6 février 2018 2 06 /02 /février /2018 02:06

Alors que le bal des Corsaires vient d'avoir lieu et que je me prépare à rejoindre le nord pour faire la bande de Malo, direction un carnaval un peu différent de celui de Dunkerque : pas de pluie et pas de neige fondue en Guyane !

Les Caraïbes et l'Amérique du Sud sont un peu (mais juste un peu) connues pour leur carnaval (je ne sais pas si vous avez entendu parler de Rio...). Et depuis plusieurs mois on me parle du carnaval guyanais. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, étant plutôt exigeant sur le sujet en raison de ma formation dunkerquoise. A Saint-Laurent du Maroni, un défilé a lieu tous les dimanches. Allez, c'est parti...

Le carnaval guyanais
Le carnaval guyanais

Bon, je reste clairement sur ma faim ! Il y a trois pelés et un tondu, deux ou trois groupes passent (plusieurs fois !), et il n'y a pas grand monde en ville. Hum.

Soit, alors direction Kourou ! Là, il paraît que c'est LA parade de Guyane. 5 heures de route aller-retour, j'espère que ça vaut le coup ! Dans tous les cas, la plage sera là pour nous accueillir.

Le carnaval guyanais

Le défilé commence à peu près à l'heure (c'est à signaler en Guyane). Et, pendant 3 heures durant, les groupes s'enchaînent.

Le carnaval guyanais
Le carnaval guyanais
Le carnaval guyanais

Les Cubains, les Haïtiens, les Brésiliens, les Surinamiens... là, clairement, la diversité culturelle guyanaise dans toute sa splendeur, pour le plaisir de tous ! (c'est chouette l'immigration pouvais-je presque lire sur les lèvres).

Le carnaval guyanais
Le carnaval guyanais
Le carnaval guyanais
Le carnaval guyanais

Les Brésiliens sont ceux qui mettent le feu (avec grosse sono, DJ, et troupes endiablées). D'autres choisissent plutôt la beauté des costumes. Les troupes viennent de toute la Guyane pour l'occasion (la parade est retransmise sur Guyane 1ère, la chaîne de télé locale).

Le carnaval guyanais
Le carnaval guyanais
Le carnaval guyanais

Ce qui est chouette, c'est l'ambiance familiale et multiculturelle, chose assez rare ici, il faut l'admettre (les soirées touloulou et tololo, à la réputation sulfureuse, sont plutôt créoles par exemple).

Le carnaval guyanais
Le carnaval guyanais

De mon côté, pas de déguisement cette fois. Par contre, pour la Funky d'Apatou.... Apatou se situe à 45 minutes de la maison. C'est un petit bled le long du Maroni, où il ne se passe pas grand chose d'ordinaire. Mais, chaque année, un festival de musique funk a lieu. Une première pour moi ! Alors c'est parti pour une soirée déguisée avec les colocs. Clairement l'une des très bonnes soirées de l'année !

Le carnaval guyanais
Le carnaval guyanais

[en vérité je bosse beaucoup]

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25 janvier 2018 4 25 /01 /janvier /2018 13:28

Il y a pour moi des transports synonymes de voyage. L'avion, bien sûr, quoique j'aie plus encore un faible pour les aéroports. Et il y a le mini-bus, prévu pour 8 personnes, où tu te retrouves parfois à 10, 12, 14 ou 16 selon les continents (les Africains ayant l'art de faire entrer hommes et animaux dans un exercice réfutant toutes les théories du contenant et de l'espace nécessaire à la survie). Aujourd'hui, nous sommes 4 : c'est là où je comprends que la Guyane est française. Direction Cayenne, pour prendre un avion et quitter ce territoire, pour la première fois en 4 mois.

 

Bilan de mi-mandat : « c'est vert... Une grenouille peut-être ? »

 

Si je devais résumer ma Guyane en un mot ce serait cette couleur, omniprésente. Les arbres, la végétation luxuriante, la nature... on ne peut y échapper. C'est en sortant de chez moi, en allant au travail, dès que je fais 100 mètres en dehors de Saint-Laurent. J'imaginais une Guyane nature, et je ne me suis pas trompé. Là où les faits m'ont donné tort, c'est le côté moustique/animaux bizarres/pluie. Oui, il pleut, parfois. Mais beaucoup moins souvent que dans ch'Nord. Et de la pluie à 27°C, ce n'est pas de la pluie à 7°C. Je n'ai pas quitté mes nombreux [sic!] T-Shirts depuis mon arrivée, et je confirme : ça joue beaucoup sur mon moral ! Je sors du travail, je me pose sur la terrasse, ou au bord du fleuve. Je prends l'air, je vis dehors. C'est la première fois, et je suis conquis (je comprends mieux ma sœur et son déménagement provisoire devenu définitif à Marseille).

Côté animaux bizarres, il y a bien des cafards, des gros lézards et des papillons, des escargots très gros et quelques singes en forêt, mais on est loin des serpents à tous les coins de rue ! De même s'il y a des moustiques, c'est plutôt en soirée, et ça reste supportable (plus que la Finlande l'été).

 

Ma Guyane, c'est aussi ma colocation. C'est la huitième fois que je me retrouve en coloc, et j'apprécie toujours autant. Nous sommes 5, dont deux sont arrivés après moi (oui, ça tourne pas mal!) et l'ambiance me paraît être de mieux en mieux (tout comme notre logement). Le fait que mon coloc Tim soit assis à côté de moi dans ce bus et que nous partions ensemble en vacances suffit à illustrer mon propos.

