24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 05:59

Le Times est un magazine que j'apprécie à chaque fin d'année, le temps d'un numéro bilan sur les douze derniers mois. Au-delà de la personnalité de l'année (les manifestants pour 2011), il y a également les 12 photos de 2011. J'en ai sélectionné 4, laissant au passage la photo du mariage royal britannique.

 

Sa dernière photo, celle de l'assassin

assassin-dagsa-philippines-pr-Milev.jpg

Reynaldo Dagsa est un homme politique des Philippines. C'est le réveillon 2010-2011, il compte sortir avec ses proches. Il prend une photo avant de monter dans son véhicule. Au meme moment, Michael Gonzales l'abat. Sa dernière photo sera donc sa famille, et, le meurtrier. Son visage figure très vite dans l'ensemble des journaux du pays, il est reconnu et arrêté.

Les assassinats politiques sont très nombreux aux Philippines : Amnesty International en comptait 244 rien que pour l'année 2006, 724 selon le groupe local Karapatan.

 

La mort de Ben Laden

mort-de-ben-laden-obama-clinton-pr-milev.jpg

 Si je devais désigner la personnalité des années 2000, ce serait sans aucun doute Oussama Ben Laden. Il a révolutionné le monde un jour de septembre 2001. Depuis, la lutte contre le terrorisme fait figure de priorité dans l'ensemble des états. Sans lui l'Afghanistan serait peut-être encore gouverné par les Talibans sans que les gouvernements occidentaux ne s'en alarment. Saddam serait peut-être encore à Bagdad et Bush n'aurait fait qu'un mandat. Peut-être même que Jospin serait notre président. Et je pourrais toujours prendre l'avion avec une bouteille d'eau.

Son décès, annoncé le 1er mai, serait vécu en direct par le gouvernement américain. Obama l'air grave, Hillary Clinton l'air inquiet, l'ensemble du personnel attentif. Ce qui se joue ici est une victoire contre le terrorisme et sa figure représentative. Une bataille gagnée. Mais pas la guerre.

 

 La mort d'un tyran, symbole des révolutions arabes

mort-de-Khadafi-pr-Milev.png

Difficile d'appeler ceci une photo. Le Times en a d'ailleurs choisi une autre. Mais je considère que cette capture d'image d'Al-Jazeera en dit un peu plus. La mort de Kadhafi c'est la victoire finale de la révolution libyenne sur celui qui aura été au pouvoir pendant 42 ans. C'est aussi un peu la victoire d'une coalition étrangère s'impliquant enfin dans les révolutions arabes, après avoir tenté plus ou moins de protéger le status quo (ah Alliot-Marie proposant le "savoir-faire français" à la police tunisienne...). Cette photo c'est aussi un hommage à Al-Jazeera qui a suivi souvent en direct les manifestations égyptiennes ou libyennes.

Malheureusement, le plus difficile ce n'est pas la révolution, mais l'après-révolution...

 

Faites l'amour, pas la guerre.

Faites-l-amour-pas-la-guerre-emeute-vancouver-pr-milev.jpg

Des émeutes ont lieu en plein Vancouver le 14 juin, après la défaite de l'équipe locale en finale de la Stanley Cup (hockey) contre Boston (4-0). Au milieu des manifestants Richard Lam, photographe, capture l'image d'un couple s'embrassant au milieu de la rue. Un remake de "faites l'amour, pas la guerre" ? Pas tout à fait. La fille au sol, Alex Thomas, Canadienne, a été heurtée par la police anti-émeute. Son copain, l'Australien Scott Jones, tente de la réconforter.

150 personnes sont hospitalisées pour ce qui fut les pires émeutes de la ville. Vive le sport comme ils disent.

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 05:31

Da-Vinci-code-pr-milev.jpgDans la série « les livres que le monde a lus mais pas moi », le Da Vinci Code occupait la place de number one. Rappelez-vous l’engouement pour l’œuvre de Dan Brown, les polémiques… cela paraît loin. Ça l’est ! Le livre a été publié en 2003, neuf ans déjà.

