11 juillet 2019 4 11 /07 /juillet /2019 07:51

Dire qu'il y a deux ans j'ai hésité. La Guyane, en ai-je vraiment envie ? Le contexte était celui-là : je revenais de trois mois en Inde-Sri Lanka-Népal, et je voulais me poser quelque part. Alors, à quoi bon traverser l'Atlantique et me retrouver, à nouveau, loin de ma famille et de mes ami-e-s ? Et finalement le départ est devenu l'évidence.

 

Franchement, je n'ai jamais regretté mon choix. J'ai adoré la Guyane, j'ai aimé mon temps là-bas, j'ai été heureux pendant deux ans. Et je pense que beaucoup que j'ai côtoyé ont vécu cette région comme moi. Car au-delà d'une image déplorable en métropole (le mythe des moustiques-araignées-serpents à tous les coins de rue), tout est extraordinaire, que ce soit les paysages, les activités (une fusée qui décolle tout de même ou de la pirogue en pays amérindien, c'est fou!) ou la vie sauvage (que d'animaux ! Et dire que des singes venaient me saluer le matin quand je corrigeais mes copies). Je n'insiste pas là-dessus, j'ai assez écrit sur mes balades. Je n'évoquerai pas non plus la misère, tous les problèmes, et une métropole qui ne fait rien, même si je l'ai bien en tête. Non, aujourd'hui je veux évoquer le reste, de ceux qui ont fait mon bonheur.

 

Je commence forcément par ma colocation. Car j'ai trouvé là-bas, très vite, une deuxième famille. La solitude en Guyane ? Je ne l'ai pas connu. Et c'est grâce à eux. Tim naturellement, Julie, Lise, Jérémy, Margot pour la première équipe (comment ça j'ai oublié quelqu'un?!), Guillaume, Zoé, Maïté pour la seconde. Une colocation de cinq personnes, parfois six (coucou Rinio!), parfois plus avec les Couchsurfers ou la famille/les ami-e-s en visite. Une salle de bain, une petite cuisine. Une maison que j'ai découvert.... disons en mauvais état ! Et qui est devenue pour moi la maison du bonheur. J'ai passé une bonne partie de ma première année à bosser et mes instants de repos étaient avec eux, en leur compagnie, sur une terrasse qui est le lieu de vie principal. Des apéros pour Tim, des barbecues... pour Tim aussi ! Et des débats à n'en plus finir sur le féminisme au XXIème siècle (comment ça pour Tim aussi?!). J'ai rencontré des colocs engagés, plein de vie, plein de projets, plein d'amour. Des jeunes de mon âge arrivés comme moi, sans famille, sans ami-e, prêt-e à quitter tout ça pour découvrir et se découvrir. J'étais dans mon moule, l'intégration était trop facile. Et c'est comme ça à l'échelle de la ville. A peine arrivé que tu connais 100 personnes, et tu te retrouves à faire le marché comme Chirac à la veille d'une élection (« bonjour ça va » en serrant 50 paluches). SLM c'est petit, tout se sait, alors la colocation est devenu le lieu du partage des petits secrets, le lieu de divulgation des ragots, de la rumeur, et, parfois, des petites prises de têtes. C'est le jeu, c'est le caractère de chacun, et ça va très certainement me manquer si je me retrouve l'année prochain en solo dans un petit appartement (rien que de l'écrire je souffle).

La deuxième fournée de coloc arrivée à l'été, après un démarrage en fanfare (je ris bêtement), ce fut le temps du temps. Les cours sont prêts, allons-y pour créer une vie de coloc comme je la voulais. C'est beaucoup passé par la nourriture (à la fin ça s'équilibre de toute façon), et, aussi, par les voisins. Car cette année nous avons découvert les gamins du quartier, et tout a changé. Des petites têtes sont apparues autour de la terrasse, puis dans la piscine. Ce fut du plaisir pour eux, pour nous aussi. Francisco, Merlando, Ramona la chouchou etc. (je ne fais pas la liste, ils sont très nombreux!). C'est d'ailleurs à eux qu'on n'a rien dit, jusqu'au bout quasiment, sur notre départ. J'ai vu la tête de Babouch quand mes deux colocs expliquaient qu'ils allaient déménager. Moi, j'ai été lâche : « je pars en vacance ». Et on se retrouvera, un jour, Inch'Allah. Pas envie des pleurs.

 

En vérité, le plus compliqué fut surtout de dire au revoir aux élèves. Ceux que j'ai côtoyé pendant deux ans, à raison de 5h par semaine pour certains. Ils ont été formidables. Franchement, j'ai rien à leur reprocher, je devrais juste les féliciter. Et je leur ai dit d'ailleurs, merci pour tout, vous êtes géniaux, grâce à vous j'ai été heureux dans mon boulot pendant deux ans, je me sentais utile, ayant un impact sur le monde de demain, et vous allez tout casser au bac. Soyez heureux, je ne vous oublierai pas. Depuis, j'ai oublié 20 prénoms. Bon.

Au boulot j'ai aussi eu des collègues qui sont devenus des ami-e-s. Ce n'est pas toujours le cas, et je réalise la chance que j'ai eu. Des jeunes de mon âge (ce qui n'était pas du tout le cas dans mon précédent collège) avec qui j'ai fait la fête, voyagé, partagé. Augustin et Anaïs, Victor (et Marjo, comment ça tu ne travaillais pas avec nous?!), Pierre, François le mythe.

 

Et puis SLM ce sont les autres. De ceux que je n'ai pas encore cités une fois, mais que je croisais souvent, au détour d'une rue ou d'une rangée de Super U. Des visages, des sourires, et parfois un peu de vomi en fin de soirée (la personne saura se reconnaître). A SLM j'ai continué de vivre ma jeunesse éternelle, même si je répète de plus en plus que je suis vieux. La coloc voisine, les bargettes forcément, un gang de Paramaribo, quelques partenaires de rock, mes coéquipiers du foot, et les autres. Car le bonheur, c'est les autres.

 

Et pourtant, ce serait mentir de dire que ce départ m'a bouleversé, ou même ému. En vérité, ce fut très simple, presque une évidence. Je savais au fond de moi que je n'étais que de passage (nous le sommes tous d'une certaine façon!). Et c'est peut-être la force des au revoir/adieu régulier depuis 10 ans : ça me touche de moins en moins. Mon cœur se fane ? Peut-être. Mais je crois surtout en la vie. Les plus proches de ceux-là, je vais les revoir, certains dès cet été, d'autres au détour des routes, ou, par surprise, dans un autre Super U. C'est la vie. C'était ma vie guyanaise. Elle était belle. La suite le sera aussi, j'y crois.

 

A faire en Guyane

Décollage d'une fusée

Iles du Salut

Camp de la transportation

Chutes Voltaire et vieux Broussard

Nuit en carbet

Marais de Kaw

Descendre/remonter le Maroni en pirogue

Saül

Pondaison des tortues

Lac de Petit-Saut

 

Aller au Surinam

Aller au Brésil

Aller au Guyana

Deux ans de Guyane, le bilan
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22 juin 2019 6 22 /06 /juin /2019 23:42

Le plan était limpide : je récupère une pirogue à Saint-Laurent, direction Maripasoula. La remontée du Maroni devait me prendre une journée, deux en cas de souci. A Maripasoula je récupère un avion, et je pars au milieu de la Guyane, au coeur de la forêt amazonienne, Saül.
Mais (car il y a un mais), j'ai mal au ventre. Ca m'a pris jeudi après-midi, je vous passe les détails, je suis au bout de ma vie (comme chaque homme un peu enrhumé). Pour la pirogue c'est foutu. Maripasoula me passe à nouveau sous le nez. Saül ? Allez, ça va passer ! Je trouve par miracle un ticket d'avion et je débarque lundi après-midi.
L'avion en Guyane ? Vous imaginez une forêt. Sans fin. Eternelle. Un océan vert, un peu vallonné. Et, de temps à autre, un trou au milieu de la forêt.

