Je dois admettre que ces vieilles cartes postales de Saint-Omer me passionnent. Une nouvelle livraison m’est parvenue récemment, et je replonge donc dans la correspondance de mes aîné-e-s au début des années 1900, avec une ville qui a souvent bien changé…
La place Victor-Hugo Cette carte est datée du 1er juillet 1910. Elle est envoyée par Eulalie Guilbert à Edmond Beaurain, domicilié à Mitry-Claye (Seine et Marne), pour un « Bonjour amical, Mes meilleurs vœux ». On peut remarquer le peu d’évolution dans l’architecture de la petite place audomaroise (hormis les deux grands arbres). Aujourd’hui immense parking, elle est simplement empruntée par deux chevaux et un charretier sur la carte.
Le marché aux poissons. Là, nous sommes aujourd'hui sur la place Pierre Bonhomme, au sortir de la Grand’ Place. La différence est importante, puisque la halle aux poissons a disparu (et même le nom de la place a changé). Construite en 1884, elle est détruite en 1945. Les maisons à l'arrière sont par contre restées très similaires. J’aime beaucoup cette carte pour le public présent : travailleuses avec des espèces de grands seaux ou paniers, hommes souriants à l’arrière (notamment celui avec son chapeau), femmes aux longues robes…
La place Sainte-Marguerite. Si, si, j’vous jure, c’est le même endroit ! Pas évident à première vue, je le reconnais. La carte est datée du 3 septembre 1907. La place Sainte-Marguerite tire son nom de l’église éponyme. Je la connaissais pour une raison : dans mes recherches généalogiques, je me suis retrouvé avec un acte de naissance de Saint-Omer (Sainte-Marguerite), qui est l’une des six paroisses de la ville. Bref, cette église est détruite à la révolution française. Mais la place garde son nom… jusqu’à Alexandre Ribot (c’est le nom de la place aujourd’hui). Aujourd’hui, la poste de Saint-Omer trône au milieu de la place. La seule similitude tient au bâtiment à l’arrière de la poste, qui est le même que celui derrière le kiosque : l’école Jules Ferry. La place fait clairement plus bucolique en 1907, avec le kiosque et les arbres. Trois hommes semblent d'ailleurs tranquillement profiter du lieu.
La carte est envoyée par Eulalie Guilbert à Edmond Beaurain. Au-delà du message, assez classique ("Sincères amitiés et meilleurs souhaits"), c'est le lieu de destination qui est intéressant, car Edmond Beaurain est domicilié à cette période à Champigny : Pivot d'armes, 4ème escadron, 19ème chasseurs !
Le monument de Jacqueline Robins. Pour cette première carte postale en format portrait, c’est un peu le jeu des 7 différences ! Et pour cause, le monument de Jacqueline Robins a été remplacé par celui d’Alexandre Ribot (toujours dans les bons coups !) sur la place du Vainquai (en face du Bretagne). La tour de l’abbaye Saint-Bertin s’écroule quant à elle en 1947, ce qui fait qu’aujourd’hui, en plus de la végétation beaucoup plus fournie, on ne puisse plus rien observer en arrière-plan.
Mais qui est cette Jacqueline Robins ? Là, c’est une histoire un peu folle. Cette veuve serait une batelière qui réussit à sauver la ville d’un siège en 1710, au péril de sa vie (elle navigue jusque Dunkerque, et ramène du ravitaillement). La statue est inaugurée en 1884. Le problème, c’est qu’en 1710 la ville n’est pas assiégée… et toute l’histoire semble peu à peu ressembler à une légende ! Au-delà de la véracité des faits, cette statue est bien présente en août 1908, datation de la carte ! Elle est ensuite déplacée place de la Ghière en 1936 avant d’être fondue par les Allemands en 1942 !
Cette carte est destinée à la famille Sergent-Guilbert à Muncq-Nieurlet, par Ruminghem : « Chers parents. Veuillez, je vous prie, me renvoyer mes souliers, par Marie Hermant samedi sans faute car si je continue de mettre mes bottines, je vais avoir fait vite [je pense qu’elle a oublié un mot]. Donc samedi j’irai voir si elle les a et je vous écrirai pour vous dire. A samedi. ». Tout ça, c’est écrit normalement. Et puis la carte part dans tous les sens, c’est écrit en vertical « Bonne santé ». Et à l’envers (!) : « Nous sommes rentrés à bon port et vous autres. Des compliments à tous. Mes baisers à Germaine. Votre fille et soeur dévouée. E. G. »
La dernière, avec Saint-Omer aviation (!), les ruines de l’abbaye Saint-Bertin et le quai du Commerce. Cette carte est datée du 1er août 1910, elle est adressée à Mr et et Mme Beaurain, cantonnier au chemin de fer par la famille Guilbert-Sergent : « Bien le bonjour ». Oui, c’est ce qu’on appelle un roman !
L’architecture du quai du commerce n’a pas évolué. On peut remarquer plusieurs péniches accostées (il y en a une autre aujourd’hui, accostée un peu plus loin, mais c’est…différent !)
Voilà pour les cartes postales audomaroises en ma possession. J'en ai un bon paquet d'autres endroits, je fais le tri et je reviens vite !