 

L’histoire n’est pas banale : le professeur de Harvard Robert Langdon se trouve être le principal suspect du meurtre de Jacques Saunière, conservateur du Louvre. Sur place une série de codes entoure le cadavre, un message posthume que seule sa petite fille, Sophie Neveu, peut déchiffrer. S’en suit une enquête extraordinaire à la recherche du Graal, à décoder les œuvres de Da Vinci ou à chercher la tombe de Marie-Madeleine, qui serait la femme de Jésus et mère de leur progéniture (rien que ça !).

 

Nul doute que le Vatican n’a pas apprécié. L’œuvre tente de mettre en lumière une énorme théorie du complot : l’église cacherait l’existence de la descendance du Christ ! Ce secret serait néanmoins connu par les membres d’une secte : le prieuré de Sion, présidé un temps par Da Vinci (entre autre, la liste de ses membres compte Isaac Newton, Botticelli, Victor Hugo ou Jean Cocteau).

 

Lors de ma lecture je me suis souvent posé la question de la véracité des faits. Je lis un livre qui est un roman. Mais les nombreuses précisions historiques amènent l’esprit à douter. Et si tout cela était vrai ? Plus ma lecture avançait et plus je souhaitais effectuer des recherches sur les informations données. J’ai d’ailleurs regretté que Dan Brown ne l’ait pas fait dans des annexes. Quelques pages Wikipédia sur le prieuré de Sion ou l’ordre du temple (sujet de fantasme de beaucoup d’historiens), ou tout au moins les peintures de Da Vinci à côté des précisions, des ajouts qui auraient été de poids !

 

C’est clairement un livre à lire. Une livre qui attire la curiosité, ne serait-ce que par la façon d’écrire de l’auteur. Un livre qui possède une adaptation cinématographique qui mérite sans doute un second visionnage. Le roman le plus vendu des années 2000 ? (86 millions d'exemplaires jusque 2010 !)

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 05:42

Comme je le dis (et l’écris) souvent, l’érudit sait ce que tout le monde ignore mais ignore ce que tout le monde sait. A force de voir les livres de Stieg Larsson dans le métro de New York ou de Paris, je me suis pris d’une certaine curiosité : qu’est-ce que Millénium ? Une trilogie. Le mot ne me plaît guère, tant je hais lire ou regarder une histoire sans fin. Mais avec 65 millions d’exemplaires vendus dans le monde (décembre 2011) et deux adaptations cinématographiques (celle de David Fincher sort en France cette semaine) il faut croire que ce livre est magique.

 

Cette trilogie est avant tout posthume. Stieg Larsson est décédé en 2004, il n’a pas eu la chance de voir son travail devenu phénomène mondial. Les livres ont leur propre fin. Difficile cependant de lire le livre 3 sans avoir lu le livre 2. Mais cela reste possible. Surtout ces livres sont policiers, mystérieux, avec des personnages attachants, en premier lieu Lisbeth Salander.

Millenium-Stieg-Larsson-pr-Milev.jpg"Knowledge is power". Salander dans Les hommes qui n’aimaient pas les femmes. Millenium, tome 1.

 

Le premier épisode m’a pris deux journées. The girl with the dragon tatoo (le titre anglais, pour une fois la traduction française est meilleure !).

Chaque année depuis 44 ans, un homme reçoit à son anniversaire une fleur séchée dans un cadre, un envoi anonyme ; tous ont été accrochés à un mur de son bureau. Et, chaque année, il essaie d’interpréter le message. Qui ? Pourquoi ? Pour lui faire du mal, pour lui rappeler que sa « fille adoptive » a été assassinée ?

Il engage Michael Kalle Blomkvist, journaliste en sursis, pour résoudre son énigme. Celui-ci fait très vite appelle à Lisbeth Salander.

 

Ce premier livre fut une drogue. Une chef d’œuvre.

 

Millénium, tome 2, La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette (The Girl who played with fire, cette fois c’est la traduction anglaise qui est la bonne !) est selon moi un peu en-dessous du premier… et du troisième ! (j’y reviens).

Dag et Mia, journaliste et thésarde, pense publier chez Millénium, magazine de Kalle Bastard Blomkwist, un livre et un article consacrés au commerce du sexe, accusant de nombreuses personnalités des médias ou de la justice. Ils sont retrouvés assassinés. Toutes les preuves accusent Lisbeth Salander. Celle-ci est introuvable. Blomkwist de son côté va tout faire pour prouver son innocence.

