31 mai 2022 2 31 /05 /mai /2022 19:44

« À Saint-Omer, les réfugiés ukrainiens retapent les logements qu’ils peuvent ensuite habiter » La lecture des commentaires m'interpelle. « Honteux de voir sa nous on galère et eux il on le droit de tout » « tout pour les étrangers et rien pour nous. vive la France hein ». « Une honte ». Au-delà des quelques fautes, c'est surtout le ton. La colère. Une ambiance que je retrouve traditionnellement sur les articles à propos des « autres » migrants. Les Ukrainiens, jusque là, étaient plutôt préservés. 3 mois après le début de l'offensive, on commence à pointer du doigt les avantages de ces réfugiés. Pensez : ils ont dû quitter leur pays, leur maison, leur famille, leur école... et on les loge ! Inadmissible pour certaines et certains.

« Et tout les SDF de saint omer vous en faitez quoi messieurs le maire ». » « et du travail nos sdf rien mais eux 5 étoiles ». « mais les sdf français oui. qui pense à eux avant et au étrangers ensuite. » Intéressant de voir à quel point, dans ces moments-là, le SDF français devient tout à coup un être exceptionnel que l'on souhaite protéger. Je regarde les profils des commentateurs. Un agent de conditionnement, un jardinier, un gilet jaune, une auxiliaire de vie. Des milieux populaires. En clair, des gens plutôt pauvres. Et mécontents. Ils n'ont pas l'impression d'avoir été aidés dans leur vie. Ils en veulent au gouvernement. Je vois un profil pro-Marine le Pen. Non, ce n'est pas une surprise.

 

Au niveau national, plus de 8 millions de voix pour elle au premier tour, 2,5 M pour Zemmour. A eux deux, 30%. Au second tour, 41,5% des Français ayant voté ont choisi le Front National. Le chiffre me choque encore, et c'était presque pourtant un soulagement. C'est qu'autour de moi, les langues sont déliées depuis de nombreuses années. Le Pas-de-Calais a voté à 57,5% pour Marine le Pen au second tour, avec parfois des scores impressionnants (71% à Auchel ! ). Il y a 10 ans, je signalais déjà à Facebook les menaces de mort à l'encontre des migrants, notamment à Calais. A l'époque, le réseau social n'y trouvait rien à redire. Ça faisait du buzz, des clics, bref, de l'argent ! Depuis, la modération empêche les appels au meurtre, mais le fond du discours, lui, reste haineux.

 

Pourquoi une haine des plus pauvres à l'encontre des réfugiés ? Est-ce un mal français ? Pas tout à fait. Petit exemple que j'ai pu observer pendant mes études, en Afrique. Les réfugiés rwandais étaient nombreux en Ouganda dans les années 1970-80 en raison des pogroms qui s'étaient déroulés contre les Tutsis au moment de l'indépendance. D'abord bien accueillis, ils sont ensuite régulièrement pointés du doigt par une partie de la population locale. En effet, ils disposent dans les camps de réfugiés d'une distribution de nourriture et d'un accès à l'éducation, via les associations, ce que le gouvernement ougandais se révèle incapable de faire dans cette zone rurale. Injustice crient les habitants du coin ! On leur donne tout ! Et nous n'avons rien ! Le confort de ces étrangers provoquera des pogroms en 1982-83 contre les réfugiés rwandais, pogroms encouragés par quelques politiques avides de pouvoir.

 

Ce scénario existe ailleurs. Je ne pense donc pas que pointer du doigt les commentateurs racistes soit suffisant. Ça reste important, et je vais de temps en temps « au charbon » sur Facebook lorsque je vois trop d'âneries concentrées sur un article. Mais il faut plus. Ça passe par une lutte dans sa famille, ça passe par une lutte dans les conversations avec des ami.e.s, des proches, des collègues, des copains du foot etc. Ça passe aussi par un réveil des politiques, au niveau national ou local. Le mal-logement est un fléau, les prix n'arrêtent pas de monter, les gens se sentent délaissés, et la réponse n'est pas à la hauteur.

Mais, surtout, ça passe par une mobilisation réelle de la population qui n'est pas raciste. Malheureusement, mes proches ne souhaitent pas participer à ces débats. Très peu pour moi disent-ils. On observe, mais on se tient loin. On vit son propre bonheur, on ne veut pas se salir, on ne veut pas participer au débat public via les réseaux sociaux. Et on laisse ainsi le champ libre aux extrêmes, qui eux, sont omniprésents. Le danger, de plus en plus réel, est de voir leur nombre augmenter à mesure que nous abandonnons les espaces d'échanges. Oui, je sais, époque de merde où Facebook et Twitter sont les lieux du débat public. Mais c'est notre époque, et lui tourner le dos ne changera pas les choses. Engagez vous, mobilisez vous, car j'ai peur qu'un jour vous le regrettiez.

Ce racisme qui nous entoure
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4 avril 2022 1 04 /04 /avril /2022 15:18

A chaque élection, c'est le même questionnement (sans doute partagé par beaucoup!) : qui sera mon candidat/ma candidate, quel sera le parti pour qui je vais voter ? Depuis quelques années, mon vote est un peu plus tranché. Plus jeune, j'ai vogué selon les modes, sans avoir de réelles chapelles politiques. Je ne viens pas d'une famille très politisée, et j'ai fait mon apprentissage à force de lectures, de discussions, et, parfois, de débats passionnés. J'en suis ressorti avec quelques convictions profondes, notamment une lutte contre les extrêmes. Les études en histoire et les voyages m'ont très vite rapproché de la gauche. Depuis plusieurs années, c'est les Verts qui remportent mon suffrage. Je reste persuadé que la lutte contre le réchauffement climatique est le combat de notre siècle, un combat mondial, sans frontière, avec des enjeux comme rarement l'histoire en a connus.