 

« Monsieur, j'ai un bonbon pour vous avec votre nom dessus »

 

L'autre partie de ma vie est le travail : c'est tout de même ce qui m'a amené ici ! Là, quelques lignes ne suffiront pas à tout dire. Disons que ce fut une agréable surprise, avec des élèves respectueux et plutôt travailleurs et intéressés dans l'ensemble. Ca me confirme ma vocation et ma croyance dans ce métier (j'écrirai prochainement en longueur sur ce sujet).

 

Enfin, il y a Saint-Laurent du Maroni, ma ville. Au-delà de son histoire bagnarde et de son aspect physique, que je compte vous présenter un jour (j'essaie encore de l'apprivoiser), il y a les rapports humains, notamment les miens, que je pense caractéristiques de notre situation : prof, originaire de métropole. D'abord, je rappelle que la Guyane était, comme les autres DOM, une colonie française jusqu'en 1946. Nous sommes donc, qu'on le veuille ou non, au sein d'une société post-coloniale, avec des personnes, quoique peu nombreuses, ayant connu la Guyane coloniale. Cette histoire est essentielle, puisqu'elle a forgé des groupes de population distincts : les Amérindiens, présents sur place depuis des millénaires, ce sont les colonisés. Il y a ensuite les Noirs-Marrons, Bushinengués, eux, c'est plus compliqué : c'était des esclaves exportés d'Afrique et amenés en Guyane anglaise et surtout néerlandaise. Certains se sont échappés (le marronnage) et se sont rapprochés du Maroni, vivant parfois des deux côtés du fleuve. La guerre civile au Surinam a rompu cet équilibre déjà précaire, et les Bushis se sont réfugiés en nombre à Saint-Laurent du Maroni au cours de la décennie 1980. Les logements temporaires laissent peu à peu place à des logements décents, et j'ai dans mes classes des enfants nés en France de parents anciennement réfugiés (la fameuse seconde génération). C'est un résumé grossier pour les Bushis, mais j'assume.

En plus des Amérindiens et des Bushis, vous avez les Créoles : ils sont moins nombreux que dans le reste de la Guyane mais ils tiennent les rênes politiques et économiques. Ce sont aussi des descendants d'esclaves, envoyés en Guyane française, mais beaucoup plus métissés (avec les blancs) : ils parlent sans surprise le créole guyanais, quand les Bushis ont une autre langue maternelle, un créole surinamien (le Sranan Tongo, surnommé vulgairement le taki-taki, une sorte de mélange de néerlandais-anglais-portugais-origine africaine-apports extérieurs).

Reste encore une minorité chinoise, détenant une partie du commerce (on va « chez le Chinois » pour aller dans des magasins), les Hmongs, originaire du Laos (présents à plusieurs dizaines de kilomètres de Saint-Laurent mais venant deux fois par semaine vendre leurs légumes au marché), les Brésiliens, et les Haïtiens (migrants, souvent dans des situations illégales). Enfin, il y a moi, et les autres comme moi : les métropolitains (profs, infirmiers, gendarmes...) appartenant au pays colonisateur.

Et ce que je craignais arrive : je traîne essentiellement avec des métros. Ce n'est pas uniquement un choix personnel : la société est terriblement divisée. Les Amérindiens sont entre-eux, les Hmongs, les Chinois ou les Haïtiens aussi. Cette division est très marquée spatialement. Il y a le quartier haïtien, derrière chez moi, les villages amérindiens et la Charbo est bushi. Les mélanges sont limités entre les communautés, et un Bushi aperçu de nuit dans un village amérindien pourra être suspect. Il en ressort pour moi un malaise, surtout vis-à-vis des Bushis, majoritaires, et pourtant moins bien intégrés économiquement que les Asiatiques et les Créoles. Le chômage est très élevé ici, et les tensions sont nombreuses (sauf à vouloir mettre des oeillères). Moi, le métropolitain, payé 30 à 40% de plus qu'en métropole, je deviens parfois un porte-monnaie sur pattes. Les histoires de vol et de cambriolage sont nombreuses, et ça empêche un bien être global de véritablement s'installer. Les Amérindiens restent quant à eux en retrait dans la vie de Saint-Laurent, quand les Haïtiens me semblent encore les plus précaires.

 

En même temps, j'ai l'impression que ce sont plutôt les métropolitains qui essaient le plus de se mélanger : avec les Amérindiens aux jeux Kali'na, avec les Bushis aux soirées de la Charbo, etc. Ca a l'air parfois plus compliqué entre les autres communautés.

Cette vision d'ensemble me laisse penser que la Guyane peut être un volcan en sommeil, avec quelques symptômes d'activité : aux dernières élections, les deux extrêmes ont fait 1er et 2ème, loin devant Macron ; les Créoles, surtout, ont bloqué la région deux mois au printemps 2017 ; les Asiatiques ont déjà manifesté contre l'insécurité...

Attention, Saint-Laurent du Maroni n'est pas toute la Guyane, surtout pour les Bushis (en majorité ici, ce n'est pas toujours le cas ailleurs). Ajouter à tout cela l'orpaillage, et la drogue (avec le phénomène très important des mules) : vous avez un sacré cocktail.