 

Selon moi le second est un peu plus lent à débuter et les récits de la vie sentimentale ou sexuelle des deux protagonistes principaux me lassèrent vite. Les dernières 300 pages sont cependant bien compilées.

 

La reine dans le palais des courants d’air (The Girl who kicked the Hornet’s Nest) est le dernier de la série (qui devait contenir jusqu’à dix volumes mais la mort prématurée de Larsson fait que la série s’est arrêté à 3 et ½ , le dernier volume n’étant pas publié).

Le livre revient sur le procès à venir de Salander et la recherche des vrais coupables, la firme, que Blomkvist va démasquer avec l’aide d’une grande équipe, allant jusqu’au premier ministre suédois !

 

J’ai beaucoup aimé ce troisième volet en raison des implications politiques, des nombreuses références à l’histoire suédoise récente (assassinat du premier ministre Olof Palme en 1986, ou de la ministre des affaires étrangères Anna Lindh en 2003 ; oui la vie politique suédoise n’a pas toujours été de tout repos). La toute fin du livre (les dernières 50 pages) manque un peu de piquant et l’escapade de Salander à Gibraltar par exemple est sans intérêt. Mais l’ensemble de la trilogie vaut le coup d’être découvert. En attendant de voir l’adaptation cinématographique.

 

PS : pourquoi la solution du théorème de Fermat n’est pas dans l’ouvrage ? Pour ça : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dernier_th%C3%A9or%C3%A8me_de_Fermat

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 05:59

La lecture en temps de voyage est une nécessité autant qu’un plaisir. A coup de 24 heures consécutives de train, c’est l’un de mes moyens favoris pour faire travailler mon imagination (et mon anglais), et ainsi améliorer un peu ma culture générale. Aussi, il est vrai, une solution pour faire passer le temps un peu plus vite.

Mes opinions de lectures, pas forcément constructives, peuvent cependant vous encourager à lire certains des ouvrages présentés ci-dessous. Si c’était le cas pour au moins l’un d’entre-vous, vous m’en verriez ravi ! On pourrait ainsi en discuter ensemble. Rien ne vaut un échange après un livre ou un film.

 

Je ne lis pas que des chefs d’œuvres. Certains ouvrages me laissent parfois de marbre comme les crimes de l’amour de Sade. D’autres sont tout simplement refusés par mon cerveau après 50 pages de souffrance (Orgueil et Préjugés, Raison et Sentiments de Jane Austen). Des passages du Roman de l’Orient-Express de Vladimir Fedorovski ont retenu mon attention, plus des anecdotes sur ce train mythique que l’histoire en soi (mauvaise). Matéo Falcone de Proper Mérimée est un clin d’œil sympathique aux coutumes corses. Mais Tamango, La partie de Tric Trac ou Le Vase étrusque, du même auteur, manquent de profondeur.

 

Finalement mon choix se porte sur deux ouvrages on ne peut plus classiques, dont je vous recommande la lecture à l’occasion. Ce sera 2, 3 heures de votre temps, pour une lecture assez aisée.

 

Bonjour tristesse, Francoise Sagan

 

Une petite claque.

J’ai toujours eu envie de découvrir ce livre, ne serait-ce qu’en raison du titre. Au fur et à mesure des pages, je me suis laissé prendre aux sentiments de Cécile, de cette possessivité pour son père. L’amour et la haine qu’elle ressent tout au long de son plan contre Anne. Et cette fin, tragique. Parfois certaines scènes me rappelaient la piscine de ? Bonjour, tristesse.

 

La ferme des animaux, George Orwell

 

Encore Orwell pour un livre très politique. Une fable, une ferme, des animaux. Napoléon et Snowball prennent le pouvoir. Et nous, les hommes. Magnifique dénonciation du totalitarisme sous ces traits animaux, beaucoup de clins d’œil au communisme avec lequel Orwell a pris ses distances après la guerre civile espagnole à laquelle il a participé. Le rôle de l’Histoire, et de celui qui l’écrit, même si, à mon goût, 1984 est plus profond et réserve plus de surprise (sans doute parce que plus long également). Et la dernière phrase de l’ouvrage, splendide : « The creatures outside looked from pig to man, and man to pig, and from pig to man again ; but already it was impossible to say which was which”.

la-ferme-des-animaux-orwell

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 01:39

Un guide de survie. Ou plutôt un guide de vie. Une bible personnelle ; où je suis mon propre prophète. Pour ne pas se perdre. Pour trouver la voie, pour trouver ma voie.