Saül, la fable de l'aigle et du serpent

Ces trous, ce sont des sites d'orpaillage. La Guyane est malade de ses richesses naturelles, comme beaucoup d'autres pays (notamment en Afrique). Le sous-sol est aurifère, les rivières ont des pailettes d'or, et certains sont prêts à tout pour les attraper. Qui ? En Guyane, ce sont essentiellement des Brésiliens au début de la chaîne. Ce sont eux que l'on retrouve sur les sites, les fameux garimpeiros. Ils sont régulièrement pourchassés par les militaires français (opération Harpie), ils reviennent néanmoins à chaque fois. Les chantiers clandestins sont nombreux en Guyane, et le butin s'élève à des centaines de millions d'euros chaque année (entre 5 et 10 tonnes d'or, à titre comparatif, l'orpaillage légal c'est environ 1 tonne d'or...). En cadeau, du mercure, et des cours d'eau pollués... Les opérations militaires ont repoussé les orpailleurs un peu au loin de Saül, afin de ne pas décourager les touristes, mais la situation reste préoccupante dans toute la région... (le sujet mériterait beaucoup plus de recherches, mais ce n'est pas le thème du jour !).

Saül, la fable de l'aigle et du serpent
Saül, la fable de l'aigle et du serpent

Nous arrivons à Saül, je vois une piste au loin - la piste de secours je pense - quoi ? c'est la vraie piste ??! Mais attendez, la terre battue, c'est seulement pour du tennis, pas pour un avion ?! Quoi Roland Garros ??

Saül, la fable de l'aigle et du serpent
Saül, la fable de l'aigle et du serpent

Ca plante d'entrée un décor ! Saül est un village isolé : pas de route, pas de cours d'eau réellement emprunté. Le seul moyen de s'y rendre sans mettre une semaine : l'avion ! Tout arrive en avion, les touristes comme moi, les habitants qui doivent aller à Cayenne, le médecin qui est dans l'avion du lendemain pour sa visite mensuelle, la nourriture, les boissons, et autres qui débarquent dans l'avion cargo qui me suit. Pas de voiture, ici les gens se déplacent en quad ! Et encore, quand ils se déplacent...

Saül, la fable de l'aigle et du serpent

Car Saül, en plus d'être le premier roi d'Israël selon la Bible, est un petit village. Très petit ! 60 habitants à tout casser quand nous y sommes. Le village tient son nom d'un chercheur d'or originaire de l'île de Sainte-Lucie (une grosse partie de village a des origines à chercher là-bas). Au début du XXème siècle, en pleine fièvre de l'or, le village comptait plusieurs centaines d'habitants (plus de 400 encore en 1960).

Il reste aujourd'hui une église sympa (la seule à deux clochers en Guyane), une école (où l'instit a tous les niveaux), une mairie etc. Et, aussi, le bureau du parc amazonien de Guyane, le plus grand parc de l'Union Européenne, c'est d'ailleurs surtout pour ça que nous sommes ici : nous voulons voir la nature !

Saül, la fable de l'aigle et du serpent
Saül, la fable de l'aigle et du serpent

Quand je dis nous, ce n'est pas ma copine et moi (désolé les amateurs de croustillant !), mais mon collègue Augustin, son père et son cousin. Un peu la famille donc (le premier nommé étant un très bon copain, malgré un niveau plus que limite au football -il n'a pas Facebook je peux être honnête !).

Saül, la fable de l'aigle et du serpent

Au programme à Saül, des randonnées au nom évocateur : Belvédère, Gros arbres, Roche bateau, Mont la fumée, Grand boeuf mort... bon le dernier interpelle un peu ! Sur ces chemins, des points de vue, quelques vestiges d'orpaillage traditionnel, des polissoirs amérindiens, ça monte, ça descend et, sans surprise, il y a des arbres !

Saül, la fable de l'aigle et du serpent
Saül, la fable de l'aigle et du serpent

Mais quels arbres ! Des arbres tellement immenses que je n'arrive pas à vous les mettre en un seul morceau ! Des formes chelous, des racines hallucinantes.... la forêt guyanaise dans toute sa splendeur !

Saül, la fable de l'aigle et du serpent
Saül, la fable de l'aigle et du serpent

En plus des arbres il y a les criques (le nom guyanais pour n'importe quel petit cours d'eau). Des baignades pleines de fraîcheur dans un décor d'Eden.

Saül, la fable de l'aigle et du serpent
Saül, la fable de l'aigle et du serpent

Saül c'est aussi ses animaux. Mes premiers toucans, pas faciles à capturer avec l'appareil et les yeux, mais magnifiques à voir passer. Quelques oiseaux, une tortue dans une flaque d'eau, des papillons (allez le morpho, déploie tes ailes !)... et, roulements de tambours... le truc le plus fou !

Saül, la fable de l'aigle et du serpent
Saül, la fable de l'aigle et du serpent
Saül, la fable de l'aigle et du serpent

Je vous présente un drymoluber dichrous (également appelé couresse sévère) et un aigle blanc !

Saül, la fable de l'aigle et du serpent

Que s'est-il passé ? Connaissez-vous le rat et l'huître de Jean de la Fontaine ? Peut-être pas tous. Mais je suis sûr que vous connaissez sa morale. Car notre aigle blanc est un amateur de serpents... et il aperçut une couresse sévère. Celle-ci (ou celui-ci ?) se baladait tranquillement sur le chemin. L'aigle blanc se jetta sur sa proie, mais il eut apparemment un peu trop confiance en lui, et sous-estima son adversaire. Par un ippon à la Teddy Riner, la couresse blanc retourna l'aigle blanc et lui fit un manoeuvre d'étouffement. Et tel est pris qui croyait prendre...

Saül, la fable de l'aigle et du serpent

Notre photo a fait jaser jusque dans les bureaux du parc amazonien, ils étaient tous sur le cul ! (et un vrai débat a eu lieu pour savoir c'était quoi l'oiseau). A titre personnel, j'ai eu l'impression d'être au milieu d'un des documentaires animaliers de France 5 sur lequel tu tombes quand tu rouilles dans le canapé un dimanche après-midi pluvieux.


Bref, deux jours de pleine nature à Saül que je recommande à tous ceux qui souhaitent du calme et du temps pour réfléchir, penser, lire, écrire etc.

Saül, la fable de l'aigle et du serpent
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16 juin 2019 7 16 /06 /juin /2019 19:59

Il y a des pays dont nous ne savons rien. Prenez en Europe la Moldavie par exemple. Un point sur la carte, un drapeau, une équipe pas terrible lors des éliminatoires de la Coupe du Monde de football. Qui habite là-bas ? A-t-on déjà rencontré un Moldave ? Qui est le premier ministre ? C'est quoi l'histoire ? C'est connu pour quelque chose ? Pour la plupart d'entre nous, il n'y a pas de réponse à ces questions. C'est l'inconnu. Le Guyana, en Amérique du Sud, c'est la même chose. Déjà, les gens confondent la Guyane et le Guyana. La Guyane est une région française, le Guyana est un pays indépendant. Qu'est-ce qui s'y passe ? Même en Guyane on ne sait pas ! Il y a bien des rumeurs "Georgetown est dangereux", "faut faire attention" etc. Mais c'est souvent des "on dit". 5 jours devant nous. Allez, en route !

Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange

Clairement, ça fait un peu expédition. Nous traversons le Maroni en pirogue pour rejoindre le Surinam. 2 heures 30 de route pour arriver à Paramaribo. Le temps de se recharger en sushis et de perdre quelques dollars au casino... La suite, c'est 5h de route à travers les canaux et les polders du nord du Surinam... sacrés Néerlandais ! Ils voient de l'eau, ils font des canaux ! (enfin ce sont surtout les esclaves qui les ont faits...).  Nous arrivons à la frontière, Nickerie, où la douane est... fermée ! Bon, c'est embêtant. Nous apprenons également que le bateau qui fait la traversée ne fonctionne pas le jour même. Oups. On aurait peut-être du regarder avant ! Le lieu est bizarre, la douane, 4 maisons, et de la forêt. Mon collègue Augustin décide d'aller voir dans les maisons, il trouve les douaniers, l'un d'eux sort et vient faire nos tampons. Deux moments gênants : il me regarde et dit "on se connait !". Euhhhhhh. Il me montre un tampon sur le passeport de l'aéroport de Paramaribo, et me dit "c'est moi qui l'ai fait !". Apparemment je ne passe pas inaperçu au Surinam ! Deuxième moment gênant lorsqu'il nous glisse "vous auriez pas quelque chose pour que je puisse le donner à mon commandant, une bière peut-être ?" Euhhhhh. C'est un appel à la corruption ? Bon, il est un peu timide dans sa corruption, nous résistons. Les tampons sont faits. On reprend la route vers "nouveau Nickerie" (ils ne se font pas chier pour trouver le nom des lieux ici !). Et là c'est une nouvelle pirogue pour enfin entrer au Guyana, nous franchissons la rivière Corentyne (Corentyne c'est ça ?) et nous voici à Springlands !

Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange

Springlands et ses plages de rêve.

Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange

Springlands et sa douane moderne.

Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange

D'entrée nous avons une vision un peu apocalyptique du Guyana ! C'est le pays le moins développé d'Amérique du Sud si l'on regarde les statistiques. On est en plein dedans ! 3 heures de route de plus, on passe à côté de New-Amsterdam (aucun rapport avec New York) et on débarque enfin à Georgetown. Nous avons choisi un petit hôtel sans prétention...

Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange

Avec moi, mon coloc Tim, et mes deux collègues Pierre et Augustin. Un voyage entre mecs à travers le pays le plus connu du coin pour ses prostituées... Bon, on n'y est pas pour ça !
Direction le coeur de la ville avec le marché de Stabroeck (l'ancien nom de la capitale). Un bâtiment sympa vu de devant... l'arrière est plus défoncé.

Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange
Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange

Les petits marchés sont partout les mêmes dans le monde ? Non, clairement pas ! J'imagine par exemple très mal une vente de tortues sur un marché de Provence.

Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange

De façon générale les animaux ont un traitement très différent des normes européennes. Les chevaux sont utilisés comme engin de transport, les boeufs, les ânes, les chèvres et même un cochon traînent aux alentours ou sur la route ! Certains disent parfois que les chiens sont mieux traités que les hommes dans nos sociétés.... pas partout, clairement !

Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange

Le centre-ville de Georgetown est connu pour son architecture coloniale. Le parlement et la cour de justice sont des bons exemples.

Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange
Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange

Bon ça a l'air propre et bien entretenu... c'est plutôt des exceptions. Ainsi la mairie, avec fenêtres manquantes et fissures... les travaux devraient commencer prochainement ! (on parle quand même de la mairie de la capitale du pays)

Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange

Le musée national est une plongée dans le temps... au sens propre ! J'imaginais découvrir l'histoire du Guyana, l'épisode de la colonisation britannique après le départ des Hollandais, peut-être un peu d'histoire améridienne... et je me retrouve avec un musée qui date de la période coloniale ! Des vieilles cartes, des vieux panneaux, des trucs bien glauques qu'on n'ose plus faire aujourd'hui (pleins d'animaux empaillés, des foetus...) Hummm

Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange

Il faut être honnête, le Guyana est un pays étrange, et Georgetown est à son image. Pensez, plus de la moitié de la population du Guyana est originaire d'Inde. Etrange sensation que de se balader dans Georgetown et de reconnaître Bombay ! Comment est-ce possible ? Retour à la période coloniale...

Après avoir aboli l'esclavage en 1833, les Anglais mettent en place l'indenture, un statut de travailleur engagé : concrètement, des Indiens d'Inde sont recrutés et envoyés dans les colonies britanniques en Afrique et en Amérique. Pourquoi eux ? Ils sont plus dociles et respectueux de la discipline que les Africains, ils ont l'habitude de travailler sous la chaleur et dans cet environnement, et ils coûtent beaucoup, beaucoup, beaucoup moins cher que les Européens !

Cöté histoire, il y a également le temple du peuple ! Une secte créée par un révérend américain dans les années 1950 qui décide d'acheter des terres au Guyana et de faire déménager ses fidèles là-bas. En 1978, après avoir fait tuer un membre du congrès américain venu enquêter, le révérend oblige tous les fidèles à se suicider... 910 morts, principalement par empoisonnement au cyanure...

Bon, y'a pas que ça hein ! Mais c'est vrai que les informations sur le pays et sur la ville restent limitées malgré notre présence sur place. On va faire un peu la fête avec les locaux... dans l'aile d'un supermarché (avec de la musique qui rend sourd !), on regarde la finale de la Ligue des Champions dans un pub où on croise quelques Blancs, on se retrouve aussi dans un bouchon un peu fou, où un camion est en travers (on apprendra plus tard que le camion a tué une piétonne et que les habitants en colère ont mis le feu au camion !).

Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange

Qu'est-ce qu'on en retient de ce voyage ? C'est qu'importe la ville ou le pays, c'est toujours sympa de partir avec les copains. Alors nous avons fait la fête au retour à Paramaribo, Surinam et on est reparti à Saint-Laurent du Maroni, autres lieux de l'étrange. Allez, je finis avec le drapeau du Guyana, comme ça vous l'aurez vu !

Le Guyana, des Indiens d'Inde au pays de l'étrange
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13 mai 2019 1 13 /05 /mai /2019 20:36

Il y a des questions qui fâchent. Des mots aussi. La Guyane était une colonie française jusqu'à la seconde guerre mondiale. Elle est ensuite devenue, le 1er janvier 1947, un département français. Ce fut le sort réservé aux « vieilles colonies », avec la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion. Un choix pour elles ? Mieux, une demande ! Les députés de ces territoires réclamaient, comme apparemment une partie de la population, le droit à devenir des « vrais » Français, avec tout ce que cela impliquait. Ainsi, Gaston Monnerville, le député de la Guyane, futur président du Sénat. Ainsi Eugénie Tell-Eboué, femme de Félix Eboué (présent au Panthéon pour avoir été l'un des premiers à rejoindre de Gaulle et la France libre), députée de la Guadeloupe. Ainsi, Aimé Césaire, l'immense écrivain fondateur du courant de la négritude, député de la Martinique. On parle ici de monuments, des hommes et des femmes qui ont marqué leur territoire, et qui ont souhaité la départementalisation. Quelques voix se faisaient également entendre, comme celle de Léon Gontran-Damas, expliquant que l'égalité politique n'apporterait pas l'égalité économique. En métropole, ce n'était pas l'enthousiasme... c'est que la départementalisation de ces colonies allait coûter cher ! En cette période de reconstruction où chaque franc comptait, le ministre des Outre-Mer insistait sur le prix. En Outre-Mer on rappelait le prix du sang, payé par les soldats lors des deux guerres mondiales. On méritait le citoyenneté, on méritait de devenir des vrais Français. Et ainsi les quatre « vieilles colonies » sont devenues des départements.

 

70 ans plus tard. C'est surprenant d'arriver en Amérique du Sud, de traverser un océan, d'effectuer 7 000 kilomètres, et de se retrouver en « France ». J'utilise les guillemets, est-ce que je devrais ? Je ne le sais pas. C'est étrange tout de même d'être en Amazonie française, d'être frontalier du Surinam et du Brésil, de retrouver la Poste et la Caf à des coins de rue, tandis que les singes sauvages vadrouillent au loin. La France a gardé certaines de ses anciennes colonies, les a transformées. Vu de l'étranger, c'est stupéfiant. Les Britanniques ont bien gardé quelques îles dans les Caraïbes, 260 000 habitants aujourd'hui entre les Bermudes, les îles Caïmans, Gibraltar... (comment ça, tous des paradis fiscaux??!). Les Néerlandais ont conservé des îles caribéennes : Aruba, Curaçao, une partie de Saint-Martin, 310 000 habitants, mais avec une grosse autonomie. La France ? 2,8 millions d'habitants, avec des îles dans le Pacifique, dans l'océan Indien, dans les Caraïbes et donc sur terre, avec la Guyane. Et certains territoires sont des départements, où chaque loi de France est censée être appliquée. Alors j'ai quelques copains étrangers qui appellent ça des colonies. Je les corrige : ce ne sont pas des colonies, les droits politiques sont les mêmes : le droit de vote, et de représentation ; il y a 27 députés d'Outre-Mer à l'Assemblée Nationale, et 21 Sénateurs. Aujourd'hui, on a les mêmes droits à Cayenne ou à Paris. Et, en effet, le droit d'être soigné existe bien dans les deux. La Sécurité Sociale a été mise en place dès 1947. Mais, étonnamment, les droits économiques et sociaux sont parfois plus longs à arriver. Les allocations familiales ont été alignées sur la métropole en 1993 (elles sont arrivées en 1932 en France), l'assurance chômage établie en 1980 (au lieu de 1958), et l'égalité du salaire minimum en 1996... Un territoire de seconde zone, la Guyane ?