C'est d'ailleurs en grande partie pour cela que je voterai pour Yannick Jadot ce dimanche. C'est un vote de conviction. L'environnement est la troisième préoccupation des Français d'après tous les sondages et, malgré le peu d'antenne pour cette thématique lors de la campagne, sa préservation est l'affaire de toutes et tous. « Oui, mais l'écologie ne devrait pas être l'apanage d'un seul parti ! » Certes, j'entends cette position. D'ailleurs, ils mettent tous un peu de vert dans leur programme. Mais il y a une vraie différence : pour les Verts, c'est l'écologie qui doit être la base du programme. Malheureusement, chez les autres, c'est souvent la variable d'ajustement qui disparaît à chaque fois que les conditions économiques ne sont pas réunies... à savoir 98% du temps ! Alors que c'est justement notre système économique qui détruit la planète. Notre président considère que l'on doit produire plus, c'est sa priorité du prochain quinquennat. Justement NON ! C'est l'inverse mon vieux ! Il faut produire moins en produisant mieux ! Des produits de merde pour 3 francs 6 sous venant de l'autre côté du monde, c'est ça le souci. On pompe notre planète en la détruisant pour satisfaire un système économique qui n'a pas de sens. Société de consommation qu'on nous dit. Société de surconsommation en fait. On ne répare plus rien, on jette constamment, on gâche les ressources, on pollue pour dix générations, du fond des océans à l'atmosphère. Quand on sait que le protoxyde d'azote présent dans les engrais reste 130 ans dans cette atmosphère, on peut se poser la question de son utilisation (surtout qu'il est 265 fois plus nocif que le CO²!).

« Oui, mais le réchauffement climatique, ce n'est pas la faute de l'homme ! ». Oui, j'entends encore ça sur le marché le samedi matin. Alors je débats. J'explique que 99% des articles de scientifiques confirment le rôle de l'humain, que la planète se réchauffe bien depuis l'ère préindustrielle, preuve en chiffres. Forcément, ces gens-là ne m'entendent pas, je suis d’ailleurs prêt à parier qu'ils ne m'écoutent pas ! Mais les autres, sur le marché, m'entendent et m'écoutent. « Vous avez bien de la patience ! ». C'est mon côté prof !

Bref. « Mais c'est Mélenchon la seule chance de la gauche ! ». Le vote utile. Ou efficace. Qui signifierait qu'il existe un vote inutile, mais passons. Non, ce ne sera pas Mélenchon pour moi. Oui, il est de gauche, et je ne lui reproche certainement pas ce critère. Mais ce n'est pas moi. Au-delà du personnage, parfois colérique et caricatural au cours des dernières années (tout en étant calme et très bon tribun pendant la campagne), c'est surtout ses positions politiques qui m'éloignent de lui. Ne serait-ce que la politique étrangère. Pour moi, Cuba est une grande dictature avec un parti unique depuis 60 ans, et la Chine a bien envahi le Tibet en 1959. Pour moi, la Russie n'est pas « un partenaire fiable » comme il le disait encore il y a 6 mois. Pour moi, le grand méchant loup n'est pas toujours les États-Unis (ce n'est pas une blanche colombe non plus, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit ! ). Pour moi l'Union Européenne est une excellente idée (sans forcément être bien réalisée). Ne pas être d'accord avec l'UE, certes. Laisser parfois entendre que l'on pourrait en sortir, c'est une bêtise à mes yeux. Un peu comme si je disais : la France ne fonctionne pas, je la quitte pour un Pas-de-Calais indépendant. Non, vaut mieux la changer de l'intérieur. La position LFI sur le pass vaccinal (et pire encore la reprise complotiste du passeport vaccinal pensé par l'UE avant le COVID) me dérange. Je n'aime pas lorsque l'on tape violemment sur la presse (traiter le Petit Journal de « facho »... comprends pas), ni sur la justice (la République ce n’est pas toi mon vieux, c’est NOUS !) Et, enfin, j'ai énormément de mal avec les trolls LFI qui polluent tous les débats internet.

« Oui, mais les sondages... ». J'en ai marre des sondages. Tous les jours, depuis six mois, on nous gave de sondages, en vendant un duel Macron-Le Pen, puis en expliquant que Zemmour pourrait être au second tour, et même Pécresse ! Les sondages ne doivent pas dicter nos choix. C'est leur faire beaucoup trop d'honneur. Qu'ils ne méritent pas. Incapables de voir Le Pen au second tour en 2002, incapables de voir Trump gagner en 2016, incapables de prédire le Brexit la même année. Des charlatans, occupant une place centrale dans notre système démocratique, influençant de plus en plus les votes. Aujourd'hui, le premier critère expliquant le vote Mélenchon est justement le « vote utile ». C'est un vrai problème. Et LFI serait d'accord avec moi si la situation était inversée.

« Oui, mais Jadot, c'est quoi ses idées ? ». Allez, petit top 15 de mon vote de conviction :

- Nationalisation d'EDF pour accélérer la transition

- Engager la France vers le 100% d'énergies renouvelables

- Une France zéro déchet, avec une TVA réduite pour les services de réparation

- ISF climatique

- Augmentation du SMIC à 1500€ nets

- Vers une réduction du temps de travail tout au long de la vie

- embauche de 100 000 infirmier.ères

- doublement des effectifs des étudiants en médecine

- revalorisation du salaire des enseignants

- loi limitant la concentration des médias

- obligation d'égalité salariale homme-femme

- instauration d'un salaire minimum européen

- réinvestir dans le train à hauteur de 4 milliards par an

- reconnaissance des droits des animaux et fin de l'élevage en cage

- baisse de 50% de la consommation énergétique des logements (10 milliards par an)

Pourquoi vais-je voter Jadot ? (et pas Mélenchon)
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2 octobre 2019 3 02 /10 /octobre /2019 23:07

Israel, Eilat, station balnéaire de la Mer Rouge. 43 degrés, le sable est brûlant. Sur celui-ci un papier est emporté par le vent, direction la mer. Quelques minutes plus tard, un deuxième. Puis un verre en plastique. Et un sac plastique... Ca m´énerve. La Mer Rouge est peut-être le lieu le plus reconnu au monde pour la vie aquatique, ses poissons, la couleur de ses coraux... Les touristes israéliens sont d´ailleurs là pour ça, avec leur masque et leur tuba. Alors, ne les voient-ils pas ces papiers et plastiques qui s´envolent de leur serviette ? Ou s´en contrefichent-ils ? Pour cette dame au restaurant, au bord de la mer, je n´ai pas de doute, elle lance volontairement sa paille puis son verre en plastique dans l´eau. J´hallucine.
Je pense que vous aussi. Nous sommes aujourd'hui presque tous scandalisés quand un type ouvre la fenêtre de sa voiture devant nous et lance son paquet de clopes vide ou son Mc Drive dans la nature. Problème d´éducation, mauvaise foi assumée, ou simplement un enfoiré qui emmerde la nature (en plus d´emmerder le monde !)

Alors, sur cette plage d´Eilat, je me suis levé. Une fois. Deux fois. Trois fois. Et j´ai ramassé les déchets, comme je l´avais fait un jour sur une plage de la Côte d´Opale lors d´une opération de nettoyage, ou il y a bien longtemps, à l´école primaire, avec toute ma classe dans les rues de Tilques pour prendre conscience de ce qu´on laisse à la nature, à nos enfants (si, si, je suis concerné !)

