8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 13:50

Village boy. C'est ainsi qu'Alba me surnomme parfois, quand j'évoque mon problème à vivre dans une grande ville. Pourtant je n'ai pas l'impression d'être un véritable village boy. Je ne suis pas né en plein centre de la Creuse ou de la Lozère. Mais pour la Munichoise qu'elle est, un individu né dans une ville de moins de 100 000 habitants est un village boy. Cependant j'admets qu'elle a plutôt raison sur un point : je serais malheureux dans une grande ville.

 

Je suis né et j'ai grandi à Tilques, village avoisinant les 1 000 habitants. J'ai toujours vécu dans une maison spacieuse, avec un jardin, une terrasse, et de l'herbe autour de ma demeure. Alors me retrouver en appartement était un challenge. C'était ma première année à l'université, à Arras. Tout s'est bien passé. Bien sûr, lors des journées ensoleillées, mon herbe et ma chaise longue me manquaient. Mais je faisais avec. Et puis la vie à Arras n'est pas si éloignée de celle de Saint-Omer, si ce n'est pour le côté un peu plus bourgeois du centre-ville. S'en est suivi Canterbury, qui restait bien dans l'esprit arrageois. Puis Rennes. Là, déjà, j'ai eu plus de difficultés. Plus de circulation, un métro. Des gens un peu plus pressés. Et quel malheur fut pour moi New York.

J'ai déjà dit plusieurs fois que le comble du grand voyageur est de pouvoir dire qu'il n'a pas aimé New York. Oui, je n'ai pas aimé. Mais je n'ai pas aimé vivre à New York. Et je le dis souvent, si ça n'avait été qu'une semaine ou dix jours j'aurais croqué à pleines dents dans la grande pomme. Mais la vie là-bas n'était pas faite pour moi. Voyez-vous, j'ai grandi avec une circulation limitée, une absence de métro, de la place pour se déplacer dans les magasins, et des gens que je connaissais à chaque coin de rue. A New York, quand tu te balades dans la rue tu n'es personne. Tu ne connais personne et personne ne te connaît. D'ailleurs, personne n'a envie de te connaître. Vouloir parler à quelqu'un pour parler me fera paraître au mieux suspect, au pire on me prendra pour un détraqué. Combien de fois j'ai essayé de commencer une conversation dans le métro ? Et combien de fois la personne m'a regardé avec des yeux disant : « mais, pourquoi tu me parles toi ? ». Pire, prendre le métro à 7h30 le matin. Ou à 18h. Là c'est chacun pour sa peau et Dieu pour tous. Là il n'y a plus d'amis, et encore moins de savoir vivre. Finie la galanterie, fini le respect pour les aïeux. Ça pousse à gauche, puis à droite. Imaginez les portes d'un métro bondé libérant quelques passagers coincés à l'intérieur, se faufilant tels des souris pour rejoindre la sortie alors que dans le même temps d'autres personnes essaient déjà de s'insérer sans attendre les dernières sorties, en poussant la moitié du wagon et en grommelant quelques sons incompréhensibles. Bien sûr, une fois, c'est drôle. Deux fois passe encore. Mais quand c'est ta vie de tous les jours ? A en devenir fou. Ou plus précisément à devenir comme eux, ces citadins énervés.

Je m'en suis rendu compte là-bas. Après trois mois je poussais pour entrer dans la rame de métro. Lorsque je marchais dans la rue j'allais vite, plus vite que dans mon village. Car oui, à New York ou dans n'importe quelle autre grande ville les gens sont pressés. Et pour cause, ils perdent une heure dans les transports, voire deux. Alors pas question de perdre deux minutes de plus !

J'ai alors pensé que je n'aimais pas les grandes villes. Pékin m'a réconcilié, j'aime découvrir une grande ville, mais je n'aime pas y vivre. Oubliées donc Paris, Londres, Nairobi, New York ou Tokyo, les capitales ne sont pas faites pour moi. Déjà Lille, Rennes ou Munich sont trop grandes. Je suis un fervent partisan de la théorie du métro, à savoir que si métro il y a, mon bonheur n'est pas là. Ainsi Canterbury, Arras, Bruges, Fribourg sont des villes qui me plaisent énormément. Des villes faites pour moi. Des villes à taille humaine. Et si j'ai un jardin pour ma chaise longue, alors je pense que je pourrais même y vivre. Bien sûr je préférerais une maison dans un village, mais il faudra sans doute faire des compromis avec ma city girl.

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