Pourquoi se faire débaptiser ? D'ailleurs, pourquoi suis-je baptisé ? Pour qui ? Et finalement, c'est quoi le baptême ? Car, au moment de commencer cet article, je pars avec beaucoup de questions, et les réponses se bousculent, un peu dans tous les sens. Je présume que je ne suis pas le seul concerné par ces questions, même si j'ai parfois tendance à pousser mes réflexions un peu plus loin que d'autres sur cette thématique.
Mon baptême ? Forcément, je ne me souviens plus. Car le baptême est, pour moi, une arnaque. Un choix fait par les adultes, sur toute ta vie. Un choix parmi d'autres ? Non, c'est le choix ultime, si tu crois vraiment. Le baptême devrait être réalisé à un âge légal, comme le mariage ou le droit de vote. On parle quand même d’une union avec Dieu, avec une Eglise, une Institution, une communauté. La religion chrétienne, catholique dans mon cas, appelle au baptême des bébés. C'est une technique marketing implacable : impossible de refuser. Tenez, j'en ai vu des bébés pleurer, à chaudes larmes, alors qu'un chauve leur versait de l’eau froide sur la tête… rien à faire, ce n'est pas considéré comme un refus ! Et ensuite, pour le restant de tes jours, te voici entré dans l'Eglise.
Ah ! l'Eglise ! Il y a tant à dire que je devrais écrire un livre (oui, je devrais, mais pas sur ça !). Car je suis beaucoup allé dans les églises. D'abord à mon insu, parce qu'emmené par mes parents, puis en râlant, parce qu'il fait froid et qu'on s’ennuie, et ensuite pour mon plaisir, pour voir ce que les hommes sont capables de construire en ayant foi. C'est beau une église, c'est fou, c'est un projet incroyable que de construire des bâtiments pendant des siècles. Et je pense que je continuerai à visiter des églises. Par contre, il y a l'Eglise, avec le grand E, l'institution. Le Vatican dans mon cas. Le pape, les archevêques, les évêques, les prêtres… de ceux qui rendent présents le Christ parmi nous. Non, je ne ferai pas la liste de tous les griefs que j’ai contre l'institution, de toutes les affaires concernant la pédophilie (si c'était une autre église, on l'appellerait secte et elle serait désormais interdite), les scandales financiers ou le rôle des femmes (« ton mari dominera sur toi » d'après Dieu…). L'Eglise est machiste, l'Eglise a un rôle historique dans la colonisation, les croisades, et le racisme. Elle a délibérément souhaité l’ignorance. Ca, c'est pour mon point de vue historique.
Et, aujourd'hui, elle parle en mon nom. Aujourd'hui, le pape, qui n'est pas le pire de l’histoire, s'exprime en mon nom. Lorsqu'il conseille aux parents d’un enfant homosexuel d’aller chercher des soins psychiatriques, il le fait aussi en mon nom. Lorsqu'il refuse le préservatif, comme l’Institution, il le fait en mon nom. Lorsqu'il compare l’IVG à du nazisme. Et ça, clairement, ça m'emmerde. Pourquoi me faire débaptiser ? Pour ne plus faire partie de cette Institution. Est-ce que ça signifie que je ne crois pas en Dieu ? Ce n'est même pas le débat.
Mais c'est un autre débat. Croire en Dieu. Croire en Jésus-Christ. Croire à la Bible. On ne pourra pas dire que je n'ai pas fait d’efforts : j'ai lu la moitié de l'Ancien Testament, j'ai lu les Evangiles… non, même pas lu, étudié ! Vraiment, j'y ai mis de la concentration, de la réflexion. Et non, je ne crois pas au Livre. Pour moi, la Bible est un texte dangereux. Car pouvant être très facilement instrumentalisé. Car regorgeant de violences, d’appels à la violence, au meurtre de masse. Je passe les passages loufoques (ah la punition des hémorroïdes…) pour me concentrer sur Dieu, expliquant à Moïse que « celui qui sacrifie à d'autres Dieux que l’Eternel seul, sera voué à l'Extermination ». Ou Jésus, déclarant être « venu apporter un feu sur la terre… Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais la division ». Dans ces conditions, moi, me considérant comme un homme de paix, je ne peux pas croire aux textes sacrés. Et je ne crois pas non plus aux miracles, ou à la résurrection. Difficile de rester baptisé dans ces conditions supplémentaires.
