Denys de La Patellière, Un taxi pour Tobrouk (1960) : 14,5.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, un commando de FFL de quatre hommes se perd dans le désert du Sahara en Libye après une mission sur Tobrouk. Leur Chevrolet du LRDG détruit par une attaque aérienne, ils s'emparent d'un véhicule allemand et capturent son officier pour rallier El-Alamein avant d'être découverts. L'officier allemand tentera de leur faire regagner El-Alamein ; la situation fera tomber les barrières entre les hommes.
Mis à part les dialogues de Michel Audiard, ce film démontre surtout l'apparente absurdité des situations qui se créent pendant une guerre, et que celle-ci ne règle pas. L'antimilitarisme du film est son fil conducteur, et les échanges entre les officiers et les hommes du rang, entre les Français et l'Allemand, sont empreints finalement d'une sorte de camaraderie qui les met tous égaux face à la guerre et ses ravages.
Lino Ventura et Charles Aznavour sont entourés de trois seconds rôles aussi bons acteurs (dont Maurice Biraud). Savoir qui va finalement l'emporter, de l'Allemand ou des Français, reste toujours aussi délicieux à voir : ce huis-clos en plein désert sera vraiment une révélation pour ces hommes.
Citations :
Je crois, docteur, que l'homme de Néanderthal est en train de nous le mettre dans l'os. Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche.
Dans le désert tu trouves un macchabée en gorge que tu ne peux pas identifier : on lui fouille les poches. Quand on trouve un ouvre-boîte, c'est un British, et quand c'est un tire-bouchon, c'est un Français.
C'est mon papa, moi, que je vais retrouver. Actuellement, il est à Vichy mon cher père. Ah ! c'est un homme qui a la légalité dans le sang. Si les Chinois débarquaient, il se ferait mandarin. Si les nègres prenaient le pouvoir, il se mettrait un os dans le nez. Si les Grecs... oui enfin, passons !
Mon cher Ludwig, vous connaissez mal les français. Nous avons le complexe de la liberté, ça date de 89. Nous avons égorgé la moitié de l'Europe au nom de ce principe. Depuis que Napoléon a écrasé la Pologne, nous ne supportons pas que quiconque le fasse à notre place. Nous aurions l'impression d'être frustrés.
À mon avis, dans la guerre, il y a une chose attractive : c'est le défilé de la victoire. L'emmerdant, c'est tout ce qui se passe avant. Il faudrait toucher sa prime d'engagement et défiler tout de suite. Avant que ça se gâte…