4 mars 2017 6 04 /03 /mars /2017 05:24

Mon arrivée a été facile. Le taxi m’a emmené direction mon Couchsurfer. Celui-ci habite à quelques dizaines de mètres de l’océan. Localisation idéale. Lui est tunisien, il travaille pour une ONG, Save a turtle. Dès mon arrivée, je discute avec lui du projet, et surtout, de comment il est arrivé ici. Des études, un travail en Libye, du stop en Tunisie, on mélange le tout, et on se retrouve à Chennai. Son prochain plan : rejoindre Hong Kong, à vélo ! Des sacrés énergumènes sur ce site !
Nous allons voir son patron, où je me retrouve à manger ce que je crois être mon dîner. Perdu, c’était une sorte d’apéro-dîner. J’aime le principe. Le repas principal sera au domicile de son collègue, entrecoupé de chicha pomme. « Un tunisien sans chicha est perdu » m’explique-t-il. La nourriture n’est pas épicée qu’ils me disent, ou seulement un petit peu. Et si 1 euro = environ 70 roupies, une conversion mérite également d’être faite concernant la nourriture :

pas épicé = un peu épicé

un peu épicé = beaucoup épicé

beaucoup épicé = arrache la gueule

arrache la gueule = danger de mort

Du coup, j’ai un peu souffert (quand mon corps considère que c’est trop épicé, j’attrape le hoquet, réaction physique incontrôlable). Il y avait notamment une sauce à base de lentilles (dal ou samber), du riz (forcément, c’est de l’idly), une omelette, du riz trop cuit qui devient une pâte (du pongol (aucun rapport avec Sinama)), et des paratas (sorte de crêpes avec de l’huile). Ici, pas de couvert, on mange avec les mains… avec la main droite ! Pour le gaucher que je suis, c’est pratique !

 

Sans surprise, je dors jusque midi, petit décalage horaire oblige (4h30 je crois, mais je paye surtout ma nuit dans l’avion à côté du seul môme de l’appareil !). Je décide de marcher le long de l’Océan Indien. Le soleil est tropical, et je ne suis pas mécontent d’avoir l’air un peu frais de l’océan à mes côtés (qui n’empêche pas le coup de soleil sur mon poignet gauche).

Océan, port dans le lointain, sable fin et bruit des vagues. Côté paradisiaque. De l’autre, des déchets, des chiens qui cherchent dedans, des poissons morts, un enfant qui mendie et…. mais  qu’est-ce-qu’il fait le monsieur ?? Une chose que je n’avais pas encore vue, il fait caca sur la plage. Devant moi. RAB de ma gueule. Au départ, je pensais que c’était des crottes de chien. Mais il s’avère que la population se soulage sur la plage. Sympa ! Et j’ai au moins vu 6-7 types le faire. Je dois donc faire attention où je marche, et surtout, où je m’assois. Du coup, pas grand monde ne se baigne, et c’est interdiction de boire la tasse ! Humm. Certains endroits sont tout de même plus propres, et plus fréquentés. Lien de cause à effet, mais j’ignore quoi devance quoi. 

Je m'assois à plusieurs reprises, observant les garçons jouer au cricket, et les filles dans leur sari, tenue magnifique. Une quinzaine de kilomètres à être attentif à tout ce qui se passe autour de moi.

Chennai, rando-vélo et bébés tortues
Chennai, rando-vélo et bébés tortues
Chennai, rando-vélo et bébés tortues

23 heures, l’heure pour mon Youssef de m’emmener sur la plage pour… chercher des oeufs de tortue. Allez ! Et c’est ainsi qu’une cinquantaine de personnes marchent chaque jour sur la plage durant la saison de pondaison. Coup de chance, des bébés tortues sont nés il y a deux heures. Il faut qu’ils aillent jusqu’à l’océan. Vision incroyable de 14 bébés tortues rejoignant le large, se déplaçant avec difficultés, pour enfin parvenir à la liberté. Enfin, c’est le plan, parce que seulement 1% des naissances arrivent à l’age adulte. 
Nous ne trouvons pas de nid cette nuit, malgré les… 7 heures de marche ! Par contre un cadavre de tortue de mer est retrouvé. L’année 2017 est catastrophique en Inde pour l’espèce, ce sont les pires chiffres depuis deux décennies. Une des volontaires me raconte son expérience depuis plus de vingt ans, sa déprime vis-à-vis de la situation actuelle. Pêcheurs, marée noire, déchets, plastique, chiens… les raisons de mourir ne manquent pas. La solution semble être politique, mais le lobby des marins est bien trop fort comparé à celui des écologistes.

Après une nuit un peu plus courte, Youssef me file un vélo pour découvrir Chennai. Bonjour la circulation ! La métropole rassemble 9 millions d’habitants, et les pistes cyclables… quelles pistes cyclables ?
Qu’importe, ça ne m’empêche pas d’apprécier “the hottest city”, la ville qui attire aujourd’hui le plus en Inde. Je commence par la Theosophical Society, un immense parc où les religions cohabitent (c’est le principe du mouvement, qui considère que chaque religion possède un aspect de LA vérité). J’avoue y être surtout pour la nature, et les bâtiments d’aspect colonial.

Chennai, rando-vélo et bébés tortues
Chennai, rando-vélo et bébés tortues
Chennai, rando-vélo et bébés tortues

Pour la religion, il y a the place to be, la basilique Saint Thomas. Je rappelle qu’il est l’un des douze apôtres de Jésus. Or, j’ai appris qu’il aurait été assassiné en Inde ! Et son corps serait conservé dans la basilique. Bon, le conditionnel est de rigueur, puisqu’il est dit qu’il serait mort en + 72, et les traces archéologiques sont faibles.

Chennai, rando-vélo et bébés tortues

J’arrive enfin sur le lieu de Chennai : Marina Beach. C’est une plage immense, qui semble faire le bonheur de toute la ville (un monde fou !). Je grimpe sur le phare et je peux admirer l’ensemble, avec le port au fond, un grand stade de cricket ou encore la petite circulation (sic). Marina Beach est le lieu des manifestations, et Chennai en a connu beaucoup récemment (merci le courrier international), sur fond de corruption et de détournement d’argent public (heureusement que ces choses là n’existent pas en France…).

Chennai, rando-vélo et bébés tortues
Chennai, rando-vélo et bébés tortues
Chennai, rando-vélo et bébés tortues
Chennai, rando-vélo et bébés tortues

Pour ma dernière nuit, Youssef a une nouvelle idée folle : participer à l’organisation d’une course à pied. Réveil 3 heures du mat’, content. Et me voici en train de donner des verres d’eau et de crier “energy drink” à l’ensemble des coureurs. Attaqué comme jamais par les moustiques, je dois mon salut aux bouts de citron que l’on distribue : je me les colle sur le corps et ça fonctionne ! 

Chennai, rando-vélo et bébés tortues

De mes premiers jours je garde un très bon souvenir. Je m’adapte assez rapidement et la pauvreté ne me choque pas (je suis dans une ville et une région riche). Mon estomac n’a pas de problème. Bref, jusqu’ici, tout va bien.

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