Henri Verneuil, I comme Icare (1979) : 16/20.
Un très bon film français, thriller politique. Yves Montand est très bon. Une préférence pour l’expérience médicale menée sur
Un peu de Kennedy en arrière-fond, je ne sais pas pourquoi mais ça revenait en filagramme.
L'ensemble du film se déroule dans un pays fictif, qui évoque cependant fortement les États-Unis (notamment avec les drapeaux). On peut constater lors de certains plans l'insistance sur un aspect international du scénario, de par la multitude des langues présentes, par exemple sur les panneaux indicateurs et du décor très neutre, rendant l'action possible dans n'importe quel pays.
À la suite de l'assassinat du Président Marc Jarry récemment réélu, une commission d'enquête dirigée par le président de la Haute Cour de Justice, Frédéric Heiniger, est instituée afin d'élucider les circonstances de l'attentat. Le rapport final de cette commission précise qu'il n'y a eu qu'un seul tireur, Karl-Erich Daslow, ayant agi seul, par folie et avec préméditation. Ces conclusions ne satisfont pas le procureur Henri Volney, à qui sont remis les pleins pouvoirs afin de continuer l'enquête.
Avec l'aide de ses quatre collaborateurs, il récupère plusieurs films de l'assassinat lui permettant ainsi de retrouver un plan avec neuf témoins potentiels. À l'issue de recherches, il s'avère que huit des neuf témoins sont décédés, de causes très suspectes (plusieurs accidents de la route, un assassinat sous couvert de légitime défense, etc). Le dernier témoin est finalement retrouvé à la suite d'un appel à la télévision, photographie à l'appui, du procureur Volney, il s'appelle Franck Bellony et c'est ce dernier témoin qui permet de retrouver le tireur réel.
Parallèlement, Henri Volney s'intéresse à Karl-Erich Daslow, l'assassin présumé. Il découvre alors que l'emplacement où le jour de l'assassinat ont été retrouvées des douilles du fusil qu'aurait utilisé Daslow est techniquement impossible à reproduire, accréditant ainsi l'hypothèse d'un autre tireur. D'autre part, un an avant l'attentat, Daslow avait également participé à une expérience, adaptation cinématographique des expériences du psychologue américain Stanley Milgram sur la soumission à l'autorité. Volney comprend donc que Daslow peut se soumettre à une autorité s'il respecte celle-ci. Enfin, l'équipe comprend que la photographie montrant l'assassin présumé dans son jardin tenant le fusil du meurtre est un photo-montage. En effet l'éclairage et la présence d'hortensias, qui ne fleurissent pas en mars, mois au cours duquel la photo aurait été prise, trahissent la photo.
Il se rapproche progressivement de la solution de l'affaire en trouvant un lien entre le tireur réel, vu dans un des films visionnés ; Carlos de Palma, membre de la pègre et Richard Mallory, directeur des activités secrètes aux services spéciaux qui a permis la grâce de ce dernier.
Un de ses collaborateurs organise le cambriolage de l'appartement de Richard Mallory avec l'aide d'un cambrioleur à qui l'on a promis une réduction de peine. Il trouve durant l'action une cassette audio vraisemblablement codée pendant que le procureur Volney, afin de protéger son adjoint, discute avec le chef des activités secrètes jusqu'au retour des deux hommes.
Les derniers moments de l'œuvre se déroulent dans le bureau du procureur qui, après une nuit d'efforts, arrive à décoder la cassette. Le suspense est alors très fort en partie grâce à la musique d'Ennio Morricone. Volney comprend que l'enregistrement retranscrit les détails d'une opération nommé "Zenith" gérée par un groupe de pression appelé Minos qui consiste à discréditer, à déstabiliser, engendrer des révoltes, puis à assassiner le chef d'État d'un pays imaginaire Kawar. La fin de l'enregistrement contient les ordres de lancement d'une opération nommée "I comme Icare" devant se terminer le 17 à minuit, nous sommes alors le 17 à 6 heures du matin.
À l'aide d'archives de presse il arrive à retrouver le fil des événements tragiques de Kawar et il s'aperçoit que Minos avait pour objectif de placer à la tête du pays un dictateur militaire. Il découvre aussi que Carlos de Palma, à l'élection du dictateur, était rentré à Kawar, recoupant ainsi toutes les pistes.
Se rendant compte de la gravité des faits pour le pays, Henri Volney enregistre un mémo pour le Président décrivant les preuves trouvées. Lors des dernières minutes il appelle son épouse, écrivain et philosophe lui demandant ce qu'évoque le mythe d'Icare. Pendant que celle-ci se renseigne dans son dernier livre, le procureur Volney se rend devant la fenêtre de son bureau et est assassiné d'une balle dans le crâne. Son épouse répond alors à la question en précisant la nature du mythe : "Qui cherche à atteindre la vérité se brûle les ailes". Le spectateur comprend alors que l'opération 'I comme Icare' était destinée à assassiner le procureur Volney lui-même. Le film finit sur un plan du bureau à travers un couloir dans lequel se trouve un ascenseur dont les portes s'ouvrent, laissant à chacun le choix de la personne se trouvant dans ce dernier. On peut cependant supposer qu'il s'agit d'une personne chargée de récupérer le mémo vocal...
Le film s'appuie sur l'allégorie d'Icare : à vouloir trop s'approcher de la vérité, on se brûle les ailes.