 

Là, vous vous dites de plus en plus : c'est Bagdad ! Non, il ne faut pas non plus voir tout en noir (et blanc). Déjà, ce n'est pas vraiment la couleur de peau qui fait la différence : les noirs de métropole et même les Amérindiens ayant suivi un cursus en métropole restent essentiellement avec des métropolitains. C'est, selon moi, des barrières économiques et culturelles plutôt qu'ethniques. De plus, lorsque je joue au football le jeudi, je passe la balle à un Brésilien qui centre à un Bushi qui marque. Et tout cela sans remarquer notre origine : on est juste des joueurs de foot.

 

Il y a de nombreux côtés positifs :  la nourriture, de mon poulet haïtien favori (le meilleur de Saint-Laurent que je répète depuis 3 mois!) à la soupe Hmong du mercredi. Il y a la musique, du bœuf du dimanche soir à la Goélette aux rythmes endiablés de la Charbo, en passant par les sons des églises. Et il y a les sourires, présents un peu partout, en centre-ville quand je dépasse quelqu'un à vélo ou les gamins de mon allée. Les mélanges existent chez les gamins de mon lycée, et ça me donne de l'optimisme pour les années à venir.

 

Le bilan de tout ça, c'est quoi ? J'aime ma vie ici (un type m'a dit un jour que je l'encense), et je n'ai pas regretté un seul jour ma décision de venir. Je ferai cette année scolaire avec, j'espère, toujours grand plaisir. Et en juin ? Et en septembre ? Hum, je vous vois venir avec vos questions ! On verra, rien n'est encore décidé, et mon sac à dos me démange.

4 mois de Guyane
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23 décembre 2017 6 23 /12 /décembre /2017 14:10

La la la la la la – la la la la la (à fredonner sur l'air d'intervilles). Direction Awala, sa plage, ses cocotiers et.... mais, descends un peu ! Tu vas te faire mal !

Les jeux amérindiens Kali'na

Casque sur la tête, les pieds entourés par un bandeau, l'ascension du cocotier est l'une des épreuves phares de la journée -et celle que je ne voulais surtout pas manquer !-. Certains sont doués, et escaladent les quelques mètres en moins de dix secondes. D'autres... Bon... D'autres font preuve d'abnégation, que dis-je, de courage : j'ai vu une fille coincée plus de cinq minutes à un niveau du cocotier, elle n'avançait plus, et essayait pourtant sous les hourras de la foule.

 

Une ambiance d'intervillages. Les jeux Kali'na sont à l'origine organisés par les Amérindiens. Aujourd'hui, ils rassemblent surtout les métropolitains et les Amérindiens, dans un mélange culturel et de personnes qu'offre trop rarement la Guyane. C'est un événement régional, couvert par la presse et la radio (en direct !). Après l'épreuve des cocotiers, direction le tir à l'arc amérindien (après quelques sauts d'obstacles), puis c'est la « remontée de pirogue ». Ils sont 8, 4 filles et 4 garçons, ils descendent une pirogue sur une dizaine de mètres – ça, c'est facile – puis ils essaient de la remonter : c'est là où ça devient compliqué (le poids de la pirogue dépasse les 700 kilos). Même situation que pour les cocotiers, il y a les doués, comme l'équipe des militaires, organisée... bah militairement. Et puis il y a les non-militaires, ou ceux avec un peu moins de muscles : là ça peut durer de nombreuses minutes !

Les jeux amérindiens Kali'na

Il y a plusieurs dizaines d'équipes, de ce fait les épreuves durent plusieurs heures. L'avantage, c'est que nous sommes à la plage, et qu'il fait chaud : on se baigne, on se repose, on se sent en vacances (même quand il pleut!). En début de soirée, les équipes sont à nouveau sur le pont, pour le tir à la corde ! Là, on ne rigole plus, les équipes sont face à face dans des duels (et l'arbitre a la pression !). Chacun sa technique -les Amérindiens la jouent statiques bien enfoncés dans le sol, ça dure une plombe à chaque fois, mais ça met une belle ambiance-. Il manque simplement un « top à la vachette ! » pour que ça soit parfait !

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20 décembre 2017 3 20 /12 /décembre /2017 22:22

Hormis pour ses fusées et ses îles, Kourou a plutôt mauvaise presse : la ville serait laide, l'insécurité importante et il n'y aurait pas grand chose à faire. Clairement, c'est vendeur ! Et si je rajoute la présence de la légion étrangère...

Kourou n'est qu'un village de 700 habitants lorsqu'on la choisit pour accueillir le centre spatial au milieu des années 1960. La construction prend plusieurs années, et les travailleurs s'installent sur place dans des campements de fortune. Il faut attendre la décennie 1980 pour voir peu à peu s'effacer ces bidonvilles. Aujourd'hui, la ville tourne autour du CSG, des militaires et... du tourisme. Pas forcément beaucoup dans la ville, quoique nous ayons apprécié le front de mer : petit restaurant, tour Dreyfus et cheveux au vent sous les palmiers. Y'a pire.

Kourou et les îles du Salut
Kourou et les îles du Salut
Kourou et les îles du Salut
Kourou et les îles du Salut

THE place to be reste cependant les îles du Salut : trois îles situées à 14 kilomètres au large, à l'histoire originale (quand on vient de métropole, sinon c'est un peu l'histoire de la Guyane!). Déjà, les trois îles sont aujourd'hui la propriété... du centre national d'études spatiales (elles sont placées sous la trajectoire des lanceurs) ! Nous prenons un bateau et c'est parti pour une petite traversée de l'Atlantique.

Kourou et les îles du Salut

Nous arrivons sur l'île Royale, la plus grande des trois. L'endroit est paradisiaque : le soleil, la verdure, la petite plage... et des bâtiments.