 

L’argent ne fait pas le bonheur.

 

L’important n’est pas de trouver les réponses, mais de se poser les bonnes questions.

 

Qu’est-ce qui me rend heureux ? A présent ? Dans un futur proche ? Le futur éloigné est trop incertain pour être planifié. Je peux mourir demain.

 

A chaque nouvelle rencontre, à chaque nouvelle découverte, j’arbore un sourire. Grandissant. Jour après jour. Je m’en rends compte. Ma voie est si proche. J’y suis, peut-être. Je l’emprunte chaque jour.

 

L’écriture peut être partie intégrante de cette voie, l’écriture doit faire partie intégrante de ma voie.

 

J’ai commencé. Ecrire. Pour de vrai. Pas quelques lignes pour un blog. Pas de sujets qui se suivent et ne se ressemblent pas.

J’ai l’histoire. Au fond de moi. Je la garde précieusement, jalousement. Pour le moment. Car il faut que cela sorte, d’une manière ou d’une autre.

 

Je fais attention. Je me protège. Je les protège. Je me demande « est-ce là la solution, la réponse ? »

 

J’hésite. Je cherche du soutien.

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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 15:05

Que faire pendant 32 heures de train ? Qui plus est quand il y en a 56 qui arrivent très vite !

Le lecture apparaît comme LA solution, surtout quand on voyage sans nouvelles technologies. Mais le hic c'est l'approvisionnement. A Moscou j'ai réussi à trouver des livres en français sans grande difficulté, en sera-t-il de même sur les prochaines étapes ? Rien n'est moins sûr, sauf si les Alliances francaises se révèlent être vendeuses.

 

Au cours de cette première semaine, j'ai donc lu 1984 d'Orwell, La cantatrice chauve et La leçon d'Ionesco, Le petit prince de Saint-Exupéry, Thérèse Desqueyroux de Mauriac et la Métamorphose de Kafka. Sans aucun doute mon meilleur score depuis 3 décennies !

 

1984, Orwell.

Il y a des livres que l'on se doit d'avoir lu. Et 1984 en fait partie. De par son impact sur la société, de par son esprit visionnaire.

Big Brother. Expression devenue courante. Malheureusement. La guerre c'est la paix. La liberté c'est l'esclavage. L'ignorance c'est la force.

 

En dehors de cette société de surveillance, c'est l'aspect contrôle de l'histoire qui m'a le plus impressionné. A toutes les personnes qui se demandent pourquoi l'histoire est une discipline universitaire, là est la réponse. Celui qui contrôle le présent contrôle le passé.

 

A bas Big Brother.

 

J'avoue que ce livre me remplit d'inquiétude, tout en me donnant le courage pour un long combat contre une certaine vision de la société. Contre la surveillance à tout va. Contre l'idéologie d'un parti. Pour la liberté. Pour la pensée. Pour la connaissance. Pour l'éducation.

 

Mais finalement, on se demande si nous aussi ne serions pas entrainés. Si pour un certain confort matériel, nous ne sacrifierions pas un peu de notre liberté. Si nous ne serions pas des O'Brien, persuadés d'avoir fait le bon choix, persuadés de la juste cause de nos actions. Et si, finalement, j'aimerais Big Brother.

 

Ionesco, c'est le théâtre de l'absurde par excellence. La cantatrice chauve c'est du burlesque, des répliques sans rapport les unes avec les autres. Je pense que de le voir jouer au théâtre de la Huchette serait autre chose qu'une lecture. Mais cela restait divertissant. La leçon s'inscrit dans la même optique, même si la qualité est moindre. Des livres qui m'ont permis de patienter dans le métro de Moscou. 2 x 45 minutes.

 

http://www.cele.unam.mx/lingualia/uno/img/archivosIMG/recuerdo.jpgLe petit prince, c'est une histoire d'amour, c'est une histoire d'amitié. C'est une histoire pour les enfants, c'est une histoire pour les adultes. Le petit prince rappelle les bases de la vie. C'est un rappel. C'est un exemple. Derrière des traits enfantins, c'est une leçon. C'est aussi l'hommage à un ami qui m'a, un jour, longuement parlé de l'apprivoisement. Il a réussi. Et bientôt ce sera mon tour.

