2 mai 2019 4 02 /05 /mai /2019 23:25

25 ans. Pour le Rwanda, cela fait 25 ans que le génocide a eu lieu.

10 ans. Une décennie que je travaille sur le Rwanda (et le Burundi). De manière moins insistante qu'il y a quelques années, à l'époque de ma thèse, mais je reste un spectateur attentif aujourd'hui. Je n'ai pas « transformé l'essai », à savoir publié mes recherches, notamment la thèse, par manque de motivation essentiellement. Mais j'ai un statut, je suis un « docteur », un « chercheur associé » dans un laboratoire d'université française. Alors, de temps en temps, on vient me chercher pour répondre à quelques questions sur la région (France Culture et La liberté ces deux dernières semaines). Par contre, je n'ai pas encore reçu d'invitation concernant la commission d'enquête française chargée de travailler sur le rôle de la France au Rwanda entre 1990 et 1994. D'ailleurs, cette commission n'a aucun spécialiste de la zone... Etrange. Qu'importe, je donne ma version des faits ici, avec des informations que vous retrouverez forcément ailleurs. Car la France a un rôle important dans le génocide rwandais.

 

Pourtant, le Rwanda n'était pas une colonie française, mais allemande, puis un mandat belge (de 1919 à 1962). Paris débarque à Kigali via un accord de coopération civile (1962) puis d’assistance militaire technique signé le 18 juillet 1975 et modifié en 1983. A cette époque, le président rwandais est Juvénal Habyarimana. La France s'engage donc à aider militairement le Rwanda, comme elle le fait dans la majorité de ses anciennes colonies, via l'envoi d'instructeurs par exemple. Stabilité, gain diplomatique, facilité économique, les raisons justifiant cet accord sont de natures diverses pour la France.

Lorsque la guerre débute en 1990 entre le gouvernement de Kigali (toujours mené par Juvénal Habyarimana) et les rebelles, descendants de réfugiés (le FPR, mené par l'actuel président Paul Kagamé), la France choisit son camp : celui du gouvernement. La France envoie des hommes, le Détachement d’Assistance Militaire et d’Instruction (et aussi son pendant gendarmerie), envoie des armes (mortiers de 60 mm, 81 mm et 120 mm ainsi que des fusils de 105 mm) tandis que la BNP garantit les achats d'armes (dès 1992). Cet approvisionnement en armes inonda le pays, si bien qu’en 1993, il devint possible d’acheter des grenades sur les marchés de plein air pour quelques dollars la pièce...

 

La France est le pays le mieux informé sur ce qui se passe en Rwanda avant 1994. Des militaires entendent parler de listes, les discours extrémistes ne sont pas susurrés, ils sont criés sur tous les toits. Paris ne réagit pas, les militaires français participent même, souvent dépassant leur fonction/ordre, à des combats sur le front entre l'armée rwandaise et les rebelles. Deux mois et demi avant le génocide, alors qu'un embargo sur les armes existe désormais, la France est prise la main dans le sac à l'aéroport de Kigali, alors qu'elle envoie des armes à l'armée rwandaise...

Lorsque le génocide débute, les principaux organisateurs se réfugient à l'ambassade de France. Ils sont évacués, ils sont protégés par la France. Agathe Habyarimana, la femme du président, celle vers qui beaucoup se tournent quand il faut expliquer le génocide, vit encore en France aujourd'hui, bien à l'abri de la justice. Un gouvernement provisoire est mis en place... dans l'ambassade de France. Ce gouvernement provisoire qui supervisera le génocide.

Quant à ceux qui encadrent le génocide, sur le terrain, ce sont essentiellement des militaires et des gendarmes formés par les Français. Très bien formés. Trop bien formés, en y regardant avec 25 ans de recul.

 

Que fait la France ? Comment réagit-elle alors qu'un génocide a lieu, et que, selon le terme, l'ensemble de la communauté internationale doit réagir ? Elle tergiverse. Elle garde à l'esprit son vieux schéma, elle reste du côté du gouvernement. Les premiers avions débarquent avec des munitions pour le gouvernement rwandais. Des avions transportant des armes sont envoyés de France à Goma pendant le génocide. Quand la France lance l'opération Turquoise, le 23 juin, à la fin du génocide, elle le fait toujours avec une idée derrière la tête : protéger le gouvernement officiel, celui qui doit fuir devant l'avancée des rebelles. Tout cela en se drapant du manteau de l'opération humanitaire, destiné à sauver des vies. Les génocidaires sont heureux, ils acclament l'armée française à son arrivée, celle qui va les protéger pour qu'ils puissent fuir, avec leurs armes, leurs munitions, et le sang sur leurs mains. Des armes arrivent au Zaïre, pour les génocidaires, alors qu'un embargo international a été mis en place. Des militaires français de haut rang le voient, et ne réagissent pas. Ces armes seront bientôt utilisées dans les guerres congolaises.