Kourou et les îles du Salut
Kourou et les îles du Salut

Si l'endroit est paradisiaque aujourd'hui, c'était moins le cas il y a 100 ans ! Car ces trois îles faisaient alors partie du bagne : l'île Royale accueillait les prisonniers et l'administration, l'île Saint-Joseph les fortes têtes et l'île du Diable les prisonniers politiques/espions. Ainsi, le capitaine Dreyfus a été envoyé ici, tout comme Guillaume Seznec. Il faut attendre 1947 pour voir la fermeture du lieu.

Kourou et les îles du Salut

Nous déambulons entre les grilles et les murs, libres de nos mouvements. Les forts courants et les alizés empêchent la présence importante des moustiques, ce bagne était l'un des moins précaires de Guyane. Il n'empêche : les cellules n'avaient pas forcément de toit, et on ne voudrait pas passer une semaine dans ces bâtiments.

Kourou et les îles du Salut
Kourou et les îles du Salut

Après une petite baignade et un repas très (très) moyen et plutôt cher dans un lieu paradisiaque, nous repartons vers Kourou. Clairement l'un des lieux à ne pas manquer. [ça donne envie de venir en Guyane, non?]

Kourou et les îles du Salut
Kourou et les îles du Salut
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18 décembre 2017 1 18 /12 /décembre /2017 18:58

Trois mois plus tard, je suis de retour dans le Nord. Enfin, non, le Nord est de retour chez moi ! Sarah et Lucas me font l'honneur d'une visite, et j'avoue que je les attendais avec impatience : cela fait plusieurs semaines que mon sac à dos me démange. J'ai gardé nombre d'activités pour leur venue, et nous allons commencer et terminer avec le plus connu : le centre spatial guyanais, le CSG pour les intimes. Il est installé à Kourou, la ville la plus internationale de Guyane. Le CSG a été construit au cours de la décennie 1960, notamment par des populations surinamaises (auparavant, la base de lancement était... en Algérie ! Une indépendance plus tard...). Le CSG est LA zone d'activité de Guyane : 7% de la population active du département y travaille, et c'est... 16% du PIB ! Il y a plusieurs sites de lancement, pour Ariane, Vega et Soyouz (on en reparle dans quelques lignes).

 

Pour nous, au départ, ce sera la visite du musée. Nous arrivons au début d'une visite guidée, et nous posons de nombreuses questions. Le musée est un peu vieillissant, mais il a le mérite d'être très explicatif (et plutôt sympa avec des enfants – non, je n'en ai pas encore adoptés, je vous donne juste l'info!). J'apprends que la Norvège, la Suisse et... le Canada font partie de l'agence spatiale européenne (!).

 

Nous en profitons pour faire quelques photos devant la magnifique maquette de l'entrée.

Kourou : le centre spatial et le décollage d'Ariane 5

Dix jours plus tard, c'est le retour à Kourou. A peine sorti du lycée à 12h30 que je saute dans la voiture de mes colocs, et direction le lancement d'Ariane 5 ! Il a lieu à 15h37 (et six secondes). Il y a 2h30 de route depuis Saint-Laurent, sacrés préliminaires pour vingt secondes de tir ! Nous nous dirigeons vers Carapa, colline qui surplombe Kourou, et qui offrirait la meilleure vue pour le décollage. Des hélicoptères volent à basse altitude, les militaires sont de sortie. Nous arrivons quelques minutes à peine avant le décollage. Le temps est couvert, mais ça se maintient. Tout est réuni, la fusée est devant nous. Le décompte final.

Oh, erreur suprême. Nous avons regardé au mauvais endroit ! C'est la maquette du musée ! Ah les cons ! Le décompte faisait monter la pression et puis patatras ! S'en suit une énorme barre de rire pour mes colocs, tandis que le son de la fusée, impressionnant, arrive jusqu'à nous (il y a bien une minute de décalage). Après quelques minutes, nous redescendons, toujours surpris par ce moment. Le décollage est sympa, je le pensais toutefois plus impressionnant (à refaire de nuit). Sarah et Lucas étaient plus près, dans un bâtiment du CSG, mais pour le coup, ils n'ont vu que les 5 premières secondes, la fusée s'enfonçant ensuite dans les nuages.

La suite, c'est le bagne !

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5 novembre 2017 7 05 /11 /novembre /2017 14:32

L'année dernière ce fut le triathlon et le paddle, il y a deux ans le squash, et même un autre type de paddle (avec des raquettes!). Et, cette année, j'ai refait le vœu de découvrir deux nouveaux sports. Le challenge est de plus en plus difficile ! Après un été où une entorse du pouce m'a handicapé (alors que l'atelier escalade était prêt!), j'ai cherché en Guyane des sports sympas. Et j'ai trouvé : ça s'appelle.... le football !

Bon, ça n'aide pas beaucoup ma mission (même si ça fait plaisir). Du coup, j'ai regardé autour de moi. Mes colocataires vont à la boxe, et j'ai clairement le physique du boxeur ! (quoique je pensais être un poids-plume, alors que je suis en fait dans la catégorie des super-légers! Je suis même capable d'arriver chez les welters avant la fin de l'année).

Et puis il y a mon salon, où se cache... un moteur de bateau ! Un ancien locataire, également mon collègue, a laissé sa coque sous mon carbet et le moteur dans la maison. Ce qui signifie qu'à chaque fois qu'il veut aller faire un tour de bateau, il doit passer chez moi. Je m'entends plutôt bien avec lui, ce qui transforme la phrase : à chaque fois qu'il veut aller faire un tour de bateau, il va avec moi ! Après avoir fait le pilote, me voici dimanche dernier sur une planche de wakeboard !

