sont affalés sur leur bureau, à faire la sieste. Il est 14h30.
Clairement, il y a des choses qui ne tournent pas rond dans la ville. Les coupures d'électricité et d'eau sont quasi-quotidienne. La police est partout, et pourtant, tu ne te sens pas vraiment en sécurité quand tu croises un policier. J'ai assisté à une arrestation à l'ancienne, avec un motard coursant un autre motard à travers la ville. La scène finale s'est déroulée devant moi . Le flic rattrape la moto, le motard tente de réaccélérer, puis de ralentir, puis de réaccélérer... il tombe au sol. Le flic l'attrape, le motard le pousse... Bon, cette scène se déroule à 40 mètres de la Présidence... (mauvaise idée pour le motard). Surgissent deux militaires avec leur fusil. Forcément, à un contre trois, c'est plus difficile, surtout quand on sait que les militaires ont la gâchette facile ici.

 

La ville n'est pas très jolie. Les villes en Afrique subsaharienne ne sont jamais très jolies. Bujumbura ne fait pas exception. Mais il y a un petit quelque chose qui se dégage des rues du centre, dans ce mélange de chaleur et de poussière. On y croise des artisans faisant de la fonderie. Des bouchers tranchant à même la rue. Vous avez parfois des drôles de mix, comme ce bar qui nettoie aussi les voitures, ou le vendeur de DVD et de glaçons. Ça semble étrange, mais tout vous semble tellement logique ici.


Je ne suis pas tellement sorti, mais j'ai l'impression d'en avoir beaucoup vécu. Le réveil du muezzin à 4h30 chaque matin. Cette odeur. Bujumbura a un charme fou. Voilà, c'est l'expression pour la décrire. Un endroit où je me suis senti bien. Que j'étais triste de quitter. Les jours ont défilé très vite. J'aurais même voulu rester plus. Une autre fois. Dans une autre vie.

Les charmes de Buju
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30 juillet 2014 3 30 /07 /juillet /2014 08:57

Le trajet Bujumbura-Arusha est une expédition. Par les airs, c'est toujours deux escales minimum, voire trois. Et puis vous me connaissez, je suis un peu radin. J'aime voir du pays. Alors ce sera par la route. Là, on m'a prévenu : ce sera deux jours de voyage. Motivé, je ne résiste pas.
Réveil 5h, le bus part à 6h. C'est un bus énorme pour la région, du genre de ceux que l'on prenait pour aller au collège, sièges confortables en prime. De surprise en surprise, je vois que je ne suis pas le seul muzungu du bus. Il y a trois Allemandes, et la plus jolie est assise à côté de moi.


Neuf heures de bus. Autant vous le dire tout de suite, la fenêtre est ma meilleure amie. Elle permet de m'évader des secousses, des coups de klaxon et du dvd de karaoké des années 90 qui tourne en boucle sur la télévision. Au rythme des 90's, j'observe les collines abimées du Burundi, les champs de bananiers, les habitants sur leur vélo. Ils emportent toujours mille choses sur celui-ci, et je me demande vraiment comment ils font pour garder l'équilibre. Dans les descentes, leur monture dévale à toute vitesse. Ils avalent la colline en deux temps, trois mouvements (de pédales), doublant les camions, faisant fi du danger et de l'état de la route. Je me demande bien à ce moment là quel est le taux de mortalité sur les routes burundaises. En contrebas, nous nous arrêtons parfois dans les villages. Là, c'est la course. Les vendeurs arrivent au sprint, et nous crient « soda, biscuit ! » à nos fenêtres. Je rêve de fruits, le pays est un producteur d'à peu près tout, et je me retrouve avec des biscuits chinois exécrables. Putain de mondialisation tout de même.
Le bus essaie tant bien que mal de remonter la colline. Le moteur gronde, Céline Dion chante à toute voix devant moi. Bref, un bon mix. De me fenêtre, je retrouve les cyclistes qui nous ont doublés il y a quelques minutes. Le poids des kilos de bananes se fait encore plus ressentir dans la montée, et c'est pied à terre que mon ami burundais remonte la colline. Parfois, quelques enfants qui traînent là se retrouvent embarqués dans la galère.