 

Il ne faut pas se mentir, Europe Ecologie Les Verts (EELV) est un parti politique. Et beaucoup ne croient plus aux politiques (je comprends pourquoi !) Néanmoins, je reste persuadé que c´est l´un des moyens d´action. On peut aider la planète à notre échelle, avec les choix que l´on fait. Je partage sur Facebook le scandale brésilien des feux en Amazonie, ou du plastique dans l´océan. Je mange moins de viande, je n´en cuisine plus depuis quelques années, je fais du covoiturage ou j´utilise le vélo (ou la trottinette !), je n'achète plus de vêtements neufs et de manière générale je consomme moins, ou mieux. Mais je suis toujours comme un con quand mes élus choisissent de mettre en place un incinérateur de déchets à côté de chez moi ou échouent à installer une piste cyclable à chaque rénovation de route...  Je peste dans mon coin. Et ? Ca dérange qui, à part moi ? La politique doit permettre d´agir à une plus grande échelle que ma petite personne, d'avoir un impact plus important.

 

C´est clairement le challenge de ma génération. D'autres avant nous devaient lutter pour l´idée de démocratie, de République, pour la fin de l´esclavage ou le droit de vote des femmes. J'ai longtemps pensé que nous n´avions pas un tel combat à mener, et que c'était dommage. J´ai aujourd'hui ouvert les yeux, notre combat c´est de sauver la planète, rien que ça ! Alors ça passe par l´engagement, individuel et collectif. Et on va y arriver, nous n´avons pas d´autres choix.
Quand je dis nous, c´est aussi que je vois une dynamique. En France, dans le monde. Un souffle, que dis-je, une tempête, celle de la jeunesse qui fait la grève, qui marche, qui se mobilise. Prêchez seul peut-être décourageant, sentir la foule autour facilite l'engagement.

Mais ce n´est pas seulement l'engagement de l´écologie, de l'environnement, ou de la planète. C´est aussi s´obliger à affronter d´autres sujets, d´autres problèmes. Prenez l'extrême pauvreté, les SDF dans les rues de France et de Navarre. Enfant, la première fois, c'est une vision choquante. Etudiant, c'est révoltant, alors on donne une pièce ou quelques mots. Adulte, alors qu'on n'a jamais été aussi riche, on détourne le regard. Oh, on voit hein, on voit très bien même, et ça fait toujours énormément de peine. Pourtant on ne donne plus "à quoi ça sert finalement ?" S´engager en politique c´est aussi éviter la résignation sur ces sujets.
Je ne dis pas que nous allons tout régler, et que je vais mettre fin à la misère dans le monde (je ne suis plus naïf... ou serait-ce utopiste ?). Mais essayer, à mon échelle, au sein d'un groupe, me permettra de dire à mes futurs enfants : "je ne suis pas resté immobile. J'en avais pris conscience."
 

Mon histoire avec EELV ne date pas d´il y a quelques jours, j'avais déjà participé, en tant que simple militant, à une campagne des régionales de 2015 ou à des opérations anti-pub et éteignez les lumières à Bordeaux en 2014. L´ambiance m'a toujours plu, c´est un peu le "bordel" dans les réunions, ça part dans tous les sens, c´´est clairement pas "professionnel" et c´est d´ailleurs ça qui en fait le charme. J'y ai rencontré des gens qui me ressemblent, simples, motivés pour faire changer les choses. Et un peu déprimés par la politique et l´orientation générale des gouvernements (de gauche ou de droite d'ailleurs). Alors c'est avec cette fine équipe (au sens premier du terme, mais ça grossit !) que je me suis inscrit dans l'Audomarois. Allez, on lance des opérations, on va voir les gens, on discute, on communique, on crée une page Facebook, et c´est parti. Où ? On ne sait pas encore. C´est juste une autre aventure.

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Pourquoi je rejoins Europe Ecologie ?
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16 janvier 2019 3 16 /01 /janvier /2019 15:30

Depuis la Guyane, ça paraît un peu fou. Enfin, non, pas si fou que ça. Disons animé. Car ici, ça ne prend pas. Ils ont essayé, à Cayenne, et très très légèrement à Saint-Laurent du Maroni. Mais non, décidément, nous sommes dans une bulle. Pas de gilets jaunes.

En métropole cela fait maintenant 9 semaines. 9 semaines de manifestations, de mobilisations, et parfois de blocages. On ne peut pas le nier, ce mouvement est extraordinaire. Cela faisait de nombreuses années, depuis le CPE en 2006 (ah, ma première année de fac...) qu'aucun grand mouvement sociétal ne s'en prenait au gouvernement en place sur une longue durée, et avec du succès (quoi, le mariage pour tous ? Bon, passons!).

 

Derrière beaucoup de Français se cache un révolutionnaire en puissance. L'éducation, sans aucun doute, avec notre histoire faite de grands renversements, de 1789 à 1830, de 1848 à 1870. L'année dernière, pour les 50 ans de mai 68, certains espéraient que ça reprenne. Il n'y a eu que quelques mois de retard. Et je n'étais pas tant surpris quand j'ai vu les sondages (what ??! je regarde et je me fie au sondage!?) annonçant que ce mouvement était soutenu par une majorité des Français (80% au départ tout de même!). Qu'il y ait des gens qui souhaitent tout casser pour tout reconstruire, ça peut paraître fou à un étranger. Quand on est français, ça choque un peu moins. Certains croient au « grand soir », à la révolution. Pour le coup, je ne pense pas que ce soit une bonne idée, parce que derrière la plupart des révolutions se sont cachés des régimes dictatoriaux (coucou Napoléon, coucou Napoléon III, coucou le parti unique en URSS et à Cuba) ou des bains de sang (la Commune). Moi, je n'aime pas le sang, et je n'aime pas non plus les dictateurs. La démocratie me va bien. Encore faut-il qu'elle existe.