Pour Dieu ? Hum. Je reste agnostique, je ne dis pas que Dieu, ou une forme supérieure, n’existe pas. Rien ne peut le prouver. A partir de là, tout est possible. Je suis dubitatif. J'attends de voir, sans espoir. Prêt à débattre en tout cas. Sûr qu'il ou elle ne m'en voudra pas.
Alors, finalement, pourquoi être baptisé ? En fait, c'est plutôt pour qui. Car cette décision est celle de mes parents. Bon, ils ont aujourd'hui l'habitude de me voir partir sur des chemins que peu empruntent, sûr que cet article ne doit pas les surprendre. Je leur ai déjà évoqué ce thème et, pour eux, le baptême n'était pas une décision religieuse : ils ne sont pas ultra-catholiques et ne vont pas à la messe tous les dimanches. C'était comme ça. Tous les enfants étaient baptisés, alors nous aussi. C'était normal. C'est la tradition.
Je n'aime pas les traditions. Vraiment. Comme je n'aime pas Noël, le principe de dire « bonne année et bonne santé », recevoir des cadeaux à mon anniversaire… des traditions sans le fond. Pas besoin d’attendre Noël pour faire un cadeau qui vient du cœur, pas besoin d'attendre le 1er janvier pour souhaiter une belle journée à quelqu'un, pas besoin de recevoir des cadeaux pour le principe de recevoir des cadeaux. Et pas besoin d'être baptisé pour essayer de faire le bien.
Car je crois en l'humanité. Et j'essaie, pas toujours bien, de l'améliorer. D'avoir un meilleur monde autour de moi. Pas que pour les humains d'ailleurs, c'est ce qu’on peut reprocher à l'humanisme, mais aussi pour les animaux, et la planète que l'on pollue. Je ne mets pas forcément l'humain au centre, comme l'Eglise mettait un (long) temps la Terre au centre du système. J'essaie de réfléchir pour mettre en place du progrès.
Ce n'est pas en faisant partie de l’Eglise que je compte y arriver. Elle a beaucoup, beaucoup, beaucoup de réformes à faire. Cela ne change pas le fait que j'ai été baptisé un jour et que ce moment a eu lieu. Cela ne signifie pas que je ne respecte plus votre choix d'être croyant et baptisé. Je porte toujours des symboles religieux autour du cou pour me rappeler que je dois défendre ce droit de croire et d'exprimer sa religion. Et je suis sûr que je débattrai encore très prochainement de religion (surtout après cet article !) et de croyance. La thématique est passionnante, on causera du sens de la vie, ou de la mort.
Reste maintenant l'étape suivante : comment se fait-on débaptiser ? Cela passe par une lettre directement au diocèse (d’Arras pour moi). D'après les infos en ma possession, il faut écrire cette lettre à la main, en expliquant avoir bien conscience de faire acte d'apostasie, en précisant agir « librement, sans contrainte et en connaissance de cause » et en fournissant une photocopie recto-verso de ma carte d’identité. Le tout en demandant une confirmation écrite ou un double de mon acte de baptême modifié.
Bon, ça ''a pas l'air très compliqué. Cela écrit, je n’ai pas de photocopieuse sur moi, du coup ma demande attendra un petit peu. Et, peut-être que si les cornes du diable me poussent cette nuit sur mon front je réfléchirai à nouveau à ma décision. Ou si je reçois un hémorroïde d'or des Philistins... Inch'Allah.