 

Voilà le rôle de la France pendant le génocide rwandais de 1994. C'est clair, c'est précis, c'est documenté. Les Français sont restés les plus proches alliés du gouvernement rwandais sur les plans militaire, politique et diplomatique. On peut parler de complicité, notamment en raison des armes envoyées. Certains hommes politiques de l'époque ne veulent pas regarder la vérité en face (Hubert Védrine en premier lieu). Des erreurs monumentales ont été faites par l'Elysée à l'époque (François Mitterrand donc), sans doute très mal conseillé par son fils Jean-Christophe ou par les militaires qui l'entourent.

Oui, la France doit présenter ses excuses officielles. Les Etats-Unis et la Belgique l'ont fait il y a bien longtemps (1998 et 2000). Ce n'est pas cracher sur l'armée française, c'est simplement admettre que de nombreuses erreurs ont été commises. Les faits sont têtus.

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16 juillet 2014 3 16 /07 /juillet /2014 14:45

Il faut une bonne heure d'avion pour faire Nairobi, Kenya-Kigali, Rwanda. Le temps-fort doit être le survol du lac Victoria, que j'avais beaucoup apprécié l'année dernière. L'appareil photo est prêt, il n'y a plus qu'a être patient.

Kigali, presque l'Afrique

Bon, comme vous le voyez, difficile de l'apercevoir ! Mais ça n'en reste pas moins une photo sympa !


C'est mon deuxième séjour à Kigali, après celui de l'année dernière. Je ne vais donc pas vous refaire le coup de la nourriture rwandaise ou de la description des collines ! Non, cette fois, je vais vous parler de mes trois semaines sur place, côté Muzungu. Comme l'année dernière, j'étais en mode Couchsurfing. Ma première hôte fut Thérésia, une Allemande de Dresde. Elle habite une maison assez grandiose en comparaison avec les locaux : 3 salles de bains, dont deux avec de l'eau chaude ! Un cuisinier, une femme de ménage, un jardinier... bref, un endroit où il fait bon vivre ! Ils sont cinq à partager la maison, des jeunes actifs. Je suis resté une grosse semaine là-bas. Puis vint Josselin, un Breton bien de chez nous, cuisinier hors-pair (il m'a fait une tartiflette !). Lui habite une maison locale, avec toit en tôle (chaleur, chaleur), sans jardin (et donc sans jardinier), sans cuisinier, sans femme de ménage. Pas de machine à laver, ici on fait tout à la main !

Je détaille un peu, car ce sont les personnages principaux de ma vie à Kigali. Commençons avec cette histoire d'eau. En France, ça nous semble à peu près logique de nous doucher chaudement, et d'avoir une machine à laver. Ici les choses sont différentes. Chez Thérésia, pour avoir de l'eau chaude, il faut brancher le chauffe-eau et attendre 30 minutes. Facile. A Gisenyi, je devais me laver à l'aide d'une bassine. Eau froide. Moins sympa. Mais il y a parfois pire. L'absence d'eau courante. Je l'ai vécue le temps d'une grosse journée chez Josselin. Et ça change la vie. Pas possible de se doucher. Passe encore. Pas possible de cuisiner. Plus embêtant. Pas possible d'utiliser les toilettes. Emmerdant (jeu de mot adéquat). Reste la solution « achat de bidon d'eau ». Prévoir un budget.

Kigali, presque l'Afrique

Avec Thérésia, nous sommes sortis pas mal. Nous avons fait une soirée Couchsurfing avec beaucoup de Rwandais (dont un qui m'a parlé toute la soirée des péripéties de Hollande avec les femmes !). Sympa. Dans sa maison, une soirée électro-swing a été organisée (en mode Parov Stelar). Ce jour-là, une bonne centaine d'Occidentaux de Kigali sont rassemblés. Je me rends compte à quel point il semble difficile de se mélanger avec les locaux.

En plus de la coupe du monde, on sera aussi sorti à plusieurs reprises à Sundowner, la boite de nuit du coin. A l'intérieur, le pire DJ du monde. Oui, oui, il est là. Sa passion, c'est de changer de musique. Toutes les trente secondes, il change le CD, et met un genre totalement différent. Le genre de DJ qui vous passe de l'électro et qui enchaîne avec un reggae. Mister roi des transitions. C'est lui. Et il ne me manquera pas !

Kigali, presque l'Afrique

Josselin est tout à gauche sur la photo. Cette photo est d'ailleurs sympa, car c'est une magnifique amitié franco-belge (les 3 garçons sont français, les 3 filles belges). Le garçon le plus à droite est un séminariste, c'est à dire qu'il sera très bientôt prêtre. Original de sortir avec lui en boîte !

Négocier. C'est aussi une habitude africaine. Une histoire amusante : j'ai envie de bananes. J'en vois quelques unes, je demande c'est combien à la vendeuse. « 700 francs ». Je ne suis pas sûr d'avoir bien entendu : « 700 francs? ». « 600 francs » qu'elle répond ! « 600 francs ? » que je répète. « 500 francs ! » qu'elle enchaîne. Je sors mon billet de 500 francs (50 centimes d'euro) avant qu'elle ne continue à marchander toute seule !