 

Démocratie représentative. C'est notre système actuel. Nous acceptons de donner notre pouvoir, de le déléguer, à des gens qui sont censés nous représenter et faire les lois telles que nous les voulons. L'idée a plutôt bien fonctionné jusque là, à savoir que c'est le système politique le plus démocratique que nous ayons eu dans notre histoire. Aujourd'hui le système semble vieillissant. Parce que nous ne voulons pas tous donner notre pouvoir, le déléguer. Certains, de plus en plus nombreux, aimeraient bien donner leur avis directement. Démocratie directe. Une petite révolution qui doit beaucoup à Internet. Car, avec Internet, nous pouvons tous donner notre opinion politique, émettre des vœux, parler de notre mécontentement sur une loi. Il suffit d'écrire sur les réseaux sociaux, un blog, ou un commentaire sur une page d'information. Chose qui n'existait pas jusque là (sauf dans les cafés, mais l'audience était limitée). Alors, pourquoi ne pas nous consulter plus souvent ? Pourquoi pas plus de démocratie directe ? Pour le coup, j'y suis clairement favorable. Et qu'on ne vienne pas me dire « oui, mais les gens ne comprennent pas toujours les lois », « c'est trop compliqué pour eux » etc. Ce sont les mêmes arguments que donnaient les hommes il y a 100 ans pour justifier le non droit de vote aux femmes ! Ces arguments sont souvent donnés par des gens qui, forcément, se pensent assez intelligents pour donner leur avis, et qui, bizarrement, pensent qu'il n'est pas possible d'expliquer une loi ! Mais, si tu es si intelligent, pourquoi ne serais-tu pas capable de bien l'expliquer à la population ? La démocratie directe fonctionne, encore faut-il accepter les résultats (coucou le référendum sur la constitution européenne!).

Si notre système politique est également vieillissant, c'est que ceux qui nous représentent le font de moins en moins bien. C'est un fait, aujourd'hui, les députés sont des politiques, ils sont professionnels. Combien d'ouvriers ? Combien d'employés ? Combien d'artisans ? La plupart du temps, ce sont des gens plutôt riches, ayant fait de grandes études, et qui pensent pouvoir représenter la population. Attention, je ne veux pas tirer sur les riches ou les gens ayant fait des longues études (coucou moi!). Mais je pense qu'ils ne peuvent pas comprendre certaines choses. L'exemple le plus frappant était cette loi sur l'augmentation du prix de l'essence. Une loi qui touche tout le monde. Une loi forcément injuste, parce qu'une augmentation de 5€ du plein de Super sanctionne beaucoup plus quelqu'un étant au SMIC que quelqu'un touchant 7 000€ par mois (coucou les députés!).

 

Et voilà que surgissent les gilets jaunes. Ouin-Ouin c'est l'extrême-droite. Puis après, ouin-ouin c'est l'extrême-gauche. C'est qu'il fallait classer ce mouvement, avec nos frontières politiques habituelles. Frontière que l'élection de Macron a tout cassé (et ce n'était que la fin d'un long mouvement, avec des gens qui votaient à droite, puis à gauche, puis dans les extrêmes, sans vrai continuité). Aujourd'hui ouin-ouin les gilets jaunes sont des casseurs. Ou ouin-ouin les gilets jaunes attaquent la liberté de presse, et donc les journalistes. Voire même ouin-ouin les gilets jaunes sont des putschistes. Alors, pour commencer, je ne nie pas que certains, mais une minorité de gilets jaunes, soient des casseurs appartenant à un extrême et souhaitant un coup d'Etat. Mais. Non, plutôt MAIS c'est très loin de représenter un mouvement extrêmement hétérogène, qui souhaite parfois plus d'Etat, parfois moins, parfois une augmentation des aides, parfois une diminution des impôts etc. Ce qui revient souvent, néanmoins, c'est la justice. Et la fin des privilèges.

 

Une justice sociale. Ca veut dire quoi ? Qu'une petite entreprise française ne doit pas payer plus d'impôts que Facebook et Google, que Total et LVMH. Que quelqu'un touchant un salaire de 15 000€ par mois doit participer de manière plus importante aux impôts que quelqu'un touchant 1 500€ par mois. C'est la base, c'est logique, et c'est quelque chose qui a beaucoup diminué ces dernières décennies. La justice doit être la même pour tous. Que les hommes ou femmes politiques ne bénéficient pas toujours d'un non-lieu dans leur affaire de corruption, que les grosses entreprises ne soient pas toujours protégées par des lois aberrantes contre les petits citoyens. Si un dealer de shit se retrouve en prison du jour au lendemain, je ne vois pas pourquoi ça ne devrait pas être la même pour un banquier véreux. La fin des privilèges, tout simplement.

Etre un gilet jaune, c´est aussi et surtout refuser de payer plus de taxes ou d´impôts alors que les services publiques à côté de chez toi sont fermés les uns après les autres, parce que pas rentable. Oui les gens aiment leur poste, leur maternité et même leur sous-prefecture ! En tout cas ils ne veulent pas faire 30 kilomètres (ou 60 !) de plus, avec leur voiture et leur gasoil très taxé, alors qu´ils n´ont pas de possiblités de transports publics...

 

Alors, suis-je un gilet jaune ? Ca dépend des fois. Ca dépend de quel gilet jaune vous me parlez. Ca dépend sur quelle idée. Un coup de pied dans la fourmilière est en tout cas salutaire. Car sans blocage, sans violence, avec une manifestation pacifique, croyez-vous qu'il y aurait eu l'augmentation du SMIC ? Une nouvelle fois, ça encourage à casser les choses, et c'est malheureux que les politiques doivent attendre cela pour réagir. Il faudrait presque conseiller aux infirmier-e-s, aux profs, ou aux ouvriers qui vont être virés par un plan social d'une multinationale, de tout casser. Car, alors, vous êtes écoutés. En 1789, comme en 2019.

Suis-je un gilet jaune ?
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3 février 2018 6 03 /02 /février /2018 02:39

On est bien assis. Canapé. Chaise de bureau. L'ordinateur et le smartphone. La télévision à côté de nous. Je prends un verre. Une tartine. De la musique. Il fait bon vivre. 2018.

Tu es compressé. Un bateau. Le froid. La mer. Les vagues. Le noir. Les cris. La peur. Le peu que tu avais dans le ventre, tu l'as vomi. La Libye enfin derrière toi. L'Europe devant. Moi, mes conditions de vie.

 

Et tu vas mourir. Toi. Et lui. Et elle. Son enfant aussi. Et les autres. Le vieux au fond. Une noyade. Belle mort. Tu te demanderas à ce moment là pourquoi tu es parti. Et moi, toujours bien assis.

 

Mon gouvernement ? Il pourrait envoyer des hommes te chercher, te sauver. Il en envoie, parfois. Mais pas trop non plus. Car il y aurait le fameux « appel d'air ». Te sauver, ça veut dire que d'autres vont te suivre. Il faut bien en laisser mourir de temps en temps. Pour l'exemple. Alors c'est tombé sur toi. Quelle justice dans tout ça ? Oh, et depuis quand le monde serait juste ?! Tu le sais bien, tu es né là-bas, en Afrique. Moi je suis né ici, en Europe. A partir de là, l'injustice était faite. Tu essaies de rattraper cela avec une traversée de la Méditerranée. Dommage. La loterie, ce n'est décidément pas ton truc.