Les enfants vous marquent toujours en Afrique. Les enfants qui travaillent. Les enfants qui mendient. Les enfants souriants. Les enfants qui jouent. Depuis le bus, on les entend nous crier « muzungu, muzungu ! » ou « money, money ». Régulièrement, l'un de mes voisins jette des bouteilles en plastique dehors. Les enfants courent, se jettent dessus, se battent pour l'avoir. Si vous voulez voir un peu la misère, venez dans ce monde où une bouteille en plastique vide devient un trésor source de conflit.
Depuis ma fenêtre, je vois aussi les premiers paysages tanzaniens. On a perdu les collines, je retrouve la savane. J'espère toujours voir un lion au pied d'un acacia parasol. Les maisons de briques avec toit de tôles me semblent presque devenues un signe extérieur de richesse. A côté, la maison en bois ou pierre séchée, avec toit de paille me semble sortie toute droit de la comptine des 3 petits cochons.
Les animaux sont nombreux. Des ânes mangent les détritus du village. Deux bœufs tirent une charrette. Des chiens sauvages déambulent. Un éleveur tire sur la corde de sa chèvre pour éviter qu'elle ne se jette sous le bus. Beaucoup de bœufs arborent des cornes immenses me faisant penser à des défenses d'éléphants.

Finalement, ces neufs heures sont passées vite. Entre un regard à gauche et un regard à droite, une chanson de Des'Ree et un tube du roi de la pop', une sieste et une discussion avec ma voisine. Mais je suis loin d'être arrivé. Nous sommes à Kahama. Autant dire au milieu de rien, si ce n'est de la Tanzanie. C'est notre escale, le bus repart demain. Il est 16 heures, nous devons changer nos tickets de bus et trouver un hôtel. Je suis bien content de ne pas être seul. Je me retrouve avec mes 3 Allemandes à attendre un taxi. Celui-ci nous emmène à la station toute proche. Cet endroit est une certaine idée de l'enfer. Le bruit est infernal, entre cris locaux, coq hurlant la mort et moteur vrombissant. C'est une certaine idée de la pollution, entre gaz d'échappement, poussière et détritus en tout genre autour de nous. Nous sommes les seuls muzungus du coin, j'ai même l'impression que ça doit faire pas mal de temps qu'ils n'en ont pas vus. J'ai l'avantage d'être un garçon, et d'avoir 3 blondes avec moi. Les regards insistants sont portés sur elles, les discussions s'engagent avec elles. Pour un peu j'aurais l'impression d'être devenu noir. A un rythme très local (40 minutes) on obtient nos tickets.

L'hôtel mériterait un blog en soi. Les chambres sont impeccables (très Hello Kitty tout de même) pour un prix dérisoire. L'histoire commence vraiment au restaurant de l'hôtel. Voyez-vous, les Tanzaniens vous expliquent qu'ils parlent anglais. Un peu comme si votre bon oncle proclame qu'il parle italien après sa semaine à Capri. Les Tanzaniens parlent swahili et certains, dans les grandes villes, parlent anglais. Les autres font semblant. Ils répondent « oui, oui » à chacune de vos demandes, sans vraiment savoir exactement ce que l'on souhaite obtenir. C'est toujours une surprise. Je me retrouve en mode Chine. Les gestes ont repris la place des mots. Manger, boire, payer, c'est plutôt facile. Ça s'explique. On bruite les animaux. On montre sur la carte. Régulièrement en Afrique, j'ai eu le droit à des menus formidables. Énormément de choix, pas cher. Bon, il y a juste au moment de la commande un petit problème : je vais vous prendre ça. « On n'a pas ». Ah. Bon. Je vais vous prendre ça. « On n'a pas ». Au final, tu t'aperçois que le menu est comme un mirage en plein désert, et tu te retrouves sans trop savoir comment avec les seules choses qui ne te faisaient pas trop envie : des brochettes et un fanta.
La patience est une vertu. En Europe. La patience est une nécessité en Afrique. Nous sommes les 4 seuls clients du restaurant, mais il faudra presqu'une heure pour voir arriver notre commande. Du riz, des frites, des légumes. Et ils sont 4 dans la cuisine. Les frites et le riz arrivent presque froids, mon chapati est brûlant. Ne surtout pas réclamer qu'ils réchauffent ton plat, sinon il repart pour 30 minutes supplémentaires ! A la fin du repas, on vient nous débarrasser. La jeune fille rit à chacun des mots qu'on prononce. Notamment au Thank you. Elle prend un fou rire à chaque fois. Pour communiquer à propos de la note, ça se fait avec les pouces. Oui, les prix sont différents de ceux du menu. Notre taxi traduit comme il peut à chaque fois qu'on a besoin de lui. La moitié du temps ce n'est pas ce que l'on a demandé. Mes trois blondes rient beaucoup. C'est leur première fois en Afrique. Ça se sent. Elles stressent beaucoup alors que j'ai depuis longtemps rejoint le camp du Hakuna Matata. Elles sont trois amies de l'université. Elles ont rendu visite à une de leurs copines qui travaille depuis deux ans au Burundi. C'était facile, elles avaient quelqu'un sur place. Aujourd'hui, c'est le premier jour où elles se retrouvent seules, au milieu de l'Afrique. Alors elles vont expliquer chacune leur tour au chauffeur de taxi qu'il doit être là demain, à 5h15, et pas plus tard, pour qu'on récupère nos bus.