En parlant nourriture, je rappelle que je suis en mode végétarien en Europe. Et être végétarien en Afrique, c'est difficile. Plusieurs fois dans les restaurants je me suis retrouvé face à un choix très élection nord-coréenne : brochette de chèvre ou brochette de chèvre ? Surtout c'est le principe qui n'est pas compris. Dire que t'es végétarien à certains Rwandais, c'était comme dire que tu refuses de te vacciner pour des raisons éthiques à un malade de la polio. Incompréhensible. J'ai essayé de m'expliquer les premiers jours, j'ai lâché l'affaire ensuite. Et j'ai fait exploser mon compteur viande.

 

Pour être complet, il reste mes recherches. J'ai eu 13 interviews au total (dans le détail, 4 IBN, 2 COMESA, 2 CEPGL, 3 EAC, 2 autres). Et j'ai clairement passé mon temps d'un bureau à un autre. Difficile de faire bouger l'administration (comme un peu partout dans le monde) et de respecter les délais que je m'étais fixés. Mais je suis plutôt content, j'ai réussi à voir qui je voulais voir.
L'expérience d'un ministère : je suis dans le secrétariat. La femme me voit et dit : « vous êtes chinois ? ». « Presque, français ! ». Mes yeux m'auront permis d'être surnommé « chinois » à deux autres reprises ! (il faut que je vienne avec mon arbre généalogique la prochaine fois pour leur prouver mes origines 100% Nord-Pas-de-Calais !!)

Kigali, presque l'Afrique
Kigali, presque l'Afrique

Enfin le petit bilan de Kigali. Une ville où il fait bon vivre. Une bonne atmosphère. Une météo parfaite (la moyenne du pays varie entre 19°C pour le mois le plus froid et 21° pour le mois le plus chaud !). Pas de crainte pour sa sécurité. Pas de bouchon en ville. Tout semble rouler parfaitement, dans tous les domaines. Pas de corruption. Kigali est calme, surtout en comparaison avec les autres villes africaines. Kigali est presque ennuyante pour les Occidentaux vivant sur place. Et pour certains, il ne fait pas de doute : Kigali, c'est pas l'Afrique. Et ils n'ont pas tort. Le pays a l'ambition de devenir le Singapour africain. Vision 2020. Quitte à en perdre un peu de son identité. Le « cas spécial » du Rwanda le justifie. On aime, ou on déteste. 


A suivre... (direction le Burundi, pour mon premier vrai pays d'Afrique francophone !)

Kigali, presque l'Afrique
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14 juillet 2014 1 14 /07 /juillet /2014 15:13

J'aurais pu vivre la Coupe du Monde en Allemagne. J'aurais alors vécu une victoire qui n'aurait pas été pas la mienne. Et je l'aurais vraiment eu mauvaise en quart de finale.
J'aurais pu vivre la Coupe du Monde en France. A l'ancienne. Mais je ne sais pas pourquoi, 2010 m'a laissé peu de souvenirs. J'avais même longtemps hésité à aller voir la finale.
Et puis me voici au milieu de l'Afrique. L'occasion de vivre la Coupe du Monde de manière un peu originale.

Tout d'abord, je confirme la rumeur : les Africains sont fans de foot ! Les matchs sont retransmis partout, jusqu'à chez le coiffeur ! Dès qu'il y a une télé quelque part, il y a le match du soir.

Ce qui m'a marqué aussi, c'est le bruit. Je n'ai pas regardé tous les matchs (je viens tout de même pour bosser à la base !). Mais j'étais toujours au courant des buts. Le Mexique-Pays-Bas notamment, où Kigali a gueulé au moment des deux buts néerlandais.

Quelle équipe supportes-tu quand tu es Rwandais ? Le Rwanda n'a pas une grande équipe de foot, et ils n'étaient pas qualifiés. Du coup, il faut choisir un camp. Première chose : un esprit d'unité africaine. Avec une préférence pour le Ghana. La sélection des frères Ayew a fait une belle performance en 2010, et ça a visiblement marqué les esprits. Mais même l'Algérie était supportée à chacun de ses matchs (même s'ils ne sont pas vraiment africains pour beaucoup ici, ça reste sur le continent).
Dans les autres matchs ? Ça dépend. La France jouait clairement à l'extérieur, à chaque fois. La Belgique aussi. Les pays Sud-Américains étaient souvent privilégiés.

Les matchs sur grand écran. A partir des huitièmes de finale, les choses deviennent sérieuses. Et les ambassades font parfois des efforts. L'ambassade américaine met le paquet (300 personnes pour le huitième). Côté français, le grand écran est installé dans un restaurant français (l'épicurien). C'est là où je verrai la victoire des huitièmes et la défaite des quarts, en direct sur Canal + Afrique ! (les commentaires faisaient presque regretter Christian Jean Pierre !). Côté allemand, il faut attendre la finale pour voir quelque chose s'organiser.

Forcément, les demi-finales s'annoncent avec moins de saveur. Je me retrouve dans un petit restaurant miteux de Gisenyi, on est 7 devant un match Brésil-Allemagne... vous connaissez l'histoire, match de fou, et ambiance sympa malgré le petit comité. Les Rwandais présents, plutôt pro-Brésil à la base, se mettent à supporter l'Allemagne à partir du deuxième but !