C'est quoi le wakeboard ? Vous voyez le ski nautique : vous remplacez les skis par une planche, comme au snowboard. Il y a un fil, et vous êtes tracté par le bateau. Debout. Enfin, ça, c'est l'idée. Personnellement, j'ai passé mon dimanche à être assis, couché, en boule ou en apnée... Et vous avez de la chance, j'ai une vidéo qui le prouve !

10 secondes de bonheur, à n'en pas douter ! Après une quinzaine d'essais, j'ai réussi à tenir 5 secondes debout sur la planche (et à chuter lamentablement ensuite, buvant une grande tasse alors que je criais « wouhou » tellement j'étais content!). Pas un grand succès donc, mais un vrai plaisir. Le lendemain, par contre.... aïe mes biceps, aïe mes pecs, aïe mon dos, aïe mes avant-bras etc. (ça a continué le surlendemain).

Jeudi, Augustin revient chercher le bateau. Allez, on est reparti ! Et, cette fois, ça fonctionne beaucoup mieux ! Regardez, je suis même à une main !

De l'eau, le Maroni (le fleuve), le soleil, et une belle sensation d'être en vacances ! Celles-ci ont été rythmées par les sorties nocturnes, que ce soit les concerts (à la Goëlette, the place to be à Saint-Laurent le dimanche soir, ou Chez Kossou) ou le festival Art Pasi. 3 jours d'Art de Rue (dédicace FF) avec du cirque, des concerts, des ateliers, un DJ etc. C'était parfois enflammé.

Les vacances en Guyane : concerts, festoche et wakeboard

Enfin, et en restant dans le domaine du feu, c'est la Toussaint. Et, en Guyane, on ne met pas simplement des fleurs : il y a aussi des bougies. Ca vous change un cimetière !

Les vacances en Guyane : concerts, festoche et wakeboard

Il ne faut pas se mentir, 4 mois de vacances par an, c'est un vrai avantage. J'en ai aussi profité pour beaucoup lire sur la Guyane et les pays riverains (le Surinam est assez hallucinant, entre Pablo Escobar, la CIA, et la Libye !). Mais j'avoue qu'un petit périple supplémentaire m'a un peu manqué. Les prochaines vacances, à Noël, risquent donc de se passer à l'étranger (Trinidad tient la corde, mais le Brésil n'a pas dit son dernier mot!). En février ce sera un petit tour de Guyane avant de repartir en avril (mais j'ignore où). Si vous avez envie de faire un petit tour en Amérique du Sud prochainement, faites-moi signe !

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28 octobre 2017 6 28 /10 /octobre /2017 00:39

5h30. Dimanche. Le premier des vacances. Ah, les salauds ! Quand ils m'ont proposé la sortie, j'imaginais le truc un peu pénard, les pieds dans l'eau et un bouquin dans les mains. C'était le plan initial : canoë, pêche, et repos. Mais le plan a évolué : jungle, sac à dos, et marche !

Bon, je ne me suis pas fait prier non plus. Les chutes Voltaire sont le lieu à faire à côté de chez moi. Enfin, pas tout à fait à côté. 3 heures de route, dont une bonne partie sur une piste non goudronnée, qui révèle quelques surprises (et de nombreux trous). Après avoir passé la gendarmerie (présente dans le coin pour démotiver les orpailleurs), nous voici au départ. Dans mon sac à dos, j'ai tout le matériel nécessaire à 3 jours de vie en forêt : de la nourriture, une bouteille d'eau et des pastilles Aquapur, un hamac, une moustiquaire, une lampe frontale, quelques fringues et c'est à peu près tout. Il ne faut pas trop charger la bête, à savoir moi-même, puisque je vais marcher avec tout ça sur mon dos pendant quelques heures les trois prochains jours. Je suis accompagné par deux collègues, Augustin et François, et par deux copains d'Augustin, Franck et Guillaume. 5 profs, 5 mecs, et une belle bande de joyeux lurons.

 

A peine 10 mètres qu'il faut déjà enlever les chaussures pour traverser une rivière... il y avait un pont, ici, il n'y a pas si longtemps. Mais il a disparu ! Ca donne le ton. Ensuite, de la forêt, de la forêt et de la forêt. Nous écoutons parfois au loin, essayant de débusquer un animal de la jungle, un gros papillon et un bel oiseau. Le sentier est bien marqué ce premier jour, et nous arrivons à la première chute Voltaire. L'endroit est paisible, et c'est parfait pour se baigner et prendre notre repas...

A travers la forêt amazonienne : les chutes Voltaire
A travers la forêt amazonienne : les chutes Voltaire

Chute ! Chute ! Quoi ?! Déjà la deuxième chute ? Non, non, ce n'est que moi. Tout habillé, le porte-feuille et l'appareil photo dans les poches... et j'ai chu ! Une fois. Puis je me suis relevé. La pierre était toujours aussi glissante. Alors j'ai re-chu ! Un sketch, tandis que j'essaie de sauver comme je peux mes papiers, mon argent et mon appareil photo. Personne ne me voit, l'honneur est sauf, mais mon appareil photo est décédé. Bon, je sauve la carte mémoire, et ça fait 2 ans que je dis d'en acheter un nouveau. Qu'importe, le lieu me plait, et les gens autour de moi aussi.

