Pour finir avec l’Asie et ses habitudes, revenons sur un point que je n’ai que rarement abordé mais qui me semble important. L’environnement. Et surtout l’attitude des Asiatiques vis-à-vis de celui-ci. Car à mesure que je découvrais des paysages et lieux magnifiques, je pensais à leur sauvegarde, à leur maintien dans l’état.
Dire que les Asiatiques sont en avance dans le domaine de l’environnement serait un mensonge. Ce qui m’a le plus choqué, c’est bien sûr les villes chinoises. Pékin, Xi’ian, Shenzhen, Hong Kong. Quatre villes, quatre brouillards. De pollution. Alors que la météo annonce grand bleu, le ciel reste gris. Une énorme couche recouvre la ville. Hanoi, Saigon, Bangkok ou Kuala Lumpur m’ont également semblé assez brumeux un jour sur l’autre, et sans raison apparente.
L’Asie regroupe 60% de la population mondiale. Le futur de la planète, sa propension à rester habitable et respirable, c’est ici que cela se joue. Un Européen aura beau fermer son robinet au moment de se brosser les dents, ça n’aidera pas si les Asiatiques consomment autant que les Américains.
Pour le moment, la Chine est le premier émetteur de CO2 (avec 23% du total global en 2008). Les Etats-Unis sont à 18%, l’Union Européenne à 14%. Mais, par habitant, la Chine est… 79ème (avec 4,9 tonnes par an, loin des 19 tonnes américaines, encore plus des 55 tonnes par habitant du Qatar).
On le dit souvent, si les Chinois se mettent à consommer comme les Occidentaux, il faudra une nouvelle planète (ou deux !). Les pouvoirs en place l’ont compris. Le 17ème congrès du Parti Communiste chinois a, pour la première fois, mis l’environnement dans ses sujets majeurs. Récemment, la rencontre entre Obama et Hu Jintao a mis au même niveau les débats sur l’énergie et sur l’environnement. Et, le mois dernier, le président chinois a évoqué le reboisement pour « une croissance verte ».
Attention, je ne veux pas faire passer le pouvoir chinois pour Europe Ecologie ; si les hautes sphères politiques semblent comprendre l’importance stratégique de l’environnement, cela reste pour le moment en-dessous des préoccupations économiques. Ouvrir une mine dans un pays sous-développé pour répondre à la demande en matière première des entreprises chinoises reste la priorité pour une Chine qui se développe. Mais la prise de conscience semble avoir lieu.
Seul souci, c’est le comportement de la population de base. Car la prise de conscience met souvent du temps à arriver de la sphère politique à la vie publique. Le temps d’une génération. Ou deux. Une question d’éducation en fait (comme souvent).
Combien de fois avons nous vu des gens jeter leurs papiers, leurs affaires, un peu de tout et beaucoup de n’importe quoi sur le sol, dans l’eau, dans la mer.
Plusieurs fois nous avons vu des Occidentaux aller expliquer qu’ils ne fallait pas le faire, nous les premiers. Une fille jette un papier sur le site de « Pandora », alors que le poubelle se trouve à un mètre d’elle. Ma partenaire, Allemande (oui les Allemands et l’environnement ont une histoire qui se renforce), s’est jetée sur la personne en question pour lui signifier qu’il fallait mettre ce papier à la poubelle. La Chinoise, un peu penaude, s’est exécutée. Mais dans un pays où l’interventionnisme des puissances étrangères gêne dans les plus hautes sphères, difficile de ne pas passer pour des donneurs de leçons alors que nos pays polluent plus par habitant que la Chine.
Ce qui m’inquiète beaucoup également, c’est la qualité de l’eau. Le Mékong notamment, que nous avons remonté du Vietnam au nord du Laos. Un égout qui montre tout sur les rives de la mer de Chine. Et un fleuve plutôt propre au nord du Laos. Entre temps, les entreprises et les populations s’en servent, en abusent. 20 zones industrielles et 177 entreprises rien que dans le delta. Et, dans le même temps, les populations s’y baignent, utilisent l’eau grise pour laver les vêtements, la vaisselle, voire même pour cuisiner. Poubelle et eau de source, quelque chose ne va pas. Quelque chose ne fonctionnera pas sur le long terme.
Mais il reste de l’espoir. Le Vietnam vient de s’engager à augmenter sa couverture forestière de 40 à 45%. Les pays du sud-est se sont engagés à limiter les feux dont est friande la population (la culture en abattis-brûlis concerne encore énormément le Cambodge et le Laos, nous avons souvent traversé en voiture des zones complètes incendiées, ou en train de l’être).
Et puis il y a nous, Européens. Nous qui avons souillé la planète ces 80 dernières années, qui nous somment servis des matières premières à n’en plus finir. Et qui avons finalement compris l’importance centrale que doit avoir l’environnement et sa protection dans nos vies. Les énergies vertes, leur développement, voilà une des priorités de nos Etats. En espérant que cela permette aux Asiatiques de ne pas faire les mêmes erreurs que nous, d’éviter qu’ils arrivent à des émissions de CO2 comparables aux nôtres. C’est de la planète qu’il s’agit. De nos vies. Du futur de nos enfants.