Très honnêtement, Saïgon a plus été pour nous une ville de fête qu’une ville de culture ou d’histoire. Nous avons visité la ville en deux heures, à peine le temps d’une marche dans le centre-ville. Le reste de notre temps fut consacré aux activités de Nguyet, notre couchsurfer locale, et notamment à un mariage (j’y reviens).
Entre Hanoï et Ho Chi Minh (Saïgon est seulement le quartier central de la ville, ainsi que l’ancien nom, mais depuis 1975 et la prise de la ville par l’armée du Nord, la cité a été renommée en l’honneur du père de l’indépendance) grande préférence pour la première au niveau du charme. Ho Chi Minh n’a pas de lacs, l’architecture est loin d’être grandiose, les abords de la rivière sont odorants… mais Ho Chi Minh est une ville d’histoire. Le palais de la réunification, celui qui fut assiégé par les manifestants et les troupes du Nord en 1975. Le musée de la guerre, de l’indépendance ou Ho Chi Minh. L’opéra, le vieux marché. Et partout les drapeaux communistes, partout les portraits d’Ho Chi Minh ou les expositions consacrées au rôle de l’armée et à sa bienfaisance.
L’influence française était plus présente au nord, seule la cathédrale Notre-Dame évoque la présence occidentale du siècle dernier.
L’avantage de couchsurfing, c’est des histoires qui ne peuvent pas arriver ailleurs. Tout d’abord la mère de Nguyet fut une excellente cuisinière. Secondement, Nguyet nous a emmenés à un enterrement de vie de garçon, à savoir celui de son voisin. A peine arrivés sur place que les regards se tournent sur nous : mais que font ces occidentaux ici ? On se le demande aussi, étant donné que la barrière de la langue nous empêche de communiquer avec le reste de l’assemblée, composée essentiellement d’hommes. Pour détendre l’atmosphère, plusieurs d’entre-eux viennent me voir pour me proposer un shot. Vous connaissez ma religion sans alcool, eux pas encore, mais après le vingtième refus ils ont commencé à comprendre. De ce fait ils se sont tournés vers ma partenaire. Le shot était particulièrement costaud, plus fort que de la vodka, et c’est en fait un alcool fait maison.
Puis on nous a envoyés sur l’estrade. Notre mission : chanter. Les Vietnamiens, comme tout Asiatique qui se respecte, sont fans de karaoké. On nous demande quelle chanson on veut. « Imagine » de John Lennon. Seul problème, la musique n’est pas incluse dans l’ordinateur, c’est un Vietnamien qui m’accompagne au piano. Il ne connaît pas l’air et joue sa propre mélodie. Imaginez chanter une chanson sur un air différent : c’est excessivement énervant. Bilan : j’ai assassiné John Lennon une seconde fois. Ma partenaire a enchaîné, avec un peu plus de succès il est vrai (quand on a deux parents musiciens et soi-même chanté dans un groupe, c’est tout de suite plus facile !).
Les Vietnamiens sont timides. Ce n’est pas moi qui le dit mais Nguyet. De ce fait, pour les rendre un peu moins timides, nous sommes toujours envoyés en premier sur la piste. Notre mission : danser et inviter d’autres personnes, qui ne peuvent pas refuser. Me voilà transformé en chauffeur de salle d’un enterrement de vie de garçon. Seul souci il n’y a que des mecs, et inviter des garçons à danser n’est pas trop dans mes habitudes. J’ai découvert la danse de la mobylette, en compagnie d’un homme assez âgé qui n’avait plus qu’une jambe, sautillant sur celle-ci à un rythme effréné et remuant les mains à la manière d’un chauffeur de moto en pleine accélération.
J’ai aussi découvert que les Vietnamiens, une fois la glace brisée, sont très vite tes amis. Et vas-y qu’on m’embrasse sur la joue, qu’on me tient la main (hum, je deviens méfiant) et surtout que le marié nous invite au mariage, le lendemain.
Et nous voici en plein milieu d’un mariage vietnamien. Nous n’avons pas assisté à la cérémonie, nous sommes seulement arrivés en deuxième partie, la première étant consacrée aux personnes un peu plus âgées. Nous sommes attablés avec 8 filles (je pense que les filles et les garçons sont plus ou moins séparés, exception faite de ma partenaire et moi). Une centaine de personnes prennent part au repas, qui se déroule à un rythme effréné. Menu : rouleaux de printemps, crevettes grillées, poisson, poulet-riz, hot pot, gelée. En une heure c’était réglé. Place à la fête ! Et le premier envoyé sur la piste de danse, ne cherchez pas trop loin, oui bibi, qui doit exécuter la danse de la mobylette ! Un mélange de karaoké et de danse s’enchaîne, entre les canettes de bières et un coca-cola vietnamien absolument affreux. Malheureusement il n’y avait que ces deux choix là…alors à chaque reprise lorsque l’on veut me faire boire une bière, j’aspire un peu dans ma paille tout en la mordant. Toute la soirée j’ai officiellement bu le cola local, alors que mon verre n’a pas descendu (au contraire le niveau du cola montait à mesure qu’ils venaient me rajouter des glaçons ! A la fin je refusais, estimant que mon comportement allait finir par être démasqué !)
A notre départ c’est la séance photo, c’est tout juste si on ne doit pas poser avec l’ensemble du mariage ! Les mariés, logique. Des personnes qui parlaient anglais, sympa. Un bébé, bon, au point où on en est… (pas content le bébé en plus !)
Alors, même si je regrette un peu l’absence de musée et d’histoire à Saîgon, j’ai franchement adoré ces moments. Au sein de la culture vietnamienne, à danser et faire la fête, Ho Chi Minh restera pour moi la grande étape du Vietnam.