 

Citations : Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner. (...) l'autorité repose d'abord sur la raison.

Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui.

L'essentiel est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu'avec le coeur.

 

Thérèse Desqueyroux c'est un drame de vie. La vie d'une dame malheureuse, qui va agir contre son mari, sans réellement savoir pourquoi, ni comment. Un peu à la manière de L'étranger de Camus, ça va la prendre comme ça, un jour, sans crier gare. Thérèse s'ennuie. Thérèse n'aime pas sa vie. Thérèse aimera Paris. Mauriac montre ici une certaine vision de la campagne, conservatrice, et où tout se sait.

 

J'ai été agréablement surpris par La métamorphose de Kafka. Je ne sais pas pourquoi mais au départ je voyais d'un oeil très circonspect l'histoire de cet homme qui se transforme en cafard. Mais cette métaphore, même si elle reste en partie mystérieuse, présente extrêmement bien le rejet de l'autre en raison de sa différence. Un peu de La Fontaine, sauf qu'ils restent des humains, qui agissent cependant en animaux. Homosexualité, différente couleur de peau, changement de sexe, malade de la lèpre ou de la peste, handicap ? J'avoue avoir eu de nombreuses idées de métamorphose sans être véritablement comblé par l'une d'entre elles. Reste le regard des gens, la réaction de la famille et finalement le départ de ce cafard, départ souhaité des deux côtés.

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23 août 2011 2 23 /08 /août /2011 10:51

Flaubert-pr-Milev.GIFEst-ce que je change ? Est-ce que j’ai déjà changé ? Oui. La preuve, j’aime Flaubert.

 

Pourtant, rien ne m’y destinait. Un peu comme Charles Bovary, le hasard a beaucoup conditionné ma rencontre avec cette soudaine passion. Flaubert, c’était pour moi, d’avance, beaucoup de description et un rythme lent, trop lent, qui me fera tomber dans mes plus profonds rêves. Le parfait livre de chevet en soi, puisqu’il devrait me permettre de dormir ainsi plus aisément.

 

Sauf que j’ai très vite pris goût aux descriptions de Gustave. Après deux journées, j’avais déjà lu deux parties, et je pestais contre le fait qu’il n’en reste qu’une. La prose de l’écrivain me plaît, son style d’écriture aussi. Contrairement à Houellebecq ou à Beigbeder, j’ai l’impression que le sujet est entièrement traité, que Flaubert va au bout des choses. L’amour, le désir, la passion, l’ennui, le mariage. Emma Bovary est un drame. Le drame d’une vie. Rodolphe, Léon, Charles, trois hommes qui conditionnent sa vie, qui conditionnent sa mort.

 

A noter que le roman, publié sous forme de feuilleton dès 1856 dans la Revue de Paris, fit scandale. Flaubert et son imprimeur furent jugés pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ». Ils seront finalement acquittés.

 

Quelques citations :

 

D’ailleurs, avec du toupet, un homme réussit toujours dans le monde.

 

Elle eut ainsi un peu battu le briquet sur son cœur sans en faire jaillir une étincelle.

 

Qui donc écartait, à tant de distance, le matin d’avant-hier et le soir d’aujourd’hui.

 

Elle confondait, dans son désir, les sensualités du luxe avec les joies du cœur.

 

Tout s’effaçait sous le regret instinctif d’une si longue habitude.

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21 août 2011 7 21 /08 /août /2011 07:24

Le Prix Goncourt n'est pas infaillible. Et pour cause, ses membres ont "oublié" de récompenser Céline pour son Voyage au bout de la nuit en 1932. Mais il bénéficie d'une telle influence dans les milieux littéraires qu'il m'est de plus en plus commun de lire ses vainqueurs. Surtout qu'en 2010 c'est Michel Houellebecq qui l'a remporté. 

 

Houellebecq-pr-Milev.jpgJ'ai lu Houellebecq une fois. C'était La possibilité d'une île. J'en ai gardé un sentiment mitigé. Il y avait du bien, il y avait du moins bien. Mais cette fois c'est tout de même le Prix Goncourt ! Le livre doit être génial. En plus on m'a parlé plusieurs fois de la présence de Jean-Pierre Pernaut dans l'ouvrage !

