Certes, j'ai déjà mis les pieds à l'Assemblée Générale de l'ONU. J'ai même posé sur le pupitre et me suis assis sur le siège de la France. J'y ai même emmené mes sœurs, Bubu, Olivia et Lucas. Mais ce n'était pas vraiment grâce à moi, mais à Elle.
Aujourd'hui, ce fut différent. Cette fois, ce n'est pas l'ONU mais l'UA, l'Union Africaine, et son conseil paix et sécurité. Je m'y retrouve grâce au directeur de l'institut où je travaille en ce moment. Il a été invité pour une réunion du conseil à l'initiative du GIZ allemand. Le sujet porte sur l'architecture paix et sécurité de l'Union Africaine, et comme c'est un peu mon dada du moment, je me retrouve dans les invités.
Nous arrivons dans les locaux de l'Union Africaine, où j'ai déjà passé quelques heures la semaine dernière pour des entretiens. La branche paix et sécurité de l'UA va bénéficier dans quelques mois de nouveaux locaux, construit par le GIZ allemand (les bâtiments de l'UA ont eux-même été construits par la Chine...). Notre réunion se déroule donc dans l'ancien hall, dédié aujourd'hui aux seules questions de paix et de sécurité.
Je me place derrière le représentant français. Au centre de l'assemblée, les délégués africains (pas tous présents cependant). Tout autour du centre, les délégués associés, les « partenaires », c'est à dire en gros tous les bailleurs : pays occidentaux et la Chine.
Le sujet a l'air très intéressant. En vérité, je vais m'ennuyer comme rarement. L'UA partage avec l'ONU cet art de faire des phrases qui ne disent finalement pas grand chose, et surtout qui ne fâchent personne. C'est ce qu'on appelle la diplomatie. Les résultats du GIZ sont « légers », très convenus, et ne font pas du tout avancer le schmilblick. Il faut dire que le travail a été sous-traité à une entreprise aux Pays-Bas, entreprise qui n'a pas mis les pieds en Afrique avant la cérémonie du jour ! Pour un sujet qui porte sur l'Afrique, c'est un peu gênant. Encore plus quand le représentant de cette même entreprise explique « j'ignorais que l'UA faisait autant de choses dans le domaine de la paix et sécurité » (sic!). Toutefois, les délégués africains ne manqueront pas de « remercier » l'Allemagne pour ce travail. L'Allemagne reprend la parole, et « remercie » l'ensemble des délégués africains de leur intervention. Puis pendant deux minutes, l'Allemagne va remercier un à un les délégués de leur intervention (ne croyez pas que c'est moi qui radote!).
Bon, il n'y a pas que moi qui m'ennuie sévère. Le délégué de la Guinée-Bissau profite de la réunion pour effectuer sa sieste du jour, tandis que beaucoup sont sur leur smartphone, Ipad ou ordinateur. Le seul effet positif pour moi aura été de grappiller deux cartes de visite pour organiser d'autres interviews sur mon sujet cette semaine. Et d'avoir un verre gratuit et quelques petits fours à la sortie. UA, ONU, drôle de ressemblances [comme le dit un délégué français ici, on est « déniaisé » des espoirs que l'on porte parfois dans les instances internationales].