Reste la finale. En direct de Car Wash, le repère des Allemands de Kigali. Beaucoup de monde, dont les Rwandais pro-Argentins. Lors du but refusé à l'Argentine, les deux camps se lèvent, les pro-Argentins d'abord pour fêter le but, et puis les Allemands, pour se foutrent de leur gueule !
A la mi-temps, sur la chaine de télé africaine, au milieu des « experts » (Jay-Jay Okocha !), il y a un tour de magie ! (on ne sait pas trop ce qu'il vient faire là). Je me régale des publicités africaines (la pub Coca est géniale).
Prolongation. Le but. Même moi, pas forcément trop pro-Allemand (mon vieux maillot de Batistuta me rappelle mon penchant pro-Argentin) j'en ai des frissons. Un immense cri, une immense joie. Et puis le coup de sifflet final. Les Allemands fous, tout le monde debout pour la remise du trophée. Et une danse qui commence, jusqu'au milieu de la nuit. Les Allemands sont sur le toit du monde, sur le toit de Kigali. Ils volent. Les salauds ! Je les jalouse ! Et j'attends l'euro 2016 avec impatience. En France !

C'est quand même sympa le football.

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6 juillet 2014 7 06 /07 /juillet /2014 16:00

J'admets avoir été assez avare en nouvelles depuis mon arrivée au Rwanda. Mes interviews me prennent beaucoup de temps, et Kigali n'est plus une découverte pour moi. J'y reviendrai à la fin de mon séjour. Aujourd'hui, je vous emmène à l'extrême-ouest du Rwanda, sur les rives du lac Kivu, à la frontière de la République Démocratique du Congo.

Gisenyi et le lac Kivu : une autre image de l'Afrique

En plus de ce petit point géographique, je conseille à ceux qui ne l'ont pas lu un autre article, plus historique, datant de ma première visite ici, afin de mieux comprendre les lignes qui vont suivre. (http://www.phileasfrog.fr/article-rwanda-le-poids-de-l-histoire-118520935.html)

J'étais donc à Kigali et je prends la route de Gisenyi. Pour cela, direction la grande station de bus de la ville. Ici, c'en est fini de Kigali la calme. Le bruit est partout : le rugissement des moteurs, les vendeurs criant le prix des tickets, la musique locale assourdissante dans les magasins environnants. Je suis content de partir !

Gisenyi et le lac Kivu : une autre image de l'Afrique

La route est magnifique. Pour ceux qui l'ignorent, le Rwanda est surnommé le pays des Mille Collines. Et c'est bien le cas ! Les plus hauts sommets dans le Nord-Ouest culminent à plus de 4 000 mètres d'altitude. Bien sûr, pas de neige ici ! C'est vert, malgré le fait que nous soyons dans la saison sèche.


Les cultures locales sont variées : le café et le thé sont les principales cultures d'exportation, quand les haricots, les pommes de terres et les bananes sont les principales cultures vivrières. Comment cultiver sur des collines ? Assez logiquement, par de la culture en terrasses ! Le Rwanda s'est même lancé dans la culture du riz ! Vision très asiatique pour moi !

Gisenyi et le lac Kivu : une autre image de l'Afrique

On passe par Ruhengeri, tout au nord, à 25km de la frontière avec l'Ouganda. La région est connue pour les deux plus grandes attractions touristiques du Rwanda : le parc des volcans et ses gorilles. Des attractions bien trop chères pour moi (et sans doute pour vous !), car le tarif pour une heure avec les gorilles est de... 750$ !!! Non, non, je n'ai pas ajouté un zéro en trop ! Une folie ! C'est destiné à préserver les gorilles d'un tourisme de masse (je comprends l'idée mais tout de même !). Reste pour moi le plaisir de voir les volcans de ma fenêtre.

Gisenyi et le lac Kivu : une autre image de l'Afrique

Arrivé à Gisenyi, c'est toute une histoire pour rejoindre mon auberge (un centre d'accueil presbytérien pour être précis !). A cause d'un malentendu sur le nom, je me retrouve dans une chapelle en pleine cambrousse. C'est folklorique. Heureusement le téléphone et le français des croyants m'aident à retrouver mon chemin. Après un petit buffet, direction la plage.

Très vite, je me fais des amis au doux son de Muzungu, Muzungu ! (blanc blanc !)

Gisenyi et le lac Kivu : une autre image de l'Afrique

Je regarde un match de football local (qui semble opposer des - de 18 ans à des - de 15 ans tant le niveau et la taille des joueurs diffèrent). Alors que je suis installé derrière les entraineurs, l'un d'eux (celui de l'équipe qui perd 6-0) baffe un joueur. Tout le monde me regarde ensuite, comme si j'étais coupable ! Ou alors attendaient-ils que j'intervienne ? Sensation étrange. Je suis alors vraiment content quand un type traverse le terrain et dit à l'arbitre d'expulser l'entraineur pour son geste, ce qui est fait dans la minute ! Bien fait !

Gisenyi et le lac Kivu : une autre image de l'Afrique

Ensuite c'est un petit coucher de soleil sur le lac Kivu.

