Voilà plus d'un mois que j'enseigne dans un lycée dunkerquois. Je suis arrivé deux semaines après l'assassinat de Samuel Paty, dans une ambiance de confinement, avec des masques, et sans réelle consigne gouvernementale sur le protocole ou les épreuves de bac. Bref, c'était la merde ! (comme partout!)
Sympa, je me retrouve avec quatre niveaux du lundi 8h au samedi midi : première générale, terminale générale, première spécialité histoire-sciences politiques-géopolitique et terminale spécialité histoire-sciences politiques-géopolitiques. Avec les nouveaux programmes et la réforme du bac, je n'ai rien dans mes stocks de cours. L'avantage, c'est la période, travailler étant devenu notre seul droit inaliénable !
Alors j'ai redécouvert un chapitre sur les mers et les océans, un autre sur la métropolisation, j'ai apprécié la thématique consacrée aux frontières, et je me suis lancé dans un thème qui me paraissait alléchant et qui me tient particulièrement à cœur : l'environnement. Pensez, 24 heures devant moi pour parler d'environnement avec des terminales ! Ca a l'air formidable !
Les jalons. Nouveau terme à la mode au lycée (ça change tous les cinq ans, j'ai l'impression que « compétences » est déjà has been). En d'autres termes, des sujets obligatoires à insérer dans le cours. Pour l'environnement : la forêt française depuis Colbert, la rupture de la révolution néolithique dans l'évolution des milieux, l'évolution du climat en Europe entre le Moyen-Age et le XIXème siècle. Sexy ? Hum.
Bon, une fois tout ça passé, le cœur du sujet, le climat un enjeu des relations internationales : les accords internationaux. Je me passionne alors pour le protocole de Kyoto. Pensez, la COP3, en 1997, avec comme objectif de réduire les gaz à effet de serre d'au moins 5% par rapport à 1990. L'idée est bonne. Et puis viennent les chiffres...
Je vous avoue que quand j'ai mis cette courbe de l'évolution des émissions de CO2, j'étais un peu déprimé. Kyoto, 1997, « un résultat mitigé » dit la presse. C'est marrant, moi j'aurais dit un gros échec. Depuis que mes parents sont nés, les rejets de CO2 par an ont triplé. Bon...
Et dans la ligne des bonnes nouvelles, il y a aussi la protoxyde d'azote, 298 plus dangereux pour le réchauffement climatique, qui reste 130 ans dans l'atmosphère ! Certains scientifiques considèrent que c'est le premier destructeur de la couche d'ozone aujourd'hui. Et ça monte, ça monte, ça monte...
Heureusement, voilà l'accord de Paris ! Ah, la COP21, les grandes embrassades, tout le monde debout applaudissant. Quelle victoire ! L'objectif : limiter l'augmentation de la température au niveau mondial entre 1,5°C et 2°C... Ah, oui, quand même, un objectif qui est déjà inquiétant !
Sauf que cet objectif dépend du bon vouloir de chaque État, qui définit lui-même ses objectifs personnels (ce sont les fameuses contributions déterminées au niveau national). Et quand on fait le bilan des promesses, on arrive... à une augmentation de 3°C !
Ah, merde !
Oui, mais vous savez, les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent ! Car pour Kyoto, chaque pays avait aussi fait des promesses. Qui n'ont pas été tenues par près de la moitié des pays.
Je résume donc : on a un accord qui vise à limiter l'augmentation à 2°C, les pays ont fait des promesses qui permettraient une augmentation de 3°C, et il se peut que beaucoup d'entre eux ne respectent pas leur promesse.
J'ai commencé à créer ce cours en me disant « c'est la merde pour l'environnement ». J'ai fini ce cours en me disant « c'est la grosse merde pour l'environnement ».
Dans 40 ans, l'expression à la mode ne sera plus bon appétit, mais bonne respiration.