 

Echec. La Carte et le territoire évoque le parcours de Jed Martin, artiste français, qui rencontre... Michel Houellebecq ! L'idée de départ me faisait rire, mais la réalisation n'est pas à mon goût. Entre une histoire d'amour un peu bateau et Michel Houellebecq qui s'auto-assassine dans son propre ouvrage, sans toutefois réussir à nous entraîner dans une enquête "policière"... La fin du livre m'a laissé un énorme goût d'inachevé. L'impression d'un petit livre de vacances, pas d'un prix Goncourt. On est a des années lumières des Bienveillantes (Jonathan Littell, récompensé en 2006).

 

Beigbeder-pr-Milev.jpgBeigbeder est entré dans mon estime avec 99 Francs. Son adaptation au cinéma aura d'ailleurs été un grand succès (comparé avec La possibilité d'une île qui aura été un échec). Alors Un roman français, prix Renaudot 2009, préfacé par... Michel Houellebecq !, m'attire depuis quelques mois. 

 

Beigbeder évoque non sans humour ses nuits au poste en 2008, lorsqu'il s'est fait chopper en train de sniffer de la coc' sur un capot. Le récit, réellement autobiographique, revient essentiellement sur l'enfance de l'auteur, et ses difficultés de souvenirs.

 

Semi-échec. J'attendais clairement mieux. Les critiques contre le système carcéral sont faciles, et manquent de profondeur. Sa vision de l'enfance n'est pas si éloignée de la mienne, mais elle laisse un goût d’inachevé, tout comme la fin de l’ouvrage. Les deux livres méritaient aisément 150 pages supplémentaires.

 

Est-ce que mon rythme de lecture des classiques joue sur mon exigence vis-à-vis des contemporains ? Peut-être. Car la qualité d’écriture de Houellebecq ou Beigbeder me parait bien terne vis-à-vis de Dostoïevski, Céline ou Flaubert...

 

Quelques passages de Beigbeder :

 

Pour moi, la vie commençait quand on quittait sa famille. Alors seulement l’on se décidait à naître. Je voyais la vie divisée en deux parties : la première était un esclavage, et l’on employait la seconde à essayer d’oublier la première.

 

Le silence des vivants est plus difficile à comprendre que celui des morts.

 

Je n’ai cessé d’utiliser la lecture comme un moyen de faire disparaître le temps, et l’écriture comme un moyen de le retenir.

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15 août 2011 1 15 /08 /août /2011 08:21

Pourquoi mon peintre préféré est-il Georges de la Tour ? Pourquoi déjà je m’intéresse à l’art, alors qu’il y a quelques années, il fallait littéralement me traîner pour entrer dans un musée ? Madame Baudoux, ma professeure d’histoire de l’art à l’université. 3 années de cours obligatoire sur une matière que je n’appréciais guère au départ, ça vous change un homme, ou tout au moins une opinion.

Le-nouveau-ne-pr-Milev.jpg

Pour Georges de la Tour, l’histoire commence avec Le nouveau-né. Vous connaissez forcément ce tableau, il occupe l’appartement de Monsieur Brochant, dans Le dîner de cons ! (ok, il faut avoir l’œil observateur ou l’avoir vu 20 fois !). Dès le départ j’ai été fasciné par le clair-obscur, technique que l’on retrouve notamment chez Le Caravage. Mais Georges de la Tour y ajoute un élément central, la bougie. Bougie que l’on ne peut voir, mais que l’on devine. C’est là tout un art, de montrer quelque chose sans le dessiner.

L-apparition-de-l-ange-a-Joseph-pr-Milev.jpg

Cette technique sera utilisée dans la plupart de ses tableaux nocturnes. Job raillé par sa femme, Saint-Joseph charpentier, Madeleine en pénitence, L’adoration des bergers, Marie-Madeleine en pénitence, Saint-Sébastien soigné par Irène, L’apparition de l’ange à Joseph, La femme à la puce….

Saint-Joseph-charpentier-pr-Milev.jpgInfluencé par le maître italien, il réalise également Le tricheur à l’as de carreau ou La diseuse de bonne aventure. Mais dans ses diurnes, je préfère Le joueur de vielle, conservé à Nantes, qui selon moi présente on ne peut mieux la douleur de la vieillesse et de la vie dans le rue.