 

Et tu connais les élections ? Non, forcément, ta dictature... Bon, je t'explique : les élections c'est compliqué. Imagine, tu arrives. Là, c'est embêtant. Car on n'a pas de boulot pour toi. Surtout sans papiers. Tu ne veux pas rester ? Dis donc, tu ne te rends pas compte de la chance que tu avais d'être là. Décidément, vous n'êtes pas reconnaissants... Bon, l'Angleterre tu dis ? Oui, Calais. Y'a plus de jungle par contre. Plus de logement. D'ailleurs, y'a plus de migrants, c'est bien connu. Oui, oui, tous partis, le gouvernement l'avait annoncé, et il a, comme toujours, tenu sa promesse.

 

Par contre, il ne faudrait pas rester trop longtemps. Tu sais, les prochaines élections. Partir vite. On n'a rien pour toi. Le chômage. La misère. Quoi ? Tu dis qu'on est riche ? Ah, la bonne blague. C'est la crise mon bon enfant. Allez, repars. Ne nous en veux pas, on te dit qu'on ne peut rien pour toi.

Assis. Ma chaise de bureau. Ma musique. Ah, qu'est-ce qu'on est bien. 2018.

Regarder les gens mourir
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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 06:13

Il y a 5 ans de cela, j'avais fait un article similaire, et ce fut le plus lu sur l'ensemble de mon blog le mois dernier, actualité oblige. En vue du deuxième tour, je réactualise mes arguments (car ça n'a pas l'air clair pour tout le monde !). Pourtant, il y a bien 10 bonnes raisons, au moins, pour ne pas voter Marine Le Pen.

 

1 - Car ça lui laissera le temps d'aller voir les juges. 

Pour crier au "tous pourris", il y a du monde ; pour répondre à une convocation en raison d'un présumé emploi fictif européen, y'a plus personne ! Donnons-lui du temps !

 

2 - Pour qu'elle puisse se réconcilier avec son père.

On le sait tous, les histoires de famille sont toujours compliquées. On espère bien sûr que leur brouille va bientôt se terminer, et ne pas voter pour elle lui laissera le temps d'organiser un petit resto en tête à tête. Papa lui parlera peut-être du policier assassiné, et plus célébré selon lui parce que homosexuel que policier. Ah, ça, il a toujours le bon mot au bon moment.

 

3 - Afin de reprendre sa place de présidente du FN, sa vraie place.

A peine le poste quitté qu'un négationniste l'avait récupéré ! Ah, ces détails de l'histoire...

 

4 - Parce que son parti reste un repaire de fascistes.

Oh, oui, Marine Le Pen a presque réussi à dédiaboliser le discours du Front Nazional. Et je ne suis pas sûr qu'elle même soit raciste ou totalitaire. Mais je suis sûr que la base, ses militants, sont les mêmes qu'avec son père : racistes, excluant l'autre, vouant un culte aux dictateurs, et prêts à entreprendre des actions violentes pour "sauver la France". Il est là le danger. Attention, je n'écris pas que tous ses électeurs sont ainsi, ce serait une erreur, mais une bonne partie des militants les plus actifs le sont.

 

5 - Parce que son programme économique est le pire.

Fermer les frontières, quitter la zone euro (mais garder un moment cette monnaie, en même temps qu'une autre monnaie... même eux ne savent plus comment l'expliquer !), s'isoler de nos voisins... Marine Le Pen et le FN sont restés au 19ème siècle. L'économie est au 21ème ; vouloir aller à son encontre va empirer la situation.

 

6 - Parce qu'elle veut un Frexit.

Je reprends l'argumentation : l'UE ne fonctionne pas, donc on doit quitter l'UE. Donc, si une région française considère que le pays ne fonctionne pas, elle doit quitter la France ? Et si ma commune ne fonctionne pas, je reste seulement avec les gens de ma rue ? C'est un raisonnement par l'absurde, je sais. Je pense fort que l'UE a besoin de changements profonds (et démocratiques), mais casser la machine n'améliorera pas notre situation, bien au contraire.

 

7 - Parce qu'elle veut nous emmener vers une société de division.
Je ne crie pas au loup, ou à la guerre civile. Mais je considère que le programme du FN oppose les gens : les migrants aux Francais, les musulmans aux autres (elle a tout de même comparé leur prière a l'occupation allemande !), les Roms, les gens du voyage... et toutes les minorités possibles sur lesquelles le FN aime taper.

 

8 - Parce qu'elle souhaite rétablir la peine de mort.
Je pense à Omar Raddad, ou à tous les présumés coupables d'Outreau que le FN aurait volontiers envoyés à l'échafaud..

 

9 - Parce qu'elle a Dupont avec elle.

Tintin, pourquoi pas, mais Dupont, soyons sérieux...

 

10 - Parce que si elle est élue, je vais finir ma vie à Katmandou, à la recherche de Tchang, mon ami tibétain, dont l'asile aura été refusé par l'administration frontiste !



Je n'ai pas évoqué le népotisme par lequel elle est arrivée a son poste, sa vie de château en nous faisant le coup de "je suis la voix du peuple", ses bals à Vienne avec les néonazis, ses mensonges réguliers (toute la viande à Paris est halal....), les entraves à la liberté de presse (regardez comment les journalistes de Quotidien se sont fait dégager, ça vous donne une idée de la liberté d'expression à venir), ou la peur que j'ai de voir évoluer les programmes d'histoire (ah, ça, Pétain, il n'avait pas le choix ; la colonisation ? bien sûr qu'il y a eu beaucoup d'effets bénéfiques... etc). Alors laissons les Américains avoir la honte internationale, et laissez-moi revenir dans un pays que j'aime et dont je serai à peu près fier ! 

VOTER MACRON
(on peut toujours être en désaccord avec certains points de son programme, on ira manifester le jour J ; pas sûr qu'avec le Front Nazional on ait le droit de manifester aussi librement !)

10 raisons pour ne pas voter Marine Le Pen
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29 janvier 2017 7 29 /01 /janvier /2017 14:06

Premier article politique de l'année, sans doute pas le dernier, tant 2017 sera une année charnière. Trump est officiellement président, ça s'annonce sympa pendant quatre ans de ce côté-là (et j'ai dû rassurer mes troisièmes que ce n'était pas le début de la troisième guerre mondiale). Poutine est plus fort que jamais. Erdogan de même. Bachar a gardé le pouvoir. Netanyaou continue sa colonisation. Bref, la démocratie ne s'est jamais aussi bien portée, et c'est un monde de paix qui s'offre devant nous (surtout en Irak, au Pakistan, au Burundi, en Libye, en Centrafrique, au Mali, au Soudan du Sud...bon, je m'arrête).