 

Il faut être franc : si l'égalité politique est permise avec le changement de statut, il n'en est pas de même pour l'égalité économique. La Guyane est pauvre, et ses quelques richesses sont détenues par une minorité. « Mais c'est pareil en France ?! ». Non, c'est pire. Le taux de chômage est deux fois plus élevé qu'en métropole. 30% des Guyanais vivent sous le seuil de pauvreté, établi à 420€ par mois (quand il est établi en 1015 euros dans l'Hexagone!). Dans le même temps, ceux qui payaient l'ISF en Guyane étaient... les plus riches de France en moyenne ! (2,6 millions d'euros de patrimoine, essentiellement foncier). Cayenne était numéro 3 en valeur moyenne de l'ISF. Comment en est-on arrivé là ? Qui détient ces terres ? Pourquoi l'Etat, propriétaire de 93% des terres de Guyane, n'a-t-il pas laissé comme dans les autres départements décolonisés leur gestion à la région ? Car c'est l'image d'une colonie qui est envoyée : une extrême minorité de riches très très riches, possédant tout, ou presque, et la grande majorité de pauvres, très très pauvres.

A côté de ceux-là, comme au temps de la colonisation, il y a l'administration. Les fonctionnaires. Nous. Moi. Ceux qui font tourner la région, alors que le secteur privé est presque inexistant. Surpayés, grâce à un bonus de 40% par mois. Une classe moyenne plutôt riche au regard de ceux qui nous entourent.

 

Au-delà d'une injustice économique, miroir à peine déformant du temps de la colonie, il y a la question de la colonisation des esprits. J'en suis un acteur central, je suis enseignant. C'est moi, parmi d'autres, qui éduque la jeunesse guyanaise. Je leur évoque l'histoire mondiale, l'histoire européenne et française, l'histoire de l'Amérique du Sud, l'histoire locale aussi. Le programme est adapté, ainsi j'ai évoqué la colonisation et la décolonisation de la Guyane. J'ai lancé cette question un peu taboue de l'indépendance. Clairement, ça n'a pas pris. Les contre-exemples du Guyana et du Surinam voisins n'enthousiasment pas les foules et c'est compréhensible (respectivement pays le plus pauvre du continent, et pays sortant d'une guerre civile). La France, on y voit les intérêts. Le social revient souvent, l'éducation justement, la santé, et tout de même des libertés. Mes élèves se sentent Français, et ils ont vibré comme moi lors de la dernière coupe du monde. Ils suivent les gilets jaunes avec curiosité, ils parlent de Macron plus que lui ne parle de la Guyane. C'est ainsi. Je leur inculque des idées qui me semblent universelles, la liberté, l'égalité, la justice. Est-ce là imposer une vision occidentale ? Peut-être un peu. Pour le meilleur je l'espère. J'entends aussi d'autres discours, notamment chez les collègues. La question de l'eugénisme revient souvent : ne faut-il pas que les Guyanais arrêtent de faire autant d'enfants ? « Ils ne vont jamais réussir à se développer dans ces conditions ». Des discours à la chinoise reviennent, maximum deux enfants, trois pour les plus généreux (on est à plus de cinq à Saint-Laurent du Maroni). Les discours sont conservateurs, pour ne pas dire réactionnaires. Quand tu commences à vouloir déposséder les femmes de leur corps, quand tu veux légiférer sur ce qui se passe dans la chambre à coucher, tu te rapproches doucement du temps des colonies. Les discours sont parfois sévères : les élèves ne peuvent pas apprendre ça, car c'est trop difficile pour eux (mais ça ne le serait pas en métropole). Et quand certains demandent plus d'autonomie, voire l'indépendance, les discours sont enflammés : comment osent-ils ? Quand on va partir, ce sera foutu pour eux. Tant pis pour eux. Bien fait ! Ils ne se rendent pas compte de la chance qu'ils ont de nous avoir.

 

Hum. Pas sûr. Disons que c'est très compliqué. Les Guyanais d'aujourd'hui sont majoritairement des descendants d'anciens esclaves, quand les fonctionnaires sont majoritairement des blancs, européens, venant des pays qui ont colonisé. Forcément le rapport est particulier. Quand je fais cours à 28 noirs devant moi, 28 Français, que je considère comme tels, que je leur évoque l'esclavage, j'utilise parfois le nous, et le vous. Vous, descendants d'esclaves. Nous, européens, esclavagistes. Pas à titre personnel, je le rappelle (mes ancêtres étaient majoritairement des pauvres paysans), mais au niveau collectif.

La question de la langue est aussi très importante. Je fais mes cours en français, quand la majorité de mes élèves ne parle pas français à la maison. J'impose ma langue, j'impose de fait certains concepts. Il y a une multitude de langues en Guyane, à Saint-Laurent c'est encore plus compliqué, et le français est la langue officielle, qui fait s'entendre amérindiens, hmongs, djukas, bonis ou haïtiens. Est-ce là une sorte de colonisation par le langage ?

 

Bien sûr, tout ceci n'est que mon opinion, et je ne prétends pas donner la vérité. Juste poser quelques questions, et des pistes de réponses, très incomplètes. Et lorsqu'on me demande si je suis un acteur de la colonisation, je hausse les épaules, et je réponds simplement que c'est une bonne question.

 

Suis-je un acteur d'une nouvelle colonisation de la Guyane ?
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9 avril 2019 2 09 /04 /avril /2019 13:36

Tribunal de Saint-Laurent du Maroni, mercredi matin. Un jeune homme est accusé d'avoir transporté 1,8 kg de cocaïne. Il est arrêté à l'aéroport de Cayenne, alors qu'il partait vers la métropole. Originaire du Surinam, il risque 10 ans de prison pour un voyage qui devait lui rapporter 10 000€. La valeur marchande de sa cocaïne est estimée à 76 700€.

Deuxième affaire. Un jeune homme, 1,1 kg de cocaïne. Soit 120 boulettes qu'il a ingurgitées.

Troisième affaire. Une femme, sans emploi, a ingurgité 4,320 kg de cocaïne. Menacée par quelqu'un, auprès de qui elle était endettée, elle aurait réussi, grâce à ce voyage, à éponger sa dette de 8 000€. La valeur estimée de sa cargaison est de 175 260€.

Quatrième affaire. Une femme, sans emploi. Elle est mère de 8 enfants. Son bébé de 6 mois est à l'hôpital militaire de Paris. Elle voulait le voir. Elle n'avait pas l'argent pour le rejoindre. Elle transportait 1,6 kg de cocaïne dans son corps. C'est son second voyage, la première fois, elle n'avait pas été payée.

Misère sociale. Argent facile. Envie de société de consommation. Prise de risque. Les mules, en Guyane, sont un phénomène de société. 500 personnes ont été arrêtées en 2018 aux aéroports de Cayenne et de Paris-Orly. Un chiffre en expansion, qui ne reflète qu'une partie de la réalité : les douaniers estiment qu'une dizaine de mules seraient présentes dans chaque avion quittant la Guyane pour la métropole. Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, quasiment un tiers du marché français de cocaïne vient de Guyane. Comment en est-on arrivé là ?