Vous vous doutez bien de la suite. A 5h15, le chauffeur n'est pas encore là. 5H25 non plus. Je reste dans mon mode Hakuna Matata, persuadé que les 8 000 shillings convenus hier soir vont le faire rappliquer à un moment. Les filles mettent tous les moyens qu' elles ont à disposition pour essayer de le contacter, utilisant le téléphone du garde (qui, lui, était persuadé qu'il devait arrêter les taxis sur la route). 5H35, il débarque enfin, au grand soulagement de mes Allemandes. Le bus partira de toute façon avec 30 minutes de retard. Hakuna Matata.

Notre doux bus de la veille est remplacé par un vieux de la vieille. On est compressé comme rarement. Surtout, on se retrouve sur une route vraiment dégueulasse, avec des secousses qui nous font bondir de notre siège (il devait y avoir sans mentir 250 dos d'ânes sur le trajet !). Free African Massage qu'ils appellent ça. Alors que les filles étaient persuadées que le trajet allait durer 4 heures, on apprend un peu plus tard que ce sera en fait 9 heures minimum. On pensait avoir touché le fond, mais un vendeur ambulant s'est installé dans le bus. Il répète inlassablement les mêmes phrases pour vendre une bouteille d'eau ou une brosse à dent. On pensait avoir touché le fond pour la deuxième fois, lorsque le bébé devant nous s'est mis à pleurer. Mais le fond, réel, était l'odeur du vomi arrivant dans nos narines. Là, vraiment, on était au fond du fond.

Reste ma fenêtre. Reste le paysage. C'est plat comme rarement en Afrique, le soleil de plomb n'empêche pas les enfants de se chamailler aux portes des maisons. Le linge sèche, les femmes portent de l'eau sur leurs têtes. Des poules picorent. La vie semble suivre son cours. Ma voisine est plongée dans un Lonely Planet. Et moi, devant cet écran, en train d'écrire ces quelques lignes. Malgré les secousses du bus, malgré les secousses de la vie. C'est chouette tout de même.

 

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22 juillet 2014 2 22 /07 /juillet /2014 11:22

Je suis arrivé il y a tout juste une semaine à Bujumbura. J'ai d'abord eu la chance d'être dans un hôtel appartenant à une église pentecôtiste : messe chaque matin et chaque après-midi ! Je n'étais pas obligé de participer, mais je restais contraint de l'entendre ! La chambre était le minimum syndical : un lit. Et c'est tout ! Je n'étais pas gêné par le mobilier, c'est déjà ca. Le vrai problème, c'était l'eau. Une fois sur deux, il n'y en avait pas.


Bref, pas fâché au moment de retrouver ma Couchsurfer ! Mieke est belge, elle travaille ici depuis près de deux ans (la coopération bilatérale belge). Elle habite une maison typique muzungu. Je retrouve certains avantages laissés à Kigali : un garde, un cuisinier, qui fait aussi le ménage et la lessive ! C'est un détail important pour moi, puisque je traîne les mêmes fringues depuis quelques jours et que je n'en peux plus sans douche régulière !

