A quoi bon ? Cela faisait plusieurs années, et, honnêtement, une partie de moi n'y croyait plus. Retomber amoureux, être aimé en retour. C'était fini, c'était passé, c'était illusoire. Je regardais quelques histoires avec envie, mais le plus souvent avec amertume. Les statistiques étaient formelles : un mariage sur deux se finit en divorce, et le mariage qui tient est rarement un exemple de bonheur continu. Alors à quoi bon ? A quoi bon les sacrifices de la relation à distance ? A quoi bon ouvrir son cœur pour le retrouver quelques mois/années plus tard en cinquante morceaux ? A quoi bon même essayer ? A quoi bon parler à cette fille, alors que ça ne mènera à rien.
Ce qui est bien avec toi, c'est que je n'ai pas trop eu le choix. Tu m'as parlé, et tu ne m'as pas lâché. Oh, oui, tu ne l'assumes peut-être pas, mais j'ai 100 témoins, à savoir toutes celles et ceux qui étaient là, ce soir-là, à la soirée d'au revoir de Fanny et Julien. Depuis, les deux sont partis à la Réunion, ont enfanté, et sont aujourd'hui sur le chemin du retour. Et toi, à mes côtés.
Diable, comment en sommes-nous arrivés-là ? Nous étions si différents. Je dormais sur ce canapé lillois, sans emploi, sans envie ; tu avais un divorce, 3 apparts et demi, et, car c'est important, 3 enfants. Chance de réussite : 0,1%. Et nous voici aujourd'hui dans notre maison [enfin, surtout moi, car tu n'es pas souvent là!]
Pour réussir, il a fallu briser de nombreuses barrières mentales. Moi le premier. Une mère, des enfants. Au départ, je n'étais pas prêt. D'ailleurs, j'ai reculé. Je t'appréciais beaucoup, mais la barrière mentale était là, très haute. Alors nous avons commencé avec une amitié. Pas facile, une amitié, quand il y a une attraction. Pas facile, une amitié, quand il y a une si bonne entente. Pas facile, une amitié, quand il y a une telle fluidité.
Il a fallu un confinement pour remettre cette situation en question. La suite, pas besoin d'en dire plus.
Pourquoi ça marche ? Pourquoi nous ? Pourquoi toi ? Oh, c'est une évidence. Le mot est fort, et l'émotion qu'il me procure est palpable lorsque je frappe les touches de mon clavier. L'évidence, ce que je recherchais depuis tant d'années. Elle est là, c'est toi. Tu me fais rire Chloé. Vraiment. Alors oui, certes, parfois à ton insu. Oui, je me moque régulièrement de toi, car qui aime bien châtie bien, et je t'aime beaucoup (et je suis aussi un gros relou). Nous partageons énormément. Nous discutons, nous échangeons, nous débattons. Sans forcément parvenir toujours aux mêmes opinions. Et c'est aussi ça qui est génial. Accepter l'autre telle qu'elle est, avec ses nombreuses qualités et ses petits défauts (à quoi bon ranger sa carte bancaire!?!)
Tu es vivante. Je veux dire, tu es pleine de vie. Un ouragan, une tornade. Quand tu es dans la pièce, j'ai l'impression qu'elle bouge. Tu as plein de projets. Tu veux inviter la terre entière. Tu aimes la musique à fond, et te réveiller très tôt pour croquer la journée. Moi, j'ai souvent tendance à être assez calme, j'aime dormir, et lire trois heures le journal. Tu es le feu, je suis la glace. Tu t'emportes, tu t'impatientes, je reste calme. Tu es pleine d'émotions. Et les miennes reviennent, grâce à toi.
Je ne dis pas que j'ai un cœur de pierre. Disons qu'il était justement glacé. Tu le fais fondre. J'ai des larmes qui remontent à mes yeux parfois, quand je te parle de moi, et de mes sentiments. J'ai envie de pleurer Chloé, j'ai envie de pleurer tellement je suis heureux d'être avec toi, de t'avoir rencontrée, que l'on se soit laissé une chance. Et ce, malgré mon discours défaitiste du départ, te promettant d'aller, ensemble, droit dans un mur. Car nous n'étions pas faits pour être ensemble, nous n'étions pas au même point dans notre vie, nous étions si différents. Et, finalement, la vie m'a donné tort, une fois de plus.
Alors je crois à nouveau. Je m'engage à nouveau. Un achat ensemble, d'une maison. Un rôle de beau-papa, « demi-papa » comme ils disent, qui, finalement, me convient bien. Et des projets plein la tête, plein nos têtes. On partira peut-être un jour à l'aventure de l'autre côté de la planète, on se lancera peut-être ensemble dans des pérégrinations politiques ou littéraires, on agrandira peut-être un jour notre famille. Car tout est possible, quand on s'aime.
Je t'ai cherché. Je t'ai attendu. Tu m'as manqué. Amour. Merci d'être là.