Le-joueur-de-vielle-pr-Milev.jpg

J’ai moi-même été influencé par Georges de la Tour. Je suis fasciné par les photos nocturnes en présence de bougies. Cela est même la raison de ma photo de profil Fb. 

Moi-pr-Milev.jpg

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 18:31

Louis-Ferdinand-Celine-pr-Milev.jpg

Dis moi, Céline, comment écrire un article sur ton art sans évoquer ta personne ? Tu m'embêtes bien tu sais. Bon, commençons par le personnage avant d'entrer dans l'œuvre. Céline, de son vrai nom Louis-Ferdinand Destouches, engagé volontaire pour la Grande Guerre, médaille militaire, employé de la maison Rockefeller, médecin, travaille pour la SDN. Bref, jusque là tu passes pour un exemple aux yeux de tous. La preuve, en 1933, tu prononces même un hommage à Zola, ton seul discours public. C'était l'année suivant ton Voyage au bout de la nuit.

 

Et puis, comme beaucoup à l'époque, tu passes du côté obscur, du côté des antisémites. Bagatelles pour un massacre (1937) et L'École des cadavres (1938) sont des pamphlets qui te rapprocheront définitivement de l'extrême-droite. Tu le dis toi-même, tu es l'ennemi n°1 des Juifs. Sous l'occupation, tu te fais remarquer par tes articles et par Les Beaux draps, qui justement te foutront dans de sacrés sales draps.

 

Faut dire que le débarquement ne t'arrange pas beaucoup. Tu fuis, craignant pour ta vie. Allemagne, Danemark. Condamné, puis amnistié, tu reviens en France tout en restant boycotté par les milieux littéraires, et ce jusqu'à ta mort en 1961.

 

Mais voila, j'ai lu ton Voyage au bout de la nuit. Et il me faut l'admettre, tu as beau être un sacré salaud, tu restes un sacré écrivain. Quel talent ! Quel style ! De l'argot, du vrai, mais que j'ai apprécié, je l'espère, à sa juste valeur.

Tu m'as fait voyager mon salaud, et pas qu'un peu. Déjà, ton âme de pacifiste m'a décrit la guerre comme rarement (bon, peut-être dans Les Bienveillantes de Jonathan Littell). Puis tu quittes la France pour l'Afrique coloniale dont tu dénonces les méfaits. Tu arrives à New York et tu exposes de manière saisissante les contraintes du travail à la chaîne dans la ville même de l'industrie, Détroit. Et puis tu reviens en France avec tes histoires de fou et de folie.

 

Souvent pessimiste, parfois très drôle, ton ouvrage m'a juste impressionné. De celui-ci je retiens quelques phrases, qui, je l'espère, feront sourire les lecteurs et leur donneront envie de te découvrir. Dommage mon salaud, tu aurais pu être un modèle.

 

Citations

 

La guerre en somme c’était tout ce qu’on ne comprenait pas.

 

Presque tous les désirs du pauvre sont punis de prison.

 

Et plus la ville est grande et plus elle est haute et plus les gens s’en foutent.

 

Je savais que le cul est la petite mine d’or du pauvre.

 

Invoquer sa postérité, c’est faire un discours aux asticots.

 

La Seine, ce gros égout qui montre tout.

 

Les études ça vous change, ça fait l’orgueil d’un homme.

 

Ce n’est peut-être que cela sa jeunesse, de l’entrain à vieillir.

 

Les souvenirs eux-mêmes ont leur jeunesse.

 

Il n’y a de terrible en nous et sur la terre et dans le ciel peut-être que ce qui n’a pas encore été dit. On ne sera tranquille que lorsque tout aura été dit, une bonne fois pour toutes, alors enfin on fera silence et on n’aura plus peur de se taire. Ca y sera.

 

Ces curés ils savent tout de même vous éteindre les pires scandales.

 

Est-ce qu’il allait aux cabinets devant tout le monde Jésus-Christ ? J’ai l’idée que ça n’aurait pas duré longtemps son truc s’il avait fait caca en public. Très peu de présence, tout est là, surtout pour l’amour.

 

Il faudrait savoir pourquoi on s’entête à ne pas guérir de sa solitude.

 

Je me branlais l’imagination.

 

A côté de ce vice des formes parfaites, la cocaïne n’est qu’un passe-temps pour chefs de gare.

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