 

Direction l'Inselberg. Je sais que vous êtes tous familiers avec l'allemand, néanmoins je précise : c'est une sorte de grosse roche surplombant la forêt. La vue sur la canopée est sympa, et c'est une chose très rare ici. Personnellement, ça me plait, mais sans plus. De la forêt, de la forêt, de la forêt... faut aimer le vert ! La montée se révèle être assez sportive, nous arrivons tous dégoulinants. Et nous dormons... là-haut !

A travers la forêt amazonienne : les chutes Voltaire
A travers la forêt amazonienne : les chutes Voltaire

Un carbet. Ce mot est très important si vous venez en Guyane. Un carbet, ce n'est rien d'autre que des poteaux en bois, placés au milieu de la forêt. Nous avons de la chance, une bâche est déjà installée, faisant office de toit. Il n'y a plus qu'à attacher le hamac. Attention, il faut bien le faire, pour qu'il puisse supporter son poids toute la nuit. Personnellement, le premier essai fut un échec : il était accroché, je me suis allongé, et j'ai re-chu. Oui, je vous avais prévenu dans le titre, ce sont LES chutes Voltaire.

Nous allumons le barbecue, un autre groupe est là, et c'est à 10 que nous allons passer la nuit, tandis que les cris des singes hurleurs et des crapauds résonnent à travers la forêt. Pas de moustique par contre, et ça c'est chouette. Quelques parties de tarots, un coinche et une bonne nuit en hamac (et pourtant j'étais sceptique).

A travers la forêt amazonienne : les chutes Voltaire
A travers la forêt amazonienne : les chutes Voltaire

Le lever du soleil est assez connu sur l'Inselberg. Bon, notre groupe sera assez connu pour son sommeil profond et son absence de motivation pour se réveiller à 6 heures. Bon calcul, le ciel était plutôt couvert. Nous descendons l'Inselberg en fin de matinée, direction la chute de Vieux Broussard. Là, c'est une autre histoire. Nous suivons un layon, une sorte de petit chemin tracé par nos prédécesseurs à travers la forêt. Le problème, c'est que certains se sont trompés de route... route qui est bien tracée par leurs soins ! Nous avons une trace GPS, que nous avons décidé d'ignorer au départ. Oui, on est joueur. Et nous avons perdu. Et nous nous sommes perdus. A 500 mètres du layon selon notre GPS. Nous avons suivi une fausse piste, et décidons de couper à travers la forêt.... c'est du sport ! Les grosses fourmis nous attaquent, la machette n'est pas toujours suffisante, les arbres tombés nous barrent le chemin. Tu voulais de l'aventure, tu l'as ! Après 2h30 de marche, nous arrivons enfin au carbet (normalement il faut 1h30). Surtout, nous voici devant les secondes chutes, les plus belles selon moi : elles s'étirent sur une centaine de mètres. Un siphon est particulièrement connu ici, car il s'est révélé être mortel il y a plusieurs années : faire attention où je pose les pieds, car j'ai la chute en moi. Et, cette fois, je n'ai point chu !

A travers la forêt amazonienne : les chutes Voltaire
A travers la forêt amazonienne : les chutes Voltaire
A travers la forêt amazonienne : les chutes Voltaire
A travers la forêt amazonienne : les chutes Voltaire

Un autre groupe nous rejoint. Deux avions de chasse nous permettent d'animer notre soirée (#balancetonporc). En parlant d'animal, il y a quelques espèces sympas, que vous avez tous, j'en suis sûr, envie de rencontrer un jour : araignées, poux d'agouti et chenille. Pour les poux, je suis revenu avec les jambes bien piquées. Pour la chenille, ce fut sur Joe Dassin, le soir de notre retour... (oui, mais c'est ça de partir 3 jours en forêt, on finit par s'amuser avec n'importe quoi!). Une soirée crêpes qui a parfaitement clos notre belle petite aventure.

A travers la forêt amazonienne : les chutes Voltaire

Le bilan : un lieu incontournable à faire à côté de Saint Laurent du Maroni. Une préférence pour les secondes chutes, plus difficiles d'accès mais vraiment plus impressionnantes. Dormir en hamac et en carbet fut quelque chose. Le faire deux nuits c'était bien. Plus longtemps ? Je ne suis pas tout à fait sûr... (mais je débute). De même, la forêt est impressionnante : les troncs, les racines, les bruits, sa majesté, ses mystères. 3 jours de forêt, d'accord. Plus longtemps ? Je ne suis pas tout à fait sûr (car j'aime bien quand le paysage varie, ce qui n'est pas tout à fait le cas quand on part plein sud!).

Ah, et puis il y a aussi la bande, sans qui ce séjour n'aurait pas tout à fait été le même !

A travers la forêt amazonienne : les chutes Voltaire
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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 23:23

Vendredi matin. Je commence les cours à 7h30 et j'ai cinq heures consécutives jusqu'à la pause du midi. C'est ma grosse matinée. En première heure, des élèves me font un exposé sur le paranormal. Ils me parlent de Maskilili, un petit monstre aux pieds inversés qui sortirait les jours de carnaval pour se nourrir de grains de café ou de piment. J'ai également le droit à la diablesse, la sirène ou le soucougnan (qui existe aussi en Guadeloupe), un humain transformé en oiseau noir après avoir passé un pacte avec le diable. J'en apprends beaucoup de cet exposé. Ce que je ne sais pas encore, c'est que la réalité va très vite coller à ce que je viens d'entendre.

