31 août 2016 3 31 /08 /août /2016 14:27

Le mensonge par omission est celui qui peut facilement être pardonné. Avoir omis de préciser à mes parents ou mes amis que les élections présidentielles avaient lieu la première semaine de ma présence en Zambie est donc tout à fait pardonnable, surtout que la raison est simple : ne pas vouloir les inquiéter!

 

Mes premiers pas à Lusaka se déroulent parfaitement. J’ai de bons sentiments en parcourant la ville, à taille humaine. Pas de bouchon, pas de klaxon. Pas trop d’humains non plus, la Zambie reste sous-peuplée en comparaison avec mes autres expériences africaines, avec seulement 15 millions d’habitants pour une superficie plus grande que la France (20 habitants au km² contre 100 en France et 456 au Rwanda !). Cela donne l’impression d’une capitale où l’on peut respirer, ce qui n’est pas pour me déplaire.

Mais commençons par le commencement : où diable se cache la Zambie sur une carte du monde ? Car si vous dites les Etats-Unis, je pense que la majorité de la population visualise. Pour la Zambie, je ne suis pas tout à fait sûr !

Lusaka et les élections présidentielles zambiennes

Le pays est donc enclavé en plein milieu de l’Afrique, entre le Congo et le Zimbabwe. Il est connu pour abriter des grosses réserves de minerais dans le nord (cuivre, cobalt, plomb, charbon, or, uranium…). Hormis ça, c’est loin d’être un pays touristique (moins de 10 000 Français pour leur année record), et j’y arrive sans trop connaître quoi que ce soit, y compris où je vais aller ou loger.

Je me retrouve dans une auberge la première nuit, où je fais connaissance avec trois sud-coréennes et une amerlock. Les élections ont lieu après-demain, j’observe beaucoup d’affiches dans les rues, notamment pour le président sortant Edgar Lungu. Le climat est un peu tendu selon la presse et les discussions que j’ai. Mais j’ai pourtant l’impression que l’atmosphère reste bonne, avec des personnes ayant le T-Shirt de leur candidat favori dans la rue. Kenneth, le cuisinier de l’auberge, m’affirme qu’il va voter pour l’opposition : « le changement a du bon. Chaque personne amène ses nouvelles idées. Le dernier c’était les routes ». Il conclut avec un « nous ne sommes pas le Zimbabwe », petit tacle au voisin où le président Mugabe, du haut de ses 93 ans dont 36 à la tête du pays, est loin d’être le démocrate du continent.

Lusaka et les élections présidentielles zambiennes

Les Zambiens m’apparaissent tout de suite sympathiques et souriants, toujours prêts à discuter. Je prends plaisir à les observer : chez les femmes, des coiffures très différentes, longues ou courtes, bouclées ou tresses, à plat ou ondulées. Chez les hommes, une seule coupe : à ras ! Sauf chez les Blancs ou les Asiatiques. Les Occidentaux sont plutôt nombreux dans la capitale, surtout aux abords des Malls, ces immenses supermarchés présents en grand nombre ici. Cela prouve la présence d’une certaine classe moyenne. Le pays dispose certes d’un sous-sol plutôt riche, mais on est loin du Qatar : 1 500€ de revenus annuels. C’est certes mieux que les 300€ annuels burundais, mais cette moyenne laisse quand même songeur. 10 à 15 centimes la banane (j’ai vu 2 centimes), 50 centimes la boisson dans les bars, 1€ pour le repas de base, 4€ pour le délicieux curry de l’hôtel. Au niveau indice de développement humain, le pays est classé 139ème sur 188 (devant le Laos, le Cambodge ou le Kenya tout de même).

Le pays est très religieux. La première personne qui me parle le matin est une fille qui me donne un papier des… témoins de Jéovah ! Ils sont décidément partout ceux-là ! 80% de la population serait catholique, contre 20% de musulmans. Une grande mosquée se trouve en face de l’auberge, et les églises sont très nombreuses un peu partout. C’est à peu près les seules choses que l’on peut apprécier niveau architecture dans les villes africaines, alors je ne me prive pas.

Lusaka et les élections présidentielles zambiennes

Je vois pourtant des panneaux pour la « piscine olympique », et je me prends à rêver de quelques longueurs sous le soleil… que nenni ! L’endroit est clairement à l’abandon depuis plusieurs années.

Lusaka et les élections présidentielles zambiennes
Lusaka et les élections présidentielles zambiennes

Je confirme donc une information que j’ai déjà relayée : les villes africaines sont loin d’être des paradis pour touriste. Pas grand-chose à signaler niveau architecture, le musée de Lusaka a vraiment mauvaise réputation (le petit futé écrit tout de même que « le musée est mal entretenu et son contenu rarement mis à jour »), et les jardins publics ne sont pas vraiment à la mode.

Mais ce qui me plaît à Lusaka passe par ma Couchsurfeuse américaine, Danielle. Elle connait très bien le pays et pour cause : ça fait deux ans qu’elle y habite. Elle est volontaire pour les Peace Corps, une sorte de coopération à l’américaine. Et elle m’emmène dans un endroit génial : une cuisine. Pas n’importe laquelle, celle d’Ami Zulu, la cuisinière en chef de l’ONG où Danielle bosse. Celle femme, la cinquantaine, est un peu ma grand-mère dans ses fourneaux. Je suis là pour apprendre à cuisiner avec elle, à la zambienne. Loin d’être un chef, je pensais surtout regarder, mais Ami Zulu en décide autrement. Elle me met une grande cuillère dans les mains, et me voici en train de touiller le nshima, le plat national. C’est de la farine de maïs cuite à l’eau et agglomérée en boule. On appelle ça ugali en Afrique de l’Est, pap en Afrique du Sud, et je pense bien que la polenta italienne fait partie de la même famille. Bref, pas besoin d’être Robuchon pour réussir le nshima…pourtant, c’est toute l’ONG qui vient me féliciter pour ma réalisation !

Attention, on ne rigole pas avec le nshima, et Ami Zulu affirme à Danielle que si elle ne sait pas cuisiner le nshima, elle ne trouvera pas de mari ! Danielle est forcément très déçue (je pense toutefois qu’elle s’en est remise depuis !). Elle se console en cuisinant de l’ifisashi, composé d’arachides et de feuilles de citrouilles. Quant aux petits poissons dans mon assiette ce sont des kapentas, des petites sardines originaires du lac Tanganyika. Ça donne envie, non ?

Lusaka et les élections présidentielles zambiennes

Ce qui vous donnera moins envie, ce sont sont les chenilles grillées. Personnellement, j’ai moyennement apprécié (très caoutchouteux !)

Lusaka et les élections présidentielles zambiennes

Les élections ont lieu jeudi, et je dois aller chercher mon ticket de bus pour le lendemain. Je me retrouve alors dans une Lusaka fantôme, avec très peu de circulation, et l’ensemble des magasins fermés. Même les petits commerçants des rues. Assez impressionnant. Les Zambiens ont beau me répéter que tout va bien se passer, on sent tout de même qu’ils ne sont pas aussi sereins qu’ils l’affirment. La commission électorale est protégée par des dizaines de militaires, et la route habituelle doit être contournée. Pourtant, le scrutin se déroule plutôt bien un peu partout dans le pays. Les résultats vont mettre plus de 3 jours à arriver, et le président sortant est élu au premier tour, avec un peu plus de 50% des suffrages exprimés. L’opposition conteste toutefois le résultat devant la cour constitutionnelle à l’aide d’une pétition. De mon côté, j’ai fait le tour de la ville. Direction le nord et 14 heures de bus !

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