3 650 mètres. La capitale (administrative) la plus haute du monde ! La vue impressionne dès notre arrivée en ville : le bus débarque par le haut, et nous apercevons l'étendue, la grandeur, et la populace... un million d'habitants, dans une immense cuvette entourée de montagnes, notamment le Nevado Illimani, à 6 462 mètres d'altitude !
L'altitude entraîne de drôles d'effets, ainsi l'eau bout à 87°C ! Autre effet, moins sympa, La Paz est bien polluée. Enormément de circulation et des rues où les bus sont obligés de rouler en première tellement le dénivelé est important (il y aurait 850 mètres de différence entre le haut et le bas de la ville!).
Nous arpentons le centre-ville, l'occasion de faire mon activité préférée : les magasins ! Bon, on est assez loin de nos standards occidentaux, et on est également très loin des prix occidentaux ! Le marché aux sorcières est peut-être le plus touristique (on peut notamment y acheter un fœtus de lama... afin de l'enterrer sur son terrain avant la construction de la maison, il paraît que ça porte chance!), mais les autres valent aussi le coup d'oeil, rien que pour les couleurs. A noter qu'on peut également téléphoner sur les marchés (y'a des téléphones fixes directement dans les stands!).
Le centre-ville témoigne de l'histoire colombienne du lieu. La ville a été fondée en 1548 par un capitaine espagnol (Mendoza). Les monuments les plus impressionnants restent la cathédrale et le palais du gouvernement. Les places sont animées, c'est jeune, ça vit, ça grouille de monde et de pigeons. Vite, on s'échappe par les airs !
Car, aussi fou que ça puisse paraître, La Paz dispose d'un immense réseau de téléphériques ! Et c'est clairement le meilleur moyen de visiter la ville ! Nous avons quasiment fait toutes les lignes, de bout en bout. Et c'est là que nous réalisons à quel point cette ville est immense. Parfois nous la surplombons, parfois nous nous retrouvons dans ses entrailles. Pas de circulation, pas trop de monde, bref, un bon moyen de visiter une grande ville.
La Paz est la fin de notre voyage. L'air de rien, ces presque trois semaines nous ont permis de réaliser une jolie petite boucle du pays. La Bolivie n'en nécessite pas moins.
Je l'ai déjà dit à plusieurs, c'est sans aucun doute l'un des plus beaux pays que j'aie vu (parmi 60!). Un pays en développement, où les routes sont encore largement en construction, les ponts, les maisons... clairement une politique de grands travaux, initiés par un président atypique : Evo Moralès. Le premier président andin (famille aymara), dont les portraits sont partout. Trop peut-être, au point que j'ai parfois l'impression d'avoir passé mes vacances avec lui : Evo Moralès avec un casque à côté des travaux de construction d'une route (à croire que c'est lui qui fait les travaux), Evo Moralès avec des habits traditionnels dans l'Altiplano, Evo Moralès sur la porte du restaurant, Evo Moralès ça et là... un culte de la personnalité un peu embêtant (surtout quand on est prof d'histoire : c'est là l'un des symptômes des régimes autoritaires). Attention, je ne fais pas feu sur le président bolivien, tant il est vrai que son arrivée coïncide avec une baisse importante de la pauvreté et une amélioration de vie pour une grande partie de la population. Néanmoins, nous avons pu ressentir un vrai débat politique dans le pays. La raison ? Des tags, un peu partout, pour ou contre le référendum de 2016, qui devait permettre à Moralès de solliciter un quatrième mandat... (oui, encore un symptôme d'un régime autoritaire). Moralès perd, pour la première fois (51,3% de non). Mais, et là encore symptôme d'un régime autoritaire, il en appelle au tribunal constitutionnel bolivien, qui décide de supprimer la limitation des mandats présidentiels... (alors que c'est Evo Moralès lui-même qui avait fait inclure cette disposition dans la constitution en 2009!). A noter qu'Evo Moralès, très proche d'Hugo Chavez à l'époque, est toujours copain avec le président vénézuélien Maduro (« une brute » selon un de mes chauffeurs) et le président équatorien Correa. Ajoutez à cela des militaires très présents dans les rues... et vous aurez le sentiment d'être au sein d'un régime autoritaire.
Dans l'ensemble, la Bolivie reste néanmoins un pays plutôt pauvre, avec une différence marquée entre les Andes et le plat pays, mais surtout un gouffre séparant les grandes villes des campagnes isolées. La mondialisation existe dans les premières et reste assez lointaine dans les secondes, quoique les smartphones soient déjà là partout. Le tourisme existe, et est assez important dans les premières, ainsi que sur le lac Titicaca et dans le salar, mais ça doit être beaucoup moins qu'au Pérou voisin.
Enfin, je ne peux pas terminer ce récit bolivien sans évoquer le travail des enfants, omniprésents. Cireurs de chaussures, vendeurs de nourriture, zonant dans les gares ou à l'intérieur des bus, ils sont partout, dans des conditions parfois très précaires. Un gros problème pour le pays, qu'Evo Moralès n'a pas encore réglé.
Allez, on repart... direction Sarajevo !