Saint-Laurent du Maroni (3/3), narco-city

Le Surinam, de l'autre côté du fleuve Maroni (juste au fond sur la photo ci-dessus), est un narco-Etat. Depuis les années 1990, un trafic de très grande intensité existe avec la Colombie, le Surinam envoyant des armes au cartel de Cali, quand celui-ci envoie la cocaïne au Surinam. Ce trafic se fait par les airs, avec des pistes d'atterrissage en pleine forêt amazonienne. C'est un trafic d'Etat, littéralement : le président du Surinam Desi Bouterse a été condamné pour trafic de drogue par le tribunal de la Haye (mais il est aujourd'hui encore le président en exercice....) tandis que son fils est en prison aux Etats-Unis pour la même chose. Le principal opposant politique, Ronnie Brunswijk, a été condamné par contumace pour trafic de drogue... La cocaïne corrompt l'économie du Surinam, et touche l'Europe : 60% de la cocaïne qui arrive au port de Rotterdam, l'un des plus grands centres de distribution d'Europe, provenait du Surinam.

Les deux "opposants"

Les deux "opposants"

Le Suri-cartel étant sous le feux des projecteurs, et, dans le même temps, Saint-Laurent du Maroni ayant un taux de chômage de 60% (85% pour les moins de 25 ans).... la rencontre s'est révélée inévitable.

Si le nombre de mules augmente, c'est aussi que la consommation française de cocaïne augmente. Il y a quinze ans, j'aurais été surpris de rencontrer quelqu'un ayant consommé de la cocaïne dans sa vie. Aujourd'hui, j'en connais plusieurs, et ça ne me surprend plus. La cocaïne est tendance, 1,6% d'usagers en 2017 contre 1,1% en 2014, multiplication des saisies par deux en dix ans, tandis que le nombre d'intoxications a été multiplié par six depuis 2010. Oui, petit rappel, la drogue, c'est de la merde. Pour celui qui en consomme. Pour celui qui la transporte aussi. En février 2017, une mère de famille de 35 ans voyage avec son fils sur la ligne Cayenne-Paris. Elle convulse. Un médecin la prend en charge. Elle meurt par overdose, une des boulettes s'est déchirée dans son ventre. Devant son fils. La drogue c'est aussi de la merde pour les pays producteurs (je ne reviens pas sur les guerres en Colombie et au Mexique, vous connaissez Pablo Escobar et El Chapo).

 

Alors, à Saint-Laurent du Maroni, on fait de la prévention. Dans mon lycée, on rappelle tous les mauvais côtés (risque pour la santé, risque judiciaire). Dans le même temps, j'ai des collègues... qui consomment de la cocaïne en soirée. Des infirmières aussi. Des médecins. En fait, beaucoup de monde. C'est quelque chose que j'ai du mal à comprendre. C'est la première fois que je vois autant de personnes consommer de la cocaïne. Et l'assumer. Ils ont l'impression que les lois ne sont pas les mêmes. On sniffe, on boit. On reprend même le volant. "C'est la Guyane". Ce n'est pas si grave. Quelques grammes, tellement pas cher en plus (10€ le gramme, 3€ au Surinam, quand tu l'achètes 80€ en métropole!).

 

C'est la demande qui crée l'offre. C'est une règle économique, quand il n'y a plus de demande, il n'y a plus d'offre, l'inverse n'étant pas vrai. Quel rôle jouons-nous dans le trafic de drogue ? Dans les guerres colombiennes ? Quel rôle avons-nous lorsque des gamins deviennent des mules ? Quand je dis « nous », je veux dire « les métros », ceux qui arrivent ici, en Guyane, grassement payés, et déterminés à en profiter. Nous sommes les consommateurs principaux. Nous sommes cette narco-city. J'aurai certainement des collègues qui vont lire cet article, j'aurai certainement des copains et copines qui vont se reconnaître. Je vous jette un peu la pierre, j'avoue, et j'assume.

Saint-Laurent du Maroni (3/3), narco-city

[on pourrait bien sûr avoir un gros débat sur ce sujet, évoquer l'échec des politiques répressives menées à tous les niveaux (français ou mondial), se poser la question de la légalisation, etc.]

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1 avril 2019 1 01 /04 /avril /2019 21:42

J'aime bien quand les gens viennent me voir. Oui, ceci est un message à tous, vous êtes les bienvenu(e)s en Guyane, et vous ne le regretterez pas. Car cette région de France en Amérique du Sud est bien plus que des moustiques, des araignées et de la pluie. C'est même parfois bien son contraire ! Prenez ma sœur et son copain : arrivés pour dix jours, c'est tout juste s'ils ont vu de la pluie ! De la chaleur, du soleil, oui ! Crème solaire obligatoire ! Surtout sur les marais de Kaw.

 

C'était la dernière chose que je voulais absolument faire ici. Une réserve naturelle à l'est de Cayenne, des marais dont on nous avait dit le plus grand bien. Avant cette visite, nous nous arrêtons sur le sentier des coqs de roche. Là, une drôle d'espèce d'oiseaux y vit : les coqs de roche, un oiseau à crête, la femme est marron-noire et le mâle... rouge ! Et quel rouge ! Tellement beau qu'il le sait lui-même, et drague les femelles grâce à son plumage ! Il laisse une plume devant elle pour lui montrer sa belle valeur ! Nous avons de la chance, car nous apercevons une femelle, puis un mâle.

Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune
Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune

Quelques kilomètres plus loin, c'est le village de Kaw, assez connu par ceux qui regardent la série Guyane (c'est là où a été tournée la saison 1). Pas grand chose à y signaler, atmosphère bizarre, village très peu habité et totalement isolé par l'eau... on pourrait aussi y faire un film d'horreur !

Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune

Nous sommes dans une pirogue avec une dizaine de personnes. Et c'est parti pour la régalade grâce à notre guide, celui qui arrive à te voir un oiseau à 500 mètres sans jumelles, et à expliquer ce que c'est ! Impressionnant, surtout quand arrive le soir, et que nous recherchons les caïmans !

Le caïman, ce petit crocodile.... enfin, y'en a qui peuvent faire plusieurs mètres. J'ai par exemple eu un gros bébé à un mètre de moi, dans l'eau, et le guide avait beau répéter que c'est inoffensif, j'avoue que je n'étais pas serein. Lui, par contre, il est facile : il descend de la pirogue à pieds nus... et choppe un caïman avec ses mains ! WTF ! Il nous explique alors tout de leur vie, de leur fonctionnement, nous permet de la toucher etc. Sensation étrange, on se sent un peu mal pour le caïman, mais apparemment celui-ci ne semble pas si malheureux, c'est tout juste s'il se débat un peu de temps en temps : il reste parfois posé sur le ventre du guide, tel un bébé.

Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune

Parmi les autres bestioles, des poules d'eau, ou kien kien, plus jolies qu'à Saint-Omer, des zébus dans l'eau (et quand zébu, zé pu soif... ok, je sors), des petites tortues, et une famille de cabiaïs, le plus gros rongeur du monde ! Le tout dans un décor de moucou moucou, cette plante qu'on voit beaucoup beaucoup dans les marais. Un régal !

Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune
Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune
Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune
Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune
Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune

Au bagne des annamites, ce fut un régal de saïmiris, du nom de ce petit singe si mignon ! Avec quelques morphos (plus difficiles à capter avec l'objectif)

Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune

Dans les marais de Yiyi, un martin pêcheur et une poule d'eau bleue, tandis qu'un énorme rapace se pose à quelques mètres de nous.

Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune
Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune

Dans les îles du Salut, en plus des singes que Max a failli ramener avec lui, des beaux aras verts ou bleus se sont baladés dans les airs.

Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune

Enfin, et c'est pour finir en beauté, les pondaisons de tortues.... et elles étaient très nombreuses et au rendez-vous ! Bref, un régal.

Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune

En plus de ça, ils ont eu énormément de chance supplémentaire, car une fusée a été décalée rien que pour eux ! Et comme cette fois on regardait du bon côté (merci la nuit), ce fut un spectacle exceptionnel !

Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune
Sophie pas la guigne : safari sur l'eau et fusée au clair de Lune

[Bon Sophie la guigne est réapparue quand l'avion du retour a été annulé, puis le lendemain a eu deux heures de retard, puis l'alerte attentat au terminal à Paris...mais ça valait le coup!]

