Le vrai rêveur est celui qui rêve de l'impossible.
J'ai besoin d'écrire. Ça fait plusieurs semaines, j'ai des thèmes en stock, et, pourtant, je ne prends pas le temps de le faire. C'est un peu comme courir : on sait tous que ça nous fait du bien, mais on trouve toujours une excuse pour faire autre chose. Là, c'est les vacances, et je suis au bout de ma table, seul, avec deux heures devant moi. C'est parti.
Aujourd'hui, je reviens sur cette drôle d'année 2021, dans la continuité de 2020. Car, sans aucun doute, on parle d'une année COVID. Le premier confinement, « le vrai », made in 2020, nous a le plus marqué, mais je n'oublie pas que 2021 a commencé sous couvre-feu. Couvre-feu qui datait de début décembre pour le Nord-Pas-de-Calais, et qui a duré jusqu'au... 20 juin. Oui, six mois de notre année à regarder l'heure pour ne pas être en dehors des clous, à se balader avec des papiers justifiant le fait de travailler pour revenir tard... enfin, quand je dis tard, je parle tout de même de 18h. Extinction des feux à 18h pendant deux mois. C'est fou quand on y pense. Surtout que cela a signifié 6 mois sans bar, restaurant, cinéma ou tout autre spectacle.
2021 a été grecque, puisque nous sommes passés du variant Alpha au variant Delta, puis nous terminons avec Omicron. Font chier ces Grecs.
Heureusement, le vaccin est là... Bon, j'avoue, j'espérais plus de ces vaccins. Il faut dire qu'ils étaient vendus avec des chiffres presque parfaits : 95% d'efficacité pour Pfizer après deux doses, 94% pour Moderna. J'espérais, comme beaucoup je crois, un retour à une vie normale : sans masque, en serrant des mains et en claquant des bises. Le COVID 2020, d'accord, mais la suite... c'est comme au cinéma, on n'aime rarement le numéro 2. Il se trouve que les variants font chuter l'efficacité des vaccins (surtout Omicron), et, s'ils préservent des vies (l'objectif initial), ils ne permettent pas de faire tomber les masques.
Ce masque, je l'ai donc porté chaque jour au travail. Car 2021 fut une année de boulot. Les six premiers mois ? C'est quasiment la totalité de mes « heures de liberté » que j'ai passées à enseigner au lycée. J'avais quatre niveaux, et j'ai bûché dur pour parvenir à faire mes cours en temps et en heure. Enseigner est un métier formidable. J'adore les élèves, ils me le rendent bien, et cela m'a permis de tenir sur la durée (car la route St-O-Dunkerque, j'en ai un peu ma claque!). J'ai même hésité à passer le concours interne cette année. Une autre fois, peut-être.
Qu'a-t-on fait de nos week-ends avec couvre-feu ? Des scrabbles. Des jeux de société. De la course à pied. Et nous avons redécouvert la région. Des Caps à Oye-Plage, en passant par Acquin-Westbécourt et Fauquembergues. Comment ça ce n'est pas sexy ? Notre région est formidable, et randonner avec un être cher vaut tous les Pérou.
J'ai commencé 2021 en couple, je finis 2021 en couple. Champagne ! C'est sans aucun doute ce qui marquera le plus cette année : je me suis mis en ménage comme disent les anciens. J'ai re-re-re-re-re-re-re-re-re-re-re-redéménagé (12 fois sur les 15 dernières années, autant vous dire que j'ai bien fait le tri dans mes affaires), cette fois à un kilomètre. Rue de Dunkerque. Tout un symbole. Je vis aujourd'hui avec une fille, et, une semaine sur deux, avec trois enfants. Certains me promettaient l'enfer. En vérité, tout est très simple. C'est d'ailleurs la clef de cette réussite amoureuse : c'est simple, c'est limpide (« simple, efficace » → private joke), il n'y a pas de prise de tête, bref, que du bonheur. Je me suis retrouvé dans un rôle de « demi-papa » qui, finalement, me sied bien. Jouer au foot ou à des jeux de société... en fait, c'est parfait, car j'étais déjà un vrai gamin !