 

Il doit être 9 heures lorsqu'un cri déchirant parvient de la cour de récré. Un hurlement. Une voix aiguë. Je tends l'oreille. Puis, je n'entends plus rien. Il me semble en entendre un deuxième, quelques minutes plus tard.

9h45, ma troisième heure de cours, avec mes secondes. J'entends à nouveau crier, mais beaucoup plus près de ma salle. A travers les rideaux, je vois des filles qui hurlent et courent. Réflexe de métropolitain, je pense à un attentat. "Ils seraient tout de même bien cons ces barbus à faire ça dans la fin fond de la Guyane !" Mais je me rappelle très vite d'une discussion que j'ai eue avec mon colocataire sur les « crises de baclou ». Ce sont des adolescentes qui se mettent à hurler. Des crises d'hystérie, ou des crises d'angoisse. Ici, ce sont des crises de baclou. Le baclou, c'est un sort qu'un sorcier aurait jeté sur l'une d'entre elles, en envoyant un baclou (une sorte de gnome). Cette croyance vient des profondeurs du Maroni, et semble remonter la rivière au fil des années.

Nouveau hurlement. Même scène. Quelques minutes plus tard, ça recommence. Une surveillante entre dans ma salle et me demande de garder les élèves pendant la récré. Ils sont, comme vous vous en doutez, fous de joie. La sonnerie retentit. Mes élèves me vannent et me demander si j'ai peur. J'ai envie de répondre "le baclou, je l'emmerde", mais ça serait assez peu professionnel ! J'essaie d'en savoir plus. Les pompiers semblent être en intervention, ainsi que le Smur. Je vois aussi des gendarmes. En y regardant de plus près, je vois que toute la cavalerie est arrivée : il y a au moins six véhicules de secours garés dans la cour. Mes élèves n'en peuvent plus, je les envoie vers les terrains de sport, lieu de rassemblement annoncé... Ce n'est qu'un début.

La chaleur et la peur aidant (une de mes élèves en avait les larmes aux yeux), les crises s'enchaînent. J'en vois plusieurs, parfois pour des raisons anecdotiques : une feuille tombe d'un arbre. Elle arrive sur l'épaule d'une fille stressée. Elle se met à hurler. Toutes les filles autour d'elle partent en courant et créent un mouvement de panique. J'ai laissé ma salle aux pompiers et aux infirmiers. 9 filles sont « piquées », une vingtaine doivent absorber des médicaments. Alors que la crise semble se confiner, un nouvel acteur arrive : les parents d'élèves ! Ils ont été prévenus par leur enfant que le baclou est dans le lycée. Or, c'est contagieux ! Ils demandent donc de pouvoir repartir tout de suite avec leur enfant... La pagaille ! Une mère d'élève en arrive à hurler sur le proviseur adjoint, alors que celui-ci explique que l'on contrôle la situation... « vous ne pouvez pas le contrôler, vous ne pouvez pas comprendre ! ». Oui, la croyance est profondément ancrée chez certains. Une gamine de huit ans entrée on ne sait comment est là, et elle nous raconte ce qu'est le baclou, sans prononcer son nom (effet Voldemort !).

1 heure et 45 minutes plus tard, les élèves sont renvoyés chez eux. Le lycée est fermé l'après-midi.

Cette histoire peut paraître folle vue de métropole (ça l'est sans doute un peu!), mais ce n'est pas la première fois. Des collèges sur le fleuve ont connu ces crises les années précédentes, à de nombreuses reprises. Il y a même eu le cas d'un établissement ayant reçu la visite d'un porc-épic en 2015. Le mauvais œil là-bas ! Le collège a été fermé... une semaine !

[si vous voulez plus d'infos, je vous conseille cette petite vidéo [ici] sur les événements de l'année dernière dans une ville sur le fleuve ! L'article de presse sur le porc-épic ici, sur mon lycée ici]

 

Bref, la Guyane me réserve quelques surprises ! En dehors de ça, ce sont surtout quelques baignades (la découverte de la piscine de Mana, ci-dessous, fut bien sympa!), un concert, des Laotiens à Javouhay, un football, du vélo, et beaucoup de boulot !

La crise de Baclou

Heureusement, ce week-end, plusieurs activités : soirée poker, jeux de société, un nain saoul qui tire les cartes (jusqu'ici tout va bien!) et une sortie bateau ! J'avoue que j'ai, comme souvent, de la chance. Mon collègue, celui avec lequel je m'entends le mieux, a un bateau (qui a dit que je m'entends bien avec lui uniquement PARCE QU'il a un bateau?! ^^). Or, ce bateau est... chez nous ! Dans notre espèce de garage, appelé carbet (en vérité c'est un abri en bois sans mur, typique des amérindiens). Le collègue passe chez moi et me demande si ça me botte. Ni une, ni deux, vamos ! Et me voici naviguant sur le Maroni et vers la crique Balaté. 3 heures de balade, l'île aux lépreux (oui, oui, mais ils ne sont plus là, rassurez-vous!) et un bon bol d'air frais, avec le Surinam en point de vue. Elle est belle la vie. Sans baclou

La crise de Baclou
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La crise de Baclou
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18 septembre 2017 1 18 /09 /septembre /2017 20:54

Deux semaines. Il y a deux semaines de cela, j'étais « chez moi », dans ch'Nord quoi, et je me préparais. J'avais finalement décidé de rejoindre la Guyane, après une réflexion assez contradictoire : je ne voulais pas partir, ça me semblait clair. Et puis, au cours de la semaine, c'était devenu une évidence : j'allais m'en aller. J'ai encore un peu de mal à comprendre ce changement soudain, peut-être cet élan de folie qui me porte depuis plusieurs années. Ou cette envie insatiable de découvertes et de nouvelles rencontres. Qu'importe. Après qu'Air Caraïbes m'ait déposé avec ses traditionnelles 3 heures de retard, je suis recueilli par Justine à Cayenne. C'est elle qui me permet une adaptation en douceur : un visage connu, ça change tout ! Quelques discussions, un bon repas, et une vue matinale qui me donne une vague impression de ce qui m'attend : mère nature est là, et en bonne forme !