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6 février 2019 3 06 /02 /février /2019 18:27

Manifester est un droit. Comme celui de se mettre en grève. Avec mon coloc Tim, nous avons décidé ce mardi de suivre l'appel national à une mobilisation. Les suppressions de postes alors que nous avons plus d'élèves, c'est vraiment quelque chose qui nous paraît illogique. Ainsi, à 10h, nous avons rejoint le cortège. Et, pendant ce temps-là, quelqu'un arrivait chez nous...

 

Il est midi. Nous ne sommes même pas garés chez nous que les enfants des voisins se précipitent sur la voiture : « il y avait un voleur ! il y avait un voleur ». Tim, souriant, réplique quelque chose du genre : « vous l'avez fait fuir, j'espère ». On ne se rend pas compte dans les premières secondes, mais c'est que c'est sérieux ! Ils nous amènent vers notre porte arrière, que nous retrouvons ouverte. J'entre dans le salon. Mon premier regard est jeté sur le moteur du bateau que nous conservons chez nous. Il n'est plus là. Aïe. Tim a perdu le sourire arrivé dans sa chambre « oh la la mon ordi, oh la la ils ont tout pris ». De mon côté, je me dirige vers ma chambre. Fermée à clef. Comme toujours. J'ai un vieux TOC depuis que je suis arrivé, à écouter des histoires de cambriolages à droite à gauche. La chambre de Zoé a été retournée. Les deux autres ont eu du passage aussi, mais on ne se rend pas compte tout de suite. Car l'important, c'est l'action !

 

Les enfants nous font comprendre que c'est très récent, et qu'ils ont vu le voleur partir dans la forêt. Ni une, ni deux, on court avec Tim, chacun d'un côté des arbres. Un type avec un moteur de bateau 30 chevaux sur l'épaule, ça ne doit pas aller très vite, ni très loin. Surtout, ça ne doit pas passer inaperçu ! Je fais tout un tour. Tim aussi. Rien. J'ai juste le temps d'apercevoir une voiture de gendarmerie qui vient sur la piste derrière chez moi : je bondis dans la forêt, et je hèle « arrêtez-vous ! ». J'explique notre histoire. Ils reviendront vite et ouvrent l’œil. Chou-blanc donc.

 

Nous rentrons vers la maison. Les gendarmes débarquent. Nous observons un peu plus les dégâts. Merde, comment est-il rentré ? Les gendarmes observent la porte : « il n'y a pas eu d'effraction ». Tim pense secrètement qu'il n'a pas bien fermé la porte arrière, et s'en veut. Ca peut arriver à tout le monde. On est surpris de voir les ordinateurs de nos deux colocataires toujours là. Clairement, il a du faire vite. On fait le point sur ce qu'il manque, on voit une machette sortie de son étui (heureusement qu'on ne s'est pas retrouvé face à lui !). A ce moment-là, les voisins nous appellent. Une femme a vu quelque chose. On ne sait pas trop quoi, mais on se met à courir dans le quartier !

 

Quelques maisons plus loin, la dame nous montre... un moteur de bateau ! « Ce n'est pas le mien » qu'elle dit. Ca tombe bien, car ça ressemble au nôtre ! Il est au sol, à moitié recouvert. La cavalerie est avec nous, on trouve un blouson sur place qui doit appartenir au cambrioleur. Parfait pour les analyses ADN ! Les experts Guyane, c'est parti ! Nous poursuivons notre enquête. Une grande valise qui nous appartient est retrouvée dans la seconde maison, qui a été forcée. A l'intérieur, du matériel hi-fi, des outils etc. Toujours pas d'ordi, mais la grosse enceinte est aussi de retour (on n'avait même pas vu qu'elle avait été empruntée ! ). La dame est interrogée, elle était avec notre voisin à ce moment-là, et elle soupçonne l'ex-copain de sa sœur. On y reviendra.

 

Il manque toujours deux ordinateurs, un disque dur, un casque, une montre, quelques bijoux sans trop de valeur hormis sentimentale (mais n'est-ce pas là la vraie valeur des choses) etc. Ca fait chier. Les gendarmes finissent leur travail, prennent nos coordonnées, expliquent les démarches pour porter plainte... Les enfants des voisins expliquent ce qu'ils ont vu, un garçon, grand, 30 ans peut-être, avec une casquette sur la tête. La petite de 5 ans me raconte qu'elle lui a jeté des cailloux... ^^ Les gendarmes repartent. De mon côté, je repars dans la forêt, à la recherche d'éventuels indices. Je croise les voisins du lieu où on a retrouvé le moteur, le monsieur se plaint des voleurs. Je repars vers ma maison, je croise une voiture.

 

Une minute plus tard, les gens du quartier me font signe, et me désignent la voiture. Je cours. Je dis à Tim de me rejoindre. La voiture roule dans ma direction. Je suis au milieu du chemin. Je la fais s'arrêter. Nous nous faisons face. Tin tin tin tin tin, tin tin tin (c'est une imitation d'une musique d'un western de Sergio Leone, en mode duel!). Dans la voiture, deux hommes à l'avant. Ils m'observent. Je m'avance vers le conducteur, sans trop savoir ce que je fais, ni ce que je vais dire. « Bonjour messieurs ». « Bonjour ». Le passager a une casquette sur la tête. Plutôt costaud, du genre à pouvoir porter un moteur sur son dos. Bon, j'ai dit bonjour, qu'est-ce que je peux dire ensuite... « vous n'avez rien vu de bizarre dans le quartier ? ». « Non non ». Tim est là maintenant, mais la situation est la même : je ne suis pas un gendarme. Je voudrais bien fouiller la voiture, faire descendre les passagers, les questionner avec une lumière dans les yeux en mode « nous avons les moyens de vous faire parler ! », mais ce n'est pas possible. Et sans doute pas une bonne idée, étant donné que l'un des deux peut très bien avoir une machette ou autre chose sous son siège ! Je leur souhaite une « bonne journée ». Et je note la plaque.

 

Etait-ce eux ? Possible. Certainement même, car la voiture s'est arrêtée au niveau de la maison où le moteur de bateau était entreposé, ils sont descendus, et ils sont repartis aussi vite quand ils n'ont rien vu. Qu'est-ce que je peux prouver avec ça ? Pas grand chose. Nous en parlons aux gendarmes par téléphone, on leur donne le numéro de la plaque et l'adresse du monsieur que nous soupçonnons (car Saint-Laurent du Maroni est un grand village, tout le monde connaît tout le monde). Il faudrait avoir l'ADN... qui va être envoyé en métropole... bref, faudra pas être pressé ! En rentrant à la maison, Tim a finalement découvert par où il est rentré : une fenêtre de la cuisine a été forcée, elle est cassée. Du coup, pas besoin de s'en vouloir ! (et puis à quoi bon de toute façon).

 

Notre mardi est consacré aux conséquences du cambriolage : réparation de la fenêtre, dépôt de plainte, etc. Certains osent parfois comparer cet événement à un viol. Non, vraiment pas. Ca fait chier, il y a des pertes matérielles, sentimentales, mais ce n'est pas la même chose. Car, au commissariat, un gendarme arrivait pour une histoire glauque : deux mineurs violés. En comparaison, nous, tout va bien. On a juste une histoire de plus à raconter.

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4 février 2019 1 04 /02 /février /2019 11:53

Je sors de chez moi. Je traverse un petit morceau de forêt. Et me voici, trente secondes plus tard, dans un bidonville français.

Saint-Laurent du Maroni (2/3) : Un bidonville français

« On ne lance pas de fusée sur fond de bidonville ». En 1985, Mitterrand semblait découvrir, effaré, la situation sociale et sanitaire dans la ville de Kourou, lieu de prestige pour la France et l'Europe de par son programme spatial. Où en sommes-nous aujourd'hui, à 200 kilomètres de là, dans une ville française, ma ville, Saint-Laurent du Maroni ?