En cette fin d'année, nous avons même fait une offre pour une maison. Et si ça n'est finalement pas celle-ci, ce n'est pas très grave car c'était tout un symbole. Moi, le type qui n'a jamais fait de prêt (car il n'achète rien), je me retrouvais chez un banquier avec une fille pour parler taux d'intérêt et capital.
J'ai vieilli. Au-delà de cette conversation de vieux, j'ai toujours pensé que ce qui faisait basculer vers l'âge adulte était le triptyque « travail, maison, enfant ». J'ai sans aucun doute réussi à prolonger ma jeunesse au-delà du raisonnable, mais j'étais de plus en plus dans les cordes. Aujourd'hui, si on me propose de sortir en boîte, je souris (mec, je suis trop vieux pour ces conneries). Et, le pire du pire : je ne dors plus après 10h. Moi, qui étais capable de faire minuit-midi, j'ai aujourd'hui un réveil interne qui me fait émerger quasi tout le temps avant 9h. A ce rythme-là, dans 10 ans, je me réveille à 6h30 tous les matins.
Je suis aussi devenu tonton. Une première (ça va, mes soeurs ont largement attendu !), et une petite fille qui donnerait à tous l'envie de procréer tellement elle est facile et souriante. Un rôle qui va me plaire !
En 2021 nous avons pu voyager. Le monde s'est ré-ouvert cet été, et dès le 5 juillet nous avons filé en Géorgie. Une bouffée de liberté dans un pays où nous n'entendions plus les termes COVID et masque. Dans l'ancien bloc soviétique, nous avons fait du stop, de longues heures de bus, randonné dans des montagnes et longé la mer Noire. Une autre culture, une autre langue... c'était sexy. Surtout main dans la main.
Jusque-là, j'avais fait rêver ma moitié en l'emmenant à Charleville-Mézières. Différent. Nous avons aussi passé la frontière pour retrouver Gand ou Waterloo. Nous sommes descendus à Marseille et St Maximin pour Noël, avons visité la baie de Somme. Et puis nous avons repris l'avion pour la Réunion [prendre l'avion me questionne de plus en plus, j'y reviendrai le jour où j'ai deux heures devant moi au bout d'une table]. C'est parti pour mon dernier DOM historique, avec des retrouvailles en perspective. Les potes nous ont bien aidé sur place (merci Ju pour la voiture, merci Olivier pour l'appart), et cette île est juste incroyable. Des volcans, des cirques, que de randonnées possibles !
2021 fut du sport. J'ai continué le football, et je reste persuadé que j'y passe certaines des meilleures heures de ma vie. J'ai fait un trail à Clairmarais (où l'on s'est perdu, merci la signalisation!) et, surtout, j'ai escaladé l'Alpe d'Huez à vélo. Et ça, c'est classe !
De manière générale, j'ai tout de même eu l'impression de moins voir les copains-copines. La double lame COVID-être en couple explique ceci. Cela me frustre un peu de n'avoir vu mes potes de fac qu'une fois dans l'année, de ne pas être descendu dans le sud-ouest ou de ne pas faire plus d'aller-retour à Lille, Arras ou Paris. Le temps n'est pas extensible, je le conçois, et la vie est toujours une question de choix. Je ne les oublie pas. Et j'ai mis de côté mes questionnements écolos pour passer du temps avec eux à Budapest pour un EVG. Absurdité environnementale, sans doute. Mais 4 jours avec des copains, c'est vraiment chouette.
D'ailleurs, en parlant d'écologie, j'ai été candidat à des élections. L'engagement politique était régulièrement dans mes réflexions, et le fait d'avoir sauté le pas me satisfait. C'était assez fatiguant à combiner avec le boulot et la vie privée, mais je ne regrette en rien. Et, si c'était à refaire, je n'hésiterais pas longtemps. Le jeu en vaut la chandelle. Et ce n'est pas les dernières évolutions du climat au niveau local ou international qui me feront changer d'avis. La Terre se réchauffe, nous sommes tous responsables (moi le premier), et nous pouvons tous faire quelque chose (moi le premier). D'ailleurs, il va falloir réfléchir aux bonnes résolutions pour 2022... [à suivre]