Le vrai rêveur est celui qui rêve de l'impossible.

Lettre à François Marie Arouet (1)

J'avoue que le titre de votre ouvrage m'a laissé perplexe et m'a poussé à l'explorer. Zadig. Non plutôt son autre titre, La Destinée. Vous, digne représentant des Lumières, libéral avant l'heure, humaniste, croyez-vous donc à la destinée ?zadig.jpg

 

L'ouvrage dans son ensemble est intéressant. Cela reste un conte mais l'historien que je suis a apprécié la place que vous faîtes à l'Orient tout au long de votre récit. De plus, je me suis reconnu dans Zadig. Que voulez-vous, j'ai souvent pensé que j'étais gentil, très gentil, trop gentil. Vous m'expliquez donc que les gentils ont vocation à être malheureux. Et que les méchants gagnent presque toujours. Heureusement que la fin de l'histoire m'apporte un espoir ! Il faut donc que je m'impose et que je crois en ma destinée. Car, selon vous, tout est déjà écrit. Vous faîtes même intervenir une sorte d'ange qui en sait beaucoup plus que Zadig. Un ange qui tue un innocent. Mais c'était un futur coupable explique-t-il alors.

La destinée. C'est une notion très étrange que l'homme a inventé : sa vie est écrit quelque part. Où ? C'est une autre question ! Apparemment certains imaginent un monsieur blanc barbu assez âgé avec une bibliothèque de la taille d'une planète. A l'intérieur ma vie, la tienne, la sienne... Pourquoi ce n'est pas une femme noire éternellement jeune qui tient la bibliothèque au fait ? A croire que notre imaginaire reste bloqué sur des préjugés grecs. Bref, ce n'est pas le débat.
Personnellement je ne crois pas à la destinée. J'en suis sûr ! Je suis sûr que je vais être heureux. Que voulez-vous, cela m'est tombé dessus tout petit et depuis je ne peux y résister. Le bonheur me touche, me poursuit et m'imprègne. Et cela durera jusqu'à ma mort. Un bonheur éternel, c'est ma destinée. Ou plutôt c'est la destinée que je souhaite.

Et oui, je contrôle ma destinée en partie ! Je ne contrôle pas tout néanmoins. Attendez que je vous explique.
Je n'ai pas contrôlé mon lieu de naissance, un pays civilisé, riche, en bonne santé avec un système éducatif performant. Je n'ai pas contrôlé ma famille de naissance, plutôt joyeuse, intelligente et en bonne santé financière. Non, cela, je ne l'ai pas choisi.
Par contre, j'ai choisi le reste. Mes études. Ma vie actuelle. Mes vacances. Mon futur job. Elle.

La destinée m'a aidé diront les mauvaises langues. Je n'étais pas prédisposé à me balader une année à Canterbury. Quant on me voit en terminale ça n'est pas faux. Mais cela est le fruit d'une évolution personnelle, non pas de choix extérieures. Quelque chose d'intérieure.
La destinée, c'est le destin particulier d'un homme. Cela me correspond. J'ai un destin particulier, le mien. Et celui-ci est unique. C'est cela l'avantage de la définition de destinée, elle est toujours vraie.

Mais pour toi cher François Marie, la destinée amène une puissance suprême, qui règle le cours des choses. C'est ton ange dans Zadig. Pour toi on ne contrôle pas ses actes. Le jeune innocent serait un vieux coupable, c'était écrit. C'est là que je suis en désaccord avec toi. Je crois au changement. Je crois à l'évolution. Je crois à mon caractère, même si je suis un gentil. Et je crois de moins en moins à l'horloger qui contrôlerait tout ce petit monde avec un regard plus ou moins attentif. Athée ? Non, croyant de ma destinée.


PS : les phrases du livre à retenir : Toujours du plaisir n'est pas du plaisir et surtout Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent.

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