 

Les chiffres sont catastrophiques. L'INSEE me donne les chiffres de 2015 : 60% de chômage, 85% chez les moins de 25 ans ! Pourtant, il suffirait de traverser la rue... hum. Ca devrait être le branle-bas de combat, tout le monde sur le pont, les politiques mobilisés... enfin, ça devrait. Difficile dans ces conditions de motiver tous les élèves quant à leur avenir. J'essaie de rester honnête, de leur expliquer qu'avec un bac, ils ont toujours plus de chances de trouver un travail, que ce soit ici... ou plutôt ailleurs. Partir, rejoindre Cayenne, et surtout la métropole. Est-ce la seule solution ? Presque, car il reste la fonction publique (administration, santé, éducation), qui fournit 60% des emplois de la ville. Pour le reste ? Seulement 3 000 emplois, pour une ville qui comptait 44 000 habitants en 2015.

 

Si les chiffres sont alarmants, c'est que 56% de la population a moins de 20 ans ! Le taux de fécondité ? Plus de 5 enfants par femme ! Le plus élevé de toute l'Amérique du Sud (et hormis quelques pays africains, l'un des plus élevés du monde). Tous les enfants ne sont pas scolarisés (2%). Et, si la courbe continue ainsi, c'est 130 000 habitants qui peupleront la ville dans 10 ans. Comment est-ce possible ? C'est que Saint-Laurent du Maroni a une histoire particulière. La petite bourgade de 5 000 habitants en 1975 a vu sa population multipliée par 9 en 40 ans, conséquence des mouvements de population avec la guerre civile du Surinam (1986-1992). Près de 10 000 personnes se sont installées, et beaucoup ont choisi de rester. Ainsi, 38,5% de la population de SLM ne possède pas la nationalité française en 2015. Elle vient essentiellement du Surinam et d'Haïti, avec un peu de Brésil.

 

Derrière chez moi, c'est justement le « quartier haïtien ». Enfin, ce n'est pas comme ça que ses habitants l'appellent, on a entendu le terme « Sabla », ou « Chez bibi ». Nous autres, métropolitains, on appelle ça quartier haïtien. Qu'importe la terminologie, c'est un quartier qu'on ne peut pas manquer aujourd'hui, notamment avec son mur de boîtes aux lettres à son entrée. Il y a quinze ans, pourtant, ce quartier n'existait pas. Aujourd'hui, il y a des centaines de maisons. Se balader derrière chez moi, c'est entrer dans une plantation de tôles. Vous les connaissez, ces fameuses tôles ondulées, que l'on retrouve partout, sur les toits des hangars, dans les bidonvilles africains, et ici. Que se cache-t-il derrière ? A première vue, je voyais ça comme un immense bidonville, ressemblant à ceux que j'avais vus à Nairobi ou Bujumbura (en moins gros quand même, faut pas abuser). Dans les faits, derrière les tôles se cachent souvent... des vraies maisons. En dur. Et qui ont l'air plutôt jolies et bien faites en plus. En tout cas, c'est la sensation que j'ai eue. Mais l'apparence extérieure trompe parfois sur l'intérieur (ça marche aussi avec les humains!). Les chiffres sont clairs : 23% des logements de SLM n'ont pas l'électricité. 39% n'ont pas les WC et la douche à l'intérieur. L'INSEE appelle ces logements des « cases traditionnelles ». Jolie terminologie politiquement correcte. Dans les faits, ces cases traditionnelles ont doublé entre 2010 et 2015 (comme quoi, ce n'est pas une vieille tradition!). Et ainsi il existe aussi ici des bidonvilles.

Saint-Laurent du Maroni (2/3) : Un bidonville français
Saint-Laurent du Maroni (2/3) : Un bidonville français
Saint-Laurent du Maroni (2/3) : Un bidonville français
Saint-Laurent du Maroni (2/3) : Un bidonville français

Ce n'est pas le seul quartier. Colombie. En plus d'être un pays que j'ai visité il y a quelques mois, c'est aussi le nom d'un nouveau quartier dans la ville. Même chose que pour le quartier haïtien, ça n'existait pas il y a quinze ans, les gens se sont installés, ont construit des maisons, se sont raccordés d'une façon ou d'une autre à l'électricité. Les fils courent, tandis que les chemins sont gorgés d'eau. Le risque est là, et un incendie ou une électrocution ne sont pas loin.

Pour la mairie, pour l'Etat français, la situation est cornélienne : est-ce que l'on détruit ces habitations non-autorisées, non-déclarées ? Alors il faut reloger les habitants. Où ? Et on revient au point de départ : l'absence de logement en ville. Nous-autres, de métropole, on se plaint parfois de la difficulté de trouver un logement. Pourtant, avec nos salaires rondelets, ça reste assez facile (enfin, on est juste difficile). C'est une autre histoire quand vous arrivez d'un autre pays, ou que vous voulez bouger de chez vos parents à 23 ans, alors que vous êtes toujours sans-emploi.

 

L'espoir ? Il paraît que ça fait vivre. Oui, la jeunesse de cette ville est belle, oui, elle pourrait faire de grandes choses. Mais avec quels moyens ? L'avenir est sombre, et ça finira par péter, ça ne peut pas en être autrement. Quand je vois mes élèves sortir du quartier haïtien après avoir traversé des flaques qui ressemblent à des mares, rouler dans la latérite rouge parce que le goudron n'existe pas là-bas, ou quand j'observe un homme transporter des bidons sur sa tête pour aller chercher de l'eau à la crique, en FRANCE, dans un pays où des gens n'ont donc pas encore accès à l'eau potable, ça me révolte. Eux-aussi se révolteront, ce n'est qu'une question de temps.

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22 janvier 2019 2 22 /01 /janvier /2019 14:21

Les moustiques et les araignées. Quand tu arrives en Guyane, tu penses débarquer dans un endroit vert, humide, et avec plein d'animaux que tu n'avais pas vraiment envie de rencontrer. Alors oui, il y a des moustiques. Mais beaucoup moins que ce que j'imaginais. Oui, il y a des araignées. Mais peut-être moins que chez moi dans le Nord ! Certes, quand tu en rencontres une, notamment dans la forêt, tu te dis parfois « woh woh woh ! ». Les matoutous et les theraphosas, des beaux bébés !

Animaux de Guyane

Mais il y a aussi beaucoup d'autres animaux. Petit florilège animalier (pas de poissons, car le Maroni tire son nom de sa couleur!) :

Animaux de Guyane

Le petit jaune. Non, ce n'est pas de l'alcool ! Je pense que c'est le premier que j'ai vu : un kikiwi. Ils sont partout, dans mon jardin, ils se posent sur les fils électriques et bercent mes siestes. C'est mieux qu'un pigeon.

Animaux de Guyane

Les escargots. Des monstres ! Ils sont énormes, mais vraiment énormes, et ils bouffent tout ! Une carte du monde sur le mur, un papier qui traîne, et ils attaquent directement le compost ! Ils sont nombreux, peut-être trop (on m'a dit que c'était une espèce invasive, j'ignore si c'est vrai). A noter qu'une course d'escargots a été organisée chez nous, avec quatre participants. Le gagnant ? Le seul qui a franchi la ligne, les autres ayant décidé de partir à côté du circuit, ou en marche arrière !

Animaux de Guyane

Eux, c'est un petit bruit du soir. Pas désagréable, car ils ne sont pas très nombreux. Ou nombreuses ? Car j'avoue qu'entre les grenouilles et les crapauds, je confonds ! Là, c'est un beau spécimen juste à côté de la terrasse. Nous avons aussi une petite grenouille dans notre évier depuis plusieurs mois !

Animaux de Guyane

Je n'étais pas là. J'ai donc manqué ce cri ! Tim, face à un scorpion ! On pensait l'animal mort, au milieu de notre cuisine. Et puis, alors que mon coloc approche son téléphone pour la photo... le scorpion bouge ! Là, c'est un scorpion dangereux, à savoir qu'une piqûre vous emmène à l'hosto...

Animaux de Guyane

En parlant de vous emmener à l'hôpital, les serpents existent en Guyane, et ils peuvent être dangereux (le grage à carreaux a une sacrée réputation, je n'en ai pas encore rencontré). A Saint-Laurent du Maroni, ils sont présents dans les fossés, et aussi dès que tu mets un pied dans la forêt des Malgaches, à 200 mètres de chez moi. Pour le coup, j'ai simplement vu des serpents morts jusqu'à présent. Pas de peur donc !

