Le vrai rêveur est celui qui rêve de l'impossible.
Par Phileas Frog
Alors que la cérémonie des Césars aura lieu vendredi, c'est le moment de faire un point sur les précédents vainqueurs. Et figurez-vous que je les ai tous regardés ! Je ne vais pas vous parler des 40, mais en sélectionner simplement un, par décennie. Le film vainqueur du César qui m'aura le plus marqué.
Années 70
1976, Le vieux fusil
1977, Monsieur Klein
1978, Providence
1979, L'argent des autres.
Le vieux fusil, et d'assez loin. Monsieur Klein est très bien aussi, L'argent des autres assez original alors que je n'ai pas apprécié Providence.
Le vieux fusil est inspiré par le massacre d'Oradour. Un médecin se venge du meurtre de sa femme et de sa fille en tuant un par un les membres d'une division SS. Au-delà du scénario et de la vengeance, le film est surprenant pour l'époque en raison de ses scènes assez trash, très violentes. Philippe Noiret fracasse du crâne allemand, et la scène du viol et du lance-flamme ne laissera pas indifférent. La musique de François de Roubaix accompagne très bien l'ensemble, et le sourire de Romy Schneider amènera un peu de douceur dans ce monde de brutes.
Années 80
1980, Tess
1981, Le dernier métro
1982, La guerre du feu
1983, La balance
1984, Le bal – A nos amours
1985, Les ripoux
1986, Trois hommes et un couffin
1987, Thérèse
1988, Au revoir les enfants
1989, Camille Claudel
Clairement pas ma décennie préférée, et de loin. L'année 1984 est un exemple de films très moyens (et j'en ai vu deux pour le prix d'un, puisque c'est le seul César partagé). Et j'ai choisi Les ripoux, l'un des films les plus connus.
Un policier véreux, René se retrouve en équipe avec un ambitieux lieutenant, rêvant d'être commissaire. Et celui-ci semble être contre toutes les petites combines que René a mis tant d'années à mettre en place, en dépit de la loi. C'est une magnifique charge contre la police, et avec une grand interprétation de Philippe Noiret. Beaucoup d'humour.
Années 90
1990, Trop belle pour toi
1991, Cyrano de Bergerac
1992, Tous les matins du monde
1993, Les nuits fauves
1994, Smoking/No smoking
1995, Les roseaux sauvages
1996, La haine
1997, Ridicule
1998, On connaît la chanson
1999, La vie rêvée des anges
Là, c'est un choix cornélien. Trois films m'ont vraiment bouleversé, je les classerais volontiers dans mon top 10 français : Trop belle pour toi, Les nuits fauves et La haine.
Je choisis La haine, pour sa portée politique et sociétale. Des émeutes de banlieue après une bavure. Vinz (Vincent Cassel) retrouve un revolver. Il est porté par le désir de vengeance. Cousin Hub' est là pour le ramener à la raison. Mais une journée fait basculer la vie des trois jeunes...
Grosse B.O. rap français.
Le film évoque souvent une petite histoire : C'est l'histoire d'un mec qui tombe d'un immeuble de 50 étages. Le mec, au fur et à mesure de sa chute, il se répète sans cesse pour se rassurer : « Jusqu'ici tout va bien... jusqu'ici tout va bien...jusqu'ici tout va bien. » Mais l'important, c'est pas la chute. C'est l'atterrissage.
Années 2000
2000, Vénus Beauté (Institut)
2001, Le goût des autres
2002, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain
2003, Le pianiste
2004, Les invasions barbares
2005, L'esquive
2006, De battre mon cœur s'est arrêté
2007, Lady Chatterley
2008, La graine et le mulet
2009, Séraphine
Amélie Poulain est sans aucun doute le film français le plus connu à l'étranger (La haine n'est pas trop mal non plus). Le pianiste est un grand film, Les invasions barbares m'ont fait sourire avec un sujet pourtant triste. Mais je choisis tout de même Audiard.
De battre mon cœur s'est arrêté est peut-être le plus intense des films d'Audiard. Romain Duris excelle dans l'enfoiré de l'immobilier, prêt à tout pour obtenir quelques parcelles. La scène où ils mettent à sac un appartement occupé par des squatteurs mériterait tous les débats du monde. J'aime beaucoup les différentes scènes traitant de la relation à son père ou à sa mère. Et puis les passages au piano sur Bach font une B.O. Splendide. Niels Arestrup très bon.
Années 2010
2010, Un prophète
2011, Des hommes et des dieux
2012, The Artist
2013, Amour
Une décennie qui commence très bien ! J'ai aimé les 4 films (c'est même The Artist qui est en-dessous), et été bouleversé par trois ! Je choisis Amour, pour raison familiale.
Une claque. Une histoire de vieillesse. Et d'amour. Anne est victime d'un AVC. Puis d'un deuxième. Georges va devoir se consacrer à elle, à sa santé. Grosse interprétation du couple, grand film. Également Palme d'or.
Le bilan de mon visionnage des Césars, c'est que malgré les critiques (trop élitiste, trop sérieux), la cérémonie récompense souvent des bons films, voire très bons. Il y a des années de creux, sans aucun doute. Mais l'ensemble fut un régal pour moi. C'est quelque chose dont on peut être fier, ce grand cinéma français/francophone. Cette année, pas de favori pour moi, puisque je n'en ai pas regardé un seul (oui, je suis un peu à la bourre!)
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