Ce week-end, les deux Belges de l'habitation ne sont pas là, mais une Française me tiendra compagnie, Carole. Elle travaille depuis deux semaines pour un organisme des Nations-Unies consacré aux femmes. Toute nouvelle, elle est donc motivée pour m'accompagner à la découverte de Bujumbura.
Le matin, nous montons vers Kiriri. C'est une marche d'une heure trente, sous un soleil de plomb, avec un bon dénivelé positif. L'objectif, promis par tous : une vue sur tout Bujumbura et au fond, le lac Tanganyika. Bon, vous pouvez le voir, la chaleur est telle qu'une brume semble recouvrir la ville. Mais nous n'avons pas tout perdu puisque nous repartons avec des beaux coups de soleil.

Bujumbura : le lac Tanganyika et ses hippopotames
Bujumbura : le lac Tanganyika et ses hippopotames

Le lac Tanganyika sera notre destination de l'après-midi. C'est le deuxième plus grand lac d'Afrique (après le lac Victoria). Il présente la particularité d'être tout en long (677km !), ce qui en fait d'ailleurs le plus long lac du monde. C'est aussi le deuxième plus profond lac du monde (après le lac Baïkal). Vous pouvez donc le constater, c'est un très grand lac ! En face, on doit normalement apercevoir la République Démocratique du Congo, mais la brume n'aide pas.
Cependant, notre petite visite au Cercle Nautique nous permet de voir... des hippopotames !!! Je suis un hippopotameeeeee un hippopotameeeeeee.... (chanson de merde dans ma tête à l'instant !) Ils sont 5, cela semble être une petite famille puisque deux très gros hippopotames sont accompagnés par 3 plus petits. L'un des petits est d'ailleurs très joueur, ce qui nous permet de les observer se chamaillant un peu. La gueule d'un hippopotame est impressionnante. Le bruit qu'ils font est très bizarre (la première fois, je pensais que quelqu'un essayait de démarrer sa moto !). J'apprends que le gros animal est herbivore.

Bujumbura : le lac Tanganyika et ses hippopotames
Bujumbura : le lac Tanganyika et ses hippopotames
Bujumbura : le lac Tanganyika et ses hippopotames
Bujumbura : le lac Tanganyika et ses hippopotames

Ca a l'air mignon tout plein, mais il faut savoir que l'hippopotame est l'animal sauvage qui cause le plus de décès en Afrique ! Il charge à une vitesse assez folle, et à ce moment-là, vaut mieux ne pas être dans ses pattes (c'est un peu comme prendre un gros camion sur-soi). Bref, mignon, mais de loin !

Dans le Tanganyika, il y a également des... crocodiles. L'un d'entre eux, surnommé Gustave, est d'ailleurs devenu un mythe, il serait énorme et mangerait régulièrement des petits Burundais (200 à 300 disparitions !). Au point que le National Geographic a lancé une expédition à sa recherche il y a quelques années, sans succès. Mais ça n'empêche pas les Burundais d'avoir l'expression « être un Gustave », c'est à dire manger énormément !

Le dimanche, direction Bora Bora ! Non, pas d'avion, mais une plage un peu privée de Bujumbura, avec piscine et repas de muzungu. Les prix aussi, sont très muzungu. L'avantage est de pouvoir être installé tranquillement sur un transat sans avoir une armée de Burundais autour de soi à nous observer (dans le meilleur des cas). Malheureusement, la météo ne suit pas, le temps se couvre, et on se demande même si on ne va pas devoir déguerpir à toute vitesse. Ça se maintient finalement, mais pas de risque de coup de soleil.

Bujumbura : le lac Tanganyika et ses hippopotames
Bujumbura : le lac Tanganyika et ses hippopotames

Petit week-end relax donc, après une semaine de boulot intensif. J'ai déjà eu les interviews essentielles que je souhaitais avoir sur mes premiers jours. Reste une grosse semaine ici avant de partir pour la Tanzanie. La suite au prochain épisode !

