2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 13:04

Ca y est. J’y suis. Rennes city, et ma vie reprend un cours déjà connu. Immeuble, pluie, français. Cela change de neige, Laponie et petite maison en bois en Finlande. Et ça me manque déjà. En trois semaines, je suis devenu Finnois. Oui, je sais, vous allez dire que j’abuse. Un peu sans doute. Mais j’avoue être perdu dans mon identité nationale. Le fait de devenir Finnois se ressent sur certains détails que je vais vous décrire.

Cela commença pourtant difficilement. – 15°C, une langue inconnu et incompréhensible, des habitudes culinaires et culturelles différentes des nôtres, enfin des Françaises. La température, c’est le premier point qui m’a fait prendre conscience de ce changement. Passé de – 15°C à -5°C est une chose, de – 15°C à -25°C, c’en est une autre. J’ai commencé à avoir froid dans mes chaussures made in Finlande acheté pour l’occasion. Et à -29°C, j’ai atteint un pic. Le lendemain, une expression et tout a changé. A haute voix, cela a donné : « -15°C, pas trop froid aujourd’hui ».

J’y ai réfléchi ensuite, cela  m’a perturbé. La deuxième fois, ce fut dans le sauna. Toujours question de température. 60°C, 70°C, 80°C. J’ai longtemps souffert dans un endroit que je ne croyais pas fait pour moi. Et puis un soir, ça a recommencé : « 60°C, mais il fait frais non ? » J’étais atteint d’une finlandaise aigue.

 

Peu à peu la maladie a pris de l’ampleur. Une phrase à table devant toute la famille « Se oli uvää » qui correspond à un « c’était bon » et je me suis vu parler finnois en public pour la première fois. Pire, lors de la visite chez les grands-parents, je commençais à comprendre quels étaient les sujets de conversation. Mes cours de finnois n’y sont pas étrangers. Les chiffres, les nombres, les jours de la semaine, les mois, les couleurs, les verbes. Oui, non, merci, pardon. Et peu à peu le cerveau était touché. La motivation était sensationnelle, je voulais apprendre les mots de la cuisine, la météo, la famille. Et j’aimais cela ! Oui, moi, la nonchalance linguistique incarnée pendant plusieurs années de collège et de lycée au grand dépit de mes profs et de ma mère, je voulais apprendre des listes de vocabulaire.

 

Culinairement, j’ai basculé dans le côté obscur de la force. Pourtant, le traditionnel saucisse-pomme de terre me répugné au départ, surtout cuisiné de façon « recette cantine scolaire ». Et puis les finnois m’ont attrapé et fait gobé de la biche, du cerf, du renne. Sucré, salé. J’ai commencé les petits-déjeuners à base de jambon, de bacon, de beurre et de fromage. Surtout culturellement, j’ai fait des choses dont je ne me sentais pas capable en arrivant. Après le ski, ce fut une expérience de moto-neige par -25°C pour aller faire un barbecue en pleine forêt avec toute la famille. Celle-ci me laissa même pratiquer la conduite de l’engin. J’étais adopté. Je les ai adopté.

 

Pour finir, on m’a réservé l’une des spécialités finlandaises : ice-swimming, littéralement se baigner dans la glace. Tout commença logiquement par un sauna avant de sortir par -22°C en maillot de bain. La sensation est étrange, le froid vous prend et vous dépossède du manteau de chaleur que vous veniez juste d’acquérir pour vous offrir un manteau de fraîcheur. J’accélère le pas et j’observe ce lac glacé. On fait chauffé l’eau juste devant moi, elle est à 1°C. J’avance et pas à pas mon cœur accélère. « Je me baigne ». Le temps de le dire et je nage pour sortir et courir vers le sauna. C’est frais, c’est froid, c’est gelé. Mais c’est finnois. Elle aussi. Alors j’aime. Et je suis.

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