Animaux de Guyane

Ils sont très nombreux : les lézards et les iguanes. Les premiers sont très sympas, car ils mangent les insectes, notamment les moustiques (j'aime les voir sur le plafond de ma chambre!). Les seconds, bien plus gros, ont une drôle d'allure !

Animaux de Guyane
Animaux de Guyane
Animaux de Guyane
Animaux de Guyane

Nos cousins les singes sont nombreux. De l'atèle que j'ai croisé à Maripasoula aux capucins qui viennent en groupe me saluer quand je prends le petit-déjeuner, ils sont en plus... un repas traditionnel ici (le choc quand j'ai vu mon voisin en cuire un au barbecue!). Je ne sais pas trop si c'est légal, mais je sais que ça ne me donne pas envie ! C'est mon cousin merde !

Pour finir avec mes photos (et celles de Tim, qui est devenu un grand fan et spécialiste reconnu!), les papillons. Ah, les papillons. Ici, c'est fantastique. Peut-être ce que je préfère, car il y a beaucoup de variétés, dans les couleurs, dans les formes... Il n'y a pas le plus connu, le morpho, bleu, magnifique, mais pas toujours facile à prendre dans l'objectif.

Animaux de Guyane
Animaux de Guyane
Animaux de Guyane
Animaux de Guyane
Animaux de Guyane
Animaux de Guyane
Animaux de Guyane
Animaux de Guyane

Et puis il y a tous ces animaux que je n'ai pas pris en photo, parce que passés trop vite (un jaguarondi à Maripasoula, les colibris (mais je me suis rattrapé en Colombie)), parce que trop loin (les ibis rouges), parce que je respecte certaines règles (les tortues vertes et les tortues luth, de nuit, alors que celles-ci pondaient), parce qu'ils étaient en cage (des aras, les beaux perroquets, ainsi que les picolettes) parce qu'ils sont plus classiques (les mouches, les cafards, les scarabées, les aigrettes et les fourmis! Quoique certaines ici piquent sacrément!), parce que je n'avais l'appareil ce jour là (un paresseux) parce qu'ils m'ont attaqué (un tatou!), ou alors que j'ai pris en photo, mais que je ne retrouve plus (les agoutis!). Petit florilège grâce à ceux qui ont eu l'appareil au bon moment, au bon endroit (c'est ça la photo animalière : le timing!).

Animaux de Guyane
Animaux de Guyane
Animaux de Guyane
Animaux de Guyane

La Guyane réserve encore son lot de découvertes. A Kaw, je risque de tomber sur des caïmans (sortes de crocodiles), j'ai déjà entendu sans les voir des singes hurleurs, et je rêve de croiser un toucan. A suivre donc !

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5 décembre 2018 3 05 /12 /décembre /2018 22:01

Plus d'un an que j'habite ici, et je ne vous ai pas encore présenté mon lieu de vie. Ce n'est pas faute d'envie, c'est juste le temps qu'il m'a fallu pour un peu mieux comprendre Saint-Laurent du Maroni.

Saint-Laurent du Maroni (1/3) : la bagnarde

Déjà, j'ajoute une carte, car la Guyane, depuis la métropole (oui, je parle désormais comme ceux qui habitent dans les DOM-TOMs), c'est l'inconnu. Kourou, on connaît de nom, parce que les fusées. Cayenne aussi, avec cette idée du bagne. Saint-Laurent du Maroni (SLM dans sa version abrégée), ça ne dit rien à personne, à moi non plus d'ailleurs avant mon arrivée. Pourtant, le bagne c'était aussi (et surtout) elle.

Saint-Laurent du Maroni (1/3) : la bagnarde

[cliquez sur l'image pour la voir en bonne qualité] A quoi servaient tous ces petits carrés, ces fameux bagnes ? A l'origine, il y a deux aspects pour la France : d'abord se débarrasser de la « vermine », celle qu'on n'arrivera pas à remettre dans le droit chemin. Et aussi, dans un second temps, peupler une colonie « vide », à savoir la Guyane (et pendant un moment la Nouvelle-Calédonie). Et pour cause, on parle ici de la plus grande région de France, et de la moins peuplée (c'est encore le cas aujourd'hui). Au départ, du coup, les bagnards reçoivent une concession, c'est à dire une petite habitation et un jardin. Néanmoins, très vite, la politique de colonisation est remplacée par la seule politique punitive.

Qui peuple ces bagnes ? Il y a d'abord (1854) deux catégories de détenus : les déportés (souvent pour des motifs politiques, à l'exemple de Dreyfus), et les transportés (souvent des gros criminels). En 1885 on ajoute aussi les relégués : ceux qui ont commis plusieurs crimes en l'espace de dix ans.

 

Or, SLM est une ville pénitentiaire : elle est fondée pour ça et c'est la capitale du bagne ! Il n'y a pas de maire, celui qui dirige la ville n'est autre que le directeur du bagne ! Cette situation va durer jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale !

Saint-Laurent du Maroni (1/3) : la bagnarde

Aujourd'hui, le bagne est toujours là. D'abord, sur son lieu originel. Ici, l'entrée du site. Le musée est très bon (c'est indispensable quand vous visitez SLM). Sur les photos suivantes, vous pouvez voir la cuisine des condamnés sur la droite, et, à gauche, leurs « cases », où on disposait les hamacs. Ici, c'est le lieu des trafics, des contraintes, et, parfois, des crimes. Tout autour, un mur d'enceinte d'environ 2m50 de haut entoure l'ensemble du lieu. Au total la Guyane a reçu plus de 70 000 bagnards...

Saint-Laurent du Maroni (1/3) : la bagnarde
Saint-Laurent du Maroni (1/3) : la bagnarde

Toute la ville est alors orientée vers le bagne. Ainsi, sur ce plan, vous avez le bagne en haut, à sa gauche l'hôpital, à sa droite le quartier officiel (triangle), et vers le bas les concessions [vous pouvez cliquer sur l'image pour zoomer].

Saint-Laurent du Maroni (1/3) : la bagnarde

Aujourd'hui le quartier officiel, où logeaient les surveillants et le directeur, est encore un peu à l'écart. C'est calme, le Maroni (le fleuve) berce les lieux, les petits jardins fleurissent, les maisons d'inspiration créole respirent la fraîcheur. L'ancienne maison du directeur du bagne est devenue la maison... du sous-préfet (sacré symbole!). D'autres maisons sont laissées à l'abandon.

Saint-Laurent du Maroni (1/3) : la bagnarde
Saint-Laurent du Maroni (1/3) : la bagnarde
Saint-Laurent du Maroni (1/3) : la bagnarde

Autre chose étonnante à mon arrivée, l'hôpital du bagne était... toujours l'hôpital ! Autant vous dire qu'on parle d'un bâtiment délabré ! Un nouvel hôpital est sorti de terre et a été inauguré il y a deux mois maintenant. Pas un luxe !

Saint-Laurent du Maroni (1/3) : la bagnarde

Depuis 1945 les choses ont tout de même changé me direz-vous. Pas tout à fait. Le centre-ville est le même, avec les mêmes maisons, et toujours, parfois, les mêmes familles ! La « banlieue » de SLM a bien grossi (j'en reparlerai plus tard), mais les infrastructures du centre restent limitées.

Saint-Laurent du Maroni (1/3) : la bagnarde

Surtout, ce qui reste ici, c'est l'impression d'être prisonnier, d'être enfermé. La ville la plus proche est Kourou, à 200 kilomètres, ou Paramaribo, à 200 kilomètres, mais de l'autre côté (au Surinam). SLM est isolée, coupée de tout par une forêt omniprésente. Pour les jeunes, ce n'est pas possible d'aller voir ailleurs.

En plus d'être bagnarde, SLM est aussi post-coloniale (la Guyane n'est devenue un département français qu'en 1945) et post-esclavage, avec une majorité de la population descendante de la traite négrière (les Bushinengues, les Créoles) ou ayant été colonisée (les Amérindiens). Elle est donc prisonnière d'une histoire violente. Dans quelles mesures ça influence aujourd'hui la ville ? Je reste là-dessus, pour le moment.

Saint-Laurent du Maroni (1/3) : la bagnarde
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