Gisenyi et le lac Kivu : une autre image de l'Afrique

Dimanche, jour de vrai repos, mon premier depuis mon arrivée en Afrique. Dès 10 heures, je me balade le long de la côte, et profite des paysages.

Gisenyi et le lac Kivu : une autre image de l'Afrique
Gisenyi et le lac Kivu : une autre image de l'Afrique
Gisenyi et le lac Kivu : une autre image de l'Afrique
Gisenyi et le lac Kivu : une autre image de l'Afrique

Le but de cet article, c'est aussi de vous donner une autre vision de l'Afrique. Dans les journaux, et forcément ensuite, dans la bouche des gens que je croise, l'Afrique c'est dangereux ! L'Afrique c'est des gens qui meurent de faim ou se tuent chaque jour. Mais c'est aussi des beaux paysages. C'est aussi des gens qui se baignent comme vous et moi quand il fait beau. La plage était bondée toute l'après-midi. Des gens faisaient du pédalo. D'autres jouaient au volley dans l'eau. Des enfants s'éclaboussaient. Les parents rouspétaient. Les grands-parents riaient. Les photographes de plage essayaient désespérément de vendre leurs clichés. Au bar, les affaires marchaient. Je peux vous l'affirmer, les gens étaient heureux.

Bien sûr, il y a 20 ans, cette ville voyait une grosse partie du million de réfugiés quittant le Rwanda, direction Goma, juste en face de la frontière. Bien sûr, il y a vingt ans, il y a eu un génocide. Bien sûr, les choses ne sont pas parfaites ici, des gens sont au chômage, beaucoup dans les campagnes mangent une fois par jour. Oui, ici, ce n'est pas le paradis. Enfin, un petit peu quand même, comme partout ailleurs.

Gisenyi et le lac Kivu : une autre image de l'Afrique
Gisenyi et le lac Kivu : une autre image de l'Afrique

Petit point prix locaux : ticket de bus pour Gisenyi 3€. Litre de gazole : 1€. Chambre : 2€ pour le dortoir, 5€ pour la chambre individuelle. Sodas dans les bars : 50 centimes. Bière : entre 50 centimes et un euro, selon la marque (exception faite de la Guiness à 1,50€). Buffet du midi : 1,50€ (tu peux remplir l'assiette comme tu veux). Taxi moto : entre 30 et 50 centimes selon la distance.

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29 juin 2013 6 29 /06 /juin /2013 06:32

Le Rwanda m'a très clairement réconcilié avec l'Afrique. Un petit bilan en douze mots


Argent : au Rwanda ce fut mon retour avec les francs. Sensation très étrange de payer 100 francs pour quelque chose, ça m'a rappelé des souvenirs. Bon, le taux de change est d'un euro pour 850 francs. J'avais donc des pièces de 100 francs et des billets de 5000 francs ! Concernant les prix, c'est beaucoup moins cher que le Kenya ou la Tanzanie (on peut aisément manger pour un euro, les déplacements sont peu chers). Seul les parcs sont TRES chers (compter 500 dollars US pour voir des gorilles!!!)


Belges : Car mon séjour fut marqué par ma Couchsurfer, Fred, avec qui j'ai vécu pendant deux semaines. Au-delà de l'aspect financier, cette expérience a été très concluante pour ma découverte du pays. Elle m'a emmené dans des lieux que je n'aurais pas trouvés seul, et fait vivre des expériences magnifiques. J'ai également passé un peu de temps avec les professeurs de l'école belge. Cela m'a confirmé une chose : les Belges sont des gens bien sympas tout de même !

 

Conduite : J'ai enfin retrouvé un pays où l'on roule à droite. J'ai vécu au rythme des motos-taxis, redécouvert les vélos-motos (pas à Kigali mais dans les petites villes et villages).


Développement : Le Rwanda se transforme depuis plusieurs années. Le Masterplan de Kigali a carrément prévu des détruire des blocs entiers de résidences pour tout reconstruire, avec une hauteur minimum de six étages ! Je reviens l'année prochaine et je risque d'être perdu dans des quartiers que je connaissais cette année. Augmentation constante du PIB de 6-7 %.


Français : Le fait d'être un Français parlant anglais est une grande chance dans le pays. Les anciennes générations maîtrisent la langue de Molière, les plus jeunes se débrouillent dans la langue de Shakespeare. Bon, ceci est le cas dans la capitale, mais dans les villages mieux vaut bredouiller quelques mots de kyniarwanda, la langue commune du pays.


Génocide : Aller au Rwanda sans évoquer le génocide serait une erreur. C'était il y a moins de 20 ans, et ça reste présent dans l'atmosphère. Un peu partout j'ai vu des affiches pour la 19ème commémoration de cet épisode. Et les mémoriaux sont un must-to-see.

 

Muzungu : Comme au Kenya, comme en Tanzanie, tu es et resteras un Muzungu, à savoir un blanc. Peu importe que tu vives dans le pays depuis 6 mois, un an, dix ans, tu es un Muzungu. Et les gens t'interpelleront toujours de cette façon dans la rue. Ça peut fatiguer.


