Cher journal intime
Comment te raconter ma vie pour bien que tu comprennes ? Je vais essayer de faire dans l'ordre chronologique, mais excuse-moi si parfois je dérape. Tout commença en début de semaine dernière, lorsque j'ai compris que je devrai faire mes essais avant que la fac n'arrive. C'est de là qu'est parti cette mauvaise habitude : un jour ça va ; un jour, ça ne va pas. La première conséquence fut des performances à taux variables : des jours productifs et des jours dépressifs. De ce fait, les essais ont avancé à un rythme soutenu, mais pas assez pour que je les termine quand la fac arrive.
Peu importe, l'arrivée de Sam, Mick, Rose-Marie et Emilie m'a fait un bien fou. Je les attendais vraiment avec impatience. L'objectif est de partager avec ces vrais potes ce que je vis ici. Et le vivre sans eux est tout de même différent. Arrivés mercredi, je leur ai d'abord fait visité mon appartement, avec déjà un hall d'entrée façon loft qui a mis les choses aux claires. Puis l'immense cuisine et la chambre, avec son mur de souvenir où ils se sont retrouvés. Puis, spaghetti bolognaise, pour reprendre les bonnes habitudes gastronomiques du temps passé. Vient ensuite le temps des touristes avec la découverte de Canterbury, des jardins, ses ruelles typiques anglaises, sa cathédrale (un peu rapide mais gratuite). Au soir le fish and ship traditionnel chez mon nouveau pote originaire du Kurdistan. Et le soir, après les tergiversations devant la Salsa party, bienvenue dans le monde du karaoké et les années 70s. Une espèce de soirée à l'ancienne que je pourrais retranscrire à Arras, avec la découverte du beffroi, un repas à la friterie et l'OV... Je me croyais revenu dans le passé.
Le lendemain matin, une bonne marche de trois-quarts d'heure pour s'aérer les poumons et nous voici en route vers Londres. La mégapole n'est pas trop grande pour nous et c'est avec aisance que nous pourrons respecter notre emploi du temps. On a tout fait ! Tout ! Buckingham, Saint James Park, Big Ben, Westminster, Piccadily Circus, Leicester Square, Chinatown, la National Gallery, les bords de la Tamise, St Paul's cathedral, la Tour de Londres et le Tower Bridge. Certes on a mangé debout et on a marché comme rarement mais le Starbuck et les photos nous ont requinqués. Un grand plaisir pour cette ville devenu un peu la mienne (6ème visite depuis octobre tout de même...)
Au soir ce fut presque un soulagement pour certain(e)s de rester dans l'appart pour manger tranquillement et dormir.
Le lendemain, vendredi, fut déjà le jour du départ. J'ai pu démontrer mes talents gastronomiques (apparu Outre-Manche) avec de les laisser filer avec un peu de retard.
Ce séjour me laissera des bons souvenirs, quelques traces ou odeurs (sic !) et c'est déjà avec impatience que j'attends la sister, qui devrait arrivée dimanche prochain, J-8.
Hier soir, j'ai rendu mon dernier essai à 23h30. J'avais jusque 00h, heure de fermeture sur le site internet. Certes, officiellement j'avais jusque 17h pour le remettre au secrétariat mais ils ne m'en tiendront pas rigueur, je suis Erasmus. Néanmoins, depuis quelques semaines maintenant, je ne suis plus le même Erasmus. J'ai changé. Les house party me saoulent un peu. Les soirée galères à chercher que faire. Depuis, je suis avec elle, avec je reste avec elle. Les espagnoles sont désormais un peu plus long, les français également. Même les collocs. Juste elle. C'est pour cela que je suis un peu moins bien parfois. Parce qu'elle n'est pas 24/24 avec moi. Heureusement, tout de même. Mais cela me fait drôle. Je me sens attaché, dans les deux sens, et cette sensation est très difficile.
Et puis il y a surtout ce cerveau. C'est de lui que viennent tous mes problèmes. C'est lui qui se souvient, c'est lui qui imagine, c'est lui qui dérape et qui se pose des tas de questions. Je souhaiterai tellement parfois le mettre à l'arrêt, position stop. Mais je ne peux pas et je dois faire avec. Souvent, de plus en plus souvent, je regrette de ne pas être quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui ne réfléchirai pas, qui serait content avec sa fête du week-end et qui travaillerai dur toute la semaine sans réfléchir au sort du monde. Plus j'avance et plus je me dis que je vais partir un jour sur un coup de tête. Je ne sais pas quand et comment mais je sens de plus en plus que je "péterai un câble", comme diront sur le coup la famille et les amis. Mais je pense que ce sera bien pour moi. Les vacances me tardent d'arriver, je veux le sac sur mon dos et découvrir d'autres horizons. Je veux galérer dans la rue plutôt que de squatter cet Internet tranquillement installé avec ces chocolats et coca.
Il faut que je ralentisse Internet. Après la fin de la télévision, après la fin du portable, c'est la dernière étape, la plus difficile pour moi. Internet c'est les informations, les sites de sport, de "lien social", le blog.... Oui mais Internet c'est ce qui me rend triste parfois. Parce que parfois une heure devant est un peu une heure de perdue. Je vais essayer d'y aller crescendo. Tout d'abord, j'ai décidé de lâcher Dailymotion et Youtube aujourd'hui. Puis ce sera les sites de sport. Puis Facebook... Les sites d'info, MSN, le blog.... Je ne sais pas comment je vais faire mais je dois y arriver. Voila la seul façon de vivre au jour le jour, de ne rien prévoir. Juste sortir de chez soi, et faire ce que j'ai envie sur le moment. Alors ce sera un decrescendo au niveau temps. Descendre sous les 2 heures d'Internet par jour, voilà l'objectif. Réalisable mais pas facile pour le drogué que je suis.
Tu remarqueras, cher journal intime, que je part dans tous les sens. Mais je sens que je vais mieux maintenant. Concernant le sujet que je n'ai pas traité, tu me connais bien, je n'y arrive pas. Mais sache que j'y arriverai avant ma mort, si celle-ci n'est pas trop précoce.
Salutations distinguées
Je vous aime