J'entre dans l'Arthur's Tavern, sur la Grove Street, un bon endroit pour écouter du jazz ou du blues en live. Ils sont six. Les cheveux grisonnants, la démarche parfois hésitante. Mais leur souffle reste intact. Ce n'est clairement pas le genre de musiciens que je m'attendais à voir. J'imaginais quelques jeunes qui veulent gagner un peu d'argent et d'expérience. Pourtant ce sont bien nos retraités qui vont nous emmener dans leur univers musical pendant quelques heures.
Ils sourient. Ils sont clairement heureux d'avoir un public devant eux, qui les écoute. Dans le même temps, je pense à mon grand-père, à la santé et à la mémoire plus que fragiles en ce moment. Et je me dis qu'après la retraite, il doit y avoir une vie. Musicale pour ceux-là. Sportive pour d'autres. Faite de voyages, faite de rencontres. Pour que la retraite ne soit plus considérée comme une petite mort.
J'en oublierais presque mon coca à 6$ (tout est dans le presque !) Ils introduisent chaque chanson par un petit discours sur l'artiste ou sur le sens des paroles. Ma culture musicale est très faible quand on parle de jazz. Alors j'écoute et j'apprends.
L'avantage de New York c'est la quantité. Ainsi que la qualité. Des musiciens, il en pullule dans le métro. Parfois des bons, comme ces deux Mexicains avec leur guitare et leur sombrero à qui j'ai donné un petit billet pour qu'ils persévèrent. Comme ce petit jeune avec sa guitare électrique à qui j'ai donné le même billet tout en espérant qu'il se lance dans autres choses pour réussir sa vie. Et de temps en temps, on a un petit vieux. Ils sont là pour gagner leur croûte ou pour prendre du plaisir, c'est selon. Mais je les regarde toujours différemment. Car ils sont attendrissants.