Nourriture : Le Rwanda fut pour moi l'occasion d'une rencontre avec de multiples saveurs culinaires. Le meilleur plat : le Tilapia du dernier soir, un poisson péché dans le lac Kivu, clairement énorme dans l'assiette. Les bananes plantains furent également très sympas.

Tilapia Green Corner Rwanda Lac Kivu 

Recherche : C'était tout de même la raison principale de mon séjour. J'ai réussi à voir plusieurs personnes, notamment des professeurs et des gens de l'institut français de Kigali. Pour des professionnels, notamment dans les milieux politiques, il me fallait attendre une autorisation des ministères. Résultat : ce n'est que le dernier jour que j'ai eu les contacts de la Ministre de la Santé ou des Affaires Étrangères. Mais c'est un bon début pour ma prochaine visite.


Sécurité : A mon arrivée ici ce fut les messages reçus : sois prudent, et ne te fais pas enlever ! Pas d'inquiétude pour le coup, le Rwanda étant le pays le plus sécuritaire d'Afrique de l'Est. Avec un militaire armé tous les 100 mètres dans Kigali, ce n'est pas difficile. Cette impression de sécurité se ressent dans les déplacements de la population : la nuit, pas d'inquiétude, les gens sortent et rentrent à pied. Chose impensable à Nairobi.


Sourire : C'est un souvenir que je garderai de ce pays : des gens souriants. Cela m'a changé de la froideur des Kényans et à un degré moindre des Tanzaniens. Les Rwandais étaient très ouverts, toujours prêts à discuter. Et les enfants furent formidables.


Vert : C'est la caractéristique du pays : des collines vertes, boisées. Je suis arrivé au début de la saison sèche, et on m'a dit que pendant la saison des pluies c'est encore plus impressionnant. Même la capitale est de cette couleur (en partie, faut pas déconner non plus).

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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 14:03

Pour ma (seule) sortie à l'extérieur de Nairobi, ce fut direction le sud-est du pays, vers Rilima. Sur la route, nous nous sommes arrêtés à Nyamata, l'un des grands mémoriaux concernant le génocide. En avril 1994, des milliers de personnes se sont réfugiées dans l'église catholique de la ville, croyant que cela arrêterait les tueurs. Au final, plus de 10 000 personnes sont décédées dans et aux environs de l'église. A votre entrée dans le lieu saint, vous trouvez des bancs couverts par les vêtements des défunts. Et à l'extérieur de l'église vous entrez concrètement dans les tombes. Sensation étrange.
Nyamata-memorial-genocide-eglise-church-genocide.jpgLes filles que je connais ici m'en avaient beaucoup parlé. Elles m'avaient prévenu. Du coup j'étais prêt à voir le pire. Au final j'ai trouvé le mémorial du génocide plus intéressant, en tout cas plus informatif (ce n'est pas difficile, à Nyamata vous n'avez aucune information).

Changement de décor, changement d'ambiance avec les lacs autour de Rilima. Nous y sommes allés en moto (mais la mode ici c'est les vélos-taxi ! Cependant, pour 18 km, c'est un peu lent...) sur une magnifique piste. A travers les villages je me suis pris pour Jacques Chirac, le bras en l'air, la main qui fait gauche-droite : salut le Rwanda ! Et les Rwandais criaient : « Muzungu ! Muzungu ! » et faisaient des grands signes. Oui, au Rwanda, tu es blanc, donc tu es une star.
Rilima (5)Les stars nous étions également lors de notre marche vers les lacs. Là ce sont les enfants qui nous ont pris en chasse. Nous en avions toujours au moins un derrière nous, mais ça montait parfois à 10 ! Certains réclament des bonbons, d'autres veulent simplement faire des photos avec nous. Ça tombe plutôt bien, d'ordinaire je n'ose pas prendre en photos les locaux ! Mais s'ils réclament !
Rilima (2)Rilima (18)Nous traversons des villages, voyons les conditions de vie des locaux. Puis ce sont les lacs, couverts par les pêcheurs en pirogue. L'image est magnifique.Rilima (10)Rilima (13)Rilima (22)Ce séjour fut clairement mon top du Rwanda. Plus de photos ici

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26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 08:19

Depuis mon arrivée en Afrique c'est quelque chose à quoi je me suis habitué. Petit à petit. Je parle des domestiques.Personnel-de-maison--domestique--employe-de-maison.jpg

La sensation est cependant étrange. En ce moment-même, je vous écris, et Pascal nettoie mes vêtements. Oui, ça fait bizarre. Au départ je n'osais pas trop donner mes vêtements. De même je faisais la vaisselle. Et puis l'employée de maison n'était pas satisfaite : c'était son travail, et si je le faisais à sa place, elle n'avait plus de raison d'être ici. Et comme travail dit salaire...

 

Alors je m'y suis fait. Que ce soit au Kenya ou au Rwanda je n'ai pas eu besoin de nettoyer mes vêtements. Quelqu'un nettoie ma chambre, fait mon lit, cuisine pour moi, fait la vaisselle. Pas tous les jours : 3 fois par semaine au Kenya, 2 fois au Rwanda. Mais c'est grandement suffisant.