Bujumbura : le lac Tanganyika et ses hippopotames
Bujumbura : le lac Tanganyika et ses hippopotames
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21 juillet 2014 1 21 /07 /juillet /2014 07:03
Le Burundi

Je vais commencer ma visite du Burundi par une petite présentation du pays, étant donné que c'est sans aucun doute l'un des Etats les moins connus du monde. Tout d'abord, sa situation géographique : le pays est coincé entre le Rwanda au nord, la République Démocratique du Congo à l'ouest et la Tanzanie au sud et à l'est. Pas d'accès à la mer donc, mais à un lac, le Tanganyika (j'y reviens dans le prochain article).

 

Le Burundi

Niveau population, c'est 10 millions de personnes, dont un million dans la capitale, Bujumbura, où je me trouve pour deux grosses semaines. Niveau de vie... le Burundi est pauvre. Très pauvre. Il était classé en 2011 185ème sur 187 à l'indice de développement humain. La raison, c'est la guerre civile qui s'est déroulée entre 1993 et 2003. Le dernier accord de paix avec les rebelles a été conclu en 2008.
Le Burundi est donc un pays en reconstruction. Ce serait vous mentir de dire que ça fonctionne. Le pays est gangrené par la corruption. La gouvernance est loin d'être éclairée. Et les conflits ethniques restent toujours présents. Le gouvernement est en ce moment CNDD-FDD. Le président est Pierre Nkurunziza. C'est un hutu. Oui, car le Burundi présente les mêmes caractéristiques ethniques que son voisin du nord : une majorité hutu, une minorité tutsi et quelques twas. Mais le Burundi est le faux jumeau du Rwanda : quand les hutus sont au pouvoir au Rwanda après la colonisation, ce sont les tutsis qui le sont au Burundi. Et dans les années 1990, il y a eu un nouveau basculement. A l'heure d'aujourd'hui, le président est censé quitter le pouvoir l'année prochaine (selon la Constitution). Mais il va profiter d'une petite faille dans le texte pour se représenter. La liberté d'expression est plus importante qu'au Rwanda, mais l'opposition politique doit tout de même lutter quasi-quotidiennement contre la censure, les arrestations arbitraires ou les décisions de justice défavorables.

Niveau sécurité, ce n'est pas le Rwanda non plus, mais ce n'est pas le Congo. Bujumbura me fait penser un peu à Nairobi de ce côté-là (il est déconseillé de se balader seul à la nuit tombée). L'ambassade de France fait un peu flipper lorsque je suis allé m'enregistrer (comment réagir en cas de situation de crise, coup de feu, intrusion au domicile...).

Les Burundais parlent le kirundi (proche du kinyarwanda). Mais également le swahili, et bien sûr le français. Tu commences toujours ta conversation par un « bonjour, ça va ? ». Ca rappelle le pays. C'est aussi plus pratique pour communiquer avec les locaux. Quand je dis qu'ils parlent français, je devrais dire belge (les colons) : septante (70) et nonante (90), la police de roulage (la circulation) ou encore l'attache-tout (un trombone !). Ils ont aussi des expressions assez amusantes, comme l'article 15 de la Constitution (la débrouillardise ! C'est sur le mode congolais) ou encore le deuxième bureau (la maison de la maîtresse).

Au niveau du commerce, le café et le thé sont les principales exportations, avec les minéraux (nickel, cobalt, or). 88% de la population travaille dans l'agriculture, surtout une agriculture de subsistance (les haricots sont le plat national, le sorgho, courges, aubergines, manioc, patates douces, et bien sûr les bananes). La malnutrition est très importante (73% en 2011 !) Le nombre d'enfants par femme est élevé, 6 en moyenne.

Bref, pas besoin de détailler plus, vous avez compris que le Burundi est un pays pauvre, le plus pauvre que j'ai visité. Ce n'est pas un gros choc, j'étais préparé (et ce n'est pas comme si c'était mon premier voyage). Mais je pense qu'un Francais qui débarque directement de chez lui peut être vraiment choqu.

Petit point prix locaux : 6€ pour la chambre individuelle (pas de douche), buffet du midi : 2,50€-3€, sodas dans les bars : 40 centimes. Taxi : entre 1,50 et 3€ selon la distance. Déodorant : 4€. Petit pain au chocolat : 1€ pour deux. Shampoing : 10€. Petit pot de Nutella : 8€.

Demain, je vous emmène chez les hippos !

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