 

Oui, je suis d'humeur cynique. Difficile d'en sourire, faut l'avouer. Pourtant, je garde espoir. Je crois toujours en la politique. Même en France. Je crois qu'elle peut.. non. Je crois qu'elle doit permettre d'améliorer les choses, pour l'ensemble de la population. C'est peut-être l'effet de mes cours sur moi-même (j'ignore si ça fonctionne sur les élèves de la même façon!). Revoir le siècle des Lumières, la Révolution française. Je remarque d'où nous sommes partis, et où nous en sommes aujourd'hui. Oh, oui, ce n'est pas encore le paradis. Mais le progrès triomphe, peu à peu, dans tous les domaines. Avec le recul historique, je vous promets que l'on s'en aperçoit.

 

Pourtant, en 1788, rien n'était facile. La faute à cette crise économique. Les prix augmentent. Et cette dette que la France doit supporter, et qui paraît irremboursable. A qui doit-on cet argent ? C'est assez flou. Toujours est-il qu'il oblige l'Etat à se serrer la ceinture. Enfin, plutôt à serrer la ceinture aux plus riches. Non, je déconne. Les nobles et l'église ne paient pas d'impôts, c'est ce qu'on appelle la société des privilèges. Ceux qui se serrent la ceinture, c'est le petit peuple. Jusqu'à crever de faim. Le prix des céréales augmente. Et les Etats généraux sont convoqués. Des cahiers de doléances sont écrits. Que veulent les Français ? Les mêmes droits et les mêmes devoirs pour tous. L'égalité. La liberté. Saupoudrées d'une dose de fraternité.

En l'espace d'une année, 1789, c'est tout un ordre politique qui va être bouleversé (pour le meilleur et pour le pire). Pourtant, rien ne semblait possible.

 

En 2017, rien n'est facile. La faute à cette crise économique. Les gens ont l'impression que les prix augmentent constamment. Et cette dette que la France doit supporter, et qui paraît irremboursable. A qui doit-on cet argent ? C'est assez flou. Toujours est-il qu'il oblige l'Etat à se serrer la ceinture. Enfin, plutôt à serrer la ceinture aux plus riches. Non, je déconne. Les grandes multinationales ne paient pas d'impôts, c'est ce qu'on appelle l'optimisation fiscale. Ceux qui se serrent la ceinture, ce sont les classes moyennes, les plus pauvres, mais aussi les PME et les artisans.

Rien ne paraît possible pour cette année 2017. Que le pire. Pourtant, moi, j'y crois encore.

 

Je vais aller voter à la primaire de la gauche. Et je vais voter Hamon. Non pas que je pense qu'il soit le messie et qu'il va révolutionner la France. Je suis un peu déniaisé de tout cela. Le changement, c'est maintenant. Ensemble, tout devient possible. Derrière les slogans se cachent souvent du vide et beaucoup de déjà-vus. Mais si je choisis Hamon, c'est justement parce que son programme se détache des autres. Il va dans une autre direction. Il ne nous explique pas par A+B que nous devons travailler plus (la fin des 35h), et plus longtemps (au rythme des réformes, on aura la retraite à 75 ans). Que c'est seulement en réduisant les remboursements et en privatisant une partie de notre Secu que l'on allégera la dette. Ca m'emmerde de lire et d'entendre, DEPUIS MA NAISSANCE, que tous ces efforts vont permettre de sauver notre système social. Car les efforts vont toujours dans la même direction. Et ce n'est pas ma vision du progrès.

Voter Hamon, c'est lancer des grands et nouveaux débats de société. Ce n'est plus réfléchir à si la solution A ou si la solution B est la meilleure pour rééquilibrer les comptes de la Sécu. C'est réfléchir à si les comptes de la Sécu doivent vraiment être à l'équilibre.

Voter Hamon, ce n'est pas se demander si l'on doit permettre aux entreprises de licencier plus facilement, ou si l'on doit défiscaliser les heures supplémentaires pour relancer la croissance. C'est se demander ce qu'est la croissance. C'est se poser la question de la place du travail dans nos vies. Voter Hamon, ça ne signifie pas que je crois au revenu universel. Je ne suis pas trop sûr. Mais j'aime ce débat, qui mérite d'être posé.

Voter Hamon, c'est enfin relancer les débats politiques et sociétaux, bien amorphes depuis la chute du mur. La capitalisme a gagné. Puis le libéralisme. Puis le néo-libéralisme. La crise de 2008 est arrivée. Et, pourtant, il n'y a pas eu de grandes remises en question, au niveau politique. Les mêmes nous gouvernent, DEPUIS MA NAISSANCE (coucou Fillon, coucou Hollande etc.), avec les mêmes recettes. Voter Hamon, c'est relancer des débats de fond. Ca fera du bien, et ça permettra peut-être d'élever le niveau (je suis encore niais en fait!)

 

Voter Hamon, c'est aussi un choix stratégique. Je ne crois pas que la gauche puisse atteindre le second tour s'il y a une candidature verte et des candidatures multiples de l'extrême-gauche. Je pense qu'Hamon est capable de rassembler l'ensemble des « progressistes », avec un programme commun. Je rêve tout haut.

 

Il paraît que je me gauchise. Pourtant, la caricature d'une vie, c'est d'être de gauche quand on est jeune, et de droite quand on est vieux. Je fais pour le moment le chemin inverse.

Pourquoi je m'en vais voter Hamon (pour la deuxième fois)
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20 septembre 2016 2 20 /09 /septembre /2016 12:00

Elle est marocaine, et se tient assise devant moi. Hôtesse de l’air, métier sympa. Plutôt souriante, elle attend comme moi l’atterrissage. Elle me pose une question : « d’où viens-tu ? ». Un peu surpris, je lui réponds « Français ». « Oui, ça je sais, avec ton accent ». [Quel accent ? ahah] « Mais de quelle origine es-tu ? », tout en désignant mes yeux.

Mon « origine ». C’est maintenant devenu un jeu pour moi. Mes yeux sont un peu bridés, et beaucoup y voient là une origine extrême-orientale. J’ai souvent le droit au Viêt-Nam, au Laos, au Cambodge, à la Corée du Sud, à Taïwan, au Népal… Ma petit jeu est toujours le même : « pas loin », « tu te rapproches », « presque », pour finir avec « la Belgique ! » qui souvent déclenche un grand rire, ou un étonnement incroyable.