De même, lorsque je suis en soirée chez quelqu'un, je ne m'étonne plus de voir arriver un employé me servir mon jus d'orange. Bon, c'était particulièrement gênant lors d'une soirée au sein de la communauté belge, où nous autres, Occidentaux, nous faisions servir par des domestiques locaux. Un étrange air de colonisation.


Mais le fait de côtoyer les employés de maison m'a permis d'en savoir un peu plus sur le pays, sur sa culture. Ici Pascal est congolais. Il cuisine des plats typiques, il évoque la situation inhérente à l'est de la République Démocratique du Congo. Pascal est un petit livre d'histoire à lui tout seul : il a vu arriver les réfugiés rwandais à Goma et Bukavu en 1994. Il regarde cette période avec positivisme, se souvenant d'une période bénéfique pour les affaires. Et il évoque aussi les guerres, qui ravagent depuis 20 ans sa région natale, où sa femme et ses enfants vivent toujours. Pascal est venu travailler ici pour empocher un meilleur salaire que ce qu'il peut obtenir en RDC. Mais il préférerait travailler pour des Français qui « payent mieux ». Ou alors pour les Américains « mais il faut apprendre l'anglais ». Les Belges sont cependant "très gentils". Pascal observe le Rwanda avec un œil congolais, toujours quelque peu méfiant, surtout envers le président Kagamé. Il évoque aussi sa famille, et surtout son fils, qui va épouser une fille cet été. Le mariage a été accéléré, car la demoiselle est déjà enceinte. Faire cela avant le mariage, un péché pour Pascal, très croyant et plutôt conservateur. En plus son fils n'a pas encore de travail. La dot est donc très importante pour lui (les dots se font encore en animaux dans l'est de la RDC). Ce conservatisme dans ses pensées se reflète dans sa situation professionnelle : pour lui il est tout à fait normal de travailler comme employé de maison. Et il n'imagine pas faire autre chose. 
 

« La nourriture est prête ». « Merci Pascal, j'arrive ».

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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 11:36

Je partais un peu la fleur au fusil. Ma CS m'avait évoqué les lacs, des hippopotames, des crocodiles et un centre de santé. Une de ses amis travaille là-bas. C'est le déplacement idéal pour le week-end.

Et puis... la claque. Mais vraiment la grosse claque. Je suis arrivé dans un centre de chirurgie orthopédique pédiatrique et de réhabilitation, réservé aux enfants. En entrant dans les (jolis) bâtiments, je ne voyais pas encore ce qui allait m'arriver. Et puis nous avons franchi une porte et je les ai vus. Il y a 13 petits-enfants et une cinquantaine d'adolescents. Certains sont là depuis plusieurs mois, d'autres sont arrivés le matin même. Tous souffrent de problèmes de santé, certains sont atteints plus gravement que d'autres.
Centre de santé Rilima (7)Voir un môme de 3 ans incapable de marcher à cause de pied-bot. 11 enfants de 4 à 7 ans dans des fauteuils-roulants. Certains ne sont pas capables d'avaler leur nourriture.Centre de santé Rilima (12)

Les premières minutes étaient à la limite du supportable. Je détournais le regard, j'en avais mal pour eux. Les handicapés mentaux ont tendance à venir vers moi, bredouillent quelque chose en kinyarwanda. Je me sens oppressé, je me sens mal.
Centre de santé Rilima (11)Et puis... et puis après plusieurs minutes je me suis petit à petit adapté. Je suis allé vers les adolescents, tout contents d'avoir un partenaire pour le baby-foot. Alors je suis resté là, à jouer de multiples parties avec eux. Ils n'en demandaient pas plus. Beaucoup ont des problèmes au niveau des jambes et des pieds, cela ne se ressent pas devant un baby-foot.
Centre de santé Rilima (8)Après le dîner ce fut le temps de la musique. Et ils étaient tous là, le long d'un mur, à entonner des chants rwandais. Ils suivaient le rythme du djembé, frappaient des mains en chœur et en cadence, chantaient à tue-tête les refrains. Et moi, au milieu de tout ça. Ils m'ont poussé au centre, et je me suis mis à danser. Et ils dansaient avec moi. A ce moment-là ce n'était plus pour moi des handicapés, juste des partenaires de danse.Centre de santé Rilima (4)Centre de santé Rilima (5)Le soir même j'ai compris : ils réussissent chaque jour à faire fi de leur handicap pour vivre avec passion devant un baby-foot ou au son du djembé. Putain de leçon.


Le lendemain, après leur messe, ils sont revenus vers nous. Et je suis reparti devant le baby-foot. Ils étaient tout sourires (plus de photos ici). Encore plus quand nous sommes arrivés avec les bonbons que nous leur avions achetés. Car ça reste des mômes. Des mômes à qui la vie n'a pas forcément fait de cadeau.

Centre de santé Rilima (10)En repartant j'avoue avoir été ému. Je venais ici pour des lacs, je suis revenu avec une leçon de vie.Centre de santé Rilima (2)

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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 10:59

J'espère que vous n'avez pas faim avant de lire cet article, car cela risque fort d'empirer. Je vous emmène donc dans la nourriture locale, où les influences diverses ont apporté nombre de plats devenus nationaux.