La Guyane, ça me gagne

Mercredi matin direction le centre-ville. La visite de Cayenne attendra, je suis déjà dans mon optique de rejoindre Saint-Laurent-du-Maroni, où je vais enseigner. C'est en bus que je traverse la Guyane du sud au nord, en suivant la route littorale (sans pour autant voir l'Océan). Saint-Laurent-du-Maroni (que j'appellerai désormais Saint-Lau) semble minuscule. Elle l'est ! 40 000 habitants, officiellement. Un super-U, le marché le mercredi et le samedi matin, le stade, quelques bars et restaurants. Je pense que j'ai déjà fait une grande partie de la ville après seulement deux semaines. Attention, c'est pourtant la sous-préfecture de l'ouest guyanais, et la deuxième plus grande ville du département (c'est comme ça que l'inspecteur me la vendait !).

 

Pas le temps de trop tergiverser, je suis en formation jeudi et vendredi. Je découvre mon lycée, certains de mes collègues, les coupures d'électricité (jusque 20 par jour... et c'est spécifique à mon lycée!). Après dix jours, je peux faire un petit point boulot : ça roule ! J'ai deux secondes, une première éco et deux premières gestion. Beaucoup de préparations de cours, forcément. En classe c'est plutôt calme et bosseur. Surtout, c'est un immense melting-pot : créoles, métropolitains, bushinengués (littéralement hommes de la forêt), Surinamais, Brésiliens et même quelques Amérindiens. Cela pose pas mal de questions de pédagogie (surtout au collège). Quelques trucs un peu chiants : je n'ai pas encore mes clefs de classe (car le monsieur doit aller à Cayenne la semaine dernière en refaire... bon j'attends toujours!), et je dois porter un pantalon. Non pas que je pensais y aller en caleçon ! Mais quand il fait plus de 30°C, c'est du sport !

Point météo : le soleil brillera jusque décembre. Quelques averses d'orage sont à prévoir. Les températures sont élevées et atteignent les 33°C à l'ombre. La nuit, il fait toujours 23°C. Revenant d'Inde, je ne suis pas choqué : je trouve même qu'il y a pas mal d'air ! (la plupart sont en désaccord avec moi, et le commerce de ventilateurs tourne à plein régime).

 

J'ai trouvé un logement dès mon premier week-end (cf. photos) : une colocation où nous sommes 5 (3 garçons, 2 filles... et j'ai fait passer le nombre de profs d'histoire à 3 !). Il y a de la place pour vous recevoir (et un matelas deux places). L'ambiance est sympa, ça facilite l'intégration.

La Guyane, ça me gagne
La Guyane, ça me gagne

Justement, celle-ci se révèle être très facile. J'ai un peu l'impression d'être dans un nouveau Erasmus, sauf qu'il n'y a que des Français et que nous sommes plutôt bien payés ! Je m'explique : beaucoup de métropolitains arrivent comme moi, sans famille, sans ami-e-s, bref, en solo ! Et tous sont dans la même optique : découvrir, et rencontrer. Dans ces conditions, tout le monde est ouvert d'esprit. Et même ceux qui sont là depuis une ou deux années me comprennent à mon arrivée : ils sont passés par là. Ainsi, on me prête une voiture alors que je suis arrivé depuis une heure ; on m'invite à des soirées sans même trop demander la permission à ceux qui l'organisent ; on me donne des coups de main pour m'installer... Je suis arrivé il y a deux semaines, et j'ai déjà l'impression d'être là depuis plusieurs mois ! Surtout, il y a le rythme. J'ai beau travailler, le rythme me semble très lent. Je peux faire beaucoup de choses, rencontrer du monde, aller en soirée, et il me reste encore du temps pour moi. Je ne comprends pas trop, je pense que la faible place de la télé (totalement absente) et d'Internet jouent beaucoup. C'est le retour dans une bulle, une bulle de présenteté. Pas de plan, pas de stress, hakuna matata.

 

Enfin (pour aujourd'hui, je vais éviter d'écrire un roman!), il y a les activités. Baignade dans le Maroni (c'est le fleuve), avec vue sur le Surinam. Baignade dans la crique crevette. Baignade à Awala, dans l'Atlantique Sud (cf. photos). Oui, je sais, ça fait beaucoup de baignades, mais à 40°C au soleil il faut me comprendre !

La Guyane, ça me gagne
La Guyane, ça me gagne
La Guyane, ça me gagne
La Guyane, ça me gagne

C'est assez loin de l'image que je me faisais de la Guyane... Car, quand je suis parti, j'imaginais la forêt dense, les araignées et l'humidité. Ca, c'est plutôt en s'enfonçant dans les terres. Sur le littoral, c'est ce genre de paysages que vous verrez. Ca donne envie, non ?

La Guyane, ça me gagne
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