Je porte donc sur ma tête une « origine » que je n’ai pas, arbre généalogique à l’appui. Je suis 100% ch’ti sur 7 générations, et c’est d’ailleurs à mon grand regret. J’aurais beaucoup aimé avoir une origine un peu folle, un peu originale. Las. Mon arbre généalogique se concentre sur 40 km². Il n’empêche, et je le dis aujourd’hui avec le sourire, j’ai un peu connu le racisme.

 

« Bol de riz ! ». Demandez à mes sœurs, je suis sûr qu’elles s’en souviennent. C’est ainsi qu’on nous a parfois désignés. Oh, non, pas souvent, heureusement. Mais quand même, j’entends encore l’intonation, avec un accent qui se voulait chinois, et qui était en fait très français imitant un Asiatique. Ainsi, 100% Français sur 7 générations, et ayant un peu connu le racisme. Mon cas est un peu original, et j’avoue que je le vivais mal à l’époque du collège (ça, et mes grosses lèvres africaines… il ne me manquait qu’une plume amérindienne pour être un symbole de ce monde). Je voulais être « normal », c’est-à-dire me fondre dans le moule, dans la masse, être quasi-invisible. Mais pas asiatique. Aujourd’hui, je le vis beaucoup mieux, et je n’échangerais pour rien au monde la forme de mes yeux. Mais il n’empêche, j’ai été récemment un peu choqué par une fille m’appelant « bridé ». Cela se voulait être de l’humour, je connaissais peu cette personne, et j’avoue avoir eu un drôle de sentiment.

 

En Afrique, c’est une situation différente. Je suis « le blanc », le « Mzungu » comme on dit dans toute l’Afrique de l’Est et des Grands Lacs, le « ferengi » en Ethiopie. Je suis blanc, donc je suis riche. Je suis riche, donc je dois être un pigeon. Je vais donc devoir négocier à chaque fois mon trajet, même en bus. Là, ce n’est pas vraiment du racisme, c’est plutôt des préjugés. Cause historique, cause culturelle, il n’empêche, préjugé quand même. Et c’est très énervant à la longue. J’en ai parlé avec des blancs qui travaillent là depuis des années, j’en ai parlé avec une blanche qui est née en Tanzanie, ils restent des « mzungu ». Et quand on lui demande d’où elle est, et qu’elle répond « de Tanzanie », les noirs se marrent et lui demandent d’où elle est vraiment.

 

Attention, c’est loin d’être une situation africaine. C’est la même chose en France. Ma situation le prouve, et je ne suis qu’un minuscule exemple par rapport à d’autres. Parce que si tu as du sang maghrébin, c’est régulièrement que tu seras interrogé sur ton origine. Et le racisme, tu le connaîtras beaucoup plus que moi. Ça peut te tomber dessus dans la rue, ça peut te gêner pour trouver un boulot. Tu vas entendre des insultes, tu vas entendre des débats politiques. Parfois à te faire gerber. Une partie de la France est raciste, il faut le reconnaître. Et pas 1%. Plus, beaucoup plus. C’est un fait, il faut faire avec, malheureusement. Il faut se battre contre, il faut sans doute être encore plus irréprochable que les autres, parce que si un blanc vole quelque chose, on lui dira « sale voleur », alors que si un noir vole quelque chose, on lui dira « sale noir ».

Surtout, on t’interrogera parfois sur ton identité. « Alors, t’es Français ou t’es Algérien ? ». Moi, quand on m’interroge, je réponds Européen. C’est ainsi, je suis un fils de l’Europe, j’ai été transformé par mon année Erasmus, et c’est le projet qui me rend le plus fier, que je soutiens le plus. Mais je suis également Français, parce que je suis fier de notre côté révolutionnaire-romantique-artiste-engagé-gréviste, et de nos frontons de mairie avec ces trois mots merveilleux, liberté, égalité, fraternité. J’adore notre langue, et je suis l’un des grands ambassadeurs de celle-ci, même quand je m’exprime en anglais, avec un accent à faire tomber les demoiselles de l’ensemble du continent. Je n’aime pas l’hymne national, je n’aime pas ses paroles, et on ne me fera pas chanter la Marseillaise. Est-ce que ça veut dire que je suis moins Français qu’un autre ? Je ne le crois pas. J’ai mes raisons (chant guerrier, complètement à l’opposé de ma personnalité, en retard sur son temps etc.), et je pourrais en débattre plusieurs heures. En plus de mon identité française, je suis également ch’ti, je suis Audomarois, et je suis Tilquois. Toutes mes personnalités me composent, font de moi qui je suis. Et je n’ai pas envie de choisir entre celles-ci, je ne vois même pas pourquoi je devrais le faire.

Alors pourquoi quelqu’un devrait choisir d’être Français ou Algérien ? Je considère que l’on peut très bien être les deux. Pourquoi un débat devrait naître si un noir ou un arabe ne chantent pas la Marseillaise ? C’est leur droit. Ils ne doivent pas prouver constamment en chantant l’hymne qu’ils sont Français. Ils peuvent avoir la même opinion que moi sur ce chant. Voir Black M chanter la Marseillaise récemment sur un plateau de télévision (Quotidien) m’a quelque peu gêné, parce que j’avais l’impression qu’il le faisait pour répondre aux critiques. C’est entrer dans leur jeu. De même quand tous les joueurs de l’équipe de France chantent la Marseillaise. Personnellement, je veux les meilleurs joueurs sur le terrain, pas les meilleurs chanteurs (ceux-là on peut toujours les envoyer à l’Eurovision, ça nous aidera peut-être !). Je ne veux pas d’une compétition du meilleur Français, celui qui chante le plus fort, ou celui qui prouve le plus ses origines. Qu’importe ce que dit Sarkozy sur « nos ancêtres les Gaulois », la France c’est ce mélange de cultures, d’origines, de faciès. Moi, et mon bol de riz. Toi et ton couscous. Lui et son mafé. Et d’autres, avec leur baguette. C’est ça la France.

Bol de riz

[oui, j’ai mis le maréchal Pétain en photo, avec son affiche de propagande. L’esprit de celle-ci risque fort de revenir pendant la campagne électorale, avec les "vrais Français" etc.… souvenez-vous !]