Le midi, je suis un grand fan des buffets. Pour une somme assez modique (de 2 à 4 euros) vous pouvez remplir une assiette de ce que vous voulez. L'objectif étant de la remplir assez sans la faire déborder. 

Buffet

Sur la photo, vous pouvez voir derrière les spaghetti des haricots. C'est clairement le plat national rwandais. Vous pouvez en trouver partout. Personnellement je ne suis pas un grand fan. Mais les goûts et les couleurs...
 

Samoussa

Les samoussas. Là nous avons affaire à un plat que l'on retrouve dans plusieurs régions du monde. Originaire de la Perse, les samoussas ont conquis l'Inde mais également la Corne de l'Afrique. On en retrouve au Kenya et aussi au Rwanda. La recette est très facile : une pâte de blé qui enrobe une farce. Le plus typique ici c'est de la viande. Mais on en trouve aussi avec une farce de légumes. Un peu épicé, franchement bon et plutôt bourratif.

Banane plantainLes bananes plantains. Ce n'est pas exactement la même banane que l'on consomme en Europe, celle-ci étant plus riche en amidon et utilisée comme légume. On cuit la banane verte avec la peau (bouillie, grillée, frite) puis on enlève la peau et on mélange la banane à une sauce. Un de mes plats favoris ici. Très commun à l'Afrique subsaharienne.

Sombé

Le Sombé. Cette fois-ci nous avons affaire à un plat congolais. Ok, je l'avoue, ça ne semble pas très appétissant (quelle bouse de vache ?). Mais au goût ça reste correct. La recette : du bœuf cuit dans des feuilles de manioc. On mange cela avec du riz.

Racine de manioc

Les racines de manioc. Les fameuses, connues un peu partout en Afrique subsaharienne. Attention, il faut d'abord bouillir les racines ou vous serez empoisonnés ! Oui, dans les racines de manioc il y a du cyanure. Bon j'ai goûté, et c'est franchement sec. Pas mon plat favori.

 

Voilà pour le petit point culinaire. J'oublie les brochettes (de mouton notamment), les différents riz épicés, les avocats... mais c'est ce que j'ai trouvé de plus local pour le moment. Et bon appétit bien sûr !
Buffet 2 

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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 09:30

Quel pays africain a interdit les sachets en plastique pour mieux lutter contre la pollution ? Oui, c'est bien le Rwanda. Au point qu'il est également interdit d'en importer, et qu'à l'aéroport vous pouvez vous faire fouiller votre bagage pour trouver un sac en plastique !

La défense de l'environnement n'est pas une blague au Rwanda. Nous sommes dans un petit pays, très vert, et très peuplé. Les assauts contre les forêts ont été réguliers au cours du XXème siècle, surtout quand les réfugiés sont revenus au pays après 1994 et ont dû déboiser pour construire/se chauffer/se nourrir. La moitié des forêts a ainsi disparu au cours de la décennie 1990.
Depuis la décennie 2000, la courbe s'inverse. Tous les Rwandais ont dû planter leur arbre, et les enfants font de même à l'école (principalement des arbres fruitiers). Quand une entreprise s'installe sur un terrain, elle doit planter des arbres ou payer une amende. Aujourd'hui la forêt rwandaise recouvre 30% du territoire.
Kigali nature (1)A mon arrivée à Kigali j'ai été étonné par tant de verdure (surtout en comparaison avec Nairobi). Dans la maison où je loge j'ai le droit à un magnifique jardin, où les oiseaux s'en donnent à cœur joie. J'ai même réussi à en capturer une paire en photo.
Kigali nature (3)Kigali nature (4)Kigali nature (5)L'un des symboles de Kigali la verte, c'est le Mont Kigali. 1850 mètres d'altitude et une plongée dans la forêt rwandaise. Nous y avons effectué une randonnée de plusieurs heures, à travers tout d'abord la banlieue locale. Ici les maisons sont plus petites, moins solides, et parfois en mauvais état. Les habitants nous observent avec attention, se demandant ce que des « muzungu » peuvent bien faire dans ce coin paumé de la ville. Nous avons ensuite grimpé continuellement des pistes rougeâtres poussiéreuses, pour nous enfoncer dans la verdure locale. Quelques habitants grimpaient avec nous pour rejoindre un point d'eau. Nous sommes arrivés à la principale antenne de la ville, où un garde armé nous attendait : pas possible d'aller plus loin. Dommage pour le tour que nous envisagions de faire, on repart par la même route. Les enfants nous accompagnent quelque peu, au son d'un « good morning » amusant en cette fin d'après-midi. Nous nous retrouvons face à un club équestre, spécial « muzungu ». L’accueil est froid, nous ne restons pas et descendons pour aller manger un bout. Le match Rwanda-Algérie bat son plein, et le public est attentif (le match se soldera par une défaite pour les locaux), ce qui nous laisse un peu tranquilles pour notre repas. Le soleil se couche, Kigali la verte devient sombre.Mont Kigali (1)Mont Kigali (2)Mont Kigali (4) 

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