Non, je ne veux pas vous faire peur avec cet article ! Mais pour bien relater ce qui se passe ici, il faut parfois évoquer les sujets qui fâchent !
L'avion est presque devenu une routine pour moi. Je me souviens bien des premières fois, de ma fascination devant les champs de coton (nuages), de la petite pression au décollage et à l'atterrissage, de mes sourires béats quand je survolais les Alpes. Maintenant, j'avoue ne plus trop y faire attention, sauf circonstance exceptionnelle...
Il se trouve que mon vol fut agité. Pourtant je dormais bien, après avoir regardé un film moyen (Crazy, Stupid, Love, également dénommé : film de filles). Je commence à ressentir quelques turbulences. Oh, rien de bien grave, mais le pilote appuie sur son bouton : « mettez vos ceintures ». Je m'exécute. Le problème, c'est que les petites turbulences deviennent un peu plus grandes chaque seconde ! L'avion commence à secouer sévère, et des grands cris se font entendre. L'air de rien, entendre quelqu'un qui panique vous stresse toujours un peu. Mais c'est seulement quand l'hôtesse de l'air s'est littéralement jetée sur le siège à côté de moi que j'ai vraiment commencé à me demander si mon heure n'était pas venue. Parce que les passagers qui paniquent, c'est logique, mais l'hôtesse de l'air, habituée à de nombreux vols... ce n'est pas rassurant !
Bon, là vous vous dites : « s'il était mort dans un accident d'avion, il n'écrirait pas cet article ! ». En effet, c'est une histoire qui se finit bien puisque les trous d'air se sont peu à peu éloignés. Et me voici à l'aéroport de Nairobi.
Là, tout de suite, moment comique : panne d'électricité dans l'aéroport. Bon, il y a eu un gros incendie l'année dernière, et on est dans les bâtiments annexes de l'ancien aéroport. Mais ca n'explique pas tout ! Notamment mon moment visa.
Idée bête, je souhaite avoir un visa commun pour le Kenya, l'Ouganda et le Rwanda. C'est tout nouveau, ça a commencé début 2014, et ça doit beaucoup m'arranger pour mes voyages. Déjà, la tête de l'agent quand je lui demande vaut le détour. « Visa commun ? » « Oui oui, visa commun ». Je lui explique le truc, et là il se lève, et part avec mon passeport dans des bureaux au fond. J'attends.
10 minutes plus tard, j'attends toujours. Les gens dans la queue derrière moi se demandent bien qui je suis (terroriste ? Immigrant illégal ?) tandis que moi je garde un oeil attentif à mon fonctionnaire et surtout à mon passeport. Il revient, pose une question à tous les autres guichets, puis repart, sans plus d'explication. Nouvelle panne d'électricité dans l'aéroport. C'est folklorique. Le type revient finalement et me dit : « on n'a plus les papiers ». Administration bonjour. Je lui demande quelle solution j'ai, hormis celle de prendre un visa kényan. Il me dit « euhhhh ». « No solution ».
Et me voici avec un visa kényan. Du coup, conséquence directe, pas d'Ouganda pour moi. Je pensais faire le pays en bonus (avec le visa commun), mais ça a déjà sauté. Ce samedi, je m'envole directement pour Kigali, Rwanda. Bref, restent mes bagages. Du fait de la panne électrique, on ne sait pas quel tapis roulant il faut surveiller. Forcément, je choisis le mauvais. Qu'importe, je suis entré !
Ma semaine à Nairobi n'est pas des plus intéressantes à raconter : je suis dans mon bureau, j'étudie, je prépare mon déplacement rwandais, je revois mon directeur de thèse. Seules deux choses sont à signaler, car différentes des fois précédentes.
Tout d'abord, l'insécurité. Faut dire que je n'ai pas de chance : le lendemain de mon arrivée, bim boum, attentat sur la côte. 50 morts. Surlendemain, nouvelle attaque. Il y a quelques centaines de kilomètres d'ici à la côte nord-est, mais ça vous pose un peu le décor. Surtout, ça se ressent un peu partout en ville. Pourtant je suis déjà venu deux fois, et la première c'était juste avant les élections. C'était déjà tendu. Mais depuis les attentats de Westgate (qui ont fait la Une des journaux du monde entier pendant une semaine), on sent que Nairobi n'est pas sereine. Les habitants en parlent, les gens se font peur. On évoque le bruit d'une prochaine attaque sur les écoles de la capitale, on répète qu'il ne faut pas se déplacer seul. Et tous les gens autour de moi, les mêmes qui se déplaçaient sans trop de craintes il y a un an, font gaffe aujourd'hui. Beaucoup sont d'ailleurs contents de partir prochainement. Je le serai aussi ce samedi !
Enfin, il y a Couchsurfing. Oui, Couchsurfing en Afrique ! Je suis chez un Kényan et une Américaine. Ils sont en couple depuis 3 ans, et ont une petite fille : Sarah. Sarah, c'est mon réveil, vers 6h30 chaque matin. Une énergie débordante, une voix perçante (rappelez-vous Lara Fabian aux Guignols... c'est ça !) et des cochonneries à tout va ! Alors au choix : lancer de l'eau, jeter la nourriture un peu partout, faire pipi sur le divan (puis se jeter avec le short sale dans mon lit)... bref, on ne s'ennuie jamais avec cette petite métis de deux ans à peine. Sa mère est nutritionniste (et végétarienne) et son père est un ancien joueur de football professionnel kényan, qui s'occupe aujourd'hui d'une association dans un bidonville de Nairobi. Classe. Ça me change un peu des dernières fois (les garçons avec qui je trainais sont partis) mais ça me donne une autre vision de la vie et de la ville.
La suite au prochain épisode (des photos de la petite famille très bientôt si j'en ai l'occasion).