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23 février 2016 2 23 /02 /février /2016 11:26
Une autre gauche

Suivre la politique, c’est énervant. Surtout en ce moment. La réforme du code du travail par exemple. Un recul impressionnant pour les salariés, que l’on justifie par des facilités pour les entreprises, qui vont de ce fait pouvoir embaucher ! Ah, ce fameux chantage à l’emploi ! Ce sera sans doute le million d’embauches prévues par le pacte de compétitivité, dont on attend toujours la couleur (mais qui coûte 41 milliards d’euros de réduction de charges au bénéfice des entreprises, surtout les grosses). A écouter le Medef, il faudrait supprimer l’ensemble des taxes, travailler 12h/jour et abolir les congés payés, et on finirait par avoir le plein-emploi.

 

Mon gros problème, c’est que ces réformes se font un peu en mon nom. Oui, j’ai voté à gauche, je crois, en 2012, au deuxième tour de la présidentielle. François et Manuel sont officiellement de gauche. Mais pas tout à fait la même que moi.

 

Ma gauche à moi, ce n’est pas le libéralisme, dont j’ai lu récemment qu’elle était une « valeur de gauche » (une tribune dans le Monde des « Jeunes avec Macron »). Ma gauche à moi, ce n’est pas l’état d’urgence permanent. Ma gauche à moi, ce n’est pas taper sur les chômeurs, ces fainéants, dont il faut réduire les allocations. Non, ma gauche à moi, c’est un peu l’inverse de tout cela. Ma gauche à moi, c’est une politique qui va dans le sens du progrès, qui va dans le sens du travailler moins, pour vivre mieux. Ma gauche à moi, c’est celle qui défend la majorité, contre une petite minorité oligarque. Ma gauche à moi, c’est celle qui prend la défense des plus démunis, chômeurs et réfugiés, veuve et orphelin. Ma gauche à moi, c’est plus celle de Taubira que celle de Macron.

 

Je me dis que je me gauchise. Sans doute un peu. Ou alors, c’est l’ensemble de la politique qui se droitise. Sans doute aussi. Parce que je ne vais pas tarder à avoir 30 ans, et que j’ai l’impression que le progrès, c’était avant. Que la réduction du temps de travailler c’est terminé (rappelez-vous du principal regret des gens qui vont décéder : « j’ai trop travaillé »).

 

Et je suis énervé ce matin, car je ne vois pas de solutions politiques. Parce que la droite abonde dans le même sens du reniement des acquis sociaux (tout en disant que la gauche ne le fait pas bien), parce que le centre est mort, parce que les verts se sont sabordés, parce que Mélenchon est trop occupé à dire du bien des grands démocrates Poutine et Castro. Je cherche bien un Podemos à la française, mais je rêve éveillé. La fin du cumul des mandats, la démocratie participative, une Union Européenne par le peuple, pour le peuple.

 

Mais ça viendra, un jour. Parce que le progrès triomphe toujours à la fin, que c’est le sens de l’histoire. Parce que j’ai rencontré des gens pensant la même chose dans la Jungle de Calais, dans des débats publics concernant les voies cyclables à Saint-Omer et même à Bujumbura, où les explosions résonnent encore ce matin.

Bien sûr, il y a pire que nous. Bien sûr, la France est un beau pays et tout n’est pas à jeter. Mais ce n’est pas une raison pour aller de plus en plus souvent dans la mauvaise direction. 
Une autre gauche est possible. Une autre vision du pays. Une autre vision de la vie.

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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 09:02

Certes, j'ai déjà mis les pieds à l'Assemblée Générale de l'ONU. J'ai même posé sur le pupitre et me suis assis sur le siège de la France. J'y ai même emmené mes sœurs, Bubu, Olivia et Lucas. Mais ce n'était pas vraiment grâce à moi, mais à Elle.

 

Aujourd'hui, ce fut différent. Cette fois, ce n'est pas l'ONU mais l'UA, l'Union Africaine, et son conseil paix et sécurité. Je m'y retrouve grâce au directeur de l'institut où je travaille en ce moment. Il a été invité pour une réunion du conseil à l'initiative du GIZ allemand. Le sujet porte sur l'architecture paix et sécurité de l'Union Africaine, et comme c'est un peu mon dada du moment, je me retrouve dans les invités.

Nous arrivons dans les locaux de l'Union Africaine, où j'ai déjà passé quelques heures la semaine dernière pour des entretiens. La branche paix et sécurité de l'UA va bénéficier dans quelques mois de nouveaux locaux, construit par le GIZ allemand (les bâtiments de l'UA ont eux-même été construits par la Chine...). Notre réunion se déroule donc dans l'ancien hall, dédié aujourd'hui aux seules questions de paix et de sécurité.

 

Le conseil paix et sécurité de l'Union Africaine : diplomatie et roupillon

Je me place derrière le représentant français. Au centre de l'assemblée, les délégués africains (pas tous présents cependant). Tout autour du centre, les délégués associés, les « partenaires », c'est à dire en gros tous les bailleurs : pays occidentaux et la Chine.

Le conseil paix et sécurité de l'Union Africaine : diplomatie et roupillon

Le sujet a l'air très intéressant. En vérité, je vais m'ennuyer comme rarement. L'UA partage avec l'ONU cet art de faire des phrases qui ne disent finalement pas grand chose, et surtout qui ne fâchent personne. C'est ce qu'on appelle la diplomatie. Les résultats du GIZ sont « légers », très convenus, et ne font pas du tout avancer le schmilblick. Il faut dire que le travail a été sous-traité à une entreprise aux Pays-Bas, entreprise qui n'a pas mis les pieds en Afrique avant la cérémonie du jour ! Pour un sujet qui porte sur l'Afrique, c'est un peu gênant. Encore plus quand le représentant de cette même entreprise explique « j'ignorais que l'UA faisait autant de choses dans le domaine de la paix et sécurité » (sic!). Toutefois, les délégués africains ne manqueront pas de « remercier » l'Allemagne pour ce travail. L'Allemagne reprend la parole, et « remercie » l'ensemble des délégués africains de leur intervention. Puis pendant deux minutes, l'Allemagne va remercier un à un les délégués de leur intervention (ne croyez pas que c'est moi qui radote!).

 

Bon, il n'y a pas que moi qui m'ennuie sévère. Le délégué de la Guinée-Bissau profite de la réunion pour effectuer sa sieste du jour, tandis que beaucoup sont sur leur smartphone, Ipad ou ordinateur. Le seul effet positif pour moi aura été de grappiller deux cartes de visite pour organiser d'autres interviews sur mon sujet cette semaine. Et d'avoir un verre gratuit et quelques petits fours à la sortie. UA, ONU, drôle de ressemblances [comme le dit un délégué français ici, on est « déniaisé » des espoirs que l'